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Crise economique et émergence de l'activité maraichère: cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

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par Georges Ghislain Fofack Mujia
École normale supérieure de Yaoundé  - DIPES II en Géographie  2016
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE YAOUNDE

UNIVERSITY OF YAOUNDE I


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DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE


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HIGHER TEACHER TRAINING

COLLEGE YAOUNDE


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DEPARTMENT OF GEOGRAPHY


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CRISE ÉCONOMIQUE ET ÉMERGENCE DE L'ACTIVITÉMARAICHÈRE: CAS DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Mémoire présenté en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'Enseignement

Secondaire Général Deuxième Grade (DIPES II)

Par

FOFACK MUJIA Georges Ghislain

Licencié en Géographie physique

Sous la Direction de Sous la supervision du

Dr Louis Bernard TCHUIKOUA Dr Eleno Manka'a Fube

AssistantChargé de cours

Année académique 2012/2013

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

ACEFA : Appui à la Compétitivité des Exploitations Familiales AgropastoralesADJEPAF : Association des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu AFD : Agence Française de Développement : Contrat désendettement et développement BCD : Banque camerounaise de développement CAPLAME : Coopérative Agricole des planteurs de la MenouaCEREHT : Centre de recherche sur les Hautes Terres DDADER : Délégation départementale de l'agriculture et du développement ruralDAADER : Délégation d'arrondissement de l'agriculture et du développement ruralENS : Ecole Normale Supérieure FIDA : Fonds international de développement agricole FONADER : Fond national de développement rural INC : Institut national de la cartographie GAM : Groupement d'agriculteurs modernes GIC : Groupement d'initiative commune IITA: International Institute of tropical agricultureIRAD : Institut de recherches agronomiques pour le développement IRD: Institut de recherche pour le développement MC: Mutuelle communautaire de croissance MINADER : Ministère de l'agriculture et du développement ruralN P K : Azote- Phosphore- PotassiumONCC : Office National du Cacao et du CaféONG : Organisation non gouvernementale OP : Organisations paysannePVC : Polychlorure de vinyle pH : Potentiel d'HydrogènePIB : Produit intérieur brutPNVRA : Programme national de vulgarisation de la recherche agricolePPTE : Pays pauvres très endettés RGPH: Recensement général de la population et de l'habitatSAILD : Service d'appui aux initiatives locales de développementSOMUDER : Sociétés mutuelles de développement ruralSPSS: Statistical package for social sciencesUCCAO : Union centrale des coopératives agricoles de l'Ouest

Abstract

Since independence, agriculture has been Cameroon's main money-making activity. She used to rely on cash crops such as cocoa and coffee. However, during the 1980S, these two products witnessed a decline in prices as a result of an economic crisis which took place during the same period. Dschang Subdivision which depended on Arabica coffee underwent deep socio-economic and spatial transformations. Farmers abandoned their coffee farms and rushed towards other products which could bring more gain. In this context, market gardening, especially tomato cultivation, appeared as a job opportunity or a sure source of income for former coffee cultivators, former migrants and the unemployed. The state policy aiming at stimulating and diversifying food and market gardening production which was put in place by in the 1990s surely contributed to develop food and market gardening sectors. Henceforth, the reconfiguration of agriculture stakeholders of Dschang Subdivision having multiple and innovative strategies, boosted emergence, development and popularization of tomato cultivation in the said subdivision. Nowadays, its production is increasing as well as the number of farm plots and gardeners. This situation contributes to improving the life standards of devotees. Through the theme: «economic crisis and emergence of market gardening activity: case study of tomato cultivation in Dschang Subdivision», we analysed the joint impact of the State policy of diversification of food and market gardening production and the symbiosis of strategies of various stakeholders on emergence, development and popularization of tomato cultivation within that space. This analysis revealed that after the crisis, emergence, development and popularization of tomato cultivation were due to the State policy aiming at stimulating and diversifying food production as well as the interaction of various strategies of stakeholders involved in thisline of production. Notwithstanding, this buoyant sector in terms of employment and improvement of socio-economic well-being is experiencing some difficulties. With the said «second-generation» agricultural policy, we hope that the needs of this sector will be adequately met.

Key words: economic crisis, emergence, conversion, market gardening activity, tomato, Dschang

DÉDICACE

À

MES PARENTS

Mon regretté père, MrNKUOIBOUTI,dont les décès précoce a été pour moi le principal émulateur

Et

Ma mère, Mme veuve ABONZEM GénevièveEpse NKUOIBOUTI, pour tout l'amour et les sacrifices consentis jour après jour à mon égard, malgré les multiples difficultés de la vie. Tes paroles sont source de courage et d'abnégation.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail est le fruit de la disponibilité, de la rigueur et du soutien moral de mon directeur de recherche, le Docteur Louis Bernard TCHUIKOUA,ainsi que de mon superviseur, le Docteur Eleno Manka'a Fube. Nous leur adressons nos sincères remerciements. Ma reconnaissance va également à l'endroit de tout le corps enseignant du département de Géographie de l'ENS de Yaoundé, pour leurs enseignements et leur contribution à notre formation. Je voudrais tout particulièrement témoigner ma reconnaissance à : Ma mère, madame veuve ABONZEMGéneviève Epse Nkuoibouti, pour tous les sacrifices financiers consentis pour ma formation ; merci maman pour tout ; Monsieur et madame AKOAGHE, pour tout le soutien financier et surtout moral dont je bénéficie depuis plusieurs années, vos sacrifices n'ont pas été vains ; Mes frères AWOUNANG Emile et FHOM Zéphirin, ainsi qu'à tous les membres de ma famille, merci pour le soutien que vous m'apportez tous les jours ; Mes neveux AKENDE NKUOIBOUTI Patrice Willy, ABUMANYAMary-Ann et MACOUIsraella Bella, vous êtes pour moi une source de courage dans les moments difficiles ; Monsieur le délégué départemental de l'agriculture et du développement rural de la Menoua, pour son accueil chaleureux et la mise àdisposition des rapports annuels des activités de la DDADER ; Papa Pascal pour sa disponibilité, sa compréhension, la fouille documentaire concernant les rapports des postes agricoles et toutes les acrobaties effectuées avec moi sur sa moto, afin de m'aider à collecter les informations auprès des GIC ; Mlle Lydie pour s'être plier à mes multiples requêtes et pour le temps passé avec moi à consulter les archives de la DDADER ; Madame TOMBET Marie-Claire, délégué de l'union des GIC de l'arrondissement de Dschang. Je voudrais vous dire merci de m'avoir accueilli dans votre domicile malgré les appréhensions et de m'avoir mis en contact avec les délégués de GIC pour des entretiens. Monsieur Alain, jardinier à Fonakeukeu, pour m'avoir baladé dans ses exploitations de tomates et enseigner les rouages de la culture de la tomate. Merci pour les multiples visites sur les collines de Fonakeukeu où se situait ton exploitation ; Mlle NGO BIKAI Esther, je tiens personnellement à te témoigner ma reconnaissance pour le soutien moral, les encouragements, les relectures et les corrections syntaxiques de mon travail; KOUOGANG Franc Serges, pour les hébergements consécutifs à mes descentes sur le terrain, et m'accompagnant lors des observations de terrain. Tu m'as donné beaucoup de courage ; Mes amis de longue date MESSI, MOLO, ONGOLO et BEKONO, merci pour les débats acharnés qui ont rythmé notre formation. Ils ont été une source d'inspiration et d'apprentissage ; À tous les collègues de la 52ème promotion de géographie, pour ces chaleureux moments passés ensemble qui auront été constructifs ; Mes amis MAFOUO Annick, KENFO Bonaventure, TEUFACK Eric, FOUDJET Sandrine, OUABO Romaric, VOUNDI Eric, WANDJI Carole......merci pour votre soutien multiforme et d'avoir toujours été là. A tous ceux et celles dont les noms n'ont pas été cités ici, et qui ont contribué de quelque manière que ce soit à ma formation et à la réalisation du présent travail, je voudrais vous témoigner à travers ces quelques mots toute ma gratitude.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition de la population de l'arrondissement de Dschang par groupements....9

Tableau 2 : Tableau synoptique de la recherche......................................................................17

Tableau 3: Opérationnalisation de la variable indépendante...................................................30

Tableau 4: Opérationnalisation de la variable dépendante......................................................31

Tableau 5: Répartition des villages enquêtés par groupement.................................................35

Tableau 6: Crédits accordés par le FONADER au secteur agricole en 103 FCFA.................44

Tableau 7 : Les organisations rurales inscrites (coopératives et GIC) à la délégation régionale de l'agriculture de l'Ouest au 30 Juillet 2004...........................................................................66

Tableau 8: Répartition des jardiniers selon l'intérêt pour la culture de la tomate...................69

Tableau 9: Provenance des fonds pour le financement de l'activité........................................77

Tableau 10: Nombre de récoltes annuelles par groupement....................................................78

Tableau 11: Calendrier agricole de la culture de la tomate dans le groupement Foto.............89

Tableau 12: Utilisation d'engrais.............................................................................................81

Tableau 13: Comportement de la production des jardiniers depuis 5 à 10 ans........................87

Tableau 14: Comportement des parcelles des jardins depuis 5 à 10 ans.................................88

Tableau 15: Raisons de l'augmentation de la production........................................................88

Tableau 16: Taille des parcelles et origine de la main d'oeuvre..............................................89

Tableau 17: Production moyenne annuelle et évolution des parcelles....................................97

Tableau 18: Appartenance aux GICs.....................................................................................102

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Localisation de la zone d'étude..................................................................................5

Figure 2: Diagramme ombro-thermique à la station IRAD de Dschang (1994-2005)..............7

Figure 3 : Diffusion spatio-temporelle du développement ou de l'innovation........................25

Figure 4 : Les étapes de l'adoption ou de la diffusion d'une innovation selon Rogers...........27

Figure 5 : Courbe de la diffusion d'une innovation selon Rogers...........................................28

Figure 6: Effectif de producteurs de tomate et répartition proportionnelle des questionnaires par groupement.........................................................................................................................34

Figure 7: Spatialisation des villages enquêtés..........................................................................36

Figure 8 : Distribution proportionnelle des questionnaires dans les villages enquêtés............37

Figure 9: Interface de codification des variables sous SPSS 11.0...........................................39

Figure 10 : Interface de dépouillement automatique sous Excel 2007....................................39

Figure 11: Schéma conceptuel de la méthodologie...............................................................40

Figure 12: Fonctionnement des principaux acteurs du secteur agricole de l'arrondissement de Dschang avant la crise...............................................................................................................45

Figure 13 : Présentation de l'influence spatiale de la CAPLAME avant la crise....................46

Figure 14: Evolution en FCFA du prix planteur en pourcentage du prix FOB 1980/1981 à 1999/2000..................................................................................................................................47

Figure 15: Influence spatiale de la CAPLAME après la crise.................................................48

Figure 16: Répartition de la population enquêtée selon l'ancien emploi.................................49

Figure 17: Répartition par groupement des enquêtés en fonction de leur ancienne spéculation................................................................................................................................50

Figure 18: Répartition de l'échantillon suivant la variable: "première spéculation pratiquée".................................................................................................................................................51

Figure 19: Répartition de l'échantillon en fonction du sexe.....................................................52

Figure 20: Zone de culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang en 2010.............53

Figure 21 : Schéma synoptique du chapitre III........................................................................55

Figure 22: Humidité relative à Dschang en 1998.....................................................................58

Figure 23 : Répartition de la population par groupement et en fonction du niveau d'instruction...............................................................................................................................59

Figure 24 : Jardiniers autochtones et allogènes par groupement.............................................59

Figure 25: Répartition de la population par âge et par groupement........................................60

Figure 26 : Spatialisation de la population de l'arrondissement de Dschang entre 2005 et 2012...........................................................................................................................................61

Figure 27 : Raisons du démarrage de la culture de la tomate..................................................62

Figure 28 : Destination des récoltes des jardiniers par groupement........................................63

Figure 29 : Spatialisation proportionnelle de la destination de la tomate en provenance de Dschang.....................................................................................................................................64

Figure 30 : Schéma synoptique du chapitre IV........................................................................68

Figure 31 : Appartenance aux GICs.........................................................................................74

Figure 32: Nature de l'aide de l'État aux GIC.........................................................................75

Figure 33: Modes d'accès à la terre.........................................................................................76

Figure 34: Quantité d'engrais utilisés par les jardiniers...........................................................81

Figure 35: Localisation des jardins..........................................................................................82

Figure 36 : Spatialisation des types de jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang.....................................................................................................................................83

Figure 37: Répartition des villages enquêtés selon l'intensité de production..........................86

Figure 38 : Nature des problèmes des jardiniers......................................................................90

Figure 39: Évolution du prix de l'engrais NPK 20-10-10 entre 1970 et 2012.........................91

Figure 40 : Schéma synoptique du chapitre V.........................................................................94

Figure 41: Évolution de la production de tomate et du nombre d'exploitants.........................96

Figure 42: Solutions pour l'optimisation de la production de la tomate dans l'arrondissement de Dschang................................................................................................................................99

Figure 43: Suggestions des jardiniers à l'Etat........................................................................102

Figure 44: Schéma récapitulatif des recommandations.........................................................104

TABLE DES PHOTOGRAPHIES

Planche Photo 1: Monoculture intensive dans le groupement Foto........................................80

Planche Photo 2: Irrigation par gravité....................................................................................85

Planche Photo 3 : Maladies de la tomate.................................................................................92

Photo 1: Image Google Earth de l'arrondissement de Dschang et des villages limitrophes....10

Photo 2: Deux jeunes jardiniers à Litieu (Foréké-Dschang)....................................................54

Photo 3: Cargaison à acheminer en direction de Douala..........................................................65

TABLES DES MATIERES

LISTE DES ENSEIGNANTS DU DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS........................................................................... i

ABSTRACT..............................................................................................................................i ii

DEDICACE.............................................................................................................................. ii

REMERCIEMENTS............................................................................................................... ii

LISTE DES TABLEAUX......................................................................................................... ii

LISTE DES FIGURES............................................................................................................ ii

TABLE DES PHOTOGRAPHIES....................................................................................... ii

TABLES DES MATIERES.............................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE.............................................................................................1

PREMIERE PARTIE : CADRAGE GENERAL DE L'ETUDE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : EXPLORATION DU SUJET ET ETUDE

GEOGRAPHIQUE DE L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG......................................1

1.1. Contexte général de l'étude..................................................................................................2

1.2. Présentation du sujet............................................................................................................3

1.3. Justification du choix du sujet..............................................................................................3

1.4. Délimitation du sujet............................................................................................................4

1.4.1. Délimitation thématique................................................................................................4

1.4.2. Délimitation temporelle................................................................................................4

1.4.3. Délimitation spatiale et politico-administrative..........................................................4

1.5. Présentation de l'arrondissement de Dschang.....................................................................6

1.5.1. Présentation physique...................................................................................................6

1.5.1.1. Le climat................................................................................................................6

1.5.1.2. Le relief et les sols.................................................................................................7

1.5.1.3. L'hydrographie......................................................................................................8

1.5.1.4. La végétation..........................................................................................................8

1.5.2. Présentation humaine....................................................................................................8

1.6. Revue de la littérature........................................................................................................11

1.7. Problématique....................................................................................................................14

1.8. Questions de recherche......................................................................................................15

1.8.1. Question principale.....................................................................................................15

1.8.2. Questions spécifiques..................................................................................................15

1.9. Objectifs de recherche........................................................................................................15

1.9.1. Objectif principal........................................................................................................16

1.9.2. Objectifs spécifiques...................................................................................................16

1.10. Hypothèses de recherche..................................................................................................16

1.10.1. Hypothèse principale................................................................................................16

1.10.2. Hypothèses secondaires............................................................................................16

1.11. Intérêt de l'étude..............................................................................................................18

1.11.1. Intérêt académique....................................................................................................18

1.11.2. Intérêt scientifique.....................................................................................................18

1.11.3. Intérêt pratique..........................................................................................................18

1.12. Cadre conceptuel et théorique..........................................................................................18

1.12.1. Cadre conceptuel.......................................................................................................18

1.12.2. Cadre théorique.........................................................................................................24

1.12.2.1. La théorie de la diffusion de l'innovation ou diffusionnisme de Hägerstrand...24

1.12.2.2. L'innovation et sa diffusion selon Rogers Everett (1962)................................26

1.12.2.3. La théorie du développement endogène.............................................................29

1.12. Cadre opératoire...............................................................................................................29

CHAPITRE II :APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE......................................................32

2.1. Approche méthodologique.................................................................................................32

2.1.1. Approche méthodologique générale...........................................................................32

2.1.2. Approche méthodologique spécifique........................................................................32

2.12.1. Recherche et exploitation des documents............................................................32

2.1.2.2. Enquêtes par observation et entretien.................................................................32

2.1.2.3. Technique d'échantillonnage...............................................................................33

2.1.2.4. L'administration du questionnaire et des guides d'entretien..............................35

2.1.2.5. Traitements et analyses des données quantitatives et qualitatives......................38

2.1.2.6. Traitement cartographique des données..............................................................38

2.2. Difficultés rencontrées.......................................................................................................41

2.2.1. Les obstacles liés à la disponibilité des données chiffrées de la production de tomate...................................................................................................................................41

2.2.2. Les obstacles liés à la réticence des jardiniers...........................................................41

2.2.3. Les obstacles temporels..............................................................................................41

2.3. Structure du mémoire.........................................................................................................41

DEUXIEME PARTIE : RECHERCHE ET EXPLOITATION DES DONNEES

CHAPITRE III :L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG ET LA CRISE ÉCONOMIQUE DE LA FIN DES ANNÉES 1980..............................................................42

3.1. Le paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant la crise économique...............................................................................................................................42

3.1.1. L'arrondissement de Dschang : une vie rythmée par l'économie caféière................42

3.1.2. L'activité vivrière et maraichère : des activités marginales et essentiellement féminines...................................................................................................................................42

3.1.3. L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle et de l'encadrement de l'activité agricole dans l'arrondissement................................................................................................43

3.1.3.1. L'État et ses organismes de financement agricole : moteur de développement agricole avant la crise..............................................................................................................44

Ø La Banque Camerounaise de Développement(BCD).....................................43

Ø Le fond National de Développement Rural (FONADER)..................................43

3.1.3.2. L'UCCAO : Poumon de développement agricole de la région de l'Ouest avant la crise...........................................................................................................................................44

3.2. Les conséquences de la crise économique dans l'arrondissement de Dschang.............47

3.2.1. La baisse drastique des prix du café payé aux agriculteurs......................................47

3.2.2. La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO - CAPLAME.................................48

3.2.3. La perte des emplois et l'abandon scolaire...............................................................49

3.2.4. La reconversion des agriculteurs................................................................................50

3.2.5. L'émergence et développement de l'activité vivrière et maraîchère.........................51

CHAPITRE IV :LES FACTEURS DE L'ÉMERGENCE DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE...................................................................56

4.1. Historique......................................................................................................................56

4.2. Les facteurs de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.....................................................................................................................................56

4.2.1. Les facteurs internes..........................................................................................56

4.1.1.1. Un milieu écologique particulièrement propice ..............................................56

Ø Sur le plan pédologique.........................................................................................56

Ø Sur le plan climatique............................................................................................57

4.1.1.2. Les facteurs humains : moteurs de l'émergence...............................................58

v Le dynamisme des jardiniers...............................................................................58

v Le rôle des migrations.........................................................................................59

v Le rôle de l'université de Dschang........................................................................60

4.2.2. Les facteurs externes.........................................................................................62

4.2.2.1. La crise économique et ses multiples conséquences............................................62 4.2.2.2. L'explosion de la demande dans les centres urbains............................................62 4.2.2.3. La libéralisation des tous les secteurs de l'activité agricole............................... .65 4.2.2.4. Le rôle de l'État à travers le décret autorisant la création des organisations paysannes...........................................................................................................................66 4.2.2.5. L'irruption des nouveaux acteurs.......................................................................66

TROISIEME PARTIE: PRESENTATION, VERIFICATION DES HYPOTHESES, CRITIQUE DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

CHAPITRE V : DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG: FONDEMENTS, ACTEURS, STRATÉGIES, CONSÉQUENCES ET PROBLÈMES.................................................................................69

5.1. Fondements du développement de la culture de la tomate................................................69

5.1.1. Le souci d'amélioration des conditions de vie des populations.................................69

5.1.2. La politique gouvernementale de relance de la production vivrière au Cameroun.....70

5.2. Typologie des acteurs et leurs stratégies............................................................................70

5.2.1. Les pouvoirs publics et leur rôle dans le développement de l'activité maraîchère dans l'arrondissement de Dschang............................................................................................70

5.2.2. Les partenaires au développement.............................................................................72

5.2.3. La micro-finance au service de la production maraîchère..........................................72

5.2.4. Les paysans.................................................................................................................73

5.2.4.1. Le développement d'un nouvel esprit associatif : les GIC................................73

5.2.4.2. Mode d'acquisition des parcelles..........................................................................75

5.2.4.3. Modes de financement de l'activité.....................................................................76

5.2.4.4. Techniques de production....................................................................................77

a) Techniques de culture............................................................................................77

b) Spécialisation agricole de plus en plus croissante.................................................79

c) Utilisation croissante des engrais et des produits phytosanitaires........................80

d) Techniques d'irrigation..........................................................................................82

5.3. Conséquences du développement de la culture de la tomate.............................................87

5.3.1. La production de la tomate à la hausse.......................................................................87

5.3.2. Une activité qui nourrit son homme............................................................................88

5.3.3. Le développement du salariat agricole........................................................................89

5.4. Le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : une activité économiquement durable.....................................................................89

5.5. Les problèmes de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang...................90

5.5.1. Les difficultés d'accès au financement.......................................................................90

5.5.2. Les difficultés d'accès aux intrants.............................................................................90

5.5.3. Les maladies................................................................................................................91

5.5.4. Le problème climatique..............................................................................................94

5.5.5. Les difficultés de transport..........................................................................................93

5.5.6. La rareté des terres......................................................................................................93

5.5.7. Le problème d'eau......................................................................................................93

CHAPITRE VI : VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES, CRITIQUE DES RÉSULTATS ET SUGGESTIONS.......................................................................................95

6.1. Vérification des hypothèses...............................................................................................95

6.1.1. Vérification de la première hypothèse : la crise économique de la fin des années 1980, une dépression aux multiples conséquences socio-économiques et spatiales dans l'arrondissement de Dschang....................................................................................................95

6.1.2. Vérification de la deuxième hypothèse : les facteurs physico-humains au centre de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang..............................95

6.1.3. Vérifications de l'hypothèse trois : développement et vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : deux fondements, plusieurs acteurs aux stratégies et approches multiples...............................................................................................................96

6.1.4. Vérification de l'hypothèse quatre : une vulgarisation de la culture de la tomate entachée d'une multitude conséquences socio-économiques...................................................97

6.1.5. Vérification de l'hypothèse cinq : la culture de la tomate, une activité économique durable.......................................................................................................................................97

6.2. Critique des résultats..........................................................................................................98

6.2.1. Limites méthodologiques...........................................................................................98

6.2.2. Les contraintes matérielles et financières...................................................................99

6.3. Recommandations..............................................................................................................99

6.3.1. Suggestions aux pouvoirs publics...........................................................................99

6.3.1.1. La mise sur pied des facilités de financement du secteur agricole................100

6.3.1.2. La mise sur pied d'une politique de contrôle et de règlementation de l'importation des intrants agricoles.............................................................................100

6.3.1.3. Améliorer l'offre en infrastructures de transports.........................................101

6.3.2. Suggestions aux paysans.......................................................................................101

6.3.2.1. Intensifier le renforcement de capacités techniques et matérielles des paysans........................................................................................................................101

6.3.2.2. Incitation des populations à l'entreprenariat et à plus de dynamisme...........101

6.3.2.3. Veiller au respect des procédés de création des pépinières, de préparation des sols, de repiquage et d'entretien de parcelles.............................................................102

CONCLUSION GÉNÉRALE..............................................................................................108

BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................109

ANNEXES

INTRODUCTION GÉNÉRALE

L'agriculture est un secteur crucial à l'échelle planétaire sur le double plan de la sécurité alimentaire et de la rentrée des devises. Elle constitue à cet égard l'un des secteurs primordiaux des économies du monde. Son développement constitue une priorité majeure pour moult gouvernements. En Afrique, continent où les économies sont tributaires du secteur agricole, où 70% de la population réside en zone rurale et environ 60%exerce dans le secteur agricole, cette activité a connu des périodes de balbutiements au cours de décennies1980-1990. Au Cameroun, l'agriculture constitue depuis l'indépendance, le socle de l'économie, dont la contribution au PIB était estimée à1300 milliards de FCFA au cours de l'année 2003, soit le tiers des rentrées de devise. (Chambre de commerce, d'industrie, des mines et de l'artisanat). Cette agriculture longtemps confinée à la production de rente, va subir au cours des décennies 1970-1980 et 1980-1990, les affres de la baisse successive des cours des produits de rente consécutive aux différents chocs pétroliers. Cette situation sera amplifiée par la dévaluation du franc CFA en janvier 1994. Dès lors, l'adaptation à la crise se traduit par la mise en place de politiques et de stratégies. Celles-ci émanent aussi bien du gouvernement, des différents partenaires au développement que des acteurs du secteur agricole, notamment les paysans, afin de diversifier et développer ce secteur d'activité.Cet objectif tient du fait que l'agriculture se présente comme le socle du développement du Cameroun. Ainsi, lors du discours prononcé à l'ouverture du Comice agro-pastoral d'Ebolowa, le Chef de l'État l'a réitéré : « [...]le Cameroun compte avant tout sur le secteur primaire, notamment l'agriculture, [...], pour devenir, à l'horizon 2035, un pays émergent [...]. L'agriculture, je le répète, est notre authentique richesse»1(*). C'est fort de ce constat et suivant la dynamique impulsée par le chef de l'Etat que l'École Normale Supérieure de Yaoundé, notamment le département de géographie, n'est pas resté insensible à cette préoccupation. Raison pour laquelle, depuis quelques années, les thématiques des différentes promotions de géographie y sont orientées. « Produits de rente et développement socio-économique du Cameroun » est celle choisie pour la 52ème promotion de Géographie de l'ENS de Yaoundé. Cette dernière a orienté notre choix de l'axe 4 qui concerne les politiques et stratégies de développement des produits de rente au Cameroun. Notre sujet de recherche « Crise économique et émergence de l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang » s'insère donc dans ce contexte. Au-delà d'une simple thématique de recherche, notre choix s'est porté sur ce thème et sur cet espace, en raison de la formidable adaptation face à la crise de la fin des années 1980 dont a fait montre cet espace rural, jadis à prédominance caféière. De plus,l'arrondissement de Dschang, illustre parfaitement la transformation d'un ancien bassin caféier en grand foyer de culture de la tomate. Cette transformation est due aux différentes politiques et stratégies déployées par les multiples acteurs qui s'y sont installés au lendemain de la crise. La présente étude vise à appréhender les différentes raisons qui ont sous-tendu l'émergence de la culture de la tomate dans cet ancien bassin caféier. Aussi, cette étude, envisage la mise en relief des différents acteurs qui ont émergé au lendemain de cette dépression économique et qui ont contribué à cette émergence, ainsi que la présentation de leurs rôles et stratégies respectifs.

PREMIERE PARTIE :

CADRAGE GENERAL DE L'ETUDE

Cette première partie de notre travail consiste en la définition du cadre général de notre étude. Elle s'achève sur l'annonce méthodologique c'est-à-dire l'ensemble des techniques et méthodes qui ont été mobilisées pour la réalisation du présent travail de recherche.

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CHAPITRE I

EXPLORATION DU SUJET ET ETUDE GEOGRAPHIQUE DE L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Dans ce chapitre, il est question pour nous d'effectuer un recadrage de notre sujet eu égard de la recherche documentaire qui a été effectuée. Ce chapitre est également le lieu de faire la mise en contexte de notre sujet de recherche et de la présentation physique et humaine de l'arrondissement de Dschang. Il s'achève sur la définition du cadre conceptuel et théorique inhérent à notre étude.

1.1. Contexte général de l'étude

La crise économique de la fin des années 1980 est une réalité mondiale. Elle est la résultante de la diminution successive des cours des produits de rente tels que le cacao, le caféet des divers chocs pétroliers enregistrés sur la scène mondiale entre les décennies 1970-1980 et 1980-1990. Cette crise, selon les échelles, a eu de nombreuses conséquences sur le plan socio-économique et spatial.

Sur le continent africain, où l'essentiel du revenu national et donc du PIB, provient de la commercialisation des produits agricoles notamment ceux de rente, cette crise a entrainé de nombreuses répercussions socio-économiques et spatiales.

Au Cameroun de façon générale, cette criseaura des conséquences significativesvu que l'économie camerounaise reposait essentiellement sur l'agriculture2(*)et particulièrement celle de rente. Restriction budgétaire ;réduction voire annulation complète des subventions destinées au secteur agricole ; fermeture des différents offices et structures de régulation et de stabilisation des prix des produits agricoles de rente ; baisse drastique du niveau de vie ;bouleversementssocio-économiques et mutations spatialessont autant de conséquences notables de la crise sur le triangle national. La région de l'Ouest, comme toutes les autres régions agricoles du Cameroun, a subi de pleins fouets les affres de la crise économique de la fin des années 1980. Ancien berceau de la caféiculture, cette région dont l'agriculture occupait la majeure partie de la population active fait face durant cette période à une réalité inéluctable : la crise. Celle-ci a conduità de profondes mutations socio-économiques et spatiales dans cette région ainsi qu'à des reconversions agricoles.

L'arrondissement de Dschang, qui avant la crise était spécialisé comme toutes les contrées de l'Ouest Cameroun dans la caféiculture, particulièrement du café arabica, a également,et ce de façon irréversible et profonde,subi les conséquences de cette crise.La baisse des cours des produits de rente sur le marché mondial impose une véritable nécessité aux agriculteurs : une reconversion vers le maraîchage ; activité jadis pratiquée uniquement pour l'autoconsommation en combinaison avec le café. On assiste donc progressivement à une reconversion quasi-complète des agriculteurs de l'arrondissement de Dschang vers le maraîchage et particulièrement vers la culture de la tomate. Plusieurs groupements de cet arrondissement vont se ruer vers cette culture au point de transformer cet arrondissement en grand producteur de tomate.

Notre sujet de recherche intitulé :« Crise économique et émergence de l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang» se situe à la confluence de la question de la redynamisation de l'agriculture maraîchère au Cameroun ainsi que celle du développement socio-économique et de l'autosuffisance alimentaire. Ce sont là desdéfis engagéspar l'État du Cameroun à travers la mise sur pied dela nouvelle politique agricole3(*).

1.2. Présentation du sujet

Notre sujet intitulé : « Crise économique et émergence de l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang»engage une réflexion sur l'analyse des mobiles qui expliquent l'émergence du secteur maraîcher dans l'arrondissement de Dschang. Il s'agit particulièrement ici de la culture de la tomate qui a été introduite pour la première fois dans cet arrondissement en 1987.Ceci se fera au regard des progrès observés dans cette localité en terme de rendements évolutifs et d'amélioration du bien-être socio-économique de la population. Notre interrogation portera essentiellement sur les facteurs qui ont été combinés afin d'aboutir à de tels résultats.

1.3. Justification du choix du sujet

Le choix de notre sujet de recherche : « Crise économique et émergence de l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang » s'inscrit tout d'abord dans la logique de la délimitation thématique de la 52ème promotion de l'École Normale Supérieure de Yaoundé. Ensuite, le choix de ce thème de recherche a également étémotivé par plusieurs raisons :

· la première raison étant le constat d'une nette évolution de la production de la tomate dans l'arrondissement de Dschang depuis les années 1990, seulement trois ans après son introduction dans la zone suscitée.Plus de vingt ans après le début de la pratique de cette culture dans l'arrondissement de Dschang, les chiffres sont parlant : augmentation graduelle de la production au fil des années et augmentation du nombre d'actifs dans cettespéculation du maraîchage. Cette reconversion quasi-efficace des anciens caféiculteurs après la crise économique pousse au loin la curiosité de comprendre quels ont été les moyens, les stratégies et les facteurs qui ont permis à l'arrondissement de Dschang de parvenir à ces résultats non moins élogieux.

· La seconde raison étant le désir de comprendre le degré d'adaptation des sociétés face à une diversité de contraintes notamment économiques à l'instar de la crise de la fin des années 1980 au Cameroun.

· Une autre raison étant le problème de productivité qui se pose au niveau de toutes les filières agricoles du Cameroun, en l'occurrence le secteur maraîcher (particulièrement celui de la tomate).Ce problème incite la recherche de voies et moyens susceptibles d'optimiser les rendements en produits maraîchers,principalement la tomate.

· En outre, face au souci de résolution du fâcheux problème d'autosuffisance alimentaire du Cameroun, et par ricochet le problème de dépendance vis-à-vis des importations, il nous semble judicieux d'entreprendre une telle étude. Celle-ci sera menée dans l'optique de pourvoir un certain nombre de solutions susceptibles d'accroître les capacités de production des cultivateurs de tomate de l'arrondissement de Dschang.

· De plus, d'après le discours du Président de la République prononcé en 2011 lors du comice national d'Ebolowa, l'agriculture est le socle de l'émergence du Cameroun. Il semble donc nécessaire d'orienter notre recherche vers l'agriculture, en général, et la culture de la tomate, en particulier, afin d'apporter une modeste contribution à la résolution de l'épineux problème de productivité dont souffre le monde rural.

· En plus, les données du bulletin des échanges transfrontaliers du MINADER5(*) rapportent que la tomate est l'un des produits les mieux commercialisés au niveau sous-régional. D'ailleurs, le port de Douala est la principale porte de sortie de la tomate en provenance de l'Ouest Cameroun. Cette denrée est donc une source importante et sûre de rentrée de devises pour l'État camerounais, mais aussi d'amélioration du bien-être socio-économique des agriculteurs et des commerçants.

· La dernière raison, mais pas la moindre, étant le fait que la tomate constitue dans les centres urbains et même en milieu rural, l'un des principaux produits de consommation des populations. De ce fait, elle est souvent soumise à une inflation saisonnière, en particulier dans les grandes villes, qui peut s'expliquer par une pléiade de facteurs. Il apparait indispensable d'envisager une étude tournée vers l'analyse des facteurs de productivité de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Elle visera essentiellement à faire ressortir les problèmes qui affectent la productivité et à proposer des solutions pour résorber cette situation.

1.4. Délimitation du sujet

1.4.1. Délimitation thématique

La présente étude envisage de s'attarder sur la culture de la tomate et d'axer son analyse sur les logiques d'acteurs qui ont sous-tendu le développement de cette culture dans l'arrondissement de Dschang, mais aussi sur les stratégies mises en oeuvre pour le même but.

1.4.2. Délimitation temporelle

La présente étude se situe dans l'espace temporel 1989-2012.

L'année 1989marque le tournant décisif de la crise économique, avec la mise en application des programmes d'ajustement structurel. Ces programmes sont caractérisés par les énormes compressions, les coupes budgétaires, les restrictions dans les financements agricoles, le retrait des subventions destinées au secteur agricole et l'explosion du chômage. Ce qui a contraint les agriculteurs de l'arrondissement de Dschang à s'adapter à la crise à travers le développement des cultures qui jadis n'étaient pas pratiquées dans cette localité, afin de faire face aux exigences de la crise et de renouer avec la production agricole.

L'année 2012 quant à elle, a été choisie comme deuxième borne temporelle de la présente étude car elle constitue la limite de la disponibilité des données statistiques de seconde main en notre possession, indispensable pour l'analyse.

1.4.3. Délimitation spatiale et politico-administrative

L'arrondissement de Dschang est situé dans le département de la Menoua, région de l'Ouest Cameroun. Localisé entre les coordonnées 5°19'0? - 5°80'0? latitude Nord et 9°56'3?- 10°5'50? longitude Est, il est compris entre l'arrondissement de Nkong-Ne à l'Est, les arrondissements de Menji et Alou à l'Ouest, l'arrondissement de Fongo-Tongo au Nord et au sud par les arrondissements de Santchou et Fokoué. C'est un arrondissement constitué de 5 grands groupements6(*) à savoir : Foto, Fongo Ndeng, Fotetsa, Fossong Wentcheng, Foréké-Dschang, repartis sur plus de 60 villages7(*), qui occupent une superficie totale de 235 ,4km2(Fig. 1)

Figure 1: Localisation de la zone d'étude

1.5. Présentation de l'arrondissement de Dschang

1.5.1. Présentation physique

Cette étape consiste à mettre en évidence les caractéristiques physiques de l'arrondissement de Dschang. Caractéristiques qui, par ailleurs, expliquent le potentiel agricole de cet arrondissement en ce qui concerne les cultures de rente telles que le café et l'agriculture maraîchère plus précisément la culture de la tomate.

1.5.1.1. Le climat

A travers sa localisation géographique, l'arrondissement de Dschang se situe dans le domaine sub-équatorial. C'est un climat de type camerounien d'altitude qui règne ici, avec des micro-variations dépendant du relief et dont des différences d'altitude. De façon générale, c'est un climat frais et humide lié à l'intersection de l'air humide océanique et des masses d'air continentales sèches.

La pluviométrie : L'arrondissement de Dschang a un climat à deux saisons ; une longue saison pluvieuse allant de mars à octobre et une courte saison sèche de novembre à février. Il convient de noter que durant la saison sèche, des précipitations sont néanmoins observées. Elles sont souvent importantes. Cela est dû à l'effet l'altitude. La pluviométrie est en moyenne élevée dans cette zone de l'ordre de 1806 mm sur les 10 dernières années. Cette pluviométrie était de 1481,4 mm au poste de l'IRAD de Dschang en 2007. Cette forte pluviosité a une incidence sur l'humidité relative qui règne ici, à l'instar de celle observée à la station de Dschang qui est très élevée(Tsalefac, 1999).

Les températures : L'amplitude thermique annuelle est en moyenne très faible (3°C) et la température moyenne de 20,2°C. La température moyenne maximale est de 27,5°C et la température minimale est estimée à 13,4°C. Pendant la saison sèche, l'amplitude thermique est plus élevée. Les jours sont chauds et les nuits plus froides qu'en saison de pluie.

L'insolation : L'insolation est plus importante durant la saison sèche, où elle représente 8,5 heures par jour, alors qu'en saison des pluies elle descend à 2,2 heures par jour. Le total d'ensoleillement pour l'année est de 1864 heures par an. La moyenne mensuelle d'insolation, pour ces cinq dernières années est de 155,3 heures.

Cette température moyenne qui oscille autour de 20,2°C, constitue une ambiance climatique assez favorable pour la pratique de la culture de la tomate, d'autant plus que la température requise pour le développement de la tomate est de 20-24°C.

Figure 2: Diagramme ombro-thermique à la station IRAD de Dschang (1994-2005)

1.5.1.2. Le relief et les sols

L'arrondissement de Dschang repose sur un socle ancien recouvert de formations volcaniques. Ces formations superficielles d'origine volcanique sont très propices à l'agriculture. C'est ce qui explique le fait que la région de l'Ouest Cameroun,notamment l'arrondissement de Dschang, soit très rentable en termes de production agricole. L'altitude moyenne dépasse 2500 m. C'est une zone montagneuse aux versants à fortes pentes,dévalant jusqu'au fond des vallées pour la plupart inondables. Ces valléesde parleurs caractéristiques pédologiquessont propices à la culture de la tomate.

On recensequatre grands types de sols :

· Les sols volcaniquesqui recouvrent la majorité des versants de la zone et qui sont très fertiles.

· les sols ferralitiques,présents dans la zone de haute altitude et qui sont plus ou moins rouges avec une texture limoneuse, argileuse ou sablo-argileuse.

· les sols humifères dans les zones de moyenne altitude qu'on trouve sous le couvert forestier. Ils sont bien fertiles et indiqués pour la culture des caféiers, des cacaoyers, des palmiers à huile et des cultures vivrières.

· Les sols hydromorphes qui sont gorgés d'eau et situés dans les bas fonds inondables. Ils sont indiqués pour les cultures maraîchères. Dans ce cas d'espèces, ils sont pour la plupart déjà mis en exploitation dans cet arrondissement.

Il importe cependant de préciser que la culture de la tomate n'est pas vraiment exigeante en ce qui concerne les types de sols. En effet, elle peut être pratiquée dans les champs, sous abri ou dans un potager. Néanmoins, les sols auxquels elle s'adapte facilement sont des sols riches en minéraux, dotés d'une bonne capacité de rétention d'eau etd'une bonne aération ainsi que d'un pH8(*) variant entre 5,5 et 6,8, c'est-à-dire des sols suffisamment acides. De ce fait les sols de l'arrondissement de Dschang, qui sont pour la plupart ferralitiques, sont assez favorables pour la culture de cette plante.

1.5.1.3. L'hydrographie

Le réseau hydrographique de l'arrondissement de Dschang est dense et formé d'un cours d'eau principal, la Menoua, qui prend sa source sur les collines de Bafou.D'autres cours d'eau secondaires,pour la plupart des affluents de la Menoua, drainent également la zone à l'instar du cours d'eau Nkoula. L'essentiel du drainage de la zone est assurée ici par les ruisseaux qui coulent sur les bas-fonds des collines.

1.5.1.4. La végétation

La végétation de l'arrondissement de Dschang est très complexe. Cet arrondissement est situé dans la limite des domaines de la forêt semi-caducifoliée et de la forêt sempervirente. Ses formations boisées contiennent également des savanes péri-forestières et des forêts marécageuses (Chevalier, 1993). D'après les travaux de Letouzey (1985), les espèces végétales généralement rencontrées dans la région sont:

Ø Dans les bas-fonds, la savane herbeuse ou la forêt marécageuse dominée par le raphia, les marantacées et les ligneux hydrophiles tels que Mitragyna sp, Anthocleista microphilla, Alchornea cordifolia etc.

Ø Dans les zones de moyenne altitude, la savane arbustive à Pennisetum purpureum ou la forêt dégradée à Albizia gummiferia, Vitex sp, Triumfetta cordifollia,etc.

Ø Dans les hautes terres, c'est la forêt à Gnetum africanum, Prunus africana et Voacanga africana.

Ø Il y a aussi les forêts galeries qui prennent le nom de forêts sacrées lorsqu'elles se situent aux environs des chefferies.

1.5.2.Présentation humaine

Selon le recensement de 2005, la population de l'arrondissement de Dschang s'élevait à 101.385 habitants inégalement repartis sur le territoire. Le tableau suivant présente la répartition par groupements de cette population.

Tableau 1: Répartition de la population de l'arrondissement de Dschang par groupements

Groupements

Ménages

Hommes

Femmes

Total

DSCHANG VILLE

15.752

3.181

31.300

63.161

FONGO-NDENG

819

1.779

2.436

4.215

FOREKE DSCHANG

1.702

4.451

5.316

9.767

FOSSONG-WENTCHENG

634

1.782

2.466

4.248

FOTETSA

419

894

1.166

2.060

FOTO

3.904

7.901

10.033

17.934

TOTAL ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

23.230

48.668

52.717

101.385

Source : RGPH, 2005

A partir de ces données de recensement de 2005 et en supposant une progressiongéométrique de la population et un taux de croissance annuelle de 2,4%9(*), la population de l'arrondissement de Dschang peut être estimée suivant l'équation :

Pt = P0 (1+r)t avec Pt = Population à la date t P0 = Population initiale r = Taux de croissance naturelle t = Temps mis entre Po et Pt

P(2012) = 101 385 (1+2,4%)7=122.565

P(2012) = 122 565 Habitants soit une augmentation estimée à 21.180 habitants.

La densité de la population de l'arrondissement de Dschang est moyenne. Il importe cependant de signaler que la majeure partie de la population susmentionnée se rencontre dans la ville de Dschang qui enregistre de très fortes densités évaluées à 182,3 habitants/km2 en 2002. Ce constat s'oppose parfaitement aux faibles densités enregistrées dans les villages éloignés et ceux situés à la périphérie de cette grande ville. En effet, il est à noter qu'au fur et à mesure qu'on s'éloigne du périmètre de la ville de Dschang, les densités de population régressent pour laisser place aux champs de cultures. Cette affirmation s'illustre parfaitement par cette image satellite tirée de Google Earth.

Extension spatiale de la ville de Dschang

Sur cette image satellite Google Earth du 16 Février 2010 de Dschang, on observe les disparités au niveau de la densité d'occupation du sol dans l'arrondissement, on s'aperçoit que le centre urbain Dschang, a des fortes densités d'occupation du sol malgré qu'il soit sur un site collinaire, contrairement aux autres secteurs de l'arrondissement qui ont des densitésmoyennes pour certaines etfaibles pour d'autres.

Type d'image

Google Earth

Capteur

GeoEye

Date

16 février 2008

Projection

WGS 84

Zone

32 Nord

Unité

mètre

Source : Google Earth

Photo 1: Image Google Earth de l'arrondissement de Dschang et des villages limitrophes

Il convient de préciser que l'arrondissement de Dschang est une localité partiellement rurale, au regard des pratiques et des activités qui y sont menées. Toutefois, nous notons trois exceptions ; il s'agit du village Litieu (groupement Foréké-Dschang), de l'entrée de la ville de Dschang (groupement Foto) et de la ville centenaire Dschang. Ces exceptions s'expliquent en ceci que ces trois espaces sont en grande partie urbanisés ; urbanisation qui est principalement due au fait que Dschang soit le chef lieu du département de la Menoua, mais surtout à la transformation de ce secteur en centre universitaire grâce à la création de l'université de Dschang. Cette innovation a engendréessentiellement l'augmentation de la population et le développement urbain.

En ce qui concerne les caractéristiques ethnographiques de l'arrondissement de Dschang, notons que celui-ci est constitué de 5 groupements à savoir : Foto, Fongo-Ndeng, Fotetsa, Fossong-Wentchenget Foréké, qui ont les mêmes valeurs culturelles et partagent la même langue : le Yemba10(*).

1.5.2.1. Les activités économiques

Ø L'agriculture

C'est la principale activité économique pratiquée dans l'arrondissement de Dschang. Elle est variée, allant de la culture du café au vivrier en passant par le maraîchage. Pour ce qui est de la caféiculture, elle est en grande partie pratiquée par les rescapés de la crise économique de la fin des années 1980. L'activité vivrière est pratiquée presque partout, et les produits de cette activités sont aussi très variés : tubercules (macabo, ignames, taro, banane, plantain, patate douce, etc.) légumes (aubergine, gombo, choux, etc.), légumineuses (arachide, soja, haricot, etc.) et céréales (maïs). L'activité maraîchère y est également très développée. Elle concerne la tomate, les poivrons, les choux, etc. La culture de la tomate occupe désormais dans cet arrondissement une place importante dans l'agriculture de la zone, du fait de ses rendements non moins onéreux, de son prix de vente (entre 4.000 FCFA et 7.000 FCFA le panier selon la saison et parfois 11.000 FCFA durant les périodes de pénuries) et de la demande sans cesse croissante des grossistes en provenance de la capitale économique Douala.

Ø Le commerce

L'activité commerciale est la deuxième activité économique qui prédomine dans cet arrondissement. Les produits issus de l'agriculture sont mis en vente dans le cadre des marchés locaux11(*) ou acheminés dans le principal centre urbain qui est la ville de Dschang, afin d'être commercialisés au détail ou aux grossistes venant principalement de la ville de Douala. Cette activité concerne aussi les produits de consommation tels que les vêtements, l'électronique, l'immobilier et les services, bien qu'elle se concentre à 95% dans le principal centre universitaire qu'est la ville de Dschang. D'autres activités économiques se sont aussi développées dans la zone à l'instar du transport clandestin vers les villages et le transport par mototaxi qui représente ici une activité importante. Elle est unesource d'emploi non négligeable car elle occupe une bonne partie de la population active et assure la satisfaction des besoins des pratiquants.

1.6. Revue de la littérature

L'élaboration de la revue de la littérature n'a pas été aisée. Néanmoins, en dépit de la rareté d'ouvrages spécifiques au département de la Menoua en général et à l'arrondissement de Dschang en particulier, nous avons parcouru un certain nombre de documents généraux, de mémoires, de thèses, d'articles et de revues. Une fois achevée, cette tâchenous a permisde faire un état de la question et de recadrer notre sujet de mémoire, mais surtout de positionner scientifiquement notre étude. La teneur de ce débroussaillage se résume en quatreprincipales approches :

· L'approche monographique des cultures vivrières produites au Cameroun et des techniques culturales

Dans cet angle de recherche, les travaux de Westphal, (1981), présentent les différentes cultures vivrières existantes selon les régions, les techniques culturales y afférentes et les types d'exploitations que l'on retrouve de part et d'autre au Cameroun

Vilain M., (1997) traite de la question de la production végétale, notamment des techniques de production qui peuvent améliorer le rendement des agriculteurs. Dans cet ouvrage, l'auteur élucide la manière dont l'adoption de pratiques particulières en amont, précisément en ce qui concerne les techniques culturales, peut avoir une incidence positive sur la productivité des espaces agricoles en aval.

· L'approche de la crise économique dans la région de l'Ouest

Sous cet angle, Manfouo Namekong I. (2012)analyse les conséquences de la crise économique dans la région de l'Ouest Cameroun. Pour cet auteur, la conséquence la plus évidente de la crise économique de la fin des années 1980 est la disparition des organismes de financement du monde agricole rural de la région de l'Ouest. Cette situation a induit une libéralisation de toutes les filières agricoles. L'adaptation des planteurs de l'Ouest Cameroun est donc devenue quasiment inéluctable.

· L'approche de la reconversion des agriculteurs et des stratégies de développement du vivrier marchand

Fark-Grüninger M. (1995) essayait déjà de présenter l'économie de l'ouest Cameroun, en citant le commerce comme principale activité. Ellea également insisté sur l'organisation du secteur agricole au sein duquel prédominaient les organisations paysannes, moteurs de développement de l'activité agricole.

Gillermou Y. et Kamga A. (2004) soulignent le rôle prépondérant qu'ont joué les associations et les groupements de paysans dans l'adaptation desagriculteurs aux multiples conséquences de la crise économique. Face à cette période de récession économique caractérisée par le désengagement de l'État, chargé de l'encadrement de la paysannerie, survient la multiplication des associations paysannes dans l'Ouest Cameroun à partir de 1992.Ces organisations se sont donc inhibées dans l'encadrement et l'organisation des paysans comme le faisait l'État par le passé. Ce développement accéléré des associations de paysans,aussi varié en termes de spécialisation, constitue pour les auteurs l'une des remarquables adaptations de la région de l'ouest à la crise.

Beuch à Bakar, (2006)  soulignait déjà le fait que les paysans des cantons de Ngam et de Fangha, pour s'adapter à la crise économique qui a secoué l'économie camerounaise et le secteur agricole en particulier dans les années 1990, ont développé la pratique de l'agriculture de contre saison. Cette adaptation avait pour butl'augmentation de la production annuelleà travers l'augmentation du nombre de récoltes, c'est-à-dire en récoltant plus d'une fois par an. Ngapgue J. N. (2007)souligne en effet que le maraîchage et la culture vivrière sont apparus après les années de crise comme une solution face à tous les problèmes engendrés par la crise.Cette alternative, c'est-à-dire le recours des populations de Foumbot au vivrier et au maraîchage, fut la principale forme de réponse à la crise économique des années 1990 qui a introduit de profondes mutations dont la plus spectaculaire fut la recomposition spatiale avec l'émergence du vivrier et du maraîchage. Uwizeyimana L. (2009)souligne également les mutations socio-spatiales qu'a connues l'Ouest Cameroun après la crise. Il précise que le maraîchage dans les pratiques agricoles et le revenu des populations de cette région, est venu substituer le café, en réponse aux conséquences de la crise. Ngapgue J N. (2010)  poursuit le même ordre d'idée avec un exemple pratique de la localité de Foumbot, dont la réaction prépondérante face à la crise des années 1990 a été la reconversion au vivrier et au maraîchage.

· L'approche des stratégies paysannes d'adaptation et de développement du vivrier

Feumba R., (1999) dont l'étude portait sur une localité du département du Ndé, en l'occurrence la localité de Bantoum, présentait les stratégies déployées par lespaysans afin de pallier aux problèmes hydriques dans les exploitations agricoles de tomates. A ce titre, les différentes stratégies qui permettent aux agriculteurs de s'adapter face aux problèmes causés par les apports importants en eau, y sont présentées et analysées.

Le même auteur, dans son mémoire de DEA met en exergue les différentes formes d'adaptation c'est-à-dire les stratégies employées par les paysans de Bantou pour faire face aux variabilités hydrologiques dues à la variabilité pluviométrique dans la zone de Bantoum.

Fongang F. G .H.(2008) présente les différentesformes de mutations qui sont survenues dans le secteur agricole de l'Ouest Cameroun au lendemain de la crise économique de la fin des années 1990. Il précise qu'en réponse à la crise économique de la fin des années 1980, une multitude de formes de stratégies a émergé dans le paysage agricole bamiléké. À titre d'exemple, il note qu'une pléiade d'acteurs à pris les devants après la crise, suite au désengagement de l'État et à la faillite de la principale structure,ayant le monopole de la gestion agricole de la région de l'Ouest en l'occurrence l'UCCAO. Il précise que parmi ces formes d'adaptations à la crise, il y a l'émergence des organisations paysannes(OP), des organisations non gouvernementales (ONG), des coopératives et des groupements d'initiative commune (GICs). Il affirme également qu'en réponse à la crise économique, il y a eu dans le secteur agricole bamiléké, une espèce de reconversion presque totale vers l'activité maraîchère et vivrière.

Kounchou R. (2008)présente en effet les différentes mutations agricoles et sociales que le groupement Foto de l'arrondissement de Dschang connait depuis le début des années 1990, en réponse à la crise économique. Le recours à l'agriculture maraîchère et vivrière constitue pour cet auteur la principale forme d'adaptation des paysans de Foto à la dépression économique. Il montre également le développement de l'artisanat et de l'élevage comme solution à la crise.

Au terme de cette revue de littérature, un recadrage thématique de notre sujet s'impose. En dépit de cette pléthore de références bibliographiques traitant de la question de reconversion des anciens caféiculteurs suite à la crise économique de la fin des années 80, il subsiste encore un certain vide scientifique. Ce vide concerne particulièrement les logiques d'acteurs qui ont sous-tendues l'émergence de la culture de la tomate dans cette localité au cours des 20 dernières années. Il porte également sur la compréhension des différentes stratégies mises en oeuvre par les agriculteurs pour opérer cette rapide reconversion de la caféiculture au maraîchage, notamment la culture de la tomate ; mais aussi sur les stratégies de développement de la spéculation tomate dans l'arrondissement de Dschang. Il convient dans cette étude de mettre en évidence l'impact du jeu des interactions des multiples acteurs dans le processus de développement et de vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Ainsi que l'incidence de cette vulgarisation sur l'épanouissement socio-économique des pratiquants.

1.7. Problématique

L'agriculture au Cameroun constitue depuis l'indépendance un maillon essentiel de l'économie et de l'engrenage du développement. Au cours des décennies 1970 et 1980, elle a bénéficié de nombreuses subventions inhérentes aux différents plans quinquennaux, comme le souligne Janin P., (1995), « Avec les plans quinquennaux, les planteurs de ruraux sont passés successivement d'une économie de traite, sous l'entière dépendance de la maison de commerce privé à une économie dominée et réglementée par l'Etat entre 1955 - 1989. » ainsi qu'aux aides provenant à la fois des bailleurs de fonds et de la coopération bilatérale et multilatérale. Durant cette période, la majeure partie de la population active camerounaise y était employée (plus de 60% de la population active). Mais, à la suite du choc pétrolier des années 1970 qui a entrainé une crise économique sans précédent dans les années 1980 et 1990, conduisant à la mise en place au Cameroun des programmes d'ajustement structurel en 1989 (Herrera, 1994)et de la dévaluation du Franc Cfa12(*) qui a suivi au cours de l'année 1994, au terme duquel le franc Cfa a perdu 50% de sa valeur (Roubaud, 1994),cette activité est presque totalement entrée dans une période de marasme économique caractérisée par la baisse des cours des produits dits d' « exportation » ou de rente (cacao, café). Ces derniers ayant longtemps fait le bonheur de l'économie camerounaise en général et des agriculteurs en particulier. Cette crise,qui a considérablement affecté l'économie camerounaise, s'est accompagnée de mesures draconiennes telles que la réduction des effectifsou licenciement. Elle a également conduit au congédiement de milliers de personnes au sein de la fonction publique et des entreprises publiques et parapubliques :environs 20.000 déflatés sur 190.000 fonctionnaires pour la première vague en 1992, suivi de compressions similaires et équivalentes dans les années 1993, 1994 et 1995. Ces chiffres ne prennent pas en compte les compressions du secteur privé.

Cependant, avec la chute des produits traditionnels d'exportation sur le marché mondial, le nombre important de déflatés de la fonction publique et des entreprises publiques et parapubliques, de diplômés sans emploi et en quête d'opportunités, l'ouverture accélérée et le développement des marchés transfrontaliers (Kye-Ossi, Ambam Minko'o, Campo, Aboulou etc. ) et surtout l'explosion de la population dans les centres urbains du Cameroun, l'activité maraîchère, en l'occurrence la culture de la tomate,apparait dans l'arrondissement de Dschang comme une solution, mieux encore une forme d'adaptation à la crise caféière subordonnée à la crise économique de la fin des années 1980.

Au-delà d'un simple moyen d'adaptation à la crise, la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, qui n'était pratiquéeauparavant qu'à des fins d'auto-consommation, commence progressivement à s'installer comme l'une des principales activités génératrices de revenus et pourvoyeuses d'emplois.

Avec le temps, la production de tomate de cette localité n'a cessé d'évoluer et ce de manière exponentielle. Le département de la Menoua enregistre 5 548 tonnes au cours de la campagne 98-99 contre 26 829 tonnes pour la campagne de 200813(*). Ce qui constitue une évolution significative de la production. Les superficies allouées dans le département à cette spéculation ne cessent également d'augmenter, de l'ordre de499 hectares au cours de la saison 98-99, elles ont atteintle chiffre de 1 781 hectares en 2008. Traduisant une augmentation notoire des superficies de culture de la tomate dans cette localité. De plus, le nombre d'actifs dans ce secteur agricole continue de suivre le même rythme d'évolution. Ceci à la faveur d'une conjonction d'initiatives émanant d'une variété d'acteurs et de stratégies endogènes, qui n'ont cessé d'accroîtrela production de l'arrondissement de Dschang et améliorer le quotidien des pratiquants au cours des deux dernières décennies.

Face à ce constat, il nous revient de comprendre et de faire ressortir le rôle que les différents acteurs impliqués dans cette activité ont joué dans l'implémentation de la politique de reconversion vers le maraîchage en général et la culture de la tomate en particulier. Un accent particulier sera mis sur l'incidence de leurs actions respectives sur le développement et la vulgarisation de cette culture dans l'arrondissement de Dschang. Compte tenu de l'augmentation rapide de la production de la tomate dans cet arrondissement, le présent travail de recherche vise également à faire ressortir les stratégies qui ont été mises en place, et qui le sont encore, dans le but de développer cette culture.

1.8. Questions de recherche

1.8.1. Question principale

La question principale de notre recherche se formule en ces termes : Qu'est ce qui explique l'intérêt, le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des années 1990 ?

1.8.2. Questions spécifiques

Pour analyser cette question, notre étude s'appuiera sur un certain nombre de questions spécifiques, lesquelles sont :

Q1 : Les difficultés socio-économiques imposées par la crise de la fin des années 1980 justifient à elles seules l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Q2 : Quels sont les autres facteurs expliquant l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Q3 : Quels sont les acteurs, leurs stratégies et pratiques déployées dans le but de développer et de vulgariser la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique ?

Q4 :Quelles sont les conséquences socio-économiques inhérentes au développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Q5 : Le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est-il économiquement durable en termes d'amélioration des moyens d'existence et de génération des revenus chez les jardiniers ?

1.9. Objectifs de recherche

1.9.1. Objectif principal

L'objectif principal de notre étude est de montrer qu'au lendemain de la crise économique, plusieurs facteurs et acteurs aux multiples stratégies, ont contribué audéveloppement et à la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

1.9.2. Objectifs spécifiques

Notre objectif principal peut se décliner en objectifs secondaires.Il s'agit de :

O1 : Présenter le paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant et après la crise économique de la fin des années 80.

O2 : Présenter les différents facteurs qui expliquent l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

O3 : Présenter les acteurs, leurs stratégies et les pratiques mises en place depuis deux décennies dans l'optique de développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

O4 :Relever les conséquences socio-économiques du développement de la culture de la tomate dans cet espace.

O5 : Montrer que le développement de la culture de la tomate dans cet espace est économiquement durable sur le double plan de la génération des revenus et de l'amélioration des conditions de vie des jardiniers.

1.10. Hypothèses de recherche

1.10.1. Hypothèse principale

L'intérêt, le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des années 1990, qui s'expliquent par des facteurs physiques et humains, ainsi que par la synergie des stratégies de divers acteurs, ont entrainé de multiples retombés socio-économiques dans l'arrondissement.

1.10.2. Hypothèses secondaires

H1 : L'arrondissement de Dschang avant la crise économique était caractérisé par la prédominance de l'économie caféière, qui a laissé place à une agriculture tournée vers le maraîchage en particulier la culture de la tomate au lendemain de la dépression économique.

H2 : Plusieurs facteurs physiques et humains justifient l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise.

H3 : Face à la crise économique de la fin des années 1980, différents acteurs ont mis en oeuvre une variété de pratiques, de techniques et de stratégiesdans le but dedévelopper et de vulgariser la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

H4 : l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, a induit de multiples retombées socio-économiques significatives.

H5 :Ledéveloppement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est économiquement durable en termes d'amélioration des moyens d'existence et de génération des revenus chez les jardiniers.

QUESTIONS DE RECHERCHE

OBJECTIFS DE RECHERCHE

HYPOTHESES DE RECHERCHE

METHODOLOGIE

CHAPITRE

Question principale :

Qu'est ce qui explique l'intérêt, le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des années 1990 ?

Objectif principal :

L'objectif principal de notre étude est de montrer qu'au lendemain de la crise économique, plusieurs facteurs et acteurs aux multiples stratégies, ont contribué au développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

Hypothèse principale : L'intérêt, le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des années 1990, qui s'expliquent par des facteurs physiques et humains, ainsi que par la synergie des stratégies de divers acteurs, ont entrainé de multiples retombés socio-économiques dans l'arrondissement

Etape1 :

Recherche documentaire dans les bibliothèques de l'ENS, FALSH, MINRESI, SAILD, Délégation départementale MINADER Menoua, DAADER,CEREHT

Etape2 :

Collecte de données :

a-Observation de terrain

b-Interviews

c- Enquêtes par questionnaires

Etape3 :

Traitement des données

CS Pro et SPSS pour les données statistiques

Mapinfo 8.5 et Arc GIS pour le traitement cartographique

//

Question spécifique 1 :

Les difficultés socio-économiques imposées par la crise de la fin des années 1980 justifient à elles seules l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Objectif spécifique 1 : Présenter le paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant et après la crise économique de la fin des années 80.

Hypothèse spécifique 1 :L'arrondissement de Dschang avant la crise économique était caractérisé par la prédominance de l'économie caféière, qui a laissé place à une agriculture tournée vers le maraîchage en particulier la culture de la tomate au lendemain de la dépression économique

Chapitre III : L'arrondissement de Dschang et la crise économique de la fin des années 1980

Question spécifique 2 :

Quels sont les autres facteurs expliquant l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Objectif spécifique 2 :

Présenter les différents facteurs qui expliquent l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Hypothèse spécifique 2 :

Plusieurs facteurs physiques et humains justifient l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise.

Chapitre IV : Les facteurs de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

Question spécifique 3

Quels sont les acteurs, leurs stratégies et pratiques déployées dans le but de développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang suite à la crise économique ?

Objectif spécifique 3

Présenter les acteurs, leurs stratégies et les pratiques mises en place depuis deux décennies dans l'optique de développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

Hypothèse spécifique 3 : Face à la crise économique de la fin des années 1980, différents acteurs ont mis en oeuvre une variété de pratiques, de techniques et de stratégies pour développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Chapitre V : Développement de la culture de la tomate : Fondements, acteurs, stratégies, conséquences et problèmes

Question spécifique 4

Quelles sont les conséquences socio-économiques inhérentes au développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?

Objectif spécifique 4

Relever les conséquences socio-économiques du développement de la culture de la tomate dans cet espace.

Hypothèse spécifique 4l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, a induit de multiples retombées socio-économiques significatives.

Question spécifique 5

Le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est-il économiquement durable en termes d'amélioration des moyens d'existence et de génération des revenus chez les jardiniers ?

Objectif spécifique 2

Montrer que le développement de la culture de la tomate dans cet espace est économiquement durable sur le double plan de la génération des revenus et de l'amélioration des conditions de vie des jardiniers.

Hypothèse spécifique 5Le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est économiquement durable en termes d'amélioration des moyens d'existence et de génération des revenus chez les jardiniers.

Tableau 2 :Tableau synoptique de la recherche

1.11. Intérêt de l'étude

La présente étude a un triple intérêt 

v Un intérêt académique

v Un intérêt scientifique

v Un intérêt pratique

1.11.1. Intérêt académique

Cette recherche a principalement un intérêt académique car elle vise à produire un mémoire destiné à une évaluation partielle en vue de l'obtention du diplôme de Professeur de lycée d'enseignement général 2e grade.

1.11.2. Intérêt scientifique

Sur le plan scientifique, ce travail envisage une contribution à la compréhension de la redynamisation du secteur agricole camerounais. De ce fait, il prétend apporter une part à la définition des problèmes du secteur agricole en général, et ceux des petits producteurs de l'arrondissement de Dschang en particulier.

1.11.3. Intérêt pratique

Cette recherche constitue en effet une contribution à l'explication et à l'analyse des différents facteurs concourant à la compréhension des raisons du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Elle constitue également une portion de solutions pouvant faire de la culture de la tomate un levier de développement d'amélioration des conditions de vie des pratiquants.

1.12. Cadre conceptuel et théorique

1.12.1. Cadre conceptuel

La définition des concepts clés nécessaires à la compréhension de notre sujet semble primordiale. De plus, cette étape s'achèvera par une contextualisation des concepts clés de notre sujet. Il s'agit de :

Ø Crise économique

Ø Émergence

Ø Activité maraîchère

Ø Vulgarisation

Ø Acteurs

Ø Stratégies

Ø Développement

Ø v Crise économique 

Une crise économique est une dégradation brutale de la situation économique d'un pays ou d'une zone économique, conséquence d'un décalage entre la production et la consommation. Elle se traduit par une forte augmentation du taux de chômage, une baisse du PIB (Produit Intérieur Brut), un accroissement du nombre de faillites et une baisse du pouvoir d'achat.C'est également une période de pénurie dans la production, la commercialisation et la consommation des produits et des services.

Pour la onzième édition du dictionnaire d'économie de Dalloz (2010), la crise économique renvoie à : « un retournement brutal de la conjoncture économique se traduisant par un déséquilibre entre l'offre et la demande avec pour conséquence immédiate la contraction de l'activité économique».

En suivant ce regard, Kengne F. (2008)soutient qu'elle n'est rien d'autre qu'une « dégradation brutale de la situation économique et de ses perspectives. Son extension sectorielle, temporelle et géographique peut aller d'un seul secteur, d'une seule région pour une brève période à l'ensemble de l'économie mondiale pendant plusieurs années».De façon plus sommaire, la crise économique renvoie à une période de déséquilibre dont les conséquences sur le plan social peuvent être : le ralentissement de la croissance, l'explosion du chômage, la baisse du niveau de vie, la restriction budgétaire, la détérioration du paysage économique et surtout la détérioration du niveau et de la qualité de vie d'un pays, d'une région ou, en un mot, d'une entité géographique. Alors, comprendre la crise économique dans le cadre de cette étude nécessite unetransposition de celle-ci à la réalité camerounaise qui a prévalu.

En effet, comme la plupart des pays africains, au lendemain des indépendances, l'agriculture fut la principale activité économique du Cameroun en termes de revenus et d'actifs dans ce secteur. Cette activité, du fait de sa contribution significative aussi bien pour la rentrée des devises que l'amélioration des conditions sociales des populations, bénéficiait de la part de l'État et des autres partenaires au développement, des aides substantielles (subventions) : c'était la période de bonheur des agriculteurs au Cameroun en particulier ceux de l'arrondissement de Dschang, qui s'est traduit par la mise sur pied par l'État d'une politique agricole devant perpétrer cette croissance de l'activité agricole. Mais au début de l'année 1985, les caféiculteurs de l'arrondissement de Dschang, comme ceux du Cameroun tout entier(producteurs des cultures de rente),assistent impuissamment à la baisse des cours des produits de rente (cacao, café).Celle-ci a été suivie par un désengagement de l'État,entrainantde ce fait la suppression quasi-systématique des subventions à eux allouées : c'est la crise économique. Cette crise aura des répercussions plus significatives tant sur les paysans que sur les citadins. Et ces conséquences sur le plan social se traduiront par la dégradation de la situation alimentaire, financière et matérielle des paysans. Pour ce qui est de notre recherche, la crise économique, renverra à une situation économique caractérisée par la dégradation du paysage économique (dégradation des indicateurs macroéconomiques) dont les conséquences ont été dans l'arrondissement de Dschang : le désengagement de l'Etat, l'arrêt des subventions aux secteurs agricoles, la reconversion vers les filières vivrières et maraîchères.

v Vulgarisation

Leagans (1961) définit la vulgarisation agricole comme un processus d'enseignement qui induit des changements du niveau des connaissances, des pratiques et des attitudes des agriculteurs dans la perspective d'améliorer leur production agricole et de relever leur niveau de vie. Pour Mercoiret (1994), la vulgarisation en Afrique a souvent été entendue comme « un moyen de faire adopter par les producteurs des techniques mises au point par la recherche agronomique, grâce à un dispositif d'encadrement organisé à différentes échelles géographiques ». Au cours de notre recherche, la vulgarisation sera appréhendée comme la diffusion, l'expansion, de l'activité maraîchère et de la culture de la tomate en particulier dans l'arrondissement de Dschang.

v Émergence

Le concept d'émergence est un concept multidimensionnel. Il est employé par plusieurs disciplines : physique, chimie, zoologie, biochimie et dans les sciences sociales. Cependant, c'est davantage l'approche des sciences sociales, l'approche économique, l'approche géographique et surtout l'approche systémique qui nous paraissent appropriées. En sciences sociales, il désigne l'interrationalité des comportements humains, qui en ayant pris conscience d'un phénomène peuvent influencer le coursde celui-ci. En économie, il renvoie au groupe des pays en développement par opposition aux pays développés. En géographie Reynaud A. (1983)définit le concept d'émergence comme étant le regroupement et l'autonomie des nouveaux pôles qui autrefois dépendaient d'un ancien pôle de développement. En ce qui concerne l'approche systémique, ce terme désigne la somme des comportements simples, qui est le résultat d'une interaction entre ces comportements et la complexité du système.

Dans le cadre de notre recherche, l'émergence renvoie aux notions de naissance puis de vulgarisation et d'expansion d'une activité, qui est dans ce contexte l'agriculture maraîchère en général et la culture de la tomate en particulier.

v Activité maraîchère

L'activité agricole présente plusieurs spécifications (Pierre George 200914(*)) : l'agriculture de « subsistance » ou vivrière, l'agriculture de « marché » et l'agriculture « spéculative ».

En ce qui concerne l'agriculture de subsistance ou vivrière, elle se subdivise en deux catégories :

· L'agriculture vivrière d'autoconsommation ou « de subsistance »

· L'agriculture vivrière commerciale « vivrier marchand »

De nos jours, le vivrier marchand englobe toutes les productions de l'agriculture vivrière, des tubercules (Manioc, plantain, macabo, patate douce et igname) aux fruits (orange, mandarine, avocat, safou, papaye et banane douce), en passant par les légumes (Feuilles de manioc, aubergine, gombo, choux et tomate), les légumineuses (Arachide, concombre, soja et haricot) et les céréales (Maïs et riz).

L'activité vivrière une activité agricole organisée et structurée, faisant intervenir à la fois les ressources et les acteurs afin de produire en quantité et en qualité des produits agricoles tels que les céréales, les tubercules, les fruits et les légumes pouvant être directement consommables par les populations.(Elong J. G, 1995). Partant de là, le vivrier marchand est une activité agricole qui consiste en la production des denrées (tubercules, fruits, légumes, légumineuses, céréales, etc.) à des fins commerciales. Sous cet angle, l'agriculture maraîchère est une composante de l'activité vivrière.

Pour notre recherche, l'activité maraîchère sera définie comme une activité agricole organisée et structurée, faisant intervenir des ressources et des acteurs afin de produire les légumes (tomates, condiments, piments, etc.) dans un souci de consommation et,dans ce cas précis, de commercialisation.

v Acteurs 

Selon le dictionnaire de la géographie de Pierre Georges (2010) 10e édition, le mot « acteur » est employé pour désigner les différents types d'intervenants publics, privés ou semi- publics dont les rôles s'imbriquent désormais aussi bien au niveau des négociations et réglementations internationales que nationales. On peut encore percevoir le terme « acteurs » comme un ensemble d'agents (individus, groupe de personnes ou organisation) susceptibles d'avoir, directement ou indirectement, une action sur les territoires. Ces derniers ont leurs représentations mentales et patrimoniales, leurs intérêts, leurs objectifs et donc leurs stratégies. De leurs actions, résulte le mode de fonctionnement d'un espace (systèmes de transports, systèmes de production et distribution, implantation des services, choix d'urbanisme, etc.) C'est un mot qui a récemment fait son apparition en géographie dans le cadre de la compréhension de la problématique de l'aménagement d'un territoire. Et, suivant cette logique, il s'est encré dans tous les domaines d'analyse géographique et s'est même imposé comme un concept clé de la compréhension des dynamiques spatiales.

§ Définition opératoire d'acteurs 

En ce qui concerne notre recherche, la définition que nous pouvons apporter à ce concept, eu égard à notre thématique de recherche, se décline en ces mots : « acteurs » renvoie à l'ensemble des intervenants et des participants d'horizons divers(public, privé, parapublic, institutionnel ou non) dont les interactions au niveau macro ou micro s'imbriquent pour produire le développement ou non d'un territoire, d'une activité, etc. Ainsi, comprendre le développement d'une activité ou encore la dynamique d'un phénomène passe inévitablement par la compréhension du concept d' « acteurs » et des logiques qui sous-tendent ces acteurs.

Le concept d'acteurs étant clarifié, reste maintenant à comprendre « la logique des acteurs »

§ Comment comprendre la logique d'acteurs ?

Pour cerner la logique des acteurs, il faut s'attarder sur l'analyse des différents objectifs qui sous-tendent l'action des divers acteurs sur le territoire. Cela revient à parler de la logique d'aménagement d'un espace et/ou du développement de celui-ci. C'est à ce propos que Boucher M. (2000)démontre en ce qui concerne les acteurs sociaux que dans le processus d'aménagement, il y a un certain nombre d'acteurs au rang desquels les acteurs publics, les acteurs privés, etc. Il poursuit en précisant que ces acteurs sont animés par une multiplicité d'intentions qui peuvent être :

· La concurrence

· La solidarité

· Les conflits d'intérêts

· Les alliances

· Les ententes

· Les coalitions

· Les accords, etc.

De même,Ballet V. (2000), dans son approche dénommée « VAE » : Valorisation des acteurs et des entreprises, s'intéresse aux logiques des acteurs et aux relations entre acteurs. Ellemeten évidence, dans la relation entre acteurs,la notion de pouvoir et précise que pour chaque relation d'acteurs : « le pouvoir peut et doit être défini comme la capacité d'un acteur à structurer des processus d'échange plus ou moins durables en sa faveur, en exploitant les contraintes et les opportunités de la situation pour imposer les termes de l'échange favorables à ses intérêts ». De toute évidence, la compréhension des logiques d'acteurs, repose sur l'analyse des jeux de pouvoir, de contre-pouvoir, des motivations, des intentions, et des intérêts respectifs qui sous-tendent en principe les actions déployées par ces acteurs, au regard des enjeux que revêt un espace géographique ou une activité économique pour ce cas de figure.

v Stratégies 

C'est un concept qui était jadis employé dans le jargon militaire au temps où la géographie était uniquement appliquée et utilisée par les armées (on le définissait comme la science des mouvements d'une armée dans le cadre d'une bataille).Étymologiquement,le terme « stratégie » désigne l'art de faire la guerre. Mais avec le recentrage de la géographie vers les préoccupations sociales de l'homme, ce mot s'est progressivement inséré dans le vocabulaire géographique et y a même obtenu une place de choix. C'est évidemment un concept clé de la géographie en ce sens que, dans l'arène des acteurs, ce sont les réseaux ininterrompus de stratégies qui prédominent.

D'après le dictionnaire universel, la stratégie est l'art de combiner les opérations pour atteindre un but. Elle se définit aussi comme une conduite calculée pour atteindre un but précis. Géographiquement, le terme peut se définir comme un ensemble d'actions mises en oeuvre et émanant d'acteurs différents dans un but déterminé. C'est aussi un ensemble d'actions visant à contourner ou s'adapter à une situation. Par la suite et par extension, c'est l'élaboration d'une politique définie en fonction de ses forces et de ses faiblesses.

§ Définition opératoire de stratégies 

La stratégie peut être définie comme la manière d'arranger et d'exécuter les opérations dans un ordre ou dans des proportions données afin d'aboutir à des résultats prévus. En d'autres termes, la stratégie consiste à la définition d'actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou plusieurs objectifs. Elle se traduit ensuite au niveau opérationnel en plans d'actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d'évènements changeant fortement la situation. Se référant à la théorie des jeux, René Joy15(*), relève « qu'une stratégie désigne un ensemble cohérent de décisions que se propose de prendre un agent assumant des responsabilités face aux diverses éventualités, tant du fait des circonstances extérieures qu'en vertu des hypothèses portant sur le comportement d'autres agents intéressés par de telles décisions ».

Le terme « stratégie » dans le cadre de notre recherche renvoie à l'ensemble de pratiques et d'actions exécutées de façon cohérente dans un espace, en l'occurrence l'arrondissement de Dschang,dans le but d'atteindre un certain nombre de résultats, en l'occurrence le développement de la culture de la tomate dans cet arrondissement.

v Développement

Le concept de « développement » constitue l'un des concepts les plus complexes à élucider du fait de la diversité des acceptions à lui attribuées et de la multitude des domaines d'application du concept. On pourrait penser ici que si le concept de développement ne précède pas un adjectif, il est dépourvu de sens. On parle à ce propos et selon les domaines de : développement industriel, développement technologique, développement économique, développement culturel, développement social, développement agricole, développement infrastructurel, etc.Ce terme est d'autant plus polysémique, qu'il ne saurait être apprécié sans une prise en compte préalable d'un domaine d'application précis.

Dans les jargons économique et politique, ce terme très vulgarisé, est employé avec la plus grande imprécision. Si on veut lui trouver une définition ou tout au moins lui donner une signification précise, il convient de le confronter au terme croissance, qui lui-même semble a priori ambigüe. Alors que la croissance caractérise simplement l'augmentation des dimensions économiques (indices de production, etc.), le développement quant à lui désigne des processus tendant à la fois à la diffusion harmonieuse des effets de la croissance dans la société entière et l'acquisition d'une autonomie de croissance, précise George P. et al. (2009)16(*). A cet effet, il implique des transformations qualitatives et des modifications des structures sociales et économiques.

D'un autre côté, le développement ne peut se réduire uniquement à l'idée de croissance. Il est à juste titre un mouvement culturel, économique et social qui a pour but l'amélioration du bien-être et des conditions de vie d'une société, en considération de sa diversité et de sa complexité ethnico-culturelle, socio-économique, etc. Le développement peut être global, surtout multidimensionnel, reposant ainsi sur des logiques sectorielles bien déterminées. A ce titre Friedmann et Stohr (1950), préconisent de parler du développement endogène ou plus récemment de développement local. Ce développement qui est caractéristique des échecs des approches plus classiques à l'instar du « Top bottom development », se propose dans une moindre mesure à endogéneiser  le développement. Ce nouveau mode de gestion, souligne Assoumou N. F. (1998)17(*), « vise à faire naître des mécanismes capables d'assurer l'épanouissement des individus et des collectivités exclus du modèle de croissance économique dominant en permettant leur contribution pleine et entière à l'avancement et à l'enrichissement des sociétés, donc à dépasser les impératifs de la croissance économique ». Celui-ci intervient en complément des mesures macroéconomiques et des grands projets de développement, en ce sens que ce développement là ne se décrète pas de l'extérieur. Et, il se construit durablement si les acteurs du territoire concerné sont surtout porteurs d'ambitions. En plus,ces ambitions doivent être portées sur le long terme. Elles ont cependant besoin d'un soutien financier et d'un accompagnement technique pour l'appui des projets solides. Le développement de ce point de vue apparait comme l'ensemble des processus permettant le passage des sociétés traditionnelles vers celles où la modernité prévaut.

Doit-on considérer ces seules acceptions du développement ? Sachant qu'au cours de l'histoire, le concept de développement a considérablement varié suivant la logique ou dimension idéologique qui prévalait. À titre d'exemple, il y a eu un développement autocentré, communautaire, participatif, endogène, durable, local, etc.

Qu'est donc que le développement ? Est-ce la croissance ? Est-ce l'accumulation matérielle ? Est-ce l'harmonie entre les communautés et leur milieu de vie ? La dernière interrogation semble être la plus acceptable car le développement est aussi une affaire d'harmonie, de cohésion entre les mesures, les pratiques des populations et leur environnement ou leur cadre de vie. Si on se réfère à l'approche systémique qui préconise une prise en compte multiscalaire et multidimensionnelle dans l'analyse des concepts le développement aurait une autre définition. Il serait vu comme une juxtaposition harmonieuse, concordante, synchronisée, concomitante et symbiotique entre les actions et les stratégies des populations et l'assiette topographique (biotope) en vue d'une amélioration conséquente du niveau et du cadre de vie de cette population.

Mais de toute évidence, le postulat de base lorsqu'on définit le développement, et ce de façon consensuelle, est que celui-ci renvoie à l'idée de progression c'est-à-dire le passage d'un état à un autre, forcement supérieur au précédent. C'est comme si l'on se déplaçait sur les marches d'un escalier, et qu'on partait d'une marche pour celle au dessus.

§ Définition opératoire de développement 

Au regard de notre recherche, le concept de développement renverra à l'idée de vulgarisation, d'expansion et de productivité. Alors, tout au long de notre mémoire, on gardera à l'esprit l'idée selon laquelle le développement ici est synonyme de vulgarisation, d'expansion et de productivité.

En définitive, les stratégies de développementpeuvent être appréhendées comme l'ensemble des pratiques, politiques, actions ou des opérations coordonnéesorganisées et ajancées de façon cohérente et précise , dont le but est de stimuler la productivité d'un espace donné et de vulgariser une activitédans un espace géographique précis, en l'occurrence la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Au terme de ce qui précède, un autre concept composé nécessite des éclaircissements opératoires :

ü Acteurs de développement

Par acteurs de développement dans notre étude, nous entendrons l'ensemble des intervenants d'horizons divers et de nature diverse dont la combinaison ou la symbiose des pratiques, politiques et stratégies concourent au développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

1.12.2. Cadre théorique

1.12.2.1. La théorie de la diffusion de l'innovation ou diffusionnisme de Hagesrtrand

La présente étude, dans la perspective de compréhension des facteurs à l'origine de la croissance de la productivité dans l'arrondissement de Dschang, s'appuie sur le modèle de diffusion du développement ruraldeTorsten Hagesrtrand. Ce modèle théorique explicatif encore appelé diffusionnismeet qui a été mis en oeuvre dans sa thèse de doctorat en 1953, décrit la façon dont l'innovation et par là même le développement, se distribue dans l'espace rural.

Tout d'abord, il faut noter que la diffusion renvoie à la propagation de quelque chose dans le temps et dans l'espace, telle qu'une épidémie, la croissance d'un centre urbain ou une technologie. Un exemple intéressant de diffusion est la propagation d'un parfum dans une pièce : l'odeur étant forte à proximité de la source, progressivement, le parfum se répand jusqu'aux quatre coins de la pièce pour finalement occuper la totalité de l'espace disponible. La diffusion étant donc achevée.

Il convient de relever ici que cette propagation répond à une logique spatio-temporelle (Daudé, 2002).De ce fait,il existe deux types de diffusions: (Cliff et al., 1981)

· La diffusion par extension, qui correspond à la propagation d'un phénomène ou d'une innovation dans une étendue plus large sans que son intensité diminue par rapport à celle de la source. C'est le cas par exemple de la croissance urbaine de la ville de Yaoundé.

· La diffusion par relocalisation, qui renvoie à une propagation par bonds successifs, par migration. C'est le cas par exemple de la diffusion via la relocalisation des bassins industriels.

Selon le modèle théorique de Torsten Hagesrtrand, l'innovation ou le développementa priori se propage du centre vers la périphérie c'est-à-dire des plus proches de l'innovation ou de la technologie vers les plus éloignés. Mais au regard de ce prémisse, il importe également de préciser que dans la pratique, les plus éloignés du développement peuvent être les premiers à en bénéficier, dépendant du degré de cohésion sociale, des rapports de voisinage et des relations entre les agents-diffuseurs qui sont souvent proches de l'innovation.

Schématiquement on a :

T3 T2 T1 T1 T2 T3

Développement

Espaces adoptants l'innovation

Point de départ de l'innovation

T= Temps

Sens de diffusion

Source : Adapté par l'auteur à partir de T. Hägerstrand (1962)

Figure 3 : Diffusion spatio-temporelle du développement ou de l'innovation

La figure 3 nous présente le processus d'évolution de l'innovation selon Hagesrtrand. Il en ressort que plus on est proche du foyer de l'innovation plus on l'adopte rapidement. De plus on remarque qu'en fonction du paramètre temporel, la concentration de l'innovation diminue. On s'aperçoit qu'au stade T1 de part et d'autre du foyer de l'innovation (développement), l'innovation est plus dense et plus concentrée. En mesure qu'on va vers T2 et T3, l'innovation commence à se dissiper et sa densité réduit également. Ceci nous permet de conclure que la diffusion d'une innovation varie en fonction de plusieurs paramètres géographiques tels que la distance métrique entre le point de départ de l'innovation et les lieux adoptants celle-ci ; le facteur temps qui induit une dissipation progressive de l'innovation.

Hägerstrand distingue quatre phases de diffusion d'une innovation :

v La première phase est la phase de diffusion de l'innovation en fonction de la distance géographique (distance métrique ou non métrique)

v La seconde phase est celle où il y a dispersion de l'innovation dans les zones de plus en plus éloignées

v Une phase où les disparités entre les lieux sont de moins en moins affirmées.

v La dernière phase est celle où l'adoption de l'innovation est complète, c'est-à-dire l'espace est saturé au maximum.

De toute évidence, dans ce modèle de diffusion de l'innovation, la notion d'échelle spatio-temporelle est une variable centrale à prendre en compte ainsi que celle de voisinage, qui peut favorisée ou empêchée la diffusion de l'innovation. Cependant, cette théorie connait quelques limites liées à l'apparition des zones de discontinuités qui peuvent être dans la perspective de notre étude, socio-spatiales.

1.12.2.2. L'innovation et sa diffusion selon Rogers Everett (1962)

La théorie de la diffusion et de l'innovation a pour but d'expliquer comment une innovation, une nouvelle idée évolue du stade d'invention à celui de l'utilisation élargie.

a)- Les étapes de l'adoption d'une innovation

Selon Rogers (1995), cinq éléments déterminent l'adoption ou la diffusion d'une innovation:

L'avantage relatif : c'est le degré selon lequel une innovation est perçue comme étant meilleure que celles qui existent déjà. Il n'est pas nécessaire que cette innovation possède plus d'avantages que d'autres. Ce qui importe, c'est la perception avantageuse que l'individu ou le groupe a de cette technologie nouvelle.

La compatibilité : C'est la mesure du degré selon lequel, une innovation est dite conciliante avec les valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques sociales et les normes des utilisateurs. Une idée qui serait incompatible avec les valeurs et normes actuelles prendrait plus de temps à être adoptée qu'une innovation compatible. De même, dans certains cas, l'adoption d'une innovation compatible nécessite l'adoption, au préalable, d'un nouveau système de valeur ; ce qui peut prendre un temps considérable.

La complexité : C'est la mesure du degré selon lequel une innovation est dite difficile à comprendre et à utiliser. Les nouvelles idées faciles à comprendre vont être adoptées plus rapidement que celles qui nécessitent le développement de nouvelles compétences nécessaire à leur compréhension.

La testabilité : Elle consiste en la possibilité de tester une innovation et de la modifier avant de s'engager à l'utiliser. L'opportunité de tester une innovation va permettre aux éventuels utilisateurs d'avoirs plus de confiance en ce produit car, ils auront eu la possibilité d'apprendre à l'utiliser.

L'observabilité : C'est le degré auquel les résultats et bénéfices d'une innovation sont clairs. Plus les résultats de l'adoption de l'innovation seront clairs, plus les individus l'adopteront facilement.

Testabilité

Complexité

Compatibilité

Avantage relatif

Observabilité

Rejet

Acceptation

Source : Everett Rogers, 1995

Figure 4 :Les étapes de l'adoption ou de la diffusion d'une innovation selon Rogers

Chacune de ces caractéristiques prises seule n'est pas suffisante pour prédire l'adoption d'une innovation, mais les études ont démontrés que la combinaison de ces caractéristiques ouvre la voie à de grandes chances d'adoption de l'innovation (Rogers, 1995).

Par ailleurs, Tornatzky et Kleim (1982) ont réalisé une méta-analyse de la littérature portant sur la théorie de la diffusion et de l'innovation et ont démontrés que trois de ces cinq caractéristiques influencent davantage l'adoption ou non d'une innovation. En effet, la compatibilité et les avantages relatifs seraient positivement liés à l'adoption tandis que la complexité y serait négativement liée.

% relatif

Majorité précoce majorité tardive

Adoptants précoces (Conservateurs)

(Visionnaires) (Pragmatistes)

Populations favorables Populations pragmatiques et Conservateurs

Sans condition à l'innovation

Source : Everett Rogers, 1995

Figure 5 :Courbe de la diffusion d'une innovation selon Rogers

Le principal challenge de la diffusion d'une innovation se situe à un jalon très important appelé  the chasm  (l'abîme). Il est situé entre les adoptants précoces et la majorité tardive. En effet, l'abime représente le passage d'un marché de « niche » à un marché de «  masse » et les attentes des consommateurs sont très différentes entre ces deux mondes comme le montre la Figure5. Les innovateurs et les consommateurs précoces sont des consommateurs faciles à convaincre. A l'inverse, les consommateurs de la majorité tardive sont des pragmatiques. Ils attendent de voir et veulent des références clairement établies avant d'adopter l'innovation.

b)- Application de la théorie à notre étude

Étant donné que notre sujet de recherche porte sur l'émergence de l'activité maraîchère dans l'arrondissement de Dschang, plus spécifiquement de l'émergence de la culture de la tomate, les deux théories susmentionnées nous permettront de comprendre comment un ancien bassin caféier (arrondissement de Dschang), qui ne produisait pas la tomate avant la crise, contrairement à son voisin du département du Noun, en a fait sa nouvelle spécialité. Elles nous permettront d'appréhender le mode et les étapes d'adoption de l'innovation en provenance du département du Noun par les paysans de l'arrondissement de Dschang.

1.12.2.3. La théorie du développement endogène

Elaborée par J. Friedmann et WalterStohr dans les années 1950,la théorie du développement endogène est une approche volontariste axée sur un territoire restreint.Elle conçoit le développement comme une démarche partant du bas vers le haut, ce que les Anglo-saxons appellent « bottom-top development », privilégiant les ressources endogènes. C'est une théorie qui fait appel aux traditions industrielles et techniques locales et qui soutient la participation des acteurs locaux à l'élaboration et la conduite des projets de développement. Elle fait appel à la notion d'espace et de temps dans une dynamique locale organisationnelle. Le développement endogène est en effet synonyme du développement local. C'est une façon de penser la logique de développement à l'échelle locale et, pour le cas du Cameroun, à l'échelle communale.

a)- Application de la théorie à notre étude

Dans la perspective de notre étude, cette théorie est importante en ce sens qu'elle permet théoriquement de tabler sur les actions ou les stratégies émanant des communautés locales ou traditionnelles mises en relief pour booster, de manière efficace, le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Cette théorie nous permettra également de comprendre comment,par le jeu d'acteurs locaux, une société, plus spécifiquement celle de l'arrondissement de Dschang dans un contexte de crise, a endogéneisé  le développement de l'activité maraîchère et particulièrement celui de la culture de la tomate.

1.13. Cadre opératoire

Cette étape a pour objectif de rendre opérationnel les variables qui seront analysées dans notre travail : la variable indépendante qui est « crise » et la variable indépendante qui est « émergence de l'activité maraîchère ».

Ø La variable indépendante

C'est cette variable qui induit la variable dépendante de notre étude. Pour notre étude, la variable indépendante est « crise ».

Tableau 3: Opérationnalisation de la variable indépendante

Concept

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Crise

Economique

Secteur primaire

§ Chute des prix des produits de rentes

§ Désengagement de l'État dans les secteurs productifs

§ Abandon des plantations caféières

§ Diminutionde la production agricole

§ Reconversion des agriculteurs

Secteur secondaire

§ Fermeture des sociétés industrielles

§ Privatisation des sociétés

§ Licenciement et compression du personnel

Secteur tertiaire

§ Régression des exportations

§ Fermeture des sociétés de services publics

Sociale

Education

§ Fermeture des écoles

§ Arrêt de formation et de recrutement du personnel

Migrations

§ Accroissement des migrations de retours

§ Exacerbation de l'exode rural

Innovations

§ Modification d'habitudes alimentaires

§ Mutation des pratiques agricoles

Ø La variable dépendante

Celle-ci dépend de la variable indépendante qui est « crise ». Pour ce travail, la variable dépendante est « Emergence de la culture de la tomate ». Dans cette étude, la variable dépendante précise comment la crise économique et ses multiples conséquences, ont conduit à l'irruption de nouveaux acteurs. Acteurs qui à travers leurs stratégies, en réponse à la crise et ses conséquences socio-économiques et spatiales, ont contribué au développement de la pratique de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

.

Tableau 4: Opérationnalisation de la variable dépendante

Concept

Dimensions

Composantes

Indicateurs

Emergence de la culture de la tomate

Sur le plan humain

Acteurs publics

§ État

§ Collectivités locales

Acteurs privés

§ ONG

§ Coopération bilatérale et multilatérale

Acteurs locaux

§ Associations paysannes

§ GIC

§ Elite

Sur le plan stratégique

Regroupement

§ Incitation des paysans au regroupement

§ Développement et vulgarisation de champs communautaires

Assistance

§ Financement des projets agricoles

§ Encadrement technique des paysans

§ Fourniture de matériel agricole aux paysans

Sur le plan technique

Techniques culturales

§ Émergence de nouvelles techniques culturales

§ Culture de contre-saison

§ Pratique de plusieurs cycles de culture par an

§ Agrandissement des parcelles

§ Mise en valeur des pentes

Méthodes culturales

§ Utilisation de plus en plus croissante des engrais chimiques

§ Utilisation des variétés de semences sélectionnées et traitées (améliorées)

§ Spécialisation culturale

CHAPITRE II :

APPROCHE METHODOLOGIQUE

Après avoir effectué une présentation de la zone d'étude sur les plans physique et humain, élucider le cadre conceptuel et théorique sur lequel cette étude se fonde, il convient dans ce chapitre de mettre en exergue la méthodologie qui a été déployée pour réaliser le présent travail de recherche. Chemin faisant nous insisterons sur les techniques qui ont été mobilisés ainsi que sur la détermination de l'échantillon d'enquête.

2.1. Approche méthodologique

2.1.1. Approche méthodologique générale

En géographie comme dans beaucoup d'autres disciplines, l'approche méthodologique renvoie à la manière dont on procède pour construire un raisonnement scientifique. Dans notre étude, il s'agira de montrer et de faire comprendre les processus utilisés pour la collecte, le traitement, l'analyse et l'interprétation des données afin d'obtenir les informations utiles pour la présente recherche. Pour cela, la démarche utilisée est la démarche hypothético-déductive, chère à la géographie et qui préconise la formulation des hypothèses suivie par leur vérification sur le terrain. Il s'agit en termes plus simples de confronter les tests, données et observations empiriques (réalités de terrain) aux modèles préalablement construits et choisis en laboratoire (théories et hypothèses). En plus, nous avons adopté une approche systémique dans cette étude afin de mettre en exergue les interrelations entre les acteurs et les stratégies de développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

2.1.2. Approche méthodologique spécifique

2.1.2.1. Recherche et exploitation des documents

Notre recherche a débuté par une longue fouille documentaire. Celle-ci a commencé dans les bibliothèques de l'École Normale Supérieure de Yaoundé, de la Faculté des Arts , Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I, du Ministère de la recherche scientifique et de l'innovation, de l'IRAD de Yaoundé et de Dschang, du service d'appui aux initiatives locales de développement (SAILD) de Yaoundé, de l'IITA de Yaoundé, de l'IRD, du service de documentation du Ministère du développement rural, de la délégation départementale de l'agriculture et du développement rural de la Menoua ainsi que celle d'arrondissement. Cette démarche avait pour but de collecter les données de seconde main dans l'optique d'avoir un aperçu sur la zone d'étude, de la production de la tomate et la littérature sur la thématique. Elle visait également à parcourir tout ce qui a été écrit sur la zone d'étude et sur notre sujet afin de mieux nous positionner scientifiquement ; mais surtout à effectuer un recadrage thématique de notre sujet de recherche et une amélioration de sa formulation. Cette étape nous a permis de faire un échantillonnage de la population-cible d'agriculteurs à laquelle nous avons administré nos questionnaires d'enquête.

2.1.2.2. Enquêtes par observation et entretien

L'observation directe est la technique de collecte de l'information que nous avons privilégiée au cours de notre étude car elle nous a d'abord permis de faire une reconnaissance de la zone d'étude, puis de se familiariser avec le terrain et enfin de toucher du doigt les réalités propres à notre zone d'étude. Ces premières observations nous ont permis de faire une comparaison entre les informations présentes dans les documents et celles du terrain afin de disposer des informations les plus récentes et les plus significatives. Par ailleurs, au cours de cette collecte de l'information, nous avons mis l'accent sur des enquêtes semi-directes, compte tenu de l'insuffisance de moyens financiers indispensables à la réalisation d'une enquête exhaustive. Cette étape cruciale de notre travail a débouché sur l'identification des zones cibles c'est-à-dire les principales zones d'intense culture de la tomate.

2.1.2.3. Technique d'échantillonnage

Pour parvenir à l'administration des questionnaires d'enquête, nous avons mis en oeuvre une méthode empirique faisant appel au choix raisonné. L'échantillon a été sélectionné de manière à pouvoir construire une image aussi fidèle que possible de notre population cible. La technique utilisée dans ce travail a été la méthode probabiliste (sondage aléatoire). Elle a consisté à imposer à l'échantillon une structure analogue à celle de la population totale relative à certains critères dits de contrôle dont les études préliminaires permettront de supposer qu'ils sont en étroite corrélation avec l'un des caractères étudiés. La taille de l'échantillon des producteurs à enquêter a été déterminée par la technique de choix proportionnel à un seuil de 10% suivant la formule :

E = N.A

E = l'échantillon ; N= effectif total des producteurs de tomate de l'arrondissement en 2012 ; A= le seuil de signification (0,1)

A.N :

La taille de l'échantillon E=1013 X 0,1 = 101,3

Selon le rapport annuel de 2012 des activités et de la production agricole du département de la Menoua, l'arrondissement de Dschang comptait dans la spécialisation en tomate un effectif moyen de 1013 producteurs au cours des deux cycles de production de l'année 2012, sur le nombre total que compte le département. Si un échantillonnage simple est appliqué sur la base des 10% de la population cible tel que définie plus haut, il en résulte un effectif à enquêter qui est de 102 exploitants.

D'après ce même rapport, il ressort par ailleurs qu'en fonction des groupements qui constituent l'arrondissement, les effectifs de producteurs varient. Ce qui nous a permis d'effectuer une distribution proportionnelle des questionnaires dans les groupements en fonction des effectifs des producteurs. Par la suite, le choix de chaque producteur à enquêter s'est fait au hasard mais il a été orienté par la disponibilité et le volontariat des producteurs.La figure 6présente cette distribution.

Figure 6: Effectif de producteurs de tomate et répartition proportionnelle des questionnaires par groupement

Il ressort de cet échantillonnage que les groupements Foréké et Foto représentent plus de la moitié des producteurs de tomate de l'arrondissement. C'est la raison pour laquelle nous avons administré respectivement 44 et 48 questionnaires dans ces deux groupements. Le groupement Fotetsa quant à lui est également un foyer de production maraîchère. Cependant, la production de tomate ici n'est pas importante tout comme le nombre de producteurs. Quant aux groupements Fongo-Ndeng et Fossong-Wentcheng, ils ont une population moins importante que celle des groupements Foto et Foréké. L'autre constat est que la production maraîchère ici est moins privilégiée que la production vivrière. De plus, leur enclavement par rapport aux groupements Foto et Foréké-Dschang justifie également la faible concentration des agriculteurs dans la spéculation tomate du fait du caractère très périssable de cette culture et des problèmes de conservation des récoltes. C'est pour cette raison que ces deux groupements n'ont pas bénéficié d'une attention particulière au cours de notre travail de recherche.

2.1.2.4. L'administration du questionnaire et des guides d'entretien

L'administration du questionnaire d'enquête s'est faite en suivant l'échantillonnage qui a été préalablement réalisé. Elle a consisté à repérer tous les grands bassins de production de la tomate de l'arrondissement à l'aide des rapports de production fournis par la DDADER et les postes agricoles. Elle s'est déroulé en une phase c'est-à-dire au cours de notre troisième descente sur le terrain entre le 29 janvier et le 04 février 2013 dans la mesure où deux pré-enquêtes de repérage des bassins de production de la zone d'étude avaient préalablement été réalisées. La première s'est déroulée du 20 au 28 août 2012 et la seconde du 15 septembre au 04 novembre 2012.

L'administration des guides d'entretien s'est également effectuée au cours de cette troisième descente sur le terrain. Ceux-ci ont été administrés aux délégués de GIC disponibles, au délégué de l'union des GIC de l'arrondissement de Dschang et au délégué d'arrondissement de l'agriculture et du développement rural.

Groupements

Villages enquêtés

Nombre de questionnaires administrés

Pourcentage(%)

Foréké-Dschang

Litieu

15

14,71

Mbilé

10

9,9

Atotchi

12

11,76

Banki

7

6,86

Foto

Lap

6

5,88

Titia

5

4,90

Fonakeukeu

10

9,9

Litagli

11

10,78

Siteu

7

6,85

Atsoutsang

9

8,82

Fotetsa

Fotetsa-centre

10

9,8

Total

//

102

100%

Tableau 5: Répartition des villages enquêtés par groupement

Source : Enquête de terrain, 2013

Figure 7: Spatialisation des villages enquêtés

L'administration des questionnaires d'enquête en fonction des villages ainsi définie dans le tableau 5qui précède, a obéi à deux critères : d'abord les données de la DAADER présentaient ces différents villages comme des secteurs d'intense culture de la tomate ainsi que d'intense spécialisation dans la filière. Ensuitele critère disponibilité des cultivateurs a également été mis en avant. Du fait de notre faible connaissance de la zone, nous bénéficié à la DAADER, de l'appui d'un agent de vulgarisation de zone, qui du fait de sa bonne connaissance du terrain, nous a orienté dans le choix des villages à enquêter. Les jardiniers, pour la plupart, avaient des activités génératrices de revenus secondaires. Ce qui a fait que nous avons administré les questionnaires par la méthode aléatoire à ceux et celles qui étaient disposés à nous accorder quelques minutes d'entretien.La figure 8 présente la distribution spatiale des questionnaires dans les villages enquêtés en fonction du nombre de cultivateurs de tomates.

2.1.2.5. Traitements et analyses des données quantitatives et qualitatives

C'est la troisième étape de notre méthodologie. Elle a consisté à traiter les données collectées sur le terrain dans le but d'extraire l'information à analyser.

Après avoir administré le questionnaire d'enquête sur le terrain, nous avons dans un premier temps effectué une codification des variables de notre questionnaire sous la plate forme SPSS 11.0, c'est-à-dire que nous avons réalisé un masque de saisie afin de faire un dépouillement automatique de notre questionnaire (Fig. 9). Ensuite, nous avons procéder à un dépouillement manuel des questions ouvertes de notre questionnaire d'enquête. Après cette étape, nous avons dans un troisième temps exporté nos données dépouillées de la plate forme SPSS 11.1 vers Excel (Fig.10). Ensuite, nous avons procédé au traitement automatique de nos données sous cette dernière plate forme afin d'extraire l'information.

2.1.2.6. Traitement cartographique des données

Pour les cartes de notre mémoire, nous avonsutilisé la carte des chefferies bamiléké de 1996 de l'INC, à partir de laquelle et en faisant usage des logiciels de systèmes d'information géographique (Argis 9.3 et MapInfo 8.5) nous avons actualisé les limites de l'arrondissement de Dschang. Cette carte nous a permis également et grâce aux logiciels suscités, de confectionner l'ensemble des cartes thématiques de notre travail de recherche. Figure 8 : Distribution spatiale des questionnaires en fonction des cultivateurs de tomates dans les villages enquêtés

Figure 9: Interface de codification des variables sous SPSS 11.0

Figure 10 : Interface de dépouillement automatique sous Excel 2007

MÉTHODOLOGIE

1 2 3

Recherche documentaire Investigations de terrain Traitement des données

Exploration du sujet Échantillonnage Collecte des données primaires Traitement des données statistiques

et traitement cartographique

Choix des villages et de la population cible pour administration questionnaire

Dépouillement questionnaire

Traitement numérique des données

Administration questionnaire et guide d'entretien

Observation

Pré-enquête de terrain

Revue de la littérature

Traitement cartographique

Formulation de la problématique, des questions, des objectifs et des hypothèses de recherche

Données brutes

Extraction de l'information

Questionnaire

Figure 11: Schéma conceptuel de la méthodologie

2.2. Difficultés rencontrées

Plusieurs obstacles ont émaillé le déroulement de notre recherche :

2.2.1. Les obstacles liés à la disponibilité des données chiffrées de la production de tomate

Notre travail a également fait face à un souci majeur : celui de la disponibilité des données chiffrées concernant la production de la tomate. En effet, les données quantifiées de la production étaient indisponibles dans les postes agricoles où nous avons effectué des investigations à cause du fonctionnement irrégulier des postes agricoles et des non déclarations ou déclarations partielles de la production par les jardiniers.

De même, au niveau de la délégation départementale et d'arrondissement de l'agriculture, les données de production de la tomate étaient incomplètes et parfois même indisponibles à cause du non fonctionnement de certains postes agricoles à l'instar de celui de Fialah Foto. Cette situation a conduit à la sous-estimation de la production et de la productivité réelle de l'arrondissement en tomates. Nous n'avons pas pu spatialiser la production de la tomate dans l'arrondissement sur une carte et réaliser la carte des flux, à cause de ce manque de données quantifiées.

2.2.2. Les obstacles liés à la réticence des jardiniers

Au cours de nos investigations de terrain, nous avons également fait face dans certains villages à la réticence des jardiniers à répondre à nos questions ou à nous conduire dans leurs exploitations pour des observations. La principale difficulté a été leur réticence à nous donner la superficie et la production exactes de leurs exploitations respectives.

2.2.3. Les obstacles temporels

Compte tenu des difficultés liées à l'encadrement de notre mémoire, nous avons démarré notre travail avec beaucoup de retard par rapport aux autres promotionnaires. Cette situation n'était pas aisée eu égard aux contraintes de cours magistraux de l'ENS et au stage pratique.

2.3. Structure du mémoire

Le présent travail de recherche comporte 6 chapitres repartis en 3 parties :

La première partie consiste au cadrage général de l'étude. Le chapitre 1 met en évidence le cadrage général de l'étude tandis que le chapitre 2 présente succinctement l'approche méthodologique c'est-à-dire la démarche méthodologique qui a été mobilisée pour réaliser cette étude. La deuxième partie consiste en la recherche et en l'exploitation des données. Le chapitre 3 met en relief la situation socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant et après la crise économique de la fin des années 1980. Le chapitre 4, quant à lui, fait ressortir les facteurs à l'origine de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la dépression économique de la fin des années 1980. La troisième et dernière partie analyse dans le chapitre 5 la typologie des acteurs et leur rôle dans le développement de la culture de la tomate ainsi que les stratégies paysannes visant le même but. Cette partie s'achève au chapitre 6 par la validation des hypothèses de recherche, les critiques des résultats et les suggestions inhérentes à notre travail de recherche.

DEUXIEME PARTIE :

RECHERCHE ET EXPLOITATION DES DONNEES

Cette deuxième partie consiste pour nous à la présentation des résultats auxquels nous sommes parvenus au cours de la collecte, du traitement ainsi que de l'analyse de nos données de recherche.

CHAPITRE III:

L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG ET LA CRISE ÉCONOMIQUE DE LA FIN DES ANNÉES 1980

Dans ce chapitre, il sera question dans un premier temps de marquer un pan d'arrêt sur le paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant l'irruption effective de la crise de la décennie 1980. Ensuite, il s'agira d'examiner les conséquences de cette dépression économique sans précédent sur la vie socio-économique de l'arrondissement.

3.1.Le paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant la criseéconomique

Avant la crise économique de la fin des années 1980, l'arrondissement de Dschang, à l'instar de la majorité des contrées de la région de l'Ouest, dépendait en grande partiede l'agriculture. Cette activité qui occupait 64% de la population, permettait au paysan bamiléké d'assurer la scolarité des enfants, de contribuer à l'entretien de sa famille et d'investir dans d'autres domaines sociaux. (Kamga, 2001)

3.1.1. L'arrondissement de Dschang : une vie rythmée par l'économie caféière

Dans tout l'Ouest-Cameroun, particulièrement dans l'arrondissement de Dschang, le paysage socio-économique était dominé par la culture du café.Cette activité y avait été introduite par l'administration coloniale au cours des années 1920(Mbapndah Ndobegang, 1985), plus précisément en 1924. Les premiers plants de café provenaient de la station agricole de Dschang, créée en 1923, ou de Foumban (Manfouo Namekong, 2012).

Après des débuts modestes au cours deses 20 premières années de pratique, la culture du café dans l'arrondissement de Dschang a connu une expansion impressionnante au lendemain de la seconde guerre mondiale avec le concours de la libéralisation de cette activité par l'administration coloniale. (Mbapndah Ndobegang, 1985)

Dès lors, après cette libéralisation de la caféiculture qui était restreinte à une élite locale dite de « grands producteurs », elle va connaître un grand succès auprès des paysans de l'arrondissement qui l'ont rapidement adoptée. Cette culture va donc rythmer l'économie rurale de Dschang, se présentant comme l'unique sinon la principale source de revenus (« arbre à argent ») des paysans de Dschang. (Kounchou, 2008). Car des associations culturales (produits vivriers) y étaient également pratiquées dans le but de pourvoir à l'importante main d'oeuvre familiale qui épaulait les chefs de famille dans les exploitations caféières. L'importance de l'économie caféière dans cette localité se justifiait par la prépondérance des pratiquants, la signification de ses apports financiers et surtout le développement général du cadre de vie ostensible dans l'achat des biens sociaux, la dot et l'édification des logements de plus en plus confortable.

3.1.2. L'activité vivrière et maraichère : des activités marginales et essentiellement féminines

Avant la crise de la fin des années 1980, la production vivrière de l'arrondissement de Dschang, était fortement développée. On y trouvait des associations culturales qui assuraient une couverture continuelle et permanente du sol. Cette production vivrièreétait principalement destinée à la consommation familiale. La majorité des terres était réservée à la culture du café arabica. L'activité vivrière dans l'ensemble des villages de l'arrondissement était uniquement l'apanage des femmes ; contrairement aux hommes qui étaient concentrés dans la spéculation caféière. (Fongang, 2008).

3.1.3. L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle et de l'encadrement de l'activité agricole dans l'arrondissement

Avant le début de la crise économique, à l'instar de l'ensemble des contrées de la région de l'Ouest Cameroun, l'activité agricole fut dominée par un duo Etat-UCCAO. Ces deux principaux acteurs avaient un contrôle total sur le secteur agricole.

3.1.3.1. L'État et ses organismes de financement agricole : moteur de développement agricole avant la crise

Après l'indépendance, les cultures de rente notamment le cacao et le café constituaient l'essentiel du revenu agricole du Cameroun. Alors, le gouvernement camerounais a mis sur pied des organismes de financement des activités agricoles à l'exemple de la BCD FONADER. (Manfouo Namekong, 2012). Ces services (crédits) de financement agricole s'octroyaient par le biais des coopératives.

Ø La Banque Camerounaise de Développement(BCD)

Immédiatement après l'indépendance, l'une des actions du gouvernement fut la création de la banque camerounaise de développement dont la principale mission était d'assurer la distribution du crédit en milieu rural dans le but de stimuler le développement rural. (Foko, 1994).Plus tard, la BCD sera remplacée par les sociétés mutuelles de développement rural(SOMUDER) qui étaient des structures beaucoup plus rapprochées des populations rurales et dont les actions devaient mieux satisfaire leurs besoins. Cependant, en dépit de tous les efforts du gouvernement, les résultatsà l'instar de ceux de la BCD sont restés en dessous des prévisions. C'est ce énième échec qui a poussé le gouvernement camerounais à mettre sur pied le fond national de développement rural (FONADER)

Ø Le fond national de développement rural(FONADER)

Les principales missions du FONADER étaient :

· L'administration, le stockage et la distribution des intrants agricoles subventionnés ;

· la promotion et la distribution du crédit agricole ;

· le financement et le suivi de certains projets de développement.

Le FONADER s'est s'installé dans la région de l'Ouest en 1979 et offrait des crédits individuels aux paysans capables d'offrir des garanties et des crédits collectifs aux "GAM"(Groupements d'agriculteurs modernes) et aux coopératives. Il était considéré comme un véritable organisme de financement du monde rural ; c'est ainsi qu'il était qualifiait de « banque des paysans » (Kengne Fodouop,2003 ; Mouiche,2005). Cela se justifiait par l'importance des crédits accordés aux agriculteurs comme le présente le tableau suivant :

Tableau 6: Crédits accordés par le FONADER au secteur agricole en 103 FCFA

Exercice agricole

Montant alloué par le FONADER en Milliers (103 FCFA)

1973-1974

154.141

1974-1975

641.691

1975-1976

792.622

1976-1977

1.349.496

1977-1978

1.063.118

1978-1979

1.249.059

1979-1980

1.173.193

1980-1981

1.387.322

1981-1982

993.473

1982-1983

998.766

1983-1984

1.069.028

1984-1985

1.930.233

1985-1986

3.040.598

1986-1987

2.819.979

1987-1988

7.092

Source : Stratégies de développement agricole 1980-1990

Les activités menées par le FONADER dans l'ouest au cours de l'exercice 1985/1986 ont consisté en la distribution des crédits dont les chiffres paraissent tout aussi faramineux : crédits individuels : 463 244 785 FCFA contre 322 932 464 FCFA en 1984/1985, soit une augmentation de 43,45% ; crédits aux coopératives : 203 000 000 FCFA. (Manfouao Namekong, 2012). Cependant, le financement agricole venant du FONADER a connu une cessation en 1987, année de l'arrêt des activités de cette structure.

3.1.3.2. L'UCCAO : Poumon de développement agricole de la région de l'Ouest avant la crise

Née le 17 Octobre 1958, de la fusion des coopératives départementales de producteurs de café arabica, l'Union des Coopératives de Café Arabica de l'Ouest18(*), deviendra après sa création plus qu'une coopérative.Elle sera une structure dont la vocation est le développement agricole, social et régional.(Fongang, 2008). Avec pour vocation le développement agricole et régional, l'UCCAO va intervenir dans tous les domaines de la vie des paysans de l'Ouest. Elle ira de la fourniture des intrants à la collecte des récoltes et la commercialisation, en passant par l'encadrement et la fourniture des crédits sociaux (tôles, ciment, etc.). Avec le changement de sa dénomination en 1975, l'UCCAO, intermédiaire de l'Etat auprès des agriculteurs, va se transformer en une véritable société de promotion du développement agricole à l'Ouest. « En mettant à la disposition des planteurs près de 25% des engrais distribués au Cameroun, la coopérative répondait à un besoin pressant des exploitants, les ristournes étaient également accordées aux planteurs au prorata de la quantité livrée à la coopérative, parallèlement, l'octroi des petits crédits était accordé aux planteurs ». (Janin P., 1995). Tout ceci a permis à la structure d'étendre sa notoriété dans l'ensemble de la région. « Si l'UCCAO a connu un succès qui reste relatif, c'est d'abord que à l'image de l'ouest du Cameroun, elle s'est inscrite dans la logique capitaliste de recherche du profit et que la qualité de la gestion n'a pas « tout » sacrifiée à la recherche de la démocratie coopérative ou de la formation » (Courade G. et al, 1991).

La CAPLAME, coopérative membre de l'UCCAO, dont la zone d'influence est le département de la Menoua, servait d'intermédiaire de l'UCCAO dans cette localité et assurait le travail de financement (octroi des crédits de toutes natures), la fourniture des engrais, la collecte et la commercialisation du café.

L'UCCAO et ses coopératives départementales partenaires constituaient, avant la crise, les seuls acteurs de toute la chaîne de la production de l'Ouest en général et de l'arrondissement de Dschang en particulier. (Financement, encadrement, collecte, vente, etc.)

Le dispositif agricole de l'arrondissement de Dschang avant la crise se présentait comme suit :

ÉTAT

UCCAO

FONADER

CAPLAME

AGRICULTEURS DE L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Figure 12: Fonctionnement des principaux acteurs du secteur agricole de l'arrondissement de Dschang avant la crise

On s'aperçoit à travers le schéma précédent qu'après l'indépendance et avant la crise, le développement agricole de l'arrondissement de Dschang reposait sur l'intervention centrale de l'État qui, par le biais de l'UCCAO et du FONADER, participait au développement de la localité. Cette intervention sur le plan local était assurée par la CAPLAME. La figure 13 met en évidence l'influence spatiale de la CAPLAME avant la crise. Il en ressort que dans tous les groupements du département de la Menoua, en particulier ceux de l'arrondissement de Dschang, le contrôle de l'activité agricole de cette coopérative rattachée à l'UCCAO, était total. On enregistrait jusqu'à 11 magasins de collecte du café dans l'arrondissement de Dschang. Cette situation justifiait de la prépondérance de la culture du café dans tous les secteurs de l'arrondissement. Car certains groupements disposait jusqu'à 4 magasins de collecte du café à l'instar de Foto.

Figure 13 : Influence spatiale de la CAPLAME avant la crise

Jusqu'en 1985, le paysage agricole de l'arrondissement va fonctionner suivant la logique de l'intervention des acteurs ci-dessus élucidés. Cette situation va permettre un développement de l'activité agricole, en particulier de la culture de café, ainsi qu'un épanouissement socio-économique des paysans de l'arrondissement. Cependant, à l'aube de l'année 1987, la crise économique va frapper la localité comme l'ensemble des contrées du Cameroun. Cette dépression aura des conséquences incommensurables sur le plan agricole et socio-spatial.

3.2. Les conséquences de la crise économique dans l'arrondissement de Dschang

À l'image de toutes les localités du Cameroun, l'arrondissement de Dschang fait face à partir de l'année 1987 à une dépression économique sans précédent. Celle-ci aura d'importantes répercussions sur le plan socio-économique et spatial.

3.2.1. La baisse drastique des prix du café payé aux agriculteurs

À partir de 1976-1977, les prix du café commencent à s'effondrer. (CEDEAO et Al, 2007). La crise économique commence à se faire ressentir. L'arrondissement de Dschang comme toutes les localités de l'Ouest, qui vivait au rythme de café, fait face à la diminution drastique des coûts du café payé aux paysans.« Les campagnes agricoles 1985/1986 et 1986/1987 ont constitué des véritables tournants de l'effondrement de l'économie camerounaise, avec la baisse respective de 25% et de 20% des termes d'échanges. C'est ainsi que la part de café dans le revenu va tomber à 16% en 1992 contre 73% en 1980. De même, le revenu des planteurs baisse de 83% entre 1985 et 1997. Parallèlement à la chute du revenu des paysans, les subventions de l'état aux intrants agricoles et aux produits phytosanitaires chutent et s'annuleront plus tard avec le désengagement de celui-ci ». (Ngouanet, 2001)

Source : ONCC, 2004

Figure 14: Evolution en FCFA du prix planteur en pourcentage du prix FOB 1980/1981 à 1999/2000

Le graphique 14 montre 3 principales situations dans la baisse du prix du café :

· Entre 1980 et 1989, le prix en FCFA du café payé aux planteurs n'a guère atteint 500 FCFA.

· De 1989 à 1993, le prix du café va atteindre un niveau très bas, oscillant autour de 200 et 250 FCFA.

· Enfin à partir de 1993, ce prix a connu une légère hausse jusqu'en 2000, oscillant entre 500 et 680 FCFA. Cependant, dans cette troisième phase, le prix du café a enregistré son niveau le plus bas de l'ordre de 110 FCFA durant la campagne 1994-1995. Cette diminution drastique du prix du café au cours de cette campagne caféière est due à la dévaluation de 50 % du franc CFA (Roubaud, 1994) qu'a connu le Cameroun au cours de cette période.

Cette baisse considérable du prix du café aura des répercussions structurelles, économiques, spatiales et sociales dans l'arrondissement Dschang.

3.2.2. La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO - CAPLAME

Avec la chute inopinée et considérable du prix du café, plusieurs évènements structurels vont ébranler le paysage des acteurs de l'arrondissement de Dschang.

De prime abord, on assiste à la rupture du monopole des trois principaux acteurs (ETAT, UCCAO et CAPLAME) du secteur agricole de l'arrondissement. Avant la crise, ces trois acteurs à eux seuls dominaientet contrôlaient le paysage agricole de l'arrondissement. Ils étaient en charge à la fois de la fourniture des intrants et du matériel agricoles, du financement, de la collecte et de la commercialisation du café produit par les planteurs. Avec l'installation progressive de la crise, le montant des dettes de l'UCCAO vis-à-vis de ses coopératives membres devint faramineux. À titre illustratif, l'UCCAO devait 3 milliards de FCFA (Fongang, 2007) à la CAPLAME qui devait à son tour le même montant aux planteurs de la Menoua qui avaient déposé leur café.

Figure 15: Influence spatiale de la CAPLAME après la crise

La figure15 présente l'influence spatiale de la CAPLAME après la crise économique. On s'aperçoit que la forte concentration des magasins de collecte relevée avant la crise (Fig. 13), s'est affaiblie avec la crise. On remarque ainsi qu'avant la crise, l'arrondissement de Dschang enregistrait 11 magasins de collecte. Tous ces magasins ont fermé sous le poids de la crise ou point où on ne recense aujourd'hui dans l'arrondissement aucun magasin de magasins de collecte du café. On constate que la crise a conduit à l'abandon total de la caféiculture dans l'arrondissement de Dschang.

Cette situation a profondément ébranlé la situation socio-économique des paysans.

3.2.3.La perte des emplois et l'abandon scolaire

L'une des conséquences sociales majeures de la crise économique dans l'arrondissement de Dschang fut la perte des emplois, et donc la mise au chômage d'une portion non moins importante de la population. Le graphique 16 montre la situation des enquêtés selon leur ancien emploi.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 16: Répartition de la population enquêtée selon l'ancien emploi.

Il ressort de ce graphique, que 20% de la population enquêtée était soit des commerçants, soit des employés. Les derniers, c'est-à-dire les employés, expliquent avoir perdu leur emploi sous le coup de la crise économique qui a secoué l'arrondissement. 15% était des élèves et étudiants. Ceux-ci se sont retrouvés sans perspectives d'emploi ou à cours de financement pour leurs études. Ils ont par conséquent trouvé comme seule perspective le maraîchage et plus précisément la culture de la tomate.

3.2.4. La reconversion des agriculteurs

Avec la crise économique qui a profondément ébranlé l'arrondissement de Dschang en général et de manière plus spécifique son paysage socio-économique, l'une des conséquences fut la reconversion des anciens caféiculteurs de la région vers l'activité vivrière et surtout maraîchère. Cette mutation socio-économique liée à la crise a affecté une bonne partie de la population de l'arrondissement. La figure 17 montre en effet qu'en fonction des groupements enquêtés, la population-cible était majoritairement confinée dans la culture du café soit 54,09%. Cependant, on constate tout aussi bien et à justetitre qu'une portion importante de la population enquêtée exerçait dans le vivrier. Ceci témoigne en effet des affres de la crise sur leur quotidien.De fait, l'une des seules issues pour y faire face fut le changement brusque de spécialisation agricole.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 17: Répartition par groupement des enquêtés en fonction de leur ancienne spéculation

De plus, la majorité de la population enquêtée, soit un pourcentage de 76,47%,a affirmé n'avoir pas débuté l'agriculture par la culture de la tomate. Justifiant ainsi leur choix de la culture de la tomate par les effets de la crise et surtout sa rentabilité financière aujourd'hui très prépondérante. La figure 18 présente la répartition de la population enquêtée suivant la variable« première spéculation pratiquée ».

Source : Enquête de terrain, Janvier 2013

Figure 18: Répartition de l'échantillon sur la variable: "première spéculation pratiquée"

3.2.5. L'émergence et le développement de l'activité vivrière et maraîchère

L'autre conséquence sur le plan socio-spatialde la crise économique dans l'arrondissement de Dschang, est l'émergence et le développement de l'activité maraîchère et vivrière. Celle-ci constitue dans la pratique une recomposition socio-spatiale significative dans l'arrondissement.

D'abord sur le plan social, on observe une prépondérance de la gente masculine dans le secteur vivrier et maraîcher c'est-à-dire « une masculinisation du maraîchage et du vivrier ».Pourtant, avant la crise, l'activité maraîchère et vivrière était majoritairement l'apanage des femmes. (Fongang, 2008). Les cultures de subsistance, et spécifiquement la culture de la tomate, ne sont plus uniquement l'affaire des femmes tel que les hommes le pensaient autrefois. La crise a instauré une nouvelle organisation familiale où femmes et hommes sont confinés dans le maraîchage et le vivrier. La figure 19montre en effet la forte proportion du sexe masculin dans la population enquêtée. On peut également observer de façon générale que dans les groupements enquêtés, le sexe masculin est prédominant à Foréké-Dschang et à Foto ; contrairement au groupement Fotetsa où la proportion des femmes est supérieure à celle des hommes. Cette situation peut-être dû à l'enclavement de ce dernier groupement par rapport aux deux premiers. Enclavement qui limite les possibilités de développement de la culture de la tomate du fait de l'absence des débouchés commerciales. Ceci a également eu pour conséquence le bouleversement de l'ancienne structure des ménages (Kamga, 2002) où les hommes étaient les seuls responsables de la microéconomie familiale. Cette situation est un marqueur important du changement social dans l'arrondissement de Dschang.

Ensuite, sur le plan spatial, la proportion des terres consacrées au maraîchage et au vivrier est de plus en plus significative dans l'arrondissement. Particulièrement les non moins importantes superficies dédiées à la spéculation tomate. La culture de la tomate a commencé à s'imposer comme une activité importante pour la population agricole de l'arrondissement. Cette activité maraîchère a contribué à la recomposition spatiale de l'arrondissement qui fut jadis à prédominance caféière.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 19: Répartition de l'échantillon en fonction du sexe

On voit également au regard de la figure 20 que contrairement à la période précédant la crise, où l'essentiel de l'activité agricole dans l'arrondissement était dominée par la culture du café (Fig. 13), l'année 2010 est marquée par une vulgarisation considérable de la culture de la tomate. Celle-ci, comme le montre figure 20, est pratiquée dans la majorité des villages de l'arrondissement. Traduisant ainsi l'abandon quasi-définitif de la culture du café dans cet espace au profit de la culture de la tomate.

Figure 20:Zone de culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang en 2010

Cliché Fofack Mujia, novembre 2012

Photo 2: Deux jeunes jardiniers à Litieu (Foréké-Dschang)

Sur cette photo, on observe deux jeunes jardiniers au repos dans leur exploitation de tomate sur un versant du village Litieu (Foréké-Dschang). Ils précisent être des frères qui ont décidés de mettre ensemble leurs économies afin de produire la tomate qu'ils vendront dans la ville de Dschang. Cette situation témoigne de l'importance du sexe masculin dans cette activité d'autant plus qu'elle exige un important travail physique.

Vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, à l'exemple des toutes les contrées agricoles du Cameroun, l'arrondissement de Dschang se trouve face à une dépression économique sans précédent qui a bouleversé de façon profonde son paysage économique et socio-spatial. Jadis ancien bassin à prédominance caféière,notamment arabica, cet espacedans lequel les conséquences de la crise furent notoires, fera face à un impératif : celui de la douloureuse reconversion vers le vivrier en général et en particulier vers le maraîchage. Désormais, hommes et femmes se partagent les circuits de l'activité maraîchère (production, commercialisation, négoce, etc.) Cette situation qu'a connue l'arrondissement a bouleversé le paysage socio-économique et spatial de l'arrondissement, tout en entrainant une reconfiguration socio-spatiale.

Etats des lieux du paysage socio-économique l'arrondissement de Dschang avant la crise

La crise économique de la fin des années 1980 dans l'arrondissement de Dschang

Les conséquences de la crise économique dans l'arrondissement de Dschang

Une vie rythmée par l'économie caféière

L'activité vivrière et maraîchère : des activités marginales et essentiellement féminines

L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle et de l'encadrement de l'activité agricole dans l'arrondissement

§ La baisse drastique des prix du café payé aux agriculteurs

§ La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO - CAPLAME

§ La perte des emplois et l'abandon scolaire

§ La reconversion des agriculteurs

§ L'émergence et le développement de l'activité vivrière et maraîchère

§ Chocs pétroliers des années 1970

§ Baisse des prix des produits de rente sur le marché international (cacao, café)

Figure 21 : Schéma synoptique du chapitre III

CHAPITRE IV :

LES FACTEURS DE L'ÉMERGENCE DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Dans ce chapitre, il sera question d'identifier et de mettre en évidence les facteurs qui, combinés, expliquent l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique, eu égard aux bouleversements socio-économiques et spatiaux engendrés par cette dernière dans l'arrondissement.

4.1. Historique

La tomate (Lycopersicon esculentum)est un légume de la famille des Solanaceae. Originaire des Andes d'Amérique du Sud,elle fut domestiquée au Mexique puis, introduite en Europe en 1544. De là, sa culture s'est propagée en Asie du Sud et de l'Est, en Afrique et auMoyen Orient.

Elle fut introduite dans l'arrondissement de Dschang en 1987 par Victor Assoptia, ingénieur agronome. Séduit par les rendements de cette plante à Foumbot, une ville toute proche, il l'expérimente à Litieu19(*) son village natal. À partir de là, cette culture va se répandre dans l'arrondissement sous l'effet de la dépression économique. Jeunes, anciens étudiants, anciens caféiculteurs et femmes vont s'y mettre. D'autant plus que « les gains sont non moins onéreux », comme le témoigne un jardinier. En outre, le rendement monétaire de la tomate parmi les spéculations maraîchères est le plus important. (Koumakoyé A., 2007). La réussite de cette reconversion vers la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient ses fondements de la conjonction de facteurs intrinsèques et extrinsèques.

4.2.Les facteurs de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

L'émergence et le développement de la culture de la tomate dans cet espace, jadis à prédominance caféière, relèvent de plusieurs facteurs :

v Les facteurs internes

v Les facteurs externes

4.2.1. Les facteurs internes

Les facteurs internes qui expliquent l'émergence et le développement de la culture de la tomate se présentent sous deux principaux aspects :

Ø Les conditions écologiques du milieu

Ø Les facteurs humains

4.2.1.1. Un milieu écologique particulièrement propice

Généreusement doté par la nature, l'arrondissement de Dschang présente un environnement physique favorable à la pratique de la culture de la tomate du point de vue des types de sols et des conditions climatiques qui y sont favorables.

v Sur le plan pédologique

La tomate n'est pas très exigeante. Elle pousse sur la plupart des sols minéraux qui ont une bonne capacité de rétention de l'eau, une bonne aération et qui sont libres de sels. Elle préfère les terres limoneuses profondes et bien drainées. La couche superficielle du terrain doit être perméable. Cependant, son développement sied considérablement sur des sols de textures diverses à l'instar des sols sablo-limoneux et argilo-sableux dépassant la profondeur de 60 cm. Or, au regard de la configuration physique de l'arrondissement de Dschang, on constate que celui-ci présente 4 principaux types de sols :

· Les sols volcaniques qu'on retrouve sur la majeure partie des versants des montagnes.

· les sols ferralitiques dans la zone de haute altitude, qui sont plus ou moins rouges avec une texture limoneuse, argileuse ou sablo argileuse.

· les sols humifères dans les zones de moyenne altitude qui sont présents sous le couvert forestier.

· Les sols hydromorphes qui sont gorgés d'eau et situés dans les bas-fonds inondables.

De plus, il faut noter que la tomate tolère, en ce qui concerne le niveau d'acidité, une variété de sols. Toutefois, elle pousse mieux sur les sols dont le pH (niveau d'acidité) varie entre 5,5 et 6,8. Les sols de l'arrondissement de Dschang, comme ceux du département de la Menoua en général, ont un pH globalement compris entre 4,8 et 6,5. (Annexe 8).Ces derniers se trouvent à cet égard très favorables à la pratique de la tomate du fait de leur diversité et de leur acidité.

On s'aperçoit que sur la base de la typologie des sols, l'arrondissement de Dschang paraît particulièrement propice à la culture de la tomate. D'autant plus qu'il est constitué de sols globalement favorables à la pratique de cette culture. C'est ce qui explique son adoption quasi-généralisée et sa pratique presque générale dans l'arrondissement.

v Sur le plan climatique

Il faut noter que la culture de la tomatedemande un climat relativement frais et sec pour fournir une récolte abondante et de qualité. Néanmoins, la plante s'est adaptée à une grande diversité de conditions climatiques, spécifiquement le climat tropical chaud et humide. La température optimale pour le développement de la plupart des variétés se situe entre 21 et 24°C.

Lorsqu'on observe la courbe d'humidité relative de l'arrondissement de Dschang (Fig. 22), on se rend à l'évidence que cet espace offre un climat particulièrement favorable à la culture de la tomate.

De plus, l'observation du diagramme ombro-thermique de l'arrondissement à la station de Dschang, nous permet également de constater qu'au cours de l'année, la température oscille autour de 20-22°C. Ce qui ne dépasse guère le seuil thermique optimal de développement de la tomate. Ajouté à cela, la pluviométrie, qui y est aussi importante, car elle s'étend sur 9 mois ; ce qui favorise plusieurs cycles de culture tout au long de l'année. (Annexe 7)

Au regard de ce qui précède, il faut dire que l'environnement agro-écologique de l'arrondissement de Dschang, sur le plan climatique et pédologique, apparaît au regard de sa configuration,particulièrement propice à la pratique de la culture de la tomate. Il faut également préciser qu'au lendemain de la crise économique, ce milieu physique favorable a particulièrement influencé et induit l'émergence et le développement de la culture dans cet espace. Toutefois, cette émergence n'a été véritablement possible que par l'intervention de la sphère anthropique.

Source : Tsalefac, 1999

Figure 22: Humidité relative à Dschang en 1998

4.2.1.2. Les facteurs humains : moteurs de l'émergence

L'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient également à l'influence humaine. Influence qui revêt plusieurs aspects :

v Le dynamisme des jardiniers

La configuration scolaire de la population-cible montre en effet un relatif dynamisme. Seulement 13,72% de celle-ci n'a jamais été à l'école. Ce qui signifie que pas moins de 86, 28% de cette population a fait des études, au moins primaires. Sur ces 86,28% ;11, 74% a fait des études supérieures contre respectivement 32,35% et 42,15% pour le secondaire et le primaire. (Figure23). Ceci signifie que la majorité de cette population a un niveau d'étude élémentaire.

Force est donc de constater que la majeure partie de cette population est éduquée. Le deuxième constat qui ressort ici est que les disparités entre groupements ne sont pas très prononcées. Néanmoins, il faut dire que le groupement Fotetsa est légèrement en marge par rapport aux groupements Foréké-Dschang et Foto. Cette situation peut-être expliquée par la proximité des 2 derniers groupements du principal centre urbain ou encore de l'urbanisation progressive de ces 2 groupements entrainant des migrations vers ces derniers. Cette situation confirme la théorie de l'adoption de l'innovation de Everett, selon laquelle plus on est à proximité de l'innovation, plus on est susceptible de l'adopter rapidement.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 23 : Répartition de la population par groupement et en fonction du niveau d'instruction

v Le rôle des migrations

Il convient également de relever qu'une proportion non négligeable de la population enquêtée est le produit des migrations. La figure24 présente la répartition de la population suivant la variable : « Autochtones ou allogènes ». Il en ressort que 12,74% de celle-ci est le produit des migrations. Ces migrations, ont sans doute contribué à la dynamisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Celle-ci a pris des proportions importantes, d'autant plus que la demande est sans cesse grandissante, en particulier dans les centres urbains.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013 Figure 24 : Jardiniers autochtones et allogènes par groupement

De même, la configuration par âge de la population (Fig.25)laisse entrevoir une certaine vivacité. Cette population est essentiellement jeune. Plus de la moitié de l'échantillon est âgée entre 30 et 40 ans, soit 51,90%.On note également une proportion importante de jardiniers ayant moins de 30 ans, environ 19,60%. Cette jeunesse de la population cible explique en grande partie le dynamisme de la culture de la tomate dans l'arrondissement. D'autre part, il convient de noter que le caractère juvénile de cette population s'explique également par le fait que la culture de la tomate, contrairement aux cultures saisonnières et annuelles pratiquées, exigent d'énormes sacrifices physiques et d'importantes contraintes de temps. Par exemple, lors d'un cycle de culture de la tomate, il faut labourer ou retourner le sol, préparer la pépinière qui va accueillir les semences, semer dans les pépinières ; ensuite, après 2 à 3 semaines il faut repiquer la parcelle labourée à l'effet d'accueillir les jeunes plants, arroser matin et soir, nettoyer les herbes, répandre les engrais, tuteuriser certains plants et ce pendant au moins 3 mois avant de récolter. Et un nouveau cycle recommence. Ceci requiert un potentiel physique important. C'est pour cette raison, comme nous confie un jardinier, « que les jeunes sont nombreux dans cette spéculation maraîchère »

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 25: Répartition de la population par âge et par groupement

v Le rôle de l'université de Dschang

Il faut toutefois noter qu'en marge des facteurs humains susmentionnés, la création de l'université de Dschang a induit un accroissement rapide de la population de la ville de Dschang et de sa zone périphérique. Selon le recensement général de la population de 2005, la ville de Dschang comptait environ 63.161 habitants, cette population en suivant une évolution géométrique serait estimé aujourd'hui à environ 76.358 habitants. Cette population essentiellement urbaine, majoritairement estudiantine, a induit de ce fait une augmentation de la demande locale en tomates pour la consommation. Cette demande est d'autant plus importante que la tomate est un fruit très prisé pour l'alimentation. De plus, la prolifération et le développement de l'activité de Bayam-sellam, (Annexe 6)témoigne de l'accélération de l'urbanisation de Dschang, de même de l'augmentation rapide de la population. Entrainant ainsi l'augmentation de la demande.

Figure 26 : Spatialisation de la population de l'arrondissement de Dschang entre 2005 et 2012

De plus la figure 26 nous permet également de se rendre compte qu'entre1987 et 2012, la population de l'arrondissement a fortement augmenté. Ainsi que le périmètre urbain. Cette figure nous permet d'observer au cours de cette période une densification de la population, dans ce périmètre urbain, en la faveur des migrations (campagnes profondes vers le centre urbain) et de l'explosion du nombre d'étudiants. La tâche urbaine représentait en 1987, 687 hectares. Celle-ci a triplé en 2012, avoisinant 2 000 hectares. Il faut noter qu'en 1993 à la création de l'université, le nombre d'étudiants était de 1475. Celui-ci est passé à 12 000 étudiants en 2000-2004 (Archives du rectorat 2004). Ce chiffre avoisinerait les 18 000 étudiants en 2012. Ceci constitue dans la pratique, une augmentation conséquente de la demande en produits maraîchers en particulier la tomate pour la consommation.

A côté de cette augmentation significative la population de la ville de Dschang entre 1987 et 2012, signalons également que la population de l'arrondissement tout entier a connu le même rythme d'évolution au cours de la période sus-citée. En outre l'augmentation de la demande à l'échelle nationale dûe à la croissance démographique générale du Cameroun, explique aussi le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

4.2.2. Les facteurs externes

Plusieurs facteurs externes justifient l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

4.2.2.1. La crise économique et ses multiples conséquences

Comme nous l'avons examiné au chapitre trois, la crise économique de la fin des années 1980 a eu une pléthore de conséquences économiques et socio-spatiales dans l'arrondissement de Dschang : reconversion, chômage, masculinisation du maraîchage, etc. Toutefois, l'une des conséquences notoire de cette crise fut la reconversion vers le maraîchage et en particulier vers la culture de la tomate. La figure 27nous montre qu'un nombre important de jardiniers s'est retrouvé dans la culture de la tomate sous l'effet de la crise. 20,58% des jardiniers enquêtés sont des reconvertis de la crise. Cette activité est d'autant plus importante dans l'arrondissement que le nombre d'exploitants ne cesse d'augmenter.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 27 : Raisons du démarrage de la culture de la tomate

4.2.2.2. L'explosion de la demande dans les centres urbains

En dehors de la crise économique qui a secoué le Cameroun, l'augmentation de la demande des centres urbains en tomate constitue également un fondement de l'émergence et du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. La ville de Douala, où est concentré la majorité des grossistes-exportateurs de tomates, est dans ce sens l'un des centres urbains que l'arrondissement de Dschang approvisionne. A côté de cette grande métropole, il y a les villes de Dschang, Bafoussam et Nkongsamba en direction desquelles des cargaisons de tomates en provenance de l'arrondissement de Dschang se dirigent. Le développement de plus en plus croissant de l'activité de « Bayam-Sellam »20(*), dans la ville de Dschang, est à ce titre une marque de l'explosion démographique. (Annexe5). Le graphique 28 montre en effet la direction des récoltes des jardiniers par groupements. Le constat qui en découle est que les villes de Dschang, Douala et Bafoussam constituent les principaux pôles que l'arrondissement de Dschang alimente en tomates. (Fig. 29) Nkongsamba est un pôle secondaire mais non moins important.

Ce graphiquenous permet en outre de constater que la ville de Dschang est en théorie le principal exutoire des récoltes des jardiniers de l'arrondissement. Cependant, dans la pratique, le principal pôle de collecte des productions de tomates de l'arrondissement est la ville de Douala. Car, de nombreux jardiniers affirment ne pas connaitre les circuits de commercialisation de leurs productions, se contentant juste d'acheminer leurs récoltes dans la ville de Dschang où des grossistes disposant de camionnettes, les acheminent vers Douala.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 28 : Destination des récoltes des jardiniers par groupement

Figure 29 : Spatialisation proportionnelle de la destination de la tomate en provenance des groupements de l'arrondissement de Dschang

Cliché Fofack Mujia, janvier 2013

Photo 3: Cargaison à acheminer en direction de Douala

Surla photo 3,on observe une cargaison de récoltes qui est chargée dans une camionnette afin d'être acheminer vers Douala. En arrière-plan, on observe la présence d'un marché où les denrées sont exposées à même le sol. Ce point de vente situé sur la route de la grande gare routière, est l'un des principaux points d'approvisionnement des grossistes auprès des jardiniers. Et c'est justement à cet endroit que bon nombre de jardiniers écoulent leurs productions. C'est pour cela qu'au cours de l'enquête, la ville de Dschang a été citée par les jardiniers comme le principal lieu d'écoulement des récoltes, alors qu'en réalité c'est bien la ville de Douala. La ville de Dschang ne sert que de relais lors de l'acheminement des récoltes.

4.2.2.3. La libéralisation des tous les secteurs de l'activité agricole

La libéralisation des tous les secteurs de l'activité, intervenue au lendemain de la crise économique, a été un facteur important dans l'émergence de la production vivrière et maraîchère au Cameroun, en particulier la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Devant la faillite des organismes étatiques de contrôle, de suivi et d'encadrement des paysans, et donc le désengagement de l'Etat vis-à-vis du secteur agricole, les pouvoirs publics vont libéraliser tous les circuits de la production agricole. De l'importation à la vente des intrants agricoles en passant parla commercialisation des produits agricoles. Cette mesure étatique va favoriser l'irruption des nouveaux acteurs dans le monde rural au Cameroun.

4.2.2.4.Le rôle de l'État à travers le décret autorisant la création des organisations paysannes

Dans le processus d'émergence de l'activité maraîchère et vivrière en général et en particulier de la culture de la tomate, l'État a joué un rôle important. À travers la loi n°92/ 006 du 14 août 1992 précisant les modalités de création des sociétés de coopératives et Groupes d'Initiatives Communes (GIC) en remplacement de la loi n°73/15 du 07 décembre 1973, portant statut des sociétés de coopératives (ElongJ. G., 2005),l'État y a joué un rôle décisif. Cette loi a favorisé un développement accru de l'initiative communautaire. Ça et là, on observe une multiplication des GIC et des coopératives de paysans.

4.2.2.5. L'irruption des nouveaux acteurs

Consécutive à la loi de 1992qui autorisait la création des GIC et des coopératives, l'arrondissement de Dschang, à l'aube des années 1992-1993, enregistrera l'apparition de nouveaux acteurs. Ceux-ci étant présents aussi bien dans la commercialisation des intrantsque dans l'encadrement, la collecte et la vente des récoltes. Cette situation afortement impacté cette partie du pays, dans la mesure où elle a contribué au développement de la synergie des efforts chez les paysans.Le tableau7nous montre la répartition des organisations paysannes par département de la région de l'Ouest au 30 Juillet 2004. Le constat qui se dégage est celui de l'explosion de celles-ci dans la région de l'Ouest au lendemain de la crise et après la signature du décret autorisant leur création. Le seul département de la Menoua comptait à cette date : 747 GIC, 13 unions des GIC, 1 Fédération des Unions de GIC, 8 coopératives agricoles et 13 coopératives d'épargne et de crédits, faisant un total de 782 organisations rurales en 2004.Ainsi, la Menoua occupait la deuxième place en termes d'organisations paysannes, juste après le département de la Mifi.

Tableau 7 : Les organisations rurales inscrites (coopératives et GIC) à la délégation régionale de l'agriculture de l'Ouest au 30 Juillet 2004

Département

GIC

UGIC

FUGIC

COOP.

UCOOP

COOPEC.

TOTAL

Observation/

Evaluation

1

Mifi

761

8

1

22

1

56

850

+24 Normale

2

Menoua

747

13

1

8

/

13

782

+37 Rapide

3

Noun

717

10

/

11

1

11

752

+44 Rapide

4

Bamboutos

532

7

/

7

/

10

556

+16 Lent

5

Haut Nkam

420

12

1

5

/

8

446

+18 Lent

6

Hauts plateaux

290

10

/

4

/

4

305

+3 Très lent

7

Ndé

282

1

/

2

/

7

292

+32 Rapide

8

Koung-Khi

199

2

/

2

/

4

207

+7 Très lent

TOTAL

/

3948

63

3

61

2

112

4190

+ 181 Rapide

O.I: Organisation inscrite à la délégation régionale de l'agriculture et du développent rural

GIC: Groupes d'initiative commune

UGIC: Union des groupements d'initiative commune

FUGIC : Fédération des unions des groupements d'initiative commune

COOP. : Coopérative

COOPEC: Coopérative d'épargne et de crédit

Source : Délégation régionale de l'agriculture de l'Ouest

En plus de ces GIC et coopératives rurales, les nouveaux acteurs privés vont également prendre le monopole de la commercialisation des intrants et du financement des microprojets à l`instar des établissements de micro-finance telque la MC2. Boostant de ce fait l'activité agricole et l'investissement individuel.

Seulement deux décennies séparent la crise économique de la prééminence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Cette prééminence est juxtaposée à la conjonction d'une pléthore de facteurs endogènes et exogènes. La générosité de l'environnement naturel (conditions agro-écologiques favorables) combinée au dynamisme des jardiniers, auxquels s'ajoutent les conséquences de la crise, les lois relatives aux GIC et coopératives et surtout l'explosion de la demande des centres urbains ou des grossistes pour l'exportation sont autant d'éléments considérés comme facteurs de l'émergence de la culture de la tomate dans cet arrondissement. Arrondissement qui hier encore était, à l'exemple de tous ceux de l'Ouest, un bassin caféier ; aujourd'hui, il est un important pôle de production de tomate. Dans ce processus de développement de la culture de la tomate dans cet espace, quels sont les principaux acteurs impliqués et leurs rôles respectifs ?Quelles sont les stratégies endogènes ou paysannes mises en oeuvre pour cette cause ? Les réponses à ces interrogations constituent l'essence du chapitre suivant.

Figure 30 : Schéma synoptique du chapitre IV

Les facteurs de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement deDschang

§ Sur le plan climatique

§ Sur le plan pédologique

§ Le dynamisme des jardiniers

§ Le rôle des migrations

§ Le rôle de l'université

EMERGENCE DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Les facteurs internes

Les facteurs externes

Un milieu écologique particulièrement propice

Les facteurs humains : moteurs de l'émergence

§ La crise économique et ses multiples conséquences

§ L'explosion de la demande dans les centres urbains

§ La libéralisation des tous les secteurs de l'activité agricole

§ Le rôle de l'État à travers le décret autorisant la création des organisations paysannes

§ L'irruption des nouveaux acteurs

TROISIEME PARTIE:

PRESENTATION, VERIFICATION DES HYPOTHESES, CRITIQUE DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

Cette partie est le lieu de la mise en évidence des stratégies de développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ainsi que de la vérification des hypothèses de recherche formulées plus haut. Elle débouchera par la suite à la critique de nos résultats eu égard à la démarche méthodologique qui a été mobilisée et les données qui ont été collectées. Elle s'achèvera sur la formulation des recommandations inhérentes à notre recherche.

CHAPITRE V :

DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG: FONDEMENTS, ACTEURS, STRATÉGIES, CONSÉQUENCES ET PROBLÈMES

Au lendemain de la crise économique, l'arrondissement de Dschang va connaître deux faits majeurs : dans un premier temps une reconversion quasi-générale vers l'activité maraîchère et vivrière et particulièrement la culture de la tomate, dont les rendements et les revenus monétaires sont de plus en plus considérables ; ensuite, une diversification du paysage des acteurs dont l'interaction conjointe a conduit au développement de l'activité maraîchère et donc de la culture de la tomate. Quels sont ces acteurs ? Quels sont leurs rôles et stratégies respectifs ? Quelles en sont les conséquences sur la production ? Il sera donc question dans ce chapitre de mettre en relief la typologie des acteurs impliqués dans le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement et leur rôle respectif. Ce chapitre insistera sur les fondements du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, les stratégies des acteurs, en l'occurrence des paysans, ainsi que les conséquences inhérentes à l'interaction des ces stratégies. Il s'achèvera sur la présentation des problèmes auxquels font face les jardiniers de l'arrondissement.

5.1. Fondements du développement de la culture de la tomate


Le développement de l'activité maraîchère et de la culture de la tomate en particulier, tient à 2 principaux fondements :

Ø Le souci d'amélioration des conditions de vie des populations

Ø La politique de la relance de la production vivrière au Cameroun et dans l'arrondissement de Dschang en particulier



5.1.1. Le souci d'amélioration des conditions de vie des populations

Au lendemain de la crise, l'amélioration de la situation de la microéconomie familiale et donc du niveau de vie, constitue une priorité pour les paysans. Les conséquences de cette crise furent telles que le niveau de vie des populations avait considérablement régressé. Car : « [...] le revenu des planteurs avait baissé de 83% entre 1985 et 1997 ».(Ngouanet, 2001)

Face à cette situation, et étant donné le fait que l'activité caféière ne nourrissait plus son homme, la recherche de nouvelles sources de financement dans les ménages prévalait. L'activité maraîchère et particulièrement la culture de la tomate apparaissait à cette période et dans cet arrondissement comme l'une des seules, sinon l'unique, alternative pour les paysans de rapporter des revenus dans les foyers. D'autant plus que l'activité maraîchère, par opposition à la caféiculture, est une activité dont les revenus sont fiables et échappent aux exigences internationales. Cette situation va accroître l'intérêt des paysans pour la culture de la tomate d'autant plus qu'elle est loin d'être une culture annuelle. Elle peut être pratiquée sur plusieurs cycles au cours de l'année (plus de 4 cycles/an). Le tableau 8 présente la proportion par groupement des réponses en suivant la variable« raisons de la pratique de la culture de la tomate ». L'analyse qui en découle permet de constater que dans l'ensemble, la population enquêtée, soit un pourcentage de 69,60% s'est tourné vers la culture de la tomate, principalement pour améliorer le quotidien. Etant donné que celle-ci se pratique pendant au moins deux cycles de cultures par an, elle apparaît comme une spéculation très importante du point de vue de sa rentabilité monétaire.

Tableau 8: Répartition des jardiniers selon l'intérêt pour la culture de la tomate

Groupements

Raisons de la pratique de la culture de la tomate

Total

Emploi

Améliorer les conditions de vies

Facile à cultiver

Foréké-Dschang

7

34

3

44

Foto

17

31

0

48

Fotetsa

4

6

0

10

Total

28

71

3

102

Pourcentage(%)

27,45

69,60

2,95

100

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

5.1.2. La politique gouvernementale de relance de la production vivrière au Cameroun

Pour l'État, la diversification et l'accroissement des productions vivrières au lendemain de la crise se trouve être plus qu'une exigence. L'amélioration des conditions de vie des populations mais bien plus l'accroissement de ces productions et des exportations, donc la rentrée des devises, justifient la politique étatique de relance de la production vivrière. Cette dernière, qui s'est déroulée en quatre principales phases, est marquée au départ par une période de latence avant de connaître son véritable couronnement au cours de la décennie 2000-2010 :

v La phase de sensibilisation (1990 - 1995) : qui est la phase suivant l'élaboration de la nouvelle politique agricole de l'Etat. Elle fut axée uniquement sur la sensibilisation.

v La phase d'implémentation (1996 - 2001) : Après la phase de sensibilisation, ce fut celle de l'implémentation de la politique de relance proprement dite. Cette étape fut également marqué par le développement effréné des GIC et de ce fait de la mobilisation de l'Etat afin d'appuyer les paysans.

v La phase active (2002 - 2011) : S'agissant de la troisième phase de cette politique, elle est caractérisée par la mise sur pied et l'opérationnalisation d'une multiplicité de projets et de programmes-cibles à l'instar du programme ACEFA ou encore PNVRA. (Annexe 5), à travers lesquels les paysans bénéficient de l'appui multiforme de l'Etat et de ses partenaires de développement. Cette phase a été très active à partir de 2006, date à laquelle le Cameroun a atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE. Marquant ainsi la reprise de la croissance économique depuis la crise et la dévaluation.

v L'agriculture de seconde génération depuis 2011 : Dernière étape de cette politique de relance de la production vivrière au Cameroun, cette étape est plus récente, et fut officiellement lancée en 2011 lors de la tenue du comice agro-pastoral d'Ebolowa. Cette phase a pour objectif principal, la transformation de l'agriculture traditionnelle camerounaise en une agriculture moderne, à même de garantir à la fois l'amélioration des conditions de vie des paysans et la rentrée des devises.

5.2. Typologie des acteurs et leurs stratégies

L'analyse du champ des acteurs au cours de notre recherche nous a permis de distinguer quatre principaux types d'acteurs aux rôles divers :

ü L'Etat

ü Les partenaires au développement

ü Les micro-finances

ü Les paysans (jardiniers)

5.2.1. Les pouvoirs publics et leur rôle dans le développement de l'activité maraîchère dans l'arrondissement de Dschang

Le rôle des pouvoirs publics dans le développement de l'activité maraîchère dans l'arrondissement de Dschang tient à deux principales échelles : au niveau institutionnel et au niveau pratique.

An niveau institutionnel, comme nous l'avons précisé précédemment, l'État a contribué dans un premier temps à la mise sur pied d'une nouvelle politique agricole axée sur la relance et la diversification de la production vivrière et maraîchère.Il a ensuite contribué à la mise en oeuvre des lois relatives aux organisations paysannes et à la libéralisation du secteur agricole, ce qui a donné un nouveau souffle à l'agriculture, permettant ainsi aux paysans de renouer avec la production.

Au niveau essentiellement pratique, l'État joue également un rôle majeur sur le terrain en matière de relance des filières vivrière et maraîchère dans l'arrondissement de Dschang. La multitude de projets en cours ou mis en place à travers le MINADER (Annexe 5), tels que le PNVRA, dontactivités sur le terrain portent sur :

ü Le suivi des microprojets

ü L'encadrement des organisations paysannes

ü L'organisation des séances de formation et d'accompagnement des organisations paysannes dans le cadre de l'appui-conseil

ü L'organisation des journées portes ouvertes dédiées aux paysans

ü La formation d'AVZ

ü L'organisation des campagnes de luttes fongiques pour les cultures maraîchères.

La réalisation de la feuille de route des projets conduits par les pouvoirs publics par le biais du MINADER affiche un taux de réalisation oscillant autour de 75 à100% au cours de l'année 2012(Rapport DDADER Dschang, 2012).

La contribution de l'État dans l'activité maraîchère de l'arrondissement de Dschang est multiforme(Fig. 32).Les jardiniers appartenant à des organisations paysannes bénéficient principalement de séances de formation et d'encadrement, et parfois de financements des projets agricoles et de dons d'intrants agricoles offerts par l'État. (Encadrés 1 et 2)

Encadré 1 : Entretien avec Mme Tombet Marie-Claire, délégué de l'union des GIC de l'arrondissement de Dschang.

Le MINADER aide matériellement et financièrement les paysans de l'arrondissement. L'année dernière par exemple, le MINADER a octroyé un don d'engrais aux paysans de l'union des GIC de l'arrondissement. Ce don a été partagé à tous les GIC enregistrés, y compris ceux situés dans les zones rurales et enclavées comme Fotetsa, Fongo-Ndeng et Fossong Wentcheng. On déplore cependant le fait qu'il existe de nombreux GIC virtuels qui n'apparaissent que les jours de fêtes ou à l'annonce de dons.

Encadré 2 : Entretien avec un membre du GIC ADJEPAF (Association des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu)

Nous recevons de l'aide financière et en services du MINADER et du programme ACEFA. Avant, on était des producteurs mal organisés. Mais aujourd'hui, notre production va croissante. La preuve, en 2006, on a eu un bénéfice de 500 000FCFA pour la vente de la tomate. On a également de nettes améliorations en ce qui concerne l'entretien des pépinières, le repiquage et le traitement phytosanitaires grâce aux AVZ qui nous apportent leur soutien. Nos surfaces d'exploitation augmentent également. En 2006, on avait 5OOOm2 de tomates avec une production de 536 cageots. Aujourd'hui, grâce aux crédits et aux aides, on a pu acquérir de nouvelles parcelles. On a produit au cours de l'année 2011, 756 cageots de tomate malgré les maladies qui ont attaqué nos exploitations.

5.2.2. Les partenaires au développement

Les partenaires au développement ont également contribué au développement agricole au Cameroun en général et dans l'arrondissement de Dschang en particulier. L'un des programmes phare financé par les partenaires au développement à l'instar de l'Agence française de développement (AFD), dans le cadre du D, est le programme ACEFA. Le programme ACEFA vise l'amélioration des performances économiques des principales filières agropastorales du Cameroun et l'augmentation des revenus des producteurs agricoles. Il vise plus spécifiquement:

ü L'amélioration des capacités de la gestion technico-économique des exploitants et de leurs regroupements ;

ü Le renforcement des capacités de production et la valorisation des produits agricoles par le cofinancement des projets portés par les groupements de producteurs ;

ü L'amélioration de la gouvernance des groupementset celui des services rendus par ces derniers aux exploitants agricoles ;

ü Le renforcement de l'implication des organisations professionnelles dans l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des politiques publiques agricoles territoriales et nationales.

Dans l'arrondissement de Dschang, les résultats du programme ACEFA sont non moins importants. Plusieurs groupements de paysans ont été suivi et appuyé, plusieurs projets ont été réalisés et de multiples réunions et séances de formations organisées. (Rapport DDADER Dschang, 2012). L'encadré 2 présenté plus haut montre la contribution du programme ACEFA dans l'encadrement et le financement des projets de groupements de paysans, en particulier des maraîchers du village Fonakeukeu.


5.2.3. La micro-finance au service de la production maraîchère

Les institutions de micro-finance, en dépit de leur développement accéléré dans l'arrondissement de Dschang (environ une quinzaine), contribue très faiblement au financement agricole notamment à la culture de la tomate. L'essentiel de leur financement est tourné vers le commerce. (Bouyo K N, 2008). Toutefois, il faut remarquer que la micro-finance contribue également au développement de la culture de la tomate dans cet espace. (Tableau9). Une très faible proportion de jardiniers a eu accès aux crédits provenant des micro-finances pour le démarrage de leur activité. Il s'agit essentiellement des hommes. On s'aperçoit que les femmes rurales (pratiquant l'agriculture) sont exclues du système de financement par la micro-finance dans cet arrondissement.


5.2.4. Les paysans

Le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang repose sur la mise en oeuvre d'une pléthore de stratégies émanant des paysans.

5.2.4.1. Le développement d'un nouvel esprit associatif : les GIC

L'une des formidables formes d'adaptations aux multiples mutations dans l'Ouest Camerounest le développement de GICqui fait suite au décret autorisant la création des organisations paysannes. Il s'agit là des «  organisations à caractère économique et social des personnes physiques volontaires, ayant des intérêts communs et réalisant à travers le groupe des activités communes »21(*). Ce sont là de nouveaux organismes paysans d'encadrement de faible importance. En effet, le développement des GIC va accentuer l'esprit d'entraide et le travail communautaire. Ainsi, dans la pratique, les tâches des GIC sont aussi variées que leurs objectifs. Les paysans faisant partie d'un GIC se relayent par exemple dans la création des parcelles, dans le labour, le repiquage, les récoltes et le transport.En bref, dans tous les travaux qui entourent la production et la commercialisation des différentes spéculations. De plus, ces structures traditionnelles jouent un rôle d'encadrement non moins important auprès de la communauté des paysans. C'est ainsi qu'ils sont considérés comme «  des véritables écoles de formation des paysans » (Elong J. G., 2005).En plus de cet effort communautaire, il faut noter que ces GIC reçoivent de l'aide multiforme venant de l'État. Cette aide allouée aux GIC peut être soit des dons de matériels agricoles, des semences améliorées, ou encore l'encadrement des paysans aux nouvelles pratiques et techniques. (Fig.32.) On voit s'aperçoit que 35,29% des jardiniers enquêtés sont membres d'un GIC. Toutefois, on remarque une prédominance de l'individualisme chez les jardiniers car jusqu'à 64,70% de jardiniers ne sont pas membres d'un GIC (Fig. 31). Cette situation s'explique par deux éléments : d'abord une bonne partie des jardiniers enquêtés a affirmé ne pas avoir les informations nécessaires sur la procédure de création des GIC ; ensuite,d'autresont justifié leur non adhésion aux GIC par le fait qu'ils se sentent plus à l'aise lorsqu'ils pratiquent leur activité de façon individuelle.

Figure 31 : Appartenance aux GICs

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 32: Nature de l'aide de l'État aux GIC

5.2.4.2. Mode d'acquisition des parcelles
L'importance monétaire de la culture de la tomate a favorisé la mise en place d'une nouvelle forme d'économie rurale. Cette dernière étant fondée en grande partie sur la location des parcelles de cultures. Le rendement financier de cette spéculation a en effet induit une augmentation considérable de demande en terres. Les terres, qui jadis étaient dans la région des propriétés familiales et donc se transmettaient par le biais de l'héritage, connaissent un tout autre sort. La masse considérable de néo-maraîchers, qui sont jeunes pour la plupart, combinés au produit des migrations (migrants de retour) et au poids démographique, entraine une rareté de terres pour la pratique du maraîchage. La conséquence immédiate est le développement de la location et de l'achat de parcelles comme modes d'accès à la terre pour la pratique de la culture de la tomate.(Fig.33)


Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 33: Modes d'accès à la terre


La figure 33 montre le mode d'accès à la terre de la population enquêtée. Il ressort de ce graphique que 43,13% de la population pratiquant la culture de la tomate la pratique sur une propriété qu'elle loue. Il faut également préciser que la location des terres varie considérablement en fonction qu'on se trouve en zone rurale ou en zone périurbaine. De ce fait, on a constaté que celle-ci était très développée dans les espaces périurbains à l`instar de Tsoutsang ou encore de Titia et Siteu, tous situés dans le groupement Foto. Contrairement au groupement Fotetsa, espace essentiellement rural où la location de la terre n'est pas encore répandue. Le second constat est que cette location varie également de la zone rurale à la zone périurbaine de la ville de Dschang. Pendant que les parcelles en zones rurales se louent soit en nature (partie des récoltes) soit suivant des montants variant entre 5000 FCFA et 15 000FCFA par campagne agricole, la location en zone périurbaine est essentiellement monétaire et les prix varient selon la localisation (bas-fonds, bas de versant, versant) et selon la saison et peuvent atteindre la fourchette de 80 000 FCFA à90 000 FCFApar saison agricole suivant la taille de la parcelle. (Kounchou, 2008).La valeur des bas-fonds a considérablement accru. Ils constituent des espaces très prisés du fait de leur facilité de mise en culture, de ses sols hydromorphes et surtout de la disponibilité en eau, véritable pilier de la culture de la tomate. L'irruption des néo-maraîchers disposant d'un capital financier important a favorisé la multiplication de l'achat comme mode d'accès aux parcelles de cultures. De ce fait, 13,72 % des jardiniers ont accédé à la terre par achat. Ce mode d'accès à la terre témoigne du développement d'une véritable économie rurale fondée sur l'investissement.

5.2.4.3. Modes de financement de l'activité


La provenance des moyens financiers nécessaires au démarrage de l'activité varie d'un jardinier à l'autre. Néanmoins, la synthèse des réponses nous a permise de constater que le mode de financement dominant chez les jardiniers demeure l'épargne personnelle. 40,2% des jardiniers affirment que l'argent indispensable pour se lancer dans la culture de la tomate est un apport personnel. La famille constitue également pour 9,8% des jardiniers, un créancier non négligeable. Le prêt et les tontines (marque de fabrique de la population de l'Ouest) y sont également utilisés comme moyens de financement de l'activité avec respectivement 5,9% et 36,3%.La micro-finance qui est quand même développée dans l'arrondissement (une quinzaine d'établissements de micro-finance) constitue une très faible source de financement de jardiniers. On se rend bien à l'évidence que l'entraide (familiale, par les tontines ou par les prêts chez des particuliers) et l'épargne personnelle constituent à 93,2% les modes de financements des projets agricoles. Démontrant ainsi ce que Dongmo a appelé en 1981 « le dynamisme bamiléké ». Il convient toutefois derappeler au regard du tableau9que le financement par la micro-finance n'est pas l'apanage des femmes. Cette situation permet d'établir une corrélation entre le niveau d'étude et l'accès au financement parlamicro-finance. On a donc pu constater dans cette population de jardiniers que les femmes sont moins instruites que les hommes, raison pour laquelle elles n'ont véritablement pas accès au financement de la micro-finance. Outre les garanties exigées pour obtenir un prêt, le manque de confiance des institutions de micro-finance vis-à-vis des femmes rurales et les taux de remboursement élevés ne permettent pas massivement aux femmes d'avoir des microcrédits. (Fokam, 2003 ; Djamen, 2005 ; Bouyo, 2005). De plus, on a constaté que la proportion des jardiniers qui utilise la micro-finance comme mode de financement de leur activitéa soit un niveau supérieur, soit un niveau secondaire dans une moindre mesure.

Tableau 9: Provenance des fonds pour le financement de l'activité


36

21

8

6

6

77

35, 3%

20, 6%

7, 8%

5, 9%

5, 9%

75, 5%

5

16

4

25

4, 9%

15, 7%

0

0

3, 9%

24, 5%

41

37

8

6

10

102

40, 2%

36, 3%

7, 8%

5, 9%

9, 8%

100, 0%

Effectif

Effectif

Effectif

Homme

Femme

Sexe

Total

Épargne

Personnelle

Tontines

Micro-fina

nces

Prêt

Apport familial

Provenance du capital pour l'investissement

Total


Source : Enquête de terrain, janvier 2013

5.2.4.4. Techniques de production

a) Techniques de culture

La culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ne déroge pas à la règle en ce qui concerne les techniques de production. L'outillage est cependant toujours rudimentaire, nécessitant ainsi d'importantes capacités physiques pour mettre en culture des parcelles de tomates. Face à ce défi de taille, certains jardiniers, dont les exploitations sont vastes, font usage d'une main d'oeuvre non pas familiale mais employée. Cette main d'oeuvre employée pour la plupart du temps pour des tâches ponctuelles (défrichage des parcelles, labour repiquage, désherbage, récoltes, transport), est payée en fonction du service rendu. Le recours à ces employés saisonniers permet aux grands maraîchers de multiplier les cycles de production au cours de l'année.

De ce fait, ces maraîchers pratiquent parfois jusqu'à 5 cycles de production l'année, contrairement aux petits jardiniers qui n'en font que 2 parce qu'ils n'ont pas de main d'oeuvre à leur disposition. Le tableau 11présente le calendrier agricole de la tomate cultivée en 2 cycles et en 5 cycles par an. Le tableau 10montre quant à lui le nombre de récoltes annuelles par groupement. Il ressort de ce dernier que 86,28% des jardiniers récoltent au moins 3 fois l'an et, par conséquent, ont au moins 3 cycles de cultures l'année. Le reste, c'est-a-dire 13,72%,a 2 cycles de cultures par an.

26,47% des jardiniers pratiquent plus de 3 cycles de cultures de la tomate par an. Cette proportion qu'on qualifie de grands jardiniers, se trouve principalement dans les groupements Foto et Foréké-Dschang. La proximité par rapport aux marchés d'écoulement expliquerait cette situation. Cette remarque confirme de surcroît la théorie de la diffusion de l'innovation d'Hagesrtrand, selon laquelle plus on est proche de l'innovation, plus on l'adopte rapidement.

Tableau 10:Nombre de récoltes annuelles par groupement

19

20

39

9

37

7

53

5

5

10

14

61

27

102

Foréké Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

2 fois

3 fois

+ 3 fois

Nombre de récoltes par an

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Tableau 11: Calendrier agricole de la culture de la tomate dans le groupement Foto

Spéculation

Tomate en 2 campagne/an

Tomate en + de 2 campagnes/an

Janvier

 

Germination + Labour de la 1ère campagne

Repiquage 1ère campagne

Entretien plantes 1 ère campagne

Février

 

Germination + labour 2e campagne + entretien plantes 1ère campagne

Germination + Labour 1ère campagne

Repiquage + entretien plantes 1ère et 2 e campagne

Entretien plantes 1ère et 2e campagne

Mars

Entretien plantes 1ère et 2e campagne + repiquage 3e campagne

Repiquage

Entretien plantes 3e campagne

Avril

Germination + Labour 1ère campagne

Récolte 1ère campagne + entretien 2e et 3e campagne

Mai

Repiquage 4e campagne + récolte 2e campagne et entretien plantes 3e campagne

Juin

Entretien plantes 3e et 4e campagne

Récolte 1ère campagne

Juillet

 

Entretien plantes 3e et 4e campagne

Août

Germination + Labour 2e campagne

Récolte 3e campagne et entretien plantes 4e campagne et repiquage 5e campagne

Septembre

Repiquage

Récolte 4e campagne et entretien plantes 5e campagne

Sarclage et entretien des plantes

Octobre

Entretien des plantes 5e campagne

Novembre

Entretien des plantes 5e campagne

Décembre

Récolte de la 5e campagne

2e récolte

Source : Kounchou, 2008 et enquête de terrain, janvier 2013

b) Spécialisation agricole de plus en plus croissante

La spécialisation constitue également une innovation majeure des jardiniers dans l'arrondissement. Contrairement à la polyculture habituellement pratiquée, les jardiniers se sont orientés vers une monoculture spécialisée. Celle-ci est pratiquée en grande partie par les exploitants regroupés au sein des GIC à l'instar du GIC APOL (agriculteurs et porciculteurs de Letagli) ou du GICADJEPAF (Association pour le développement des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu). Cette monoculture intensive assure en effet aux jardiniers une augmentation substantielle des revenus monétaires, d'autant plus que la demande des villes en tomates est de plus en plus importante.

Sur cette planche photographique, on observe des champs de monoculture intensive de tomates. Sur l'image A, on a un champ de tomate en monoculture dans le village Fonakeukeu. Sur l'image B, on voit plusieurs parcelles de monoculture de tomates dans les bas-fonds des villages Titia, derrière la chefferie de Foto. Il ressort donc de ces images que les jardiniers ont choisi la spécialisation pour répondre à une double exigence : d'abord, augmenter les rendements afin de faire des bénéfices substantiels, ensuite, satisfaire la demande dans les marchés.

B

A



Clichés Fofack Mujia, janvier 2013

Planche Photo 1:Monoculture intensive dans le groupement Foto

c) Utilisation croissante des engrais et des produits phytosanitaires

Face à la rentabilité financière de la tomate dans l'arrondissement, les jardiniers ont eu recours à des techniques modernes de fertilisation afin de maximiser la production par unité de surface. De ce fait, les engrais chimiques ont rapidement substitué les fientes de poules et la fumure animale. Néanmoins, leurs prix ne permettent pas aux petits exploitants de se procurer des quantités importantes. Contrairement aux fientes de poules utilisées comme fertilisants, qui coûtent moins chers (2000 FCFA/sac), en fonction de la qualité, les engrais chimiques sont très onéreux, en particulier pour les petits exploitants. (Annexe 9). Les engrais chimiques communément utilisés par les jardiniers sont : l'urée (46% N), le NH3 et les N P K (20-10-10 ; 10-6-20 ; 24-12-12).

En ce qui concerne les produits phytosanitaires, la prolifération des attaques cryptogamiques et d'autres insectes nuisibles surtout en saison des pluiesa accentué leur utilisation. Toutefois, la volatilité du coût de ces derniers au fil des années, ne permet pas à tous les jardiniers de les utiliser.

Tableau 12: Utilisation d'engrais

44

102

43

47

6

96

1

1

4

6

48

10

Oui

Non

Utilisation des

engrais

Total

Foréké

Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

On s'aperçoit au regard du tableau 12que l'utilisation des engrais est une condition sine qua non pour une productivité acceptable. C'est pour cela que presque tous les jardiniers en utilisent, indépendamment du type. L'utilisation des engrais est pratiquée par 94,11% des jardiniers.Preuve que l'engrais organique (fientes de poules) est moins utilisé par ces derniers. (Annexe 12).Les quantités utilisées sont de ce fait importantes (Fig.34). Cela se justifie par l'importance de la demande et le souci de faire des bénéfices. En effet, la pratique de cette culture est aujourd'hui motivée par la facilité de sa commercialisation et la prépondérance des gains monétaires qu'elle procure aux jardiniers.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 34: Quantité d'engrais utilisés par les jardiniers

d) Techniques d'irrigation

La disponibilité de l'eau reste et demeure une condition fondamentale au développement de l'activité maraîchère. Avec la croissance démographique de la région de l'Ouest et en particulier de l'arrondissement de Dschang, le problème de rareté des bas-fonds a commencé à se poser avec acuité. Compte tenu de la rentabilité financière avérée de la tomate, plusieurs stratégies innovatrices ont été développées aussi bien pour la conquête des terres que pour l'irrigation, afin d'augmenter la production de la tomate et par là les gains monétaires.

En ce qui concerne la localisation des exploitations de tomates, certes les bas-fonds constituent la zone de prédilection de l'extension du maraîchage, cependant, du fait de son extrême rareté et du coût élevé de sa location dans la zone périurbaine de la ville de Dschang, il s'est développé une diffusion de l'activité maraîchère sur les pentes abruptes de versants (Photo 2 P.54.) ou encore en bas de versant (Photo A P.80).Cette diffusion du maraîchage sur les pentes de versant témoigne de l'abandon des cultures annuelles pour les pluriannuelles,à l'instar de la culture de la tomate, dont l'importance est aujourd'hui vitale pour l'agriculture de l'arrondissement. Le graphique 35 montre la prépondérance des bas-fonds comme lieu de localisation des exploitations de tomates. Néanmoins, il met également en exergue le pourcentage non moins important de la zone de bas de versant (27%) comme lieu de localisation de jardins. De plus, on peut aussi voir que, suivant un regard par groupement, seuls les groupements Foréké-Dschang et Foto présentent des jardiniers ayant des exploitations soit en bas de versant, soit sur les pentes abruptes de versant. Ce constat met en évidence deux postulats : d'abord la proximité par rapport aux marchés d'écoulement justifie la conquête des versants pour la pratique de la culture de la tomate dans ces deux groupements. Ensuite, cette proximité est congruente avec l'adoption de l'innovation. En d'autres termes, plus on est proche de l'innovation, plus on est susceptible de l'adopter rapidement comme le précise la théorie de Hägerstrand.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 35: Localisation des jardins

La figure 36 qui suit nous montre Spatialisation des types de jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang, on s'aperçoit que les zones de culture de la tomate dans l'arrondissement sont essentiellement rurales ; Néanmoins, il s'est également développé autour de la ville de Dschang, de nombreuses zones périurbaines de culture de cette spéculation en particulier dans les groupements Foréké et Foto.

Figure 36 : Spatialisation des types de jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang

Avec la conquête progressive des versants pour la pratique de la culture de la tomate, le problème de disponibilité de l'eau s'est également posé. Pour résorber cette situation, les jardiniers ont développés des méthodes d'irrigation, faisant ainsi preuve d'ingéniosité.

· Irrigation par gravité

C'est un procédé mis en place par les jardiniers, qui consiste, lorsque la parcelle est située à côté d'un cours d'eau, à dévier tout le cours d'eau ou une fraction de celui-ci à l'aide d'amas de sacs remplis de terre, pour entrainer l'eau dans la parcelle par simple gravité.(Image A et B de la planche photo 2 P.86)L'eau sillonne alors les allées tracées à cet effet dans la parcelle et assure ainsi sa disponibilité permanente pour l'arrosage de la parcelle. L'avantage de ce système d'irrigation est son coût financier presque inexistant ou dérisoire. Ce système d'irrigation est très souvent utilisé par les maraîchers qui ne disposent pas d'assez de moyens financiers.

· Irrigation par aspersion

Celle-ci consiste à prélever l'eau d'une rivière ou d'un puits à proximité de la parcelle et d'asperger directement les plantes. Cette aspersion se fait au moyen d'arrosoirs et de sceaux. Parfois, certains utilisent des tuyaux en PCV de grand diamètre comme matériel de base. D'autres jardiniers, en particulier les grands jardiniers ou encore les jardiniers membres de GIC, ont recours aux motopompes afin de faciliter l'irrigation.

Barrage en sacs remplis de terre

Sur cette planche photo, l'image A met en relief le barrage de déviation qui a été construit en amont d'un cours d'eau. L'image B présente le sens d'écoulement de l'eau entre les allées de la parcelle. Ces deux images représentent un système d'irrigation par gravité d'une parcelle située sur un versant dans le village Fonakeukeu. L'image C quant à elle présente un système d'irrigation dans les bas-fonds du village Titia. La conquête de l'eau est un défi majeur pour le démarrage du maraîchage.

C

A

B

Clichés Fofack Mujia, février 2013

Planche Photo 2: Irrigation par gravité

Figure 37: Répartition des villages enquêtés selon l'intensité de production

La figure 37met en évidence la répartition des villages enquêtés suivant le critère intensité de production de la tomate. Il en ressort que ces derniers se regroupent en trois ensembles :

· Les zones de faible production qui comprennent les villages : Fotetsa et Lap

· Les zones de moyenne production au rang desquelles on retrouve les villages : Atotchi, Letagli, Tsoutsang et Titia

· Les zones de forte production que sont : Banki, Siteu, Mbilé, Fonakeukeu et Litieu.

Ces zones de moyenne et de forte production qui sont pour la plupart des zones rurales et périurbaines sont de plus en plus prisées par les jardiniers dans la mesure la zone urbaine ne dispose plus d'assez d'espaces pour l'extension du maraîchage et de la culture de la tomate en particulier.

5.3. Conséquences du développement de la culture de la tomate

Les retombées du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang s'observent à plusieurs niveaux :

5.3.1. La production de la tomate à la hausse

La hausse de la production de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est une conséquence de son développement. Au niveau paysan, le constat est le même : l'augmentation de la production (Tableau 13). 61,76% des jardiniers affirment en effet que depuis 5 à 10 ans, leur production ne cessede croître. Ceci à la faveur d'une augmentation conséquente de la taille des parcelles, car au cours de la même période, 69,60% des jardiniers affirment que leur parcelle a augmenté (Tableau 14). Ce qui justifie d'un premier point de vue l'augmentation de la production. De plus,l'intensification de la culture de la tomate(Fig.36) et l'augmentation du nombre de jardiniers dans l'arrondissement (Fig. 41) justifient également d'un second avis, la tendance à la hausse de la production au niveau des paysans et au niveau de l'arrondissement tout entier.

Tableau 13: Comportement de la production des jardiniers depuis 5 à 10 ans

10

6

23

39

10

6

37

53

1

6

3

10

21

18

63

102

Foréké Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

Décroissante

Statique

Croissante

Comportement de la production

depuis 5 à 10 ans

Total

Source : Enquêté de terrain, janvier 2013

Tableau 14: Comportement des parcelles des jardins depuis 5 à 10 ans

29

10

39

38

15

53

4

6

10

71

31

102

Foréké Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

Oui

Non

Augmentation de la parcelle

depuis 5 à 10 ans

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

5.3.2. Une activité qui nourrit son homme

L'autre conséquence du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est l'augmentation des revenus des pratiquants. En effet, la majorité des jardiniers affirment « trouver leur compte » dans cette spéculation, qui ne cesse de prendre de l'importance dans le paysage des productions vivrières et maraîchères. De plus, l'augmentation de la production est justifiée par les paysans, par le désir « de faire beaucoup de bénéfices ». (Tableau 15)La culture de la tomate est aujourd'hui une source de revenus certaine pour les paysans de l'arrondissement de Dschang, compte tenu de la croissance de la demande qui ne cesse d'évoluer(que ce soit à l'extérieur ou pour le consommation à l'intérieur du pays).

Tableau 15: Raisons de l'augmentation de la production

3

6

20

14

29

6

3

17

1

2

1

32, 35

11, 76

24, 50

31, 37

Foréké Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Pourcentage (%)

Demande

croissante

Ça rapporte

assez

On veut faire

Beaucoup de

Benefices

Raisons de l'augmentation de la production

Sans

réponses

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

5.3.3. Le développement du salariat agricole

Le développement du salariat agricole est également une cause importante et inhérente à la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Suite à l'intensification de la culture de la tomate dans cet espace, surtout la multiplication des cycles de cultures par an, le salariat agricole a pris son essor. Ainsi, plusieurs jardiniers affirment avoir recours de manière périodique aux services des employés pour diverses tâches : défrichage, labour, repiquage, récoltes et transport. Le recours à la main d'oeuvre monnayée est l'apanage des grands jardiniers aux multiples et grandes parcelles d'exploitation. Pour le reste de jardiniers, la main d'oeuvre familiale est souvent utilisée. Le tableau 16 montre la taille et l'origine de la main d'oeuvre. Il en ressort que plus la taille de la parcelle est grande, plus les jardiniers ont recours aux salariés saisonniers ou aux tâcherons. Autrement dit, lorsque le jardin est = 1000 m2, la main d'oeuvre est soit familiale, soit le jardinier travaille seul. Nonobstant, lorsque la parcelle est comprise entre1000m2 - 2 000m2, certains jardiniers commencent à avoir recours à la main d'oeuvre salariée. Une fois que la parcelle est> à 2000m2, le recours à la main d'oeuvre salariée devient un préalable.

Tableau 16: Taille des parcelles et origine de la main d'oeuvre

11

25

36

21

11

13

45

13

1

14

7

7

32

31

39

102

0-1000m2

1000-2000m2

2000-3000m2

3000-4000m2

Taille de la

parcelle

Total

Familiale

Employée

Travaille

seul

Origine de la main

d'oeuvre

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

5.4. Le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : une activité économiquement durable.

La culture de la tomate de Dschang apparaît comme une activité économiquement durable dans le temps en termes de génération des revenus et d'amélioration de la santé socio-économique des jardiniers pour plusieurs raisons. De prime abord cet espace a été longtemps dominé par l'économie caféière, qui fut largement dépendante et tributaire des multiples exigences internationales à l'instar des variations des cours du pétrole, des variations des prix et des stocks dans les bourses de valeur, des variations de la demande des principaux exportateurs, etc. Cette situation a contribué a fragilisé l'économie du café. La culture de la tomate, qui a émergé dans ce contexte, se trouve être une activité génératrice de revenus importante dans la mesure où elle a induit une amélioration de la santé socio-économique des pratiquants et crée des possibilités d'emploi dans le secteur agricole. (À l'exemple du développement du salariat agricole ou de la multiplication des exploitations de tomate, etc.). Cette activité est à juste titre une activité économiquement durabled'abord parce qu'elle n'est pas en grande partie tributaire des influences extérieures, mais aussi parce qu'elle est à même de garantir sur le long terme aussi bien la rentabilité financière au niveau des producteurs( jardiniers) qu'au niveau de la rentrée des devises à l'échelle nationale.

En outre compte tenu de l'augmentation de la demande nationale dûe à l'explosion démographique, et de celle internationale, de l'organisation de son marché ; cette activité, prépondérante parmi les spéculations maraîchères, pourrait à coups sûrs substituer à moyen et long termes, l'économie caféière dans cet ancien berceau du développement du café.

De plus la politique de l'Etat en faveur de la relance de la production maraîchère et vivrière en vigueur depuis la décennie 90, induira à long terme, la pérennisation de la culture de la tomate, tant on sait l'importance socio-économique dont elle revêt pour les jardiniers et également pour l'Etat en termes d'amélioration de la micro-économie familiale et de la rentrée des dévises.


5.5. Les problèmes de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

La culture de la tomate dans cet arrondissement connait aujourd'hui un essor prépondérant aussi bien en termes de productivité qu'en termes d'apport financier. Toutefois, elle fait face à une multitude de difficultés d'ordres divers. Le graphique 38 présente la nature des problèmes auxquels les jardiniers de l'arrondissement font face dans la pratique de leur activité.

Source : Enquête de terrain, février 2013

Figure 38 :Nature des problèmes des jardiniers

5.5.1. Les difficultés d'accès au financement

L'accès au financement constitue dans la pratique, le problème majeur auxquels les jardiniers de l'arrondissement de Dschang font face. L'apport personnel, les tontines et l'entraide se sont révélés être les moyens essentiels de financement de la culture de la tomate. Néanmoins, la micro-finance, dont le rôle est de participer au développement, malgré son nombre élevé dans l'arrondissement (environ 15 établissements de micro-finance), a un rôle beaucoup plus mitigé. La majorité des crédits accordés le sont à des particuliers exerçants dans les secteurs non agricoles. Quelques rares jardiniers ont affirmé avoir bénéficié des crédits venant de la micro-finance.Cette situation limite dans bien de cas les investissements dans le secteur maraîcher en particulier la culture de la tomate.

5.5.2. Les difficultés d'accès aux intrants

L'accès aux intrants constitue également dans la pratique une difficulté majeure qui freine le plein développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement. Les prix des intrants au fil des années n'ont cessé de croître. Cette situation affecte considérablement les petits producteurs. La figure 39 nous montre l'évolution du prix de l'un des engrais très prisés chez les jardiniers en l'occurrence leNPK 20-10-10. On se rend compte qu'entre 1970 et 2012,son prix a été multiplié par plus de 28 fois, passant ainsi de 830 FCFA à 18 500FCFA. Le constat est le même pour les autres engrais, les semences et les produits phytosanitaires. (Annexe 9, 10, 11)

Source: DDADER Dschang, 2012

Figure 39: Évolution du prix de l'engrais NPK 20-10-10 entre 1970 et 2012

5.5.3. Les maladies

Les maladies cryptogamiques et bactériennes constituent une menace sérieuse pour les jardiniers de l'arrondissement. Celles-ci détruisent parfois les récoltes, en particulier celles des jardiniers qui n'utilisent pas les produits phytosanitaires. Les attaques cryptogamiques et particulièrement de mildiou22(*) ont été sévères dans le groupement Fotetsa au cours de l'année 2012.(Rapport DDADER Dschang, 2012)D'autres maladies affectent généralement les exploitations de tomates dans l'arrondissement de Dschang. (Annexe 14) On a entre autres : la moisissure des feuilles, la virose, la nécrose apicale, le flétrissement bactérien, etc.

B

A

A

B

C

Clichés Fofack Mujia, février 2013 et www.gerbeaud.com

Planche Photo 3 : Maladies de la tomate

Sur cette plante photo, on a un aperçu de quelques maladies qui constituent un casse-tête pour les jardiniers de l'arrondissement. Sur les images A et B on aperçoit des attaques de Mildiou. Sur la photoC,on aperçoit un dessèchement des jeunes plants : Le plant A a des feuilles blanches par rapport au plant B. Ceci est parfois dû au changement de produits phytosanitaires.

5.5.4. Le problème climatique

Le climat de l'arrondissement de Dschang, du fait de sa variabilité interannuelle (Annexe 7), affecte parfois négativement la production de la tomate dans l'arrondissement. Une proportion non négligeable de jardiniers a affirmé que le climat les affecte parfois négativement dans leur activité.


5.5.5. Les difficultés de transport

Le transport des récoltes constitue un casse-tête pour bon nombre de producteurs. C'est le cas des producteurs des villages Banki, Atotchi, Létagli, Fonakeukeu et Fotetsa, qui affirment majoritairement que « durant la saison des pluies, les routes ne sont plus très pratiquables, cela fait donc augmenter le prix du transport des cageots vers la ville de Dschang ». Le transport s'effectue donc parfois par des motos ; ce qui rend le tarif de transport excessivement cher. Entrainant dans sa dynamique, une majoration des prix de vente des cageots qui atteignent parfois le seuil de 11 000 FCFA durant les périodes de pénuries.


5.5.6. La rareté des terres

Résultant de l'intensification de l'activité maraîchère et en particulier de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, le problème de terres à mettre en valeur se pose également. Ce dernier est encore plus présent dans la zone périurbaine de Dschang à cause de l'importance des migrations et donc l'augmentation des jardiniers,notamment les jeunes.


5.5.7. Le problème d'eau

Le problème d'eau se pose également. Avec la mise en oeuvre de multiples procédés d'irrigations en amont, certaines zones de l'aval ont des difficultés à avoir de l'eau pour l'arrosage. Ceci est plus fréquent au cours des saisons sèche.

Le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient à la combinaison, mieux encore,à la synergie d'actions de multiples acteurs à l'instar des pouvoirs publics, des partenaires au développement, d'organismes financiers mais surtout des jardiniers dont les stratégies non moins innovantes ont produit des résultats appréciables. La tomate, dont la production ne cesse de croître dans l'arrondissement,a propulsé le département de la Menoua au rang de 2e bassin de production de la tomate de l'Ouest en 201023(*), derrière le Noun avec 26829 tonnes,faisant de lui le 5e bassin de production nationaleaprès le Noun, le Mbam-et-Kim, la Lékié et le Mbam-et-Inoubou. Au-delà de cette augmentation de la production, le développement de la culture de la tomate a induit des conséquences sociales (développement du salariat agricole, amélioration des revenus et des conditions de vies des jardiniers) non moins importantes. Cependant, cette activité maraîchère est sujette à de nombreux problèmes parmi lesquels le financement, le caractère onéreux et la volatilité des prix des intrants, le problème des routes, les maladies des plantes, etc.Ces problèmes sont de véritables freins pour cette culture génératrice de revenus. Toutefois, la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est devenue aujourd'hui une activité qui assure des revenus substantiels à ses pratiquants et qui offre une nouvelle chance aux anciens caféiculteurs et aux chômeurs.

DÉVELOPPEMENT ET VULGARISATION DE LA CULTURE DE LA TOMATEDANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG

Fondements du développement de la culture de la tomate DANS L4ARRONDISSEMENT DE dSCHANG

v La politique gouvernementale de relance de la production vivrière au Cameroun

v Le souci d'amélioration des conditions de vie des populations

Les pouvoirs publics

Les partenaires au développement

La micro-finance

Les paysans

· Formation

· Encadrement des organisations paysannes

· Financement des projets agricoles

· Formation des producteurs

· Financement

· Fournitures des intrants

· Encadrement

· Financement des micro-projets agricoles

· Développement d'un nouvel esprit associatif 

· Utilisation croissante des engrais et des produits phytosanitaires

· Spécialisation agricole de plus en plus croissante

· Innovation agricole

Production de la tomate à la hausse

Amélioration des conditions socio-économiques homme

· Les difficultés d'accès au financement

· Le problème d'eau

· Les maladies

· Le problème climatique

· Les difficultés de transport

· La rareté des terres

· Les difficultés d'accès aux intrants

Développement du salariat agricole

Entrainé la diversification des acteurs tels que :

Ont conduit

Figure 40 : Schéma synoptique du chapitre V

CHAPITRE VI :

VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES, CRITIQUE DES RÉSULTATS ET SUGGESTIONS

Il sera question dans ce chapitre de s'attarder sur la vérification des hypothèses de recherche formulées plus haut. Par ailleurs, nous procéderons à une critique des résultats obtenus au terme de cette recherche eu égard aux données collectées, à la méthodologie déployée, à l'analyse effectuée et aux multiples difficultés qui ont émaillé le déroulement du présent travail. Nous achèverons ce chapitre par la formulation des recommandations inhérentes à notre étude.

6.1. Vérification des hypothèses

6.1.1. Vérification de la première hypothèse : la crise économique de la fin des années 1980, une dépression aux multiples conséquences socio-économiques et spatialesdans l'arrondissement de Dschang

Au terme de cette étude et compte tenu de la première hypothèse formulée, les conclusions obtenues font état du rôle de la crise économique sur le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Débutée au Cameroun en 1987, elle a entrainé de multiples conséquences sur les plans social, économique et spatial.

Sur le plan socio-économique, elle a entraîné une perte des emplois, une baisse drastique du niveau de vie consécutive à la baisse des prix du principal produit commercialisé (café arabica), un bouleversement des rôles dans les ménages et une masculinisation progressive de l'activité maraîchère en particulier de la culture de la tomate.

Sur le plan spatial, cette dépression a eu pour conséquence la reconversion efficace et quasi-généralisée des paysans vers l'activité maraîchère, en particulier vers la culture de la tomate. De plus, elle a induit des recompositions socio-spatiales considérables du paysage socio-économique de l'arrondissement. Face aux multiples conséquences induites par la crise économique, un souci majeur s'est posé aux agriculteurs, celui de trouver d'autres sources de revenu en dehors de la caféiculture. Cette situation a donc favorisé l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement.

6.1.2. Vérification de la deuxième hypothèse : Plusieurs facteurs physico-humains au centre de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

Avec la crise et ses multiples corollaires socio-économiques et spatiaux, une pléthore de facteurs à la fois physiques et humains vont contribuer à l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Sur le plan physique, nous avons constaté que le milieu physique de l'arrondissement de Dschang, de part la pluralité et la variété de ses sols (volcaniques, hydromorphes, argilo-sableux, etc.), ainsi que la générosité de son climat (frais et pluvieux), s'est avéré très propice à la culture de la tomate. Tant on sait que la culture de cette plante n'a été introduite dans l'arrondissement qu'en 1987, en provenance du département du Noun. Le milieu agro-écologique a contribué de façon prépondérante à l'émergence de cette culture dans la zone.

Sur le plan humain, le dynamisme des jardiniers, couplé aux migrations (migrations de retour et migrations inter-villages) ainsi qu'à une pluralité de facteurs externes (explosion démographique dans les centres urbains, accroissement de la demande urbaine, développement des marchés transfrontaliers et augmentation de la demande extérieure) sont autant de facteurs qui, combinés à la générosité du milieu naturel de l'arrondissement de Dschang, ont contribué à l'émergence de la culture de la tomate dans cet espace jadis à prédominance caféière.

6.1.3. Vérifications de l'hypothèse trois : développement et vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : deux fondements, plusieurs acteurs aux stratégies et approches multiples

Il était question pour cette hypothèse d'identifier les différents acteurs et leurs stratégies respectives dans le développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Il en ressort que deux fondements justifient le développement de cette spéculation dans l'arrondissement : d'abord le souci d'amélioration des conditions de vie des paysans qui avaient subis de plein fouet les affres de la crise et ses conséquences dans les ménages ; ensuite, la politique de relance des activités vivrières et maraîchères au Cameroun qui s'est déroulée en plusieurs phases.

Concernant le paysage des acteurs qui a impulsé le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement, nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle plusieurs acteurs à l'instar des pouvoirs publics, des partenaires au développement, de la micro-finance et des paysans, ont mis en place des stratégies variées dont les conséquences sur la production et la productivité de l'arrondissement sont palpables(augmentation de la production, augmentation des actifs dans la filière, etc.). La figure41 présente les courbes d'évolution de la production de la tomate dans l'arrondissement de Dschang et du nombre d'exploitants entre 2008 et 2012. Il en ressort que la tendance à l'évolution de la production et du nombre d'actifs est quasi-généralisée dans l'arrondissement, confirmant l'hypothèse selon laquelle la symbiose des interactions des différents acteurs a eu une incidence positive sur la production, la productivité et l'intérêt pour la culture de la tomate.

Source : DDADER Dschang, 2012

Figure 41: Évolution de la production de tomate et du nombre d'exploitants

Tableau 17: Production moyenne annuelle et évolution des parcelles

15

15

17

14

31

30

2

32

12

12

12

12

71

31

102

0-50paniers

50-100 paniers

100-150 paniers

150-200 paniers

+ 200 paniers

Production par

Saison

Total

Oui

Non

Augmentation des parcelles depuis 5 à 10 ans

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

De même, l'observation du tableau 13 nous permet de voir que, globalement, depuis 5 années la production moyenne des jardiniers est à la hausse. Cette hausse de la production est effectivement congruente avec l'augmentation de la taille des parcelles (Tableau 14). 69,60% des jardiniers, confirme l'augmentation de leur parcelle de culture depuis 5 ans. Justifiant de ce fait cette augmentation des parcelles par l'augmentation de la demande et surtout la rentabilité financière de cette spéculation. Ce résultat permet donc d'affirmer que la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est en pleine expansion et que la production, au fil des années, continue de croître ainsi que les superficies à elles allouées et le nombre d'exploitants.

6.1.4. Vérification de l'hypothèse quatre : une vulgarisation de la culture de la tomate entachée d'une multitude conséquences socio-économiques

Il était question dans cette hypothèse de mettre en relief les retombées socio-économiques du développement et de la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. On constate au terme de cette étudeque la majorité de la population enquêtée affirme « trouver leur compte » dans cette activité. Ceci se traduit par l'augmentation graduelle de leur production au fil des années. (Tableau 13)

A côté de l'amélioration des conditions de vies des pratiquants de la culture de la tomate, on note également le développement du salariat agricole dans les grands jardins de tomate. Ces emplois saisonniers émanant de l'économie de la tomate, offrent à une bonne partie de la population active de l'arrondissement, une opportunité d'emploi, susceptible de garantir et d'assurer leur bien-être socio-économique.

6.1.5. Vérification de l'hypothèse cinq : la culture de la tomate, une activité économique durable.

Il était question dans cette hypothèse d'apprécier la durabilité du développement de la culture de la tomate en termes de génération des revenus et d'amélioration des conditions de vie des pratiquants. Il en ressort clairement au regard des retombées socio économiques observées chez les jardiniers en termes d'amélioration du quotidien, que cette activité qui a émergé au lendemain de la crise, apparaît comme une activité durable sur le long terme. Ceci à cause du fait qu'elle contribue depuis plus de deux décennies à l'amélioration de la situation sociale et économique des jardiniers de l'arrondissement. Qui plus est, cette activité au contraire des exigences internationales auxquelles faisait face la culture du café, répond à un besoin ponctuel de génération des revenus au niveau des paysans et à l'échelle internationale par le biais du commerce transfrontalier. De plus cette activité n'est pas sujette aux multiples influences extérieures comme l'était la culture du café. Ce qui garantit sur le long terme l'épanouissement socio-économique des pratiquants de cette activité.

6.2. CRITIQUE DES RÉSULTATS

Au terme de ce travail, il convient d'avoirun regard rétrospectif sur le travail qui a été élaboré afin de préciser les manquements de ce dernier. Cette critique des résultats repose sur l'approche et les outils méthodologiques mobilisés ainsi que la collecte, le traitement et l'analyse des données qui ont eu un impact certain sur les résultats que nous avons obtenus. Cette partie débouchera sur la formulation de recommandations destinées aux paysans et aux décideurs.

6.2.1. Limites méthodologiques

6.2.1.1. L'échantillonnage

L'échantillonnage a été au cours de notre recherche, une difficulté de taille. Notre sujet de recherche qui était orienté vers une spéculation de l'activité maraîchère, à savoir la culture de la tomate, s'est heurtée au fait que la tomate était cultivée un peu partout et le plus souvent en polyculture, avec d'autres spéculations. La détermination de l'effectif total des jardiniers pratiquant uniquement la tomate a été difficile. Cependant, nous avons obtenus auprès de la délégation départementale de l'agriculture et du développement rural de la Menoua un effectif total des cultivateurs de tomates au cours de deux cycles de culture de l'année 2012. A partir de cette donnée, nous avons effectué un échantillonnage à hauteur de 10% de la population totale. De même, pour effectuer la répartition des questionnaires par groupement, nous nous sommes appuyés sur les chiffres des postes agricoles qui étaient non exhaustifs et dont la fiabilité n'était pas totalement garantie.

6.2.1.2. La collecte des données

Le processus de collecte de données sur le terrain s'est heurté à plusieurs obstacles. Tout d'abord le caractère non exhaustif des données des postes agricoles et de la DAADER concernant les actifs dans la filière et les productions. Certains postes agricoles ne fonctionnaient plus, à l'exemple de celui de Fialah Foto, ou n'ouvraient presque jamais leurs portes.Cette situation a été à l'origine de certains manquements dans notre recherche en ce qui concerne particulièrement la quantification des productions et le nombre exact des producteurs.

De plus, l'administration des questionnaires ne s'est appuyée sur aucun pas d'échantillonnage précis du fait de notre connaissance moyenne de la zone d'étude, de la non exhaustivité des données sur les producteurs, mais surtout de la faiblesse de nos moyens financiers et de l'hostilité des enquêtés. Nous avons procédé à une répartition des questionnaires en fonction des villages-témoins que nous avons identifiés lors de notre pré-enquête et nous avons ensuite procédé à l'administration des questionnaires aux jardiniers que nous avons rencontrés. En effet, les rendez-vous avec les jardiniers n'étaient pas évidents. Il fallait se lever très tôt pour les retrouver dans les exploitations ou tard dans la soirée. Dans ces conditions, nous n'avons pas pu élaborer un pas d'échantillonnage précis.

6.2.1.3. Le dépouillement et le traitement des données

En ce qui concerne le dépouillement, tel que susmentionné, nous avons usé des plates formes SPSS et Microsoft Excel. La difficulté rencontrée ici a été de codifier les réponses ouvertes et surtout de les quantifier. Certaines réponses ouvertes ont pu être quantifiées du fait de leur rapprochement sémantique. Par contre, certaines informations de la libre expression des enquêtés se sont dissipées.

6.2.1.4. L'exploitation du questionnaire

L'exploitation de notre questionnaire de recherche a été partielle. En effet, certaines variables de ce dernier n'ont pas été utilisé ou mis en relief dans le cadre de cette étude. Néanmoins, cette situation ne remet pas en cause la qualité des résultats obtenus au cours de cette recherche car la crise économique est apparue dans l'arrondissement de Dschang comme un véritable catalyseur de l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement. Toutefois, il convient de préciser que cette émergence est le fait de la combinaison des stratégies de multiples acteurs.

6.2.2. Les contraintes matérielles et financières

La portée scientifique de notre travail aurait pu être optimale si l'échantillonnage avait été effectué sur l'ensemble des villages de l'arrondissement. Mais, ne disposant pas de moyens financiers suffisants, nous nous sommes limités à un échantillon de 102 producteurs répartis sur 11 villages. De surcroît, la faiblesse de nos moyens financiers a considérablement réduit le nombre de descentes sur le terrain et la couverture de tous les villages de l'arrondissement. Cette situation a également impacté sur la profondeur des analyses, particulièrement, la dynamique temporelle des phénomènes étudiés. Ainsi, résorber cette situation nous a valu de maximiser la collecte des données et des informations au cours des quelques descentes effectuées dans notre zone d'étude.

6.3. Recommandations

Au terme du travail qui était le notre, la formulation des recommandations eu égard à l'analyse effectuée s'impose comme l'ultime étape inéluctable de cette recherche. Cette dernière, en effet, constitue le lieu d'énoncer des suggestions tant aux paysans qu'aux pouvoirs publics afin de favoriser les objectifs de croissance de la production maraîchère et plus spécifiquement de la tomate.

6.3.1. Suggestions aux pouvoirs publics

L`observation de la figure 42dresse un prototype de l'ensemble des solutions pratiques à mettre en oeuvre afin de contribuer de manière efficace au développement del'activité maraîchère en particulier la filière tomate dans l'arrondissement de Dschang.

Source : Enquête de terrain, janvier2013

Figure 42: Solutions pour l'optimisation de la production de la tomate dans l'arrondissent de Dschang

6.3.1.1.La mise sur pied des facilités de financement du secteur agricole

La préoccupation majeure des paysans de l'arrondissement, en particulier des jardiniers, demeure l'accès au financement pour le démarrage, la modernisation ou l'extension des exploitations agricoles. Malgré la multiplicité des organismes de micro-finance et des coopératives agricoles dans l'arrondissement, le problème de financement agricole se pose toujours avec acuité. La création des banques agricoles ou des microfinances rurales,qui seront des organismes uniquement dédiés aux paysans, constitue dans la pratique une solution remarquable permettant la facilité d'investissement agricole. Cette mesure pourrait avoir des conséquences considérables en matière d'investissements, d'intensification et de modernisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement.

6.3.1.2. La mise sur pied d'une politique de contrôle et de règlementation de l'importation des intrants agricoles

Une autre tare à laquelle est confrontée la production maraîchère de l'arrondissement de Dschang est la volatilité des prix des intrants agricoles. Celle-ci relève principalement de l'absence totale de politique de règlementation des importations des intrants. Cette dernière est fixée par les multiples importateurs d'intrants ; ce qui induit une fluctuation des prix au gré des importateurs. La mise sur pied d'une réelle politique de contrôle et de règlementation de l'importation des intrants agricoles constituerait en la matière une mesure forte susceptible de favoriser le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement.

6.3.1.3. Améliorer l'offre en infrastructures de transports

À la suite des deux solutions élucidées ci-dessus, il convient d'ajouter, le dénominateur commun à tous les bassins de production du triangle national : l'enclavement. L'amélioration de l'offre en infrastructures de transports dans l'arrondissement constitue une mesure forte dont les conséquences sur la commercialisation de la production de tomate ainsi que sur la fluctuation des prix seront notoires. Les infrastructures de transports sont le pont entre le bassin de production et le marché. Leur amélioration pourrait à coup sûr faciliter l'acheminement des productions vers les marchés d'écoulement et limiter les effets des fluctuations des prix dues au mauvais état des routes durant la saison des pluies.

6.3.2. Suggestions aux paysans

Ces recommandations visent à optimiser la production maraîchère locale en particulier la production de tomate.

6.3.2.1. Intensifier le renforcement de capacités techniques et matérielles des paysans

Le développement des activités agricoles, en particulier le maraîchage, suppose en amont une certaine prédisposition technico-matérielle. Les faibles capacités techniques et matérielles des jardiniers constituent à n'en point douter un frein dans le développement de cette spéculation. (fig.42). L'intensification des séminaires agricoles et des ateliers locaux de formation et de renforcement des capacités de techniques des paysans apportera sans doute une plus value à ces derniers, afin de leur permettre de faire face dans leur activité aux difficultés liées à la maîtrise des paramètres agro-écologiques, des techniques d'irrigation, de culture, etc. Ce qui permettrait aux jardiniers d'avoir les compétences techniques leur permettant d'améliorer leurs pratiques culturales afin d'optimiser leur production.

6.3.2.2. Incitation des populations à l'entreprenariat et à plus de dynamisme

Notre recherche a révélé une prépondérance de l'individualisme agricole chez les jardiniers en particulier (Tableau 18).Malgré le fait que l'arrondissement récence de nombreux GICs des maraîchers, ces derniers ne fonctionnent pas comme tel. La remarque qui en découle est que de nombreux jardiniers créent des GICs uniquement pour recevoir les dotations des pouvoirs publics et parfois des partenaires au développement. Après quoi ils disparaissent dans la nature ou se plongent dans l'individualismeCette tare constitue évidemment un frein au développement du maraîchage en particulier de la culture de la tomate, tant on sait que le regroupement au sein d'une organisation commune à l'instar des GIC et des coopératives augmente les chances de bénéficier des aides multiformes de l'État et surtout des partenaires au développement. Le regroupement des jardiniers de l'arrondissement au sein des GIC pourrait s'avérer être une solution idoine dans le souci de résorber la multiplicité de difficultés financières, techniques et matérielles auxquelles ces derniers font face.

Tableau 18: Appartenance aux GICs

3

12

15

7

24

31

10

22

32

9

3

12

7

5

12

36

66

102

0-50paniers

50-100 paniers

100-150 paniers

150-200 paniers

+ 200 paniers

Production

saison

Total

Oui

Non

Appartenance aux GICs

Total

Source : Enquête de terrain, février 2013

Le tableau 20 révèle 3 catégories de producteurs :

v Les petits jardiniers dont la production par saison varie entre 0-50 paniers

v Les jardiniers intermédiaires avec une production saisonnière qui oscille autour de 50-150 paniers

v Les grands jardiniers dont la production se situe au delà de 150 paniers par saison

6.3.2.3. Veiller au respect des procédés de création des pépinières, de préparation des sols, de repiquage et d'entretien de parcelles

Les jardiniers de l'arrondissement de Dschang mettent très peu en pratique les techniques recommandées pour assurer une bonne croissance de la tomate et garantir les meilleurs rendements. Ceux-ci ne respectent pas les procédés de création des pépinières, de préparation des sols, de repiquage et d'entretien, préconisés par les organismes de recherche et lors de séminaires de formation. Le choix des sites de pépinières par exemple doit se faire en tenant compte de :

ü la proximité d'une source d'eau

ü d'un sol plat, sablonneux et bien drainé

ü le sol doit être stérilisé en brulant un tas de paille d'au moins 5cm d'épaisseur

ü construire une ombrière de 1 à 2 m de hauteur pour atténuer les rayons solaires et les gouttelettes d'eau, etc. (Annexe 13)

Le respect des prédispositions techniques par les paysans ainsi que détaillés dans le guide de culture de la tomate (Annexe 13), sera à même de favoriser et de garantir une production optimale et réduire de façon considérable les risques d'attaques bactériens.

Source : Enquête de terrain, février 2013

Figure 43: Suggestions des jardiniers à l'Etat

L'observation de la figure43, montre qu'en dehors du contrôle de la commercialisation des intrants, les cultivateurs ont un réel besoin de formation technique. Dans les solutions qui peuvent être mise en oeuvre par l'Etat, le besoin de formation arrive en en troisième position après les routes et les intrants.

De ce qui précède, nous pouvons, affirmer que les hypothèses de recherche pré-formulées au début de notre recherchese sont avérées au terme de celle-ci. La crise économique est apparue comme le principal catalyseur de déclenchement du processus de reconversion des paysans vers le maraîchage en particulier vers la culture de la tomate. L'émergence et le développement de cette spéculation dans l'arrondissement de Dschang tient aussi bien à une pléthore de facteurs physico-humains qu'à la symbiose des interactions des différents acteurs intervenant dans sa production. De toute évidence, le développement de cette spéculation est effectif dans l'arrondissement, à en croire les chiffres de la production et le nombre d'actifs. Nonobstant, les résultats auxquels nous sommes parvenus au terme de notre recherche ne sont pas exempts de critiques au regard de l'échantillonnage, de l'approche et des techniques de collecte, d'analyse et de traitement des données de terrain. Comme toutes les filières agricoles, la filière tomate dans l'arrondissement de Dschang a besoin d'une attention particulière des pouvoirs publics, des partenaires au développement et des jardiniers eux-mêmes. L'optimisation de la production de tomate dans l'arrondissement reposerait sur la batterie de suggestions sus-évoquées.

RECOMMANDATIONS

A l'endroit de :

Figure 44: Schéma récapitulatif des recommandations

· La mise sur pied des facilités de financement du secteur agricole

· Incitation des populations à l'entreprenariat et à plus de dynamisme

· Veiller au respect des procédés de création des pépinières, de préparation des sols, de repiquage et d'entretien de parcelles

· Améliorer l'offre en infrastructures de transports

· La mise sur pied d'une politique de contrôle et de règlementation de l'importation des intrants agricoles

· La mise sur pied des facilités de financement du secteur agricole

· Intensifier le renforcement de capacités techniques et matérielles des paysans

· La mise sur pied des facilités de financement du secteur agricole

· Intensifier le renforcement de capacités techniques et matérielles des paysans

Micro-finances

Partenaires au développement

Paysans

L'Etat et ses démembrements régionaux départementaux et d'arrondissement

CONCLUSION GÉNÉRALE

Le présent travail de recherche intitulé « Crise économique et émergence de l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang » avait pour objectif principal de montrer que la crise économique de la fin des années 80 a été l'évènement déclencheur de la ruée de nouveaux acteurs dans l'espace rural de Dschang. La synergie des stratégies desdits acteurs s'avère l'élément propulseur du développement et de la vulgarisation de la culture de la tomate dans cet espace. Pour atteindre cet objectif, après avoir effectué le cadrage de l'étude et préciser l'approche méthodologique mise en oeuvre, nous avons jugé opportun de présenter l'arrondissement de Dschang avant et après la crise économique afin de cerner la situation socio-économique qui prévalait après cette crise. Après cela, nous nous sommes attarder sur les facteurs à l'origine de l'émergence de cette spéculation dans l'arrondissement. Les résultats obtenus nous ont ensuite permis d'analyser les acteurs impliqués dans le développement de cette culture ainsi que leurs rôles respectifs. À partir des manquements méthodologiques inhérents à cette étude, nous avons ouvert une brèche sur la formulation des suggestions susceptibles d'optimiser la production maraîchère et la culture de la tomate en particulier dans l'arrondissement de Dschang. Grâce aux informations obtenues, nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle la crise économique qui s'est installée dans l'arrondissement de Dschang comme dans tout le reste du pays à partir de l'année 1987, a entraîné de nombreux bouleversements socio-économiques et spatiaux. Jadis ancien bassin à prédominance caféière, en particulier de café arabica, l'arrondissement de Dschang, à l'instar de toutes les contrés de l'Ouest, vivait au rythme de ce café qui assurait le bien-être des familles et l'autorité du chef de famille dans les ménages. Cependant avec la crise et donc la baisse drastique des cours du café, entraînant la perte de son prestige d'antan, l'activité maraîchère, en particulier la culture de la tomate, va être envahie par les anciens caféiculteurs, les migrants de retour, les chômeurs, etc : ce fut la douloureuse période de la reconversion. En outre, l'influence de la libéralisation des filières agricoles, qui donnera lieu à la diversification du paysage des acteurs, ainsi que la politique étatique de relance de la production vivrière visant à renouer avec la production agricole, vont contribuer au développement et à la vulgarisation de la spéculation tomate dans l'arrondissement de Dschang. Celle-ci occupe désormais une place importante dans la production maraîchère de l'arrondissement. Son développement se matérialise par une production et un nombre d'exploitants en constante progression. Néanmoins, ces résultats pourraient être davantage élogieux si des mesures adéquates étaient adoptées. La mise sur pied des facilités de financement des investissements agricoles (banques agricoles), l'amélioration de l'offre en transport, le renforcement des capacités techniques et matérielles des jardiniers, la mise sur pied d'une politique de règlementation des importations d'intrants susceptibles de ralentir la volatilité des prix de ces derniers, constituent un pan de solutions à même d'optimiser la production de tomate de l'arrondissement et de favoriser le développement de la filière tomate dans cet espace. Parvenir à ces résultats a nécessité la formulation préalable des hypothèses, suivie par leur vérification à l'aide d'une collecte de données secondaires dans les centres de documentations et des données primaires sur le terrain. Nous avons ensuite procédé au traitement numérique des données obtenues avant leurs exploitations.

Au regard de la nouvelle orientation de la politique agricole du Cameroun(désormais axée sur la mécanisation), de la multiplicité et de la diversité des projets formulés ou en cours d'exécution au MINADER, nous avons la conviction que le secteur maraîcher, en particulier la culture de la tomate, bénéficiera d'une attention particulière.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

A- OUVRAGES

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B- THESES ET MEMOIRES

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17 BOUNOU V. (2006).Désengagement de l'Etat camerounais et émergence des nouveaux acteurs de développement rural sur les hautes terres de l'Ouest Cameroun : cas des paysanneries de la Menoua. Mémoire de DEA en géographie. Université de Dschang. 100p

18 DAUDE E. (2002).Modélisation de la diffusion de l'innovation par la simulation multi-agents. L'exemple d'une innovation en milieu rural, Thèse de doctorat de Géographie, Université d'Avignon et des pays du Vaucluse, 328P.

19 FARK-GRÜNINGER M. (1995). La transition économique à l'Ouest-Cameroun 1880-1990 : jeu et enjeux, Thèse de doctorat de Géographie, Université d'Adag Zurich, 257p.

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21 FEUMBA R. (2001). Variabilité pluviométrique et comportements des cultivateurs de tomates à Bantoum, Mémoire de Maitrise de Géographie, Université de Yaoundé I, 118p.

22 FONGANG F.G .H. (2008). Les mutations du secteur agricole bamiléké (Cameroun) étudiées à travers ses acteurs : une analyse à partir des localités de Fokoué et de Galim, Thèse de doctorat de Sociologie, Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement (AgroParisTech) de Paris, 415P.

23 FOSSI E. (2005). La déprise caféière et les stratégies paysannes : le cas de Bamougoum, Mémoire de DIPES II de Géographie, ENS Yaoundé, 110P.

24 KAMGA A. (2002). Crise économique, retour des migrants et évolution du système agraire sur les versants oriental et méridional des monts Bamboutos (Ouest-Cameroun), Thèse de Doctorat de Géographie, Université Toulouse-Le Mirail, 311P.

25 KOUMAKOYE A. (2007). Le maraîchage : une innovation culturale et marqueur de changement social, cas du groupement Foréké-Dschang, Mémoire de Master de Géographie, Université de Dschang, 133P

26 KOUNCHOU R. (2008).Innovations agricoles sur les Hautes Terres de l'Ouest-Cameroun : cas du groupement Foto dans le département de la Menoua  Mémoire de master de Géographie, Université de Dschang, 147P.

27 KWAGHEU J. (2001). Conditions édaphiques et mutations agricoles récentes sur les marges Sud-ouest des hautes terres de l'Ouest : le cas de l'arrondissement de Bazou, Mémoire de maitrise de Géographie, Université de Yaoundé I, 119P.

28 MANFOUO N. (2012). Les effets de la disparition des organismes publics d'appui financier et de la libéralisation des filières sur le monde agricole dans la région de l'Ouest-Cameroun, Mémoire de Master of science en agribusiness management, FASA Dschang, 126P.

29 NGAPGUEJ.N. (2007).Le maraîchage et le vivrier comme solution à la crise caféière dans la région de Foumbot, Thèse de Doctorat Ph.D. de Géographie, Université de Dschang, 587 P.

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31 TSOTEZONITCHEU C. (2000). Crise en milieu rural et stratégies de reconversion paysannes : Cas de la localité de Batcham dans les Bamboutos (Ouest-Cameroun), Mémoire de maîtrise de géographie, université de Dschang, 116 P.

C- ARTICLES ET REVUES

32 ASSOUMOU N. F. (1998).  « Stratégies de développement du secteur agricole au Gabon: Que peuvent nous apprendre la formule d'entreprise coopérative et l'approche de développement local ». Sherbrooke Québec, Canada. 32P.

33 AVRDC : the world vegetable center (2008) « Légume fruit: la tomate » Fiche technique, 6p.

34 BOUYO K. J. N. (2008). « Micro-finance et réduction de la pauvreté de la femme rurale : Des ambigüités d'une réussite à une dérive vers le monde urbain. Cas des M de Foréké Dschang et de Fongo (Ouest Cameroun) » , 15P.

35 GUILLERMOU Y. (2000).Mutations agraires et organisation paysannes sur les Hautes Terres de l'Ouest-Cameroun, GEODOC, n° 51, pp. 90-109.

36 GUILLERMOU Y., KAMGA A. (2004).  « les organisations paysannes dans l'Ouest-Cameroun : palliatif à la crise ? ». Etudes rurales 1/2004, n° 169-170, pp. 61-76.

37 GUILLERMOU Y. (2005). « Groupes de producteurs et ONG dans l'Ouest Cameroun : Dynamiques associatives et appuis extérieurs ». Revue internationale de l'économie sociale, no 298, pp. 26-39.

38 Herrera J. (1994). « la nature de la crise financière camerounaise et les mesures pour la combattre : Faut-il ajuster les programmes d'ajustement structurel ? »In Courade G. dir, « le village camerounais à l'heure de l'ajustement » PP 40-51

39 KAMGA A. (1995).« Crise économique et déscolarisation en milieu rural : le cas du village Bafou »  in Les Cahiers d'OCISCA N° 24 Yaoundé, Cameroun, 21P.

40 KAMGA A. (1995).Du café au maraîchage : recomposition du paysage agraire en pays bamiléké dans l'Ouest Cameroun.  Actes du colloque : « Un produit, une filière, un territoire », Toulouse 21 au 23 Mai 2001, Presses universitaires du Mirail

41 NGAPGUE J. N. (2010).   « Réaction du pôle de développement d'une région agricole face à la crise caféière : l'exemple de la ville de Foumbot sur les Hauts Plateaux de l'Ouest Cameroun », International Journal of Advanced Studies and Research in Africa (IJASRA), Vol 1 N°2, Montréal, Canada, pp 163-176.

42 NGAPGUEJ.N., TSALEFAC M., (2011). « Difficile fonctionnement des projets de développement agricole dans les pays du Sud : le cas de la Société de Conserveries Alimentaires du Noun à Foumbot (Ouest du Cameroun) »in Syllabus Review 2 (3), 2011, pp 274-293.

D- RAPPORTS

43 Annuaire des statistiques agricoles de la région de l'Ouest, Délégation régionale du ministère de l'agriculture et de développement rural de l'Ouest campagne agricole 2007, 10p

44 Agriculture vivrière et d'exportation, (2006), Bulletin d'information du centre d'information et de documentation agricole de la chambre de commerce, d'industries, des mines et de l'artisanat, 14P.

45 Agri-stat n° 7,8,9,10,11,12,13,14,15,16 (statistiques du secteur agricole) de la direction des enquêtes et des statistiques agricoles du MINADER .

46 Bulletin des échanges Cameroun-CEMAC + Nigeria ; 2007, 2008 de la direction des enquêtes et des statistiques agricoles du ministère de l'agriculture et développement rural.

47 Rapport sur la production et la commercialisation des cultures vivrières et de l'élevage au Cameroun : Développement de la production et de la commercialisation des cultures vivrières et de l'élevage dans la région d'Ombessa (Cameroun), 1971.

48 Rapport 2011 sur la pauvreté rurale du FIDA « Nouvelles réalités, nouveaux défis: de nouvelles chances pour la prochaine génération » 324P.

49 Itinéraire tomates cerises, Programme Initiative Pesticides de la faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, Belgique, 2008, 35P.

50 Agrodok N°17, la culture de la tomate : production, transformation et commercialisation, Fondation Agromisa et CTA, Wageningen, 2005, 105P.

E- DICTIONNAIRES

51 GEORGE P. (2009).Dictionnaire de la Géographie, Paris, PUF, 490P, 10e Edition.

52 Lexique d'économie, Paris, Dalloz, 718 P.

F- WEBOGRAPHIE

53 BALLET V.,  « Logiques d'action et relation d'acteurs » http:// www.Printemps.unsq.fr/com Consulté le 20 juillet 2012 à 9h29.

54 BOUCHER M.,  « Entre solidarité et contrôle social : les logiques d'action dans une ville moyenne »  http://www. Printemps.unsq.fr/ Consulté le 22 juillet 2012 à 19h22.

55 UWIZEYIMANA L.,« Après le café, le maraîchage ? Mutations des pratiques agricoles dans les Hautes Terres de l'Ouest Cameroun, 2009 », Les cahiers d'outre-mer Pages 331-344 http:// www.revue-les-cahiers-d-outre-mer-2009-3-p-331.html consulté le 18 septembre 2012 à 9h320.

56 http://www.cameroon-report.com/consulté le 22Mars 2013 à 08h25

ANNEXES

Annexe 1 : Attestation de recherche

Annexe 2 : Questionnaire d'enquête administré aux jardiniers

Annexe 3 : Guide d'entretien avec les responsables de GIC

Annexe 4 :Guide d'entretien avec M. Le DAADER

Annexe 5 :Liste des projets et programmes du ministère de l'agriculture et du développement rural

Annexe 6 : Planchephoto des Bayam-Sellam, à l'arrivée des cargaisons de tomate au marché de la ville de Dschang (grand hangar)

Annexe 7 :Evolution de la pluviométrie à Dschang de 2000 à 2012

Annexe 8 :Localisation et utilisation des terres et des sols agricoles dans le département de la Menoua

Annexe 9 :Evolution des prix de quelques engrais dans l'arrondissement de Dschang entre 2000-2012

Annexe 10 :Evolution des prix des produits phytosanitaires dans l'arrondissement de Dschang entre 2000-2012

Annexe 11 : Evolution des prix des semences améliorées dans l'arrondissement de Dschang entre 2000-2012

Annexe 12 : Types d'engrais utilisés

Annexe 13 : Guide pratique de culture de la tomate de l'AVRDC

Annexe 14 : Les principales maladies des jardins de tomates dans l'arrondissement de Dschang

ANNEXE 2:

UNIVERSITE DE YAOUNDÉ I

UNIVERSITY OF YAOUNDE I

ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE YAOUNDÉ HIGH TEACHER TRAINING COLLEGE YAOUNDE

Département de Géographie Department of geography

Numéro questionnaire :

Nom de l'enquêteur :

Date :

Nom du groupement enquêté :

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE SUR LES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG AU LENDEMAIN DE LA CRISE ECONOMIQUE

N .B : Les informations issues de ce questionnaire sont à usage strictement confidentiel et seront uniquement utilisées pour un but académique, et ne pourront à aucun cas malgré les circonstances servir pour d'autres fins.

ü cocher la case de votre choix Merci d'avance pour votre aimable collaboration !

I - IDENTIFICATION

1- Nom :............................................................( facultatif)

2- Age :................................................................

3-  Sexe : 1- Masculin 2-Féminin

4- Dans quel village se trouve votre plantation ?.......................................................................................

5- Etes-vous de ce village ?1- Oui 2-Non

6-Si non, quelle est votre village d'origine ?............................................................................................................

7- Et pourquoi avez-vous choisi ce village comme lieu d'installation ?................................................................

...............................................................................................................................................

8- Niveau d'étude : 1-N'a jamais été à l'école 2-Primaire 3-Secondaire 4- Supérieure

9- Statut matrimonial : 1-Célibataire 2-Marié(e) 3-Veuf (Ve) 5- Divorcé

10- Quel est votre ancien emploi? 1-Elève 2-Etudiant 3- Commerçant 4-Fonctionnaire 5- Employé(e) Agriculteur Moto-Taxi Autres.........

II-LES ACTEURS DE LA FILIERE TOMATE

11- D'où est provenu l'argent nécessaire pour le début de votre activité ? 1- Epargne personnelle 2- Tontines 3-Banques 4-Micro -finance GIC Autres......................

12- Y a-t-il des structures ou organismes qui interviennent dans votre filière ? 1- Oui 2- Non

13- Si oui, lesquelles ?................................................................................................................................

14- Localisation de votre plantation : Bas-fonds Bas de versant

16- Comment ces structurent ou organismes interviennent-ils dans votre filière ? (Vous pouvez cocher plusieurs réponses)

1-Organisation de l'activité 2-Fournitures de semence et engrais 3-Contrôle de semences 4-Etudes agronomiques 5-Prêts et crédits 6-Dons d'équipements et matériels agricoles

Autres (préciser).......................................................................................................................................................

17- Y a-t-il des micro-finances qui vous donnent des crédits pour les investissements agricoles ? 1-Oui 2-Non

18- Si oui, à hauteur de combien ?...................................................................................................................Fcfa

19- Si non pourquoi ?................................................................................................................................................

III- TECHNIQUES CULTURALES ET OUTILLAGES

20- Quels outils utilisez-vous dans vos champs ?

1-Rudimentaires (Houes, Machettes, etc.) 2-Modernes (Tracteurs, etc.)

21- Quelle type d'agriculture pratiquez vous dans votre exploitation ?

Monoculture (tomate uniquement) Polyculture (tomate et autres)

22- Quelle espèce de tomate cultivez-vous ?  1-Rio grande 2- Olivette 3- Hybride

23- Pourquoi particulièrement cette espèce ? 1Rentable 2- s'adapte au climat de la région 3-résistante face aux maladies 4- produit vite 24- Depuis combien de temps vous cultivez la tomate ?

1) -5 ans 2) 5 -10 ans 3)10-15 ans 4)10-15 ans 5)15-20 ans 6) + de 20 ans

25- Pourquoi cultivez-vous la tomate ?(Vous pouvez plusieurs réponses)

1- Pour votre consommation personnelle 2- Parce que l'agriculture est votre emploi 3- Pour améliorer vos conditions de vie 4- C'est pour un temps 5- Parce que vous n'aviez pas mieux ailleurs

Autres (préciser)..........................................................................................................................................................

26- Depuis que vous avez commencé l'agriculture, cultivez-vous toujours la tomate ?

1-Oui 2- Non

27- Si non, que cultivez-vous avant ? 1- Café 2- autres cultures vivrières

28- Pourquoi vous êtes vous tourné vers la culture de la tomate ?

1-A cause de la crise 2- On trouve notre compte 3- facile à cultiver 4- investissement est faible

29- Comment avez-vous obtenu votre parcelle de terrain ? 1- Achat 2- Héritage 3- Terrain familial

30- Est-ce que vous louez le terrain sur lequel vous pratiquez la culture de la tomate ? 1- Oui 2- Non

31- Quelle est la taille de votre parcelle de culture de tomate ?

1) [0-1000 m2 [ 2) [1000-2000 m2 [ 3) [2000-3000 m2 [ 4) [3000-4000m2 [ 5) + 40000 m2

32- Votre parcelle de culture de la tomate a-t-elle augmenté en en 5 ou10 ans?1- Oui 2- Non

33- Si oui, de combien d'hectares ? 1) [0-1000 m2 [ 2) [1000-2000 m2 [ 3) [2000-3000 m2 [ 4) [3000-4000m2 [ 5) + 40000 m2

34- Pourquoi a-t-elle augmenté ? 

1-Demande croissante 2-Ça rapporte assez d'argent 3-Parce qu'on veut produire plus pour faire beaucoup de bénéfices

Autres (préciser)......................................................................................................................................................

35- Comment est votre production depuis 5 à 10 ans ?

1- Décroissante 2- Statique 3- Croissante

36- Si décroissante ou statique, Pourquoi ? 1-A cause des maladies 2-Investissement est petit perturbations climatiques

37- Quelle est l'origine de votre main d'oeuvre ? 1- Je travaille seul(e) 2-Familiale 3-Employés

Autres (préciser)..........................................................................................................................................................

38- Quelle est votre production moyenne par saison ?

1)0-50 paniers 2)50-100 paniers 3)100-150 paniers 4)150-200paniers 5) + 200 paniers

39- Combien de fois cultivez-vous la tomate par an ? 1)1 fois 2)2 fois 3)3 fois 4) + 3 fois

Pourquoi ?..................................................................................................................................................................

IV- STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT

40- Etes-vous un paysan individuel ?1-Oui 2- Non

41- Si oui, pourquoi ?

1-Je veux produire seul 2- On n'a pas le choix 3- On n'est pas informé dans ce sens là

Si autres, préciser ?..................................................................................................................................................

42- Appartenez-vous à un GIC ?1- Oui 2- Non

43- Si oui, lequel ?..............................................................................................................................................

44- Quels avantages ce GIC vous procure t-il ?

1-Financement 2- fournitures intrants 3-fourniture matériels agricoles

4- Encadrement et formation

45- Y a-t-il des ONG ou autres structures qui vous apportent de l'aide ? Oui Non

Si oui, lesquelles ?..........................................................................................................................................

46- Et comment ces ONG ou structures vous aident-elles ?

1-Financement 2-fournitures intrants 3- fourniture matériels agricoles

4-Encadrement et formation

47- Est-ce que vous bénéficiez de l'appui de l'Etat ?1 Oui 2- Non

Si oui, comment l'Etat vous aide t-il ?

1-Financement 2- fournitures intrants 3- fourniture matériels agricoles

4- Encadrement et formation

48- Utilisez-vous les engrais ? 1-Oui 2- Non

Si oui, lesquels ? (Vous pouvez cocher plusieurs cases)

1-Chimique 2-Organique(Fiente) 3- Les deux Si autres, Préciser ?...............................................................................................................................................

49- Quelle quantité d'engrais utilisez- vous par saison ?

1) 0-50 Kg  2) 50 - 100 Kg 3) 100 -150Kg 4) 150-200Kg 5) + De 200Kg

50- Utilisez-vous les produits phytosanitaires ?1-Oui 2-Non

51- Quelle quantité utilisez-vous par saison ?

1) 0-50Kg 2)50-100Kg 3)100-150Kg 4) 150-200Kg 5) + De 200Kg

52- Quelle est la destination des grossistes qui achètent vos récoltes ? 1-Douala 2-Dschang-Ville 3-Yaoundé Autres ...................................

V- LES PROBLEMES LIES A LA CULTURE DE LA TOMATE

53- Quelles sont les difficultés  que vous rencontrez chaque jour dans la pratique de votre activité ? (vous pouvez cocher plusieurs réponses)

1-Routes 2-Financement 3- Maladies des plantes 4- Fourniture de semences et d'engrais 5- Conservation des récoltes

Si autres, préciser ...............................................................................................................

54- Quelles sont les principales maladies qui affectent votre champ de tomate ? (Vous pouvez cocher plusieurs cases)

1-Pourriture des feuilles 2- pourriture des fruits 3- Perforation des feuilles (feuilles qui se percent) 4-Desséchement de feuilles 5-Fruits qui n'arrivent pas à maturité 6- Fendillement des fruits 7-Chenilles 8- Insectes 9- Mildiou

Si autres, préciser ?.....................................................................................................................................................

VI- SOLUTIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE

55- De façon générale qu'est ce qu'il faut pour améliorer vos conditions de travail, et votre production ?...............................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................

56- Qu'est-ce que l'Etat doit faire pour améliorer votre secteur d'activité?

1-Faire baisser les prix des intrants 2-subventionner les intrants 3- construire les routes 4-donner le matériel agricole 5- former et encadrer les producteurs aux nouvelles techniques

Si autres, préciser ?......................................................................................................................................................

Merci pour votre aimable collaboration !!!!!!

GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES RESPONSABLES DES GIC

ANNEXE 3 :

NB : Les informations issues de cet entretien sont essentiellement confidentielles et ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'un usage autre qu'académique.

1- Quel est le nom de votre GIC ?

2- Qui est /sont le(s) fondateur(s) ?

3- En quelle année a-t-il été créé ?

4-Pourquoi votre GIC a-t-il été créé ?

5- Quels sont ses objectifs ?

6- Combien d'agriculteurs compte votre GIC ?

7- Est-ce facile d'adhérer à votre GIC ?

8- Recevez-vous des aides pour votre fonctionnement  et pour l'organisation de votre filière ?

9-Si oui quelles sont les types de dotations ou d'aides que vous recevez ?

10- Quelles sont les structures qui vous octroient de l'aide ?

11- Quels sont les avantages qu'un agriculteur tire en adhérant à votre GIC ?

12- Quelles sont les conditions d'adhésion à votre GIC ?

13- Avant la création de votre GIC, comment était votre production ?

14- Depuis la création de votre GIC, avez-vous constaté des améliorations dans la pratique de cette culture ?

15-Depuis votre création, y a-t-il une augmentation de votre production de la tomate ?

16- Si oui, quels en sont les chiffres ?

17- Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la pratique de votre activité ?

18- Selon vous, qu'est ce qui peut être fait pour optimiser vos rendement ?

ANNEXE 4 :

Guide d'entretien avec le délégué d'arrondissement de l'agriculture et du développement rural de Dschang (DAADER)

NB : Les informations issues de cet entretien sont essentiellement confidentielles et ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'un usage autre qu'académique.

1-Quel est l'état des lieux de la culture de la tomate dans l'arrondissement?

2- Quels sont les problèmes auxquels font face les agriculteurs de l'arrondissement en particulier les maraîchers ?

3- Quel est le rôle de la DAADER dans l'organisation des agriculteurs de l'arrondissement ?

4-Avez-vous un organe dans votre structure en charge de l'encadrement des maraîchers ?

5- Si oui quel est son nom, son organisation et ses objectifs ?

5- Apportez-vous de l'aide aux maraîchers ? En particulier les jardiniers ?

6- Si oui, quel est la nature de ces aides ?

7- Avez-vous constaté une nette amélioration de la production de tomates l'arrondissement ?

8- Si oui, quels en sont les chiffres ?

 9-Selon vous, qu'est ce qui explique cette évolution de la production de tomate dans l'arrondissement ?

10- Quels sont de façon générale les problèmes auxquels les filières maraîchères en particulier la spéculation tomate fait face dans l'arrondissement ?

11- Qu'est ce qui est fait par la DAADER pour faire face à ces multiples problèmes ?

12- Qu'est ce qui donc être fait pour optimiser les rendements des jardiniers de l'arrondissement ?

Merci pour votre collaboration

ANNEXE 6

Clichés Fofack Mujia G. Février 2013 Planche photo :Bayam-Sellam, à l'arrivée des cargaisons de tomate au marché de la

ville de Dschang (grand hangar)

ANNEXE 7

Source : DAADER

ANNEXE 8

Source : DAADER Dschang

ANNEXE 9

Source : DAADER Dschang

ANNEXE 10

Source : DAADER Dschang

ANNEXE 11

Cultures (Sachet de 3 grammes)

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

Chou

500

500

550

600

600

600

600

600

600

600

600

700

1000

Tomate

450

500

500

500

600

600

600

600

600

600

600

700

1000

Carotte

500

500

500

550

550

600

600

600

600

600

600

700

1000

Gombo

500

500

525

550

550

600

600

600

600

600

600

700

1000

Oignon

450

500

500

550

575

600

600

600

600

600

600

700

1000

Basilic

450

500

500

550

550

600

600

600

600

600

600

700

800

Céleri

450

500

500

550

550

600

600

600

600

600

600

700

800

Persil

450

500

500

550

550

600

600

600

600

600

600

700

//

Mais en Kg

//

//

//

//

//

//

//

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550

750

800

Haricot en Kg

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//

//

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//

550

700

//

Tomate 100g

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//

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//

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//

5000

6000

8000

Poivron 100g

//

//

//

//

//

//

//

//

//

//

5000

5000

7500

Pomme de terre en Kg

//

//

//

//

//

//

//

//

//

//

1000

//

//

Source : DAADER Dschang

ANNEXE 12

33

39

7

79

2

2

4

6

12

1

19

39

53

10

102

Chimique

Fientes

Les deux

Types

d'engrais

Total

Foréké

Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

ANNEXE 14

Source : Enquête de terrain, février 2013

Abstract

Since independence, agriculture has been Cameroon's main money-making activity. She used to rely on cash crops such as cocoa and coffee. However, during the 1980S, these two products witnessed a decline in prices as a result of an economic crisis which took place during the same period. Dschang Subdivision which depended on Arabica coffee underwent deep socio-economic and spatial transformations. Farmers abandoned their coffee farms and rushed towards other products which could bring more gain. In this context, market gardening, especially tomato cultivation, appeared as a job opportunity or a sure source of income for former coffee cultivators, former migrants and the unemployed. The state policy aiming at stimulating and diversifying food and market gardening production which was put in place by in the 1990s surely contributed to develop food and market gardening sectors. Henceforth, the reconfiguration of agriculture stakeholders of Dschang Subdivision having multiple and innovative strategies, boosted emergence, development and popularization of tomato cultivation in the said subdivision. Nowadays, its production is increasing as well as the number of farm plots and gardeners. This situation contributes to improving the life standards of devotees. Notwithstanding, this buoyant sector in terms of employment and improvement of socio-economic well-being is experiencing some difficulties. With the said «second-generation» agricultural policy, we hope that the needs of this sector will be adequately met.

Key words: economic crisis, emergence, conversion, market gardening activity, tomato, Dschang

Résumé

L'agriculture au Cameroun constitue depuis l'indépendance, la principale source de rentrée de devises. Celle-ci reposait sur les produits de rente tels que le cacao et le café. Cependant, au cours de la décennie 1980, les cours de ces deux principaux produits de rente du Cameroun vont connaître une baisse drastique consécutive à la crise économique survenue au cours de la même décennie. L'arrondissement de Dschang, qui vivait au rythme du café arabica, va connaitre de profondes mutations socio-économiques et spatiales. Les paysans vont abandonner leurs exploitations de café pour se ruer vers d'autres spéculations agricoles susceptibles de les faire renouer avec la production. Dans ce contexte, l'activité maraîchère, en particulier la culture de la tomate, apparaît comme une opportunité d'emploi ou une source de revenus certaine pour les anciens caféiculteurs qui seront rejoints par les migrants de retour et les chômeurs. La politique étatique de relance et de diversification de la production vivrière et maraîchère mise en place par l'État dans les années 1990 va donc contribuer au développement de l'activité vivrière et maraîchère. Dès lors, la reconfiguration du paysage des acteurs dans le secteur agricole de l'arrondissement de Dschang, dont les stratégies plurielles et non moins innovatrices, va donner un coup de main à l'émergence, au développement et à la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Aujourd'hui, la production de cette spéculation ne cesse d'augmenter au fil des années ainsi que les superficies à elle allouées et le nombre de jardiniers. Contribuant ainsi à l'amélioration des conditions de vie des pratiquants. Toutefois, cette filière porteuse en termes d'emploi et d'amélioration du bien-être socio-économique fait face à de nombreuses difficultés. Néanmoins, avec la nouvelle politique agricole dite de « seconde génération », nous espérons que cette filière bénéficiera d'une attention particulière.

Mots-clés : Crise économique, émergence, reconversion, maraîchage, tomate, Dschang

* 1 Extrait du discours prononcé par son Excellence Paul Biya le 17 Janvier 2011, lors de la cérémonie d'ouverture du comice agro-pastoral d'Ebolowa.

* 2 De l'ordre de 30% en moyenne des revenus de l'Etat dans les années 1970-1980, selon rapport de la banque mondiale de 2007

* 3Agriculture de seconde générationréaffirmée par le chef de l'Etat en Janvier 2011 lors du Comice agro-pastoral d'Ebolowa.4

* 5Près de 700 tonnes de tomates exportées en 2007 par les postes frontaliers d'Ambam Minko'o, Kye-ossi et Aboulou (Bulletin trimestriel des échanges Cameroun- CEMAC+ Nigéria, 2008)

* 6 Selon l'office du tourisme de Dschang

* 7 Découpage administratif de 1996

* 8Degré d'acidité 

* 9D'après l'institut national de la statistique du Cameroun, en 2007, le taux de croissance annuel moyen de la région de l'Ouest est 2,4%

* 10Il faut noter que ce dialecte présente quelques petites spécificités d'ordre local (changement d'accent et d'intonation dans certains villages) ; cependant les racines des mots demeurent les mêmes.

* 11Marché qui se déroule une seule fois au cours de la semaine.

* 12Cette dévaluation fut prononcée le 14 janvier 1994. Jusqu'à cette date, un franc français valait 50 francs CFA.

Avec la nouvelle parité, un franc français vaut 100 francs CFA.

* 13Compilation des données d'AGRI-STATS (Annuaire des statistiques du secteur agricole au Cameroun)

* 14In Dictionnaire de la géographie, 2009

* 15R. Joy cité par André Lalande in « Vocabulaire technique et critique de la philosophie » 1983, P.1278

* 16George P. Dictionnaire de la géographie 10e Edition 2009

* 17 Assoumou Ndong F. (1998) Stratégies de développement du secteur agricole au Gabon: Que peuvent nous apprendre la formule d'entreprise coopérative et l'approche de développement local ?

* 18A la création de cette structure en 1958, on parlait de l'union des coopératives du café arabica de l'Ouest. Mais en 1975 celle-ci changea de nom et devint l'Union centrale des coopératives agricoles de l'Ouest. Le changement de la dénomination de cette coopérative témoignait du souhait d'étendre l'influence de cette structure au-delà du café arabica et de le transformer en outil de développement agricole et social dans la région de l'Ouest.

* 19Village pionnier de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. C'est un des villages du groupement Foréké-Dschang, situé à 10 Km de la ville de Dschang, sur l'axe routier Dschang-Santchou. La particularité de ce village pionnier de la culture de la tomate est la relative suspension de ses jardins de tomates à plus de 2000 m d'altitude. Dans ce village, les jardins de tomate sont pour la plupart situés sur des versants aux pentes plus ou moins abruptes.

* 20Nom donné au « Acheteuse-revendeuse » au Cameroun.

* 21 Définition tirée de la loi du 14 Avril 1992, qui instituait les organisations paysannes.

* 22Lemildiou, francisation phonétique de l'anglais mildew (moisissure, de l' anglo-saxonmildeaw signifiant « substance collante sécrétée par les pucerons » ), est le nom générique d'une série de maladies cryptogamiques affectant de nombreuses espèces de plantes, mais prenant des proportions épidémiques dans certaines cultures de grande importance économique, telles que la tomate et la pomme de terre.Ces maladies se manifestent par des taches brunes et/ou une apparence de moisissures blanches et cotonneuse suivies d'un flétrissement général de la feuille, d'un rameau ou de toute la plante.

* 23Agri-Stat N° 16, février 2010






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