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Le rôle disciplinaire des opa durant la vague de rachats des années 80 aux USA

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par Antoine Suzzoni
Université Nice Sophia Antipolis - DEA 2004
  

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En fait si les transferts de richesse n'ont rien de systématique dans un LBO, ce qui est systématique c'est la réduction des coûts d'agence (créatrice de richesse pour l'actionnaire ).

D'après la théorie du cash-flow libre, les coûts d'agence sont exacerbés dans les entreprises qui génèrent beaucoup de cash-flow et qui n'ont pas de réelles opportunités d'investissement. Dans ces entreprises les managers vont préférer réaliser des investissements à VAN négative au lieu de verser des dividendes.

Cela est en partie lié à l'imperfection du système de rémunération (dans les années 80 , les dirigeants des entreprises américaines détenaient en moyenne 0.25% du capital de leur entreprise ce qui est trop peu).

Dans le LBO, le fort taux d'endettement va avoir plusieurs conséquences à l'origine de la réduction des coûts d'agence :

- Il va déclencher, tout de suite après le rachat, des restructurations (cessions d'actifs, licenciements).

- Il permet de réduire, voir d'annuler le pouvoir discrétionnaire des managers.

- Dans le LBO le manager est aussi un investisseur, s'il atteint les objectifs qui lui ont été fixés, il aura sa part dans la plus value réalisée par les investisseurs lors de la revente de la société, une fois la dette remboursée.

- Les investisseurs, peu nombreux, exercent un contrôle minutieux sur le manager.

A) Les restructurations

Le surendettement peut être désirable et efficace lorsqu'il donne un sens économique au démantèlement d'une entreprise, à la vente de divisions, et au recentrage sur le métier de base (Jensen 1989).

Les investisseurs qui se sont endettés lourdement pour racheter une entreprise commencent par se séparer des divisions ou filiales pas ou peu rentables. Les montages financiers étaient faits en fonction des restructurations prévues. D'une part ces cessions d'actifs ont immédiatement permis de réduire le taux d'endettement qui dans les années 80 a bien souvent dépassé les limites du raisonnable à cause de l'utilisation des junk bonds et des guerres entre offreurs ; d'autre part les impératifs liés au remboursement de la dette font qu'il est urgent et indispensable de se séparer des actifs dont la rentabilité n'est pas supérieure aux taux d'intérêts. En effet ce sont les cash-flow de la cible qui doivent servir à rembourser l'emprunt . Berger et Ofek (1996) trouvent que lorsque le rachat est financé par l'emprunt la probabilité de démantèlement de la cible est plus élevée.

Les restructurations sont liées au fort taux d'endettement qui lui même explique en partie la réduction des coûts d'agence. Certains auteurs considèrent les restructurations comme une conséquence de la réduction des coûts d'agence.

D'après Phan et Hill (1995) cités par Bruton, Keels et Scifres (2002) lorsqu'une firme devient privée après un rachat, il n'est pas étonnant que les managers propriétaires aient tendance à lancer des programmes de restructuration, c'est à dire des changements opérationnels et stratégiques ayant pour but d'augmenter l'efficience de la firme.

Pour Holthausen et Larcker (1996) cités par Bruton ,Keels et Scifres (2002) plus les managers détiennent une part importante du capital, plus ils sont incités à faire des choix qui vont augmenter la valeur pour l'actionnaire .

Liebeskind ,Wierseman et Hansen (1992) cités par Cherif (2004) proposent une théorie qui trouve l'origine des gains réalisés au travers des LBO dans la réorganisation industrielle. Celle ci permet une plus grande efficacité dans l'organisation et de ce fait vise à l'élimination de tout goulot d'étranglement dans l'entreprise par une réduction de la taille , un recentrage de l'entreprise sur son métier d'origine ou une réorganisation du portefeuille d'activités.

Cependant, s'il est incontestable que les restructurations sont à l'origine d'une partie importante des gains de productivité observés dans les LBO, elles ne sont pas seules à l'origine des très bonnes performances réalisées par les LBO .

B) La minimisation du pouvoir discrétionnaire du manager

Dans un LBO le montage est fait de manière à ce que tout le cash-flow libre de la cible soit affecté au remboursement de la dette. Ainsi le manager n'a plus ou quasiment plus de pouvoir discrétionnaire. Le cash-flow libre n'est plus disponible pour « la construction d'empires », le paiement de salaires superflus ou l'octroi d'avantages privés.

Les échéances de remboursement de la dette contractée mettent le management sous pression afin qu'il dégage le cash-flow nécessaire au remboursement.

La dette joue un rôle disciplinaire (Chérif 2004) :

- d'une part elle limite la dilution du contrôle des investisseurs (ils sont généralement deux ou trois), ils sont au contact des décisions importantes

- d'autre part elle crée une obligation de résultat bien plus forte qu'un simple engagement à verser des dividendes.

Les créanciers détiennent un pouvoir bien plus grand que les actionnaires, en cas de non remboursement ils peuvent provoquer la faillite de l'entreprise et c'est cette menace qui permet de discipliner les managers au quotidien (gestion plus rigoureuse, gaspillages réduits...).

D'après Jensen (1989) le recours à un endettement élevé peut réduire les coûts issus de la relation d'agence ; Jensen emploi le terme d' « effet de contrôle de la dette », ce contrôle est double :

- d'une part les dirigeants sont obligés d'affecter le cash-flow libre au remboursement de la dette, c'est pour cela qu'il considère que la dette est un substitut aux dividendes

- d'autre part, le fort taux d'endettement incite les dirigeants à gérer de façon plus efficiente. Ayant investi leur capital dans l'entreprise, ils ne désirent pas qu'elle fasse faillite à la suite d'une incapacité à honorer la dette.

Jensen (1989) estime qu'une augmentation du taux d'endettement doit entraîner une augmentation de la valeur des actions, car la dette exerce un double contrôle sur les dirigeants. Dans le cadre d'un LBO, cette théorie prédit une augmentation anticipée de la valeur des actions du fait de la diminution attendue des conflits d'intérêt entre actionnaires et dirigeants. En d'autres termes pour Jensen il y a une véritable création de richesse dans le LBO, ce qui explique en partie les primes payées aux actionnaires sortants.

De leur coté Harris et Raviv (1990) parviennent à la même conclusion que Jensen mais en mettant l'accent sur d'autres qualités de la dette. Ils sont d'accord avec Jensen pour dire que l'endettement joue un rôle disciplinaire qui permet de diminuer les coûts issus de la relation d'agence .

Selon eux le contrôle exercé par la dette provient de deux éléments : les créanciers ont la possibilité de provoquer la liquidation, or selon Harris et Raviv les dirigeants désirent continuer les activités courantes de l'entreprise quelles que soient les circonstances. De plus la dette génère des informations utiles aux investisseurs selon les difficultés rencontrées pour honorer son remboursement.

Leur article propose une théorie de la structure du capital basée sur l'idée que la dette permet aux investisseurs de discipliner les managers et fournit une information utile pour cela. Dans le modèle, les investisseurs vont utiliser les informations concernant les perspectives de la firme pour décider si ils vont la liquider ou pas. Les auteurs supposent que les managers veulent éviter la liquidation de la firme et sont peu disposés à livrer des informations au investisseur qui pourraient les conduire à liquider la firme. En conséquence, les investisseurs utilisent la dette pour générer de l'information et contrôler le management. Le fait que les managers parviennent à rembourser la dette fournit des informations et lorsqu'ils n'y parviennent pas les investisseurs obtiennent des informations grâce à un audit coûteux.

Les créanciers utilisent leurs droits pour forcer les managers à fournir des informations et pour liquider la firme si il y a lieu de le faire.

Modèle statique

Les actionnaires utilisent la dette pour se procurer des informations concernant la qualité de l'entreprise. La dette génère deux types d'informations :  Premièrement, comme on suppose que le revenu est inobservable par les investisseurs, le remboursement de la dette indique que le revenu est supérieur au montant nécessaire au remboursement (ce qui conduit les actionnaires à réviser leur opinion concernant la qualité de l'entreprise).

Deuxièmement, l'incapacité à rembourser la dette déclenche un audit coûteux qui révèle le revenu courant et des informations supplémentaires concernant la qualité de l'entreprise. L'information véhiculée par la dette permet aux investisseurs de prendre de meilleures décisions opérationnelles. Dans le modèle la décision opérationnelle consiste à choisir entre la liquidation et la poursuite des activités courantes. Ainsi, le taux d'endettement optimal est déterminé en mettant en balance, la meilleure gestion de l'entreprise imposée par la dette avec la probabilité pour que les actionnaires aient à subir les coûts d'audit.

Les managers veulent éviter la liquidation afin de continuer à percevoir leurs salaires. Ils évitent la défaillance tant que possible, mais ne paient jamais plus que nécessaire.

Compte tenu de ces hypothèses les investisseurs ne peuvent se baser que sur les paiements effectués par l'entreprise pour prendre des décisions.

Le modèle est représenté par une firme et de nombreux investisseurs neutres au risque, tous les investisseurs escomptent les futurs paiements sur le marché des facteurs d'escompte .

La firme génère un revenu aléatoire xt à la fin de chacune des deux périodes t

t = 1 ; 2 . On suppose que le revenu n'est pas observable par les investisseurs.

A la fin de la première période la firme peut être liquidée.

La répartition du revenu dépend de la qualité de la firme notée q . La qualité de la firme peut dépendre de la compétence des managers, de la position de la firme sur le marché, etc.

H (x q ) = répartition du revenu étant donnée la qualité.

On suppose que la qualité de la firme n'est pas observable.

P( q ) = croyance antérieure à propos de la qualité de la firme .

H(x ;p) = répartition marginale du revenu quand les croyances antérieures sont données par p .

s = échelle de la firme

P(q s) = P (q /s 1) (1)

La probabilité pour que la qualité de la firme soit inférieure à 10 quand l'échelle est deux est la même que la probabilité pour que la qualité soit inférieure à 5 quand l'échelle est un . 

Le rôle de la dette c'est de donner des informations concernant la qualité de la firme. La valeur nominale de la dette est D payable à la fin de la période 1 .

Si la firme parvient à rembourser la dette, les investisseurs révisent leur opinion concernant la qualité de la firme.

K ( x, p ) = coûts d'une défaillance de la firme (audit, interruption des opérations

...)

En cas de défaillance, le paiement anticipé pour les créanciers est le même que la firme soit liquidée ou réorganisée.

B = D[ 1 H ( D ;p)] + E[b(x,a,D ,p) h(x ;p) dx (2)

Avec

B: valeur des obligations lorsqu'elles ont été émises

Le premier terme de l'équation correspond au paiement promis multiplié par la probabilité pour qu'il soit réellement versé .

Le second terme correspond au paiement anticipé en cas de défaillance .

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault