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Le rôle disciplinaire des opa durant la vague de rachats des années 80 aux USA

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par Antoine Suzzoni
Université Nice Sophia Antipolis - DEA 2004
  

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A) Définition

Selon l'association française des investisseurs en capital (livre blanc LBO 2002) cité par Chérif (2004) : « Un leveraged buyout peut être défini comme l'achat d'une entreprise , financé partiellement par emprunts, dans le cadre d'un schéma juridique spécifique et fiscalement optimisé où les dirigeants sont associés en partenariat avec des investisseurs professionnels spécialisés . »

Ainsi une opération de LBO peut être définie comme le rachat d'une société cible par l'intermédiaire d'une société holding qui reçoit des apports et souscrit une dette pour financer l'acquisition. Par la suite , la dette est remboursée par les dividendes que la société achetée verse au holding d'acquisition. Le LBO se caractérise par l'association des dirigeants avec un investisseur financier et par un schéma fiscal permettant la mise en place d'emprunts remboursés par les cash-flow futurs dégagés par la cible (Chérif 2004). Le principal avantage de ces opérations est de permettre à des cadres dirigeants ou à des investisseurs de prendre le contrôle d'une société cible avec un apport personnel minimum. Le taux d'intérêt de l'emprunt doit évidemment être inférieur au taux de rentabilité attendu de la cible .

B) Principe du leveraged buy out

Le principe d'un LBO est donc d'acquérir une entreprise souvent appelée OpCo ou société cible, par l'intermédiaire d'une société holding, la NewCo, créée à l'occasion de l'opération et dont la seule vocation est de posséder les capitaux propres de la cible . L'acquisition de la cible est financée par :

- L'injection de capital social ou l'octroi de prêts subordonnés à la cible par les actionnaires/investisseurs de la société holding.

- L'octroi d'un prêt à moyen terme à la société holding par les banques prêteuses  et parfois :

- L'octroi d'une dette subordonnée accordée par les investisseurs et/ou des prêteurs spécialisés, généralement effectué par le biais d'une souscription d'obligations (junk bonds) émises par la société holding.

L'opération LBO permet d'optimiser la rentabilité des fonds d'actionnaires par un double effet de levier : l'effet de levier financier et l'effet de levier fiscal.

La société holding contracte généralement deux types de dettes ; la dette senior et la dette mezzanine (dette remboursée après toutes les tranches de la dette sénior) .

Les investisseurs sont propriétaires de la société holding et cette dernière détient le capital de la société cible .

La dette sera remboursée grâce aux dividendes versés par la cible à la holding. L'équilibre du montage est basé sur la prévision de dividendes toujours supérieurs au service de la dette du holding .

§2 Quels leviers pour les opérations LBO

En matière de LBO il n'existe pas de règle absolue pour déterminer le levier optimum (ce qui explique en partie les dérives de la deuxième moitié des années 80 où on a vu des LBO financés avec des ratios dette /capitaux propre égaux à 10). On est dans le domaine du sur mesure, le montage dépendra des caractéristiques de la cible, de ses prévisions objectives mais également des données du marché de la dette au moment où se négocie la transaction. Par contre le monteur de l'opération se base sur un certain nombre de critères financiers ;le plus élémentaire étant la capacité de remboursement .

Cette capacité est conditionnée par deux facteurs : le free cash-flow et la capacité distribuable de la cible :

- Le free cash-flow doit s'apprécier après une juste évaluation des investissements futurs et du besoin en fond de roulement (en intégrant les effets saisonniers). La tentation est grande de rogner sur les investissements (ou de les différer) pour libérer du free cash-flow (c'est à l'origine d'un débat entre chercheurs sur lequel nous reviendrons).

- Le bénéfice distribuable constitue un second butoir. Le monteur peut également vouloir doser le levier à partir d'un taux fixe de distribution des résultats. Lorsque la cible dispose d'une trésorerie positive, il est courant de prévoir parmi les financements une remontée d'une partie de cette trésorerie .

Le niveau de levier s'apprécie généralement à partir de deux ratios classiques :

- Endettement net global / fonds propres consolidés

- Endettement net global/marge brute d'autofinancement

Cependant, le levier n'est pas le résultat d'une pure arithmétique financière. D'autres facteurs sont à prendre en compte :

- Le prix de la transaction

- La qualité des garanties offertes au prêteur

- L'existence ou non d'actifs facilement cessibles

Le LBO permet de jouer sur trois leviers : un levier financier, un levier fiscal et un levier humain et managérial (via des solutions variées de motivation du management).

A) Le levier financier

Il exprime l'effet démultiplicateur que procure un endettement additionnel par opposition à un recours aux fonds propres. Pour bénéficier du levier financier au delà des possibilités offertes par le levier juridique (avec 50% des actions je contrôle la société toute entière), les investisseurs recherchent la répartition optimale des ressources du holding de reprise entre les fonds propres et les dettes. Durant les années d'acquisition les cash-flow libres de la cible remboursent, par remontées de dividendes vers la holding, le capital et les intérêts de la dette bancaire. Au débouclage du LBO , les investisseurs récupèrent la valeur totale de la société diminuée des dettes bancaires résiduelles. Supposons que l'entreprise a une valeur constante sur la période égale à 100 ; si l'acquisition est financée par 30 de fonds propres et 70 de dettes et qu'à l'issue de la période la totalité des dettes est remboursée, alors, au final les actionnaires récupèrent 100 sur une mise de 30 , ce qui représente un effet de levier de 3.33 (100/30). Dans ce cas on peut considérer la dette comme un substitut aux dividendes (Jensen 1986 , 1989).

B) Le levier fiscal

Le LBO permet une économie d'impôt équivalente au taux de l'impôt sur les sociétés multiplié par le montant des intérêts payés sur les dettes d'acquisition .

La capacité du holding et de la cible à consolider leurs pertes et profits respectifs (c'est à dire les pertes du holding générées par ses charges financières et les profits de la cible) et la possibilité de report des déficits fiscaux de la cible sont deux des hypothèses de base du « business plan » préparé par les investisseurs et soumis aux prêteurs. L'intégration fiscale est un élément clé dans la mise en oeuvre d'un LBO  car elle permet de déduire des profits de la cible les charges financières découlant de la dette d'acquisition et d'assurer la neutralité des distributions et des opérations effectuées au sein du groupe intégré .

C) Le levier social

L'effet de levier social réside dans le rôle joué par les repreneurs dans le LBO. L'équipe d'entrepreneurs salariés engagés dans une transaction doit être compétente, complémentaire et fortement motivée. Nous verrons ultérieurement comment les managers des LBO sont rémunérés.

§3 Les performances post LBO

Les études empiriques convergent à peu près toutes lorsqu'il s'agit d'évaluer les performances post LBO des sociétés cibles. Qu'il s'agisse des cash-flows,  de la productivité des usines ou des profits opérationnels, quasiment toutes les études constatent une progression spectaculaire par rapport aux résultats de ces entreprises avant le LBO .

Le tableau ci dessous résume les principales études empiriques portant sur les performances des LBO dans les années 80 .

Performances post LBO des sociétés cibles : principaux résultats

Auteurs

Année

Echantillon

Variables

Méthodologie

Résultats

KAPLAN

1989

48 MBO (management buy out) de 1980 à 1986

-Cash-flow opérationnel

-Dépenses d'investissement

-Cash-flow net

-Mesure des changements de ces trois variables sur les trois années suivant le rachat

par rapport aux chiffres de l'année précédent le MBO

- Comparaison sur les montants absolus , sur le rapport entre chaque indicateur et le total de bilan et sur le rapport entre chaque indicateur et les ventes

- Ajustement des chiffres par rapport à l'évolution moyenne observée dans le secteur d'activité de la firme

- Augmentation de 24% du cash-flow opérationnel la troisième année

- Augmentation régulière du cash-flow net :

22% la 1ère année ; 43.1% la 2ème et 80.5% la 3ème

-Diminution des dépenses d'investissement

- Changements positivement corrélés à la prime perçue par les actionnaires sortants .

SINGH

1990

- 65 MBO réalisés entre 1980 et 1987

- Echantillon de contrôle constitué de 130 sociétés de leurs industries respectives

- Cash-flow/ ventes

- Créances clients/ ventes

- Croissance des bénéfices avant le MBO

- Gestion des stocks

- ETE

(excédent de trésorerie d'exploitation)

- Comparaison à un échantillon de référence

- Modèle de régression Logit pour identifier les facteurs discriminants des sociétés faisant l'objet d'un MBO

- Les sociétés faisant l'objet d'un MBO ont des cash-flow plus élevés , elles ont déjà fait l'objet d'OPA.

- Globalement : performance accrue après le MBO qui peut être attribuée au changement de structure de gouvernement de la firme .

SMITH

1990

- 58 MBO de

1977 à 1986 :

- Deux sous ensembles selon l'importance des cessions d'actifs réalisées

- Ratio cash-flow opérationnels/actifs opérationnels .

- Mesure de la performance de l'entreprise par le ratio cash-flow opérationnel / actifs opérationnels (les actifs opérationnels sont les actifs directement liés à l'activité d'exploitation)

- Les chiffres sont ajustés par rapport à l'évolution moyenne du secteur d'activité .

- Augmentation significative des bénéfices opérationnels après le rachat pour les deux sous échantillons

- L'accroissement de la performance ne provient pas d'une cession des activités moins rentables mais du LBO lui même .

Auteur

Année

échantillon

Variables

méthodologie

résultats

Lichtenberg

et Siegel

1990

Environ 1000 usines au total, impliquées dans des LBO entre 1981 et 1986

Mesure de la productivité de l'usine

Examen des changements dans la productivité pour des usines liées à un LBO

-Productivité moyenne supérieure pour les usines LBO avant et après l'opération par rapport aux usines non LBO

-Amélioration significative de la productivité dans les usines LBO entre l'année précédent et les deux années suivant l'opération

-Pas d'amélioration de la productivité pour les LBO de 1981 à 1982

et amélioration pour les LBO de 1983 à 1986

Muscarella et

Vetsuypens

1990

72entreprises ayant fait appel public à l'épargne depuis 1983 alors qu'elles avaient auparavant fait l'objet d'un LBO partiel ou total

-Participation du management dans le capital

-Turnover des cadres

-Plans de compensation incitative

-Activités de restructuration

-Ventes

-Marge brute

-Marge commerciale

-Marge nette

-Rotation de l'actif

-Dépenses d'investissement

-Taux d'endettement

-Mesure de la performance par des données comptables

-Statistiques descriptives

-Confirmation de l'hypothèse selon laquelle la structure organisationnelle liée au LBO permet d'améliorer l'efficience de l'entreprise

-L'hypothèse d'un avantage informationnel des initiateurs et des dirigeants n'est pas rejetée

Backer et Wruck

1989

Le cas du MBO d'OM Scott&Sons

Données relatives à la dette, à la géographie du capital et à l'emploi avant et après le LBO

Recueil de données et interviews au sein de l'entreprise

Performance accrue de l'organisation due au service de la dette , à la participation des dirigeants au capital et à leur contrôle

Opler

1992

44 opérations

de retour à la propriété privée réalisées entre 1985 et 1989

-Cash-flow opérationnel

- Cash-flow net

-Données comptables diverses

-Statistiques descriptives

-Calculs de ratios

-Augmentation moyenne de 16.5% du ratio « profits opérationnels /ventes »

-Augmentation significative du cash- flow net

-Augmentation moyenne de 40.3% des profits opérationnels par employé

-Peu d'impact du LBO sur les dépenses de R&D

Phan et Hill

1995

214 LBO de 1986 à 1989

-Variation du ratio EBIT/coûts salariaux

-Variation du ratio EBIT/CA

Mesures des variables un an avant et un an après le LBO , puis mesures trois ans et cinq ans après sur un échantillon plus restreint de LBO

-La performance augmente immédiatement après le LBO

- L'impact du LBO sur la performance est bien moins important à plus long terme

- C'est plus l'augmentation de l'actionnariat des salariés que l'augmentation du niveau d'endettement qui est corrélée aux changements stratégiques et structurels


Source : A. L. Le Naudant, Analyse financière , n° 116 septembre 1998 pages 68 et 69 Citée par Cherif (2004).

§4 Les explications de l'efficience dans les LBO : la réduction des coûts d'agence

Pour expliquer la forte amélioration des performances dans les LBO , nous ne pouvons nous contenter d'invoquer les leviers financiers et fiscaux . La question est de savoir ce qui fait qu'on parvient à faire fonctionner des leviers financiers d'une telle ampleur . Qu'est ce qui fait qu'une entreprise va réussir en sept ans à générer des cash-flow qui vont permettre de rembourser une dette qui correspond à 80% de sa valeur, voir plus ?  Nous avons montré dans la première section que les transferts de richesse ne permettaient pas d'expliquer la plupart des gains issus des rachats . D'après Jensen (1986,1988,1989) c'est la réduction des coûts d'agence permise par la discipline imposée par la dette qui permet d'expliquer les gains des offreurs. Dans ce cas on parle d'une véritable création de richesse. Notons que la réduction des coûts d'agence peut être à l'origine de transferts de richesse notamment au détriment des salariés ; en effet plus les managers détiennent une part importante du capital , plus ils sont enclin à réaliser les restructurations nécessaires (notamment les réductions d'effectifs et de salaires ). Les restructurations réalisées au début du LBO sont incontestablement à l'origine d'une partie des gains issus du rachat.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein