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Les relations économiques internationales et l'exploitation des ressources minières de la RDC

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par Dinah IRAGI KAJUCHI
Université Officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011
  

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Paragraphe 2. Convoitise des ressources minières par les puissances économiques et les multinationales

Les causes profondes du conflit en RDC, tel que nous venions de le dire, sont tributaires de la mauvaise gouvernance, de la misère et de la convoitise qu'attisent les ressources naturelles du pays. Des pays occidentaux ménagent certains régimes africains dictatoriaux pour garantir leur moyen d'approvisionnement des ressources stratégiques. Les USA, autant que la Chine renforcent leur présence (militaire, économique, etc) en Afrique noire, notamment pour garantir leur approvisionnement en matières premières. Nous pensons ainsi que cette posture a des liens avec la situation vécue au Congo au sujet de ses potentialités minières car elles sont l'objet de convoitise de ces puissances en vue de la maximisation des gains.

En effet, ces fabuleuses richesses exacerbent la convoitise de certains groupes multinationaux, des puissances économiques, celles émergentes y compris. Pendant tout le temps qu'a duré le conflit en RDC, leur attrait a expliqué l'occupation des provinces dans l'Est du pays par les troupes rwandaises et ougandaises, ainsi que les luttes fratricides sur le sol congolais pour le contrôle de la ville de Kisangani et des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Il est un fait certain, c'est que l'économie congolaise demeure dominée par des logiques de rentes.41(*)

Cet enjeu explique tant soit peu l'afflux de plusieurs organisations non gouvernementales dans l'Est du pays, et de plus d'une société multinationale voire aussi l'engouement de nombreux Etats attirés généralement par les ressources minières de la RDC.

Paragraphe 3. De l'économie de guerre

Comme le reste des ressources minières de la RDC, l'or a fait, pendant des décennies, l'objet de trafics intenses au profit des « dinosaures » et autres « barons » du régime Mobutu.

Il n'y a pas si longtemps, le métal jaune servit à l'effort de guerre de l'AFDL. Des centaines de kilos passaient illégalement les frontières pour se retrouver dans les comptoirs des pays voisins, dits zone de libre-échange et plus particulièrement à Bujumbura (ancien point de chute de la contrebande de Kabila jusqu'à l'imposition de l'embargo décrété par les pays limitrophes du Burundi, fin Juillet 1996, après le coup d'Etat de Buyoya. La fraude n'a pas cessé depuis, mais a changé de cap de destinataires. Les contrebandiers de l'or congolais se trouvent aujourd'hui à Kigali et à Kampala.

En effet, depuis le mois d'Août 1998, la RDC est confrontée à une guerre dite d'agression qui a sensiblement contribué à la progression de la pauvreté et menacé la situation économique et sociale du pays. Pour preuve, plusieurs indicateurs économiques montrent que la situation socio-économique du pays est dramatique.

Sur le plan purement économique, la situation de guerre et la débâcle de l'administration ont généré une crise économique sans précédent. Sans tenir compte de l'exploitation des ressources minières, les productions agricoles et pastorales ont été fortement réduites en raison de l'insécurité, du déplacement de la population, de l'exploitation des matières précieuses et du délabrement général des infrastructures de transport.

Plusieurs spécialistes et autres observateurs de la région ont des Grands Lacs le constat que la « première guerre africaine », tel qu'ont été baptisé les années de guerre au Congo, est la résultante de nombreux enjeux aussi bien politiques, géostratégiques, militaires, économiques et sociaux. Ces différents enjeux s'interpénètrent et rendent toute analyse de ce conflit complexe et difficile. Cette guerre, sans réelle ligne de front, « le front et partout et nulle part », fut menée par une multitude d'acteurs tant locaux, nationaux, régionaux qu'internationaux. Chaque acteur impliqué poursuivant ses propres intérêts.42(*)

Pour ce faire, il convient de souligner que la persistance dans le Kivu de rebelles hutu rwandais, rassemblés au sein des FDLR, a entretenu les conflits à l'Est du pays malgré la présence de la MONUC (actuelle MONUSCO), la plus importante des missions des Nations unies dans le monde. Le CNDP du chef rebelle Laurent Nkunda, soutenu par le Rwanda et officiellement crée pour protéger les populations tutsi-congolaises des rebelles hutu-rwandais, a infligé à deux reprises une lourde défaite aux forces armées congolaises en Décembre 2007 et Octobre 2008. Les populations civiles ont ainsi été volées, violées, enrôlées, déplacées de force ou simplement tuées.43(*)

Par ailleurs, la chute des cours des matières premières, conséquence de la crise économique mondiale, fait fuir les investisseurs et réduisent les revenus de l'Etat, dont une part considérable a été mobilisée pour l'effort de guerre à l'Est. Aussi, pour leur part, les bailleurs de fonds occidentaux, rassemblés derrière le FMI, ont conditionné l'allégement de la dette de 6,3 milliards de dollars américains promis au Congo depuis 2003 à une négociation du contrat chinois. Pris entre deux feux, dans un contexte de crise mondiale et de concurrence pour l'approvisionnement en ressources naturelles, les marges de manoeuvre du Gouvernement congolais sont étroites44(*) pour relever le défi.

Malgré tout, en analysant les motivations de différents protagonistes impliqués dans les conflits de guerre à l'Est, le contrôle des ressources naturelles du Congo, particulièrement les ressources minières, constitue, dans certains cas, le principal enjeu.

Pour Hugon, cité par Zacharie et Bob, « les facteurs premiers des guerres africaines sont les richesses naturelles qui permettent le financement des conflits tout en étant un des principaux enjeux.45(*)

Ce constat a été confirmé par plusieurs organisations internationales, notamment Human Right Watch, Amnesty International, International Crisis Group, International RescueCommittee, International Peace Information Service, qui dénoncèrent cette situation et menèrent des actions de sensibilisation pour obliger la communauté internationale à réagir.

Pour ces organisations, le Conseil de sécurité des Nations unies ne pouvait plus ignorer les preuves qui montraient clairement un lien entre l'exploitation des ressources et la guerre.46(*)

C'est d'ailleurs le point de vue de Jacques Fontanel pour qui le lien entre l'économique et les conflits internationaux sont très étroites. Il pousse que le part age de la richesse mondiale dépend souvent de l'action militaire mais celle-ci est elle-même déterminée par la puissance économique. L'analyse économique, poursuit-il, nous a appris que l'ordre économique international, la lutte économique des systèmes et la création de véritables économies de guerres étaient à l'origine de la peur et de la cause aux armements. Pour en finir avec la violence des Etats, l'émergence d'un nouvel ordre économique et politique international apparaît nécessaire mais insuffisant.47(*)

Au fait, la RDC est devenue une scène « de théâtres » des pays à la recherche des matières précieuses depuis 1998. Plusieurs rapports d'enquêtes et d'études menés ont établi le lien entre l'exploitation des ressources minières et les conflits armés en RDC. Ainsi, les matières précieuses du Kivu et de Maniema, les diamants de Kasaï et de la province orientale sont devenus l'enjeu d'un conflit qui peut être qualifié de guerre des matières premières entre les Etats africains.48(*)

Ce point de vue est rejoint par le communique de presse de la BM dans Economic Causes of Civil Conflict and their Implications for Policy dont les études menées sur quarante guerres civiles qui ont eu lieu entre 1960 et 1990 ont contesté d'une part les idées reçues sur les origines des conflits et ayant couvert une nouvelle approche de ces conflits civiles basés sur les caractéristiques d'ordre économique, d'autre part. Ces recherches avaient donc estimé que la RDC ne faisait pas exception car les provinces les plus riches devenaient des appâts dans la lutte que mènent les participants à cette guerre.49(*)

Cet état de choses, nous le pensons bien, constitue alors un fait préjudiciel à l'économie nationale congolaise avec une conséquence tellement néfaste sur la vie des congolais.

Enfin, venons-en à dire tout prosaïquement que les guerres d'agression et les conflits y afférents que le pays a connus un an après le changement de régime de Mobutu ont bouleversé tous les plans qui voudraient le redressement économique de la RDC et ont accentué la pauvreté et la misère sur une pauvreté chronique et ont amenuisé au passage les recettes de l'Etat pour en augmenter les dépenses. Ces propos sont encore ici illustrés par les cas des forces militaires gouvernementales, de nombreux mouvements rebelles, de groupes armés nationaux voire étrangers ainsi qu'un groupe des multinationales et des particuliers opérant dans les pillages des ressources minières du pays au sacrifice de son économie, des vies humaines, surtout des populations pauvres.

* 41ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA Bob. Op. Cit, p.17

* 42ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA Bob. Op. Cit, p.15

* 43Idem, p.12

* 44ZACHARIE, Arnaud, KABAMBA Bob. Op. Cit, p.12

* 45Idem, p.17

* 46 Nous faisons allusion à la déclaration du Président de Conseil de sécurité endate du 02 Juin 2000 (S/PRST/2000/20), Juin 2000.

* 47FONTANEL, Jacques. Op.Cit, p. 100

* 48Nations Unies (2002) : Report of the Panel of Expert on the illegal Exploitation of Natural Resources and other Forms of Wealth of the DRC

* 49Banquemondiale: Economic Causes of Civil Conflict and their Implications for Policy, communiqué de presse n°2000/419/S du 15 Juin 2000, Washington.

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