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Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à  Marseille

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par hélène sEVERIN
Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015
  

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c) Le rapport de la Friche à son environnement : les limites de son rayonnement

Comme nous l'avons expliqué précédemment, les Friches sont des lieux ayantsubisune crise et datant d'une époque industrielle, militaire ou portuaire. Ce sont, pour la plupart, des espaces en marge du centre-ville, mais situés entre ce centre et la périphérie. Il faut donc y voir un potentiel pour agir à la fois sur le centre et sur la périphérie. C'est par exemple le cas de la Belle-de-Mai à Marseille qui se situe entre les quartiers Nord et le centre et peut influer sur ces deux territoires. Cette marginalité est bien évidemment bénéfique au processus de régénération. Par contre, dans le cas du Tacheles qui est situé en plein centre-villede Berlin, l'installation des artistes puis la réhabilitation a été soumise à un phénomène de pression foncière et de spéculation immobilière qui a rendu difficile le processus.

En revanche, le fait que la Friche culturelle soit l'aval d'une crise économique, elle est forcement marginalisé par les habitants. « Cette situation d'isolement, d'enfermement, est propice à une marginalisation sociale et spatiale (activités plus ou moins illicites : drogue, prostitution, squats, ...) ; ces usages momentanés, temporaires, tendent à accentuer le rejet de la part des populations environnantes vis-à-vis de ce no man's land mais aussi le repli sur soi des usagers de la Friche. » (ANDRES L., 2006). En fin de compte, les espaces en Friche peuvent dévaloriser le quartier environnant, socialement et physiquement (sauvegarde du patrimoine remise en question à cause des phénomènes de dégradation, perte de la valeur foncière de l'îlot, voire des îlots environnants, ...). Cette dégradation est foncièremais aussi économique, sociale et culturelle. Elle est ainsi caractérisée par le départ d'entreprises,la perte d'activités, l'appauvrissement généré par une perte de substance, économique, sociale, culturelle, civique (ADEF, 1998).

Finalement, la culture peut être perçue comme un élément anti-crise, comme un remède. Mais pour certains auteurs, elle peut également induire la crise. Le débat du rapport culture-crise-résilience semble donc chargé de contradictions.

Premièrement, il existe certains cas de Friches culturelles qui n'arrivent pas à établir de lien avec la population environnante. Certains artistes des Friches culturelles ont même avoué ne pas avoir réussit à dynamiser le quartier ou à faire accepter le nouveau lieu aux habitants (c'est par exemple le cas des Diables bleus des Casernes d'Angély cité par Boris GRESILLON, 2008). Pour le cas de la Friche la Belle-de-Mai par exemple, notre analyse réalisée en 2014 sur le projet de réhabilitation et son rapport au quartier nous a laissé penser qu'il n'existait pas de lien entre la Friche et son environnement. Cela est principalement dû au fait que la Friche tourne le dos à son quartier, et donc que les habitants la pratiquent peu ou pas du tout. Mais c'est aussi lié à l'histoire du quartier. La Friche culturelle vient d'une ancienne manufacture de tabacs qui a fermé ses portes en 1990 et qui employait une grande partie des habitants du 3ème arrondissement. Sa fermeture ayant entrainé un fort taux de chômage dans le quartier, le sentiment d'appartenance des gens du quartier a quasiment disparu et ils ne s'identifient plus à ce lieu. Finalement, le caractère historique des Friches et leur place au sein du milieu urbain peut jouer un rôle leur relation avec la population environnante.

Deuxièmement, la culture ne serait pas défaillante mais pourrait s'accroitre en temps de crise3(*). Parallèlement, le budget dédié à la culture est aminci dans les grandes villes de la mondialisation. Avec la compétitivité des territoires qui s'est installée, l'enjeu culturel n'est plus prioritaire. Il faut donc prendre en considération ces changements dans l'évolution de la culture dans l'urbain mais aussi dans la place des artistes dans la ville. En effet, certains d'entre eux sont installés dans des Friches qui n'ont pas encore été institutionnalisées et qui ne le seront sans doute pas à cause des restrictions budgétaires, et sont ainsi perçus comme les « délaissés » de la ville.

Enfin, la culture n'est pas seulement portée par des artistes. Elle l'est aussi par des acteurs économiques, du tiers secteur, des entrepreneurs et parfois mêmes des habitants. Cette multi intervention entraine la marchandisation de la culture - en même temps que la marchandisation de la ville. Ce marketing urbain prend finalement le pas sur l'intégration des classes populaires. La valeur du lieu culturel et son impact économique restent un enjeu majeur. Sa réhabilitation participe quant à elle au développement urbain de son environnement. Mais le caractère social est très peu souligné et son importance semble être minimisée.

Finalement, le rapport entre la Friche culturelle et la ville est surtout marqué par un caractère social quelques peu ignoré, mais aussi par un développement économique et urbain remarquable.

* 3 Alexandre GRONDEAU, introduction au colloque « crise, résilience, culture», le 27 mars 2015 à la MMSH d'Aix-en-Provence

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams