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Argumentation et soliloque: une étude sémiotique dans les tragédies de Shakespeare

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par Marine Garel
Université Lumière Lyon 2 - Sciences du langage 2016
  

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c. Une distinction fondamentale : le contenu

Finalement, ce qui différencie le soliloque du monologue se situe dans le fond. Le soliloque a une portée purement psychologique, voire quelque fois spirituelle. Nous sommes en plein dans l'âme du locuteur.Ilpossède ce côté réflexif que le monologue n'a pas.En effet, le sujet a conscience de son existence car c'est à soi et uniquement à soi qu'il demande la réponse aux questions. Ceci rejoint le cogito ergo sum6(*) (je pense donc je suis) de Descartes qui après avoir exposé deux méthodes, a su montrer la certitude de l'existence de la subjectivité. Le soliloque shakespearien rejoint cette position car le locuteur met souvent en doute ses connaissances et ses opinions. Il lui arrive aussi de juger et de penser que ses sens sont sources d'illusion : dans son soliloque, Macbeth ne sait plus si le poignard est réellement devant lui ou si sa vue lui joue un tour... (ActeII, Scène 1).Le locuteur conscient de sa solitude, s'en remet à lui seul. La forme est digressive et tend à tomber dans l'irrationnel. Quelque fois même, le sujet principal est totalement évité : Richard se met d'un seul à coup à parler de sa nature alors qu'il débattait sur sa séduction de Lady Anne. Par ailleurs, les locuteurs sont souvent en désaccord avec eux-mêmes : Macbeth agit contre ses propres principes ; c'est pour cette raison qu'il se doit de débattre avec lui-même avant d'assassiner Duncan. Autant le soliloque relève de la digression, autant il relève également de la discordance et c'est d'ailleurs à ce terme que nous pouvons lier le scepticisme. Les opinions énoncées sont souvent variées et en constante opposition. Le locuteur dit quelque chose mais affirme le contraire à la fin ou inversement. Nous avons ainsi l'impression que tout est brouillé dans l'esprit du personnage. Le soliloque apparaît ainsi comme un nid de confusion.

Le monologue est tout à fait le contraire. Le personnage qui monologue veut virtualiser les paroles de ses interlocuteurs : il cherche donc à accéder à la parole et à en éloigner les autres. Son intention n'est pas donc pas réflexive mais transitive. Ce sont les autres qui l'amènent vers le chemin de l'unité. De plus, il ne présente pas d'arguments irrationnels : en soit le soliloque d'Hamlet ne peut pas être un complétement un monologue. Abordant des questions existentielles, il se place du côté du surnaturel. Le monologue n'est ni digressif, ni discordant. Le monologue privilégie une ponctuation forte et abondante contrairement au soliloque. En fait, c'est pour cette raison que nous affirmons qu'il y a plus de dialogue dans le monologue que le soliloque. Nous pouvons même parler de dialogue caché. Cela fait ressortir les émotions du personnage alors que dans le soliloque, les émotions sont présentes mais plus dissimulées que dans le monologue.

Une distinction avec le monologue était donc inévitable pour situer le soliloque dans un cadre discursif. Il conviendra maintenant de l'étudier en comparaison d'une autre forme d'échange tout aussi complexe : le dialogue.

* 6René Descartes, Discours de la méthode. Paris : Flammarion, 2016, p.191.

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