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Partis politiques et processus démocratiques en République Démocratique du Congo

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par Emmanuel MUKENDI KENNEDY
Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Politiques et Administratives  2014
  

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III. LA LIBERTE DE LA PRESSE EN RDC

1. De 1960 à 1965

Ainsi que l'affirme Gilbert MUBANGI, « Les cinq premières années d'indépendance du Congo sont connues pour leur bégaiement généralisé dû à l'impréparation et à l'amateurisme de ses dirigeants » 55(*). Et comme on pouvait s'y attendre, il en résulta une grande confusion sur le plan politique, économique et social. La presse congolaise militante et nationaliste, née à la suite des événements politiques de 1959, déterminée et unie face à l'autorité coloniale, se retrouva fragilisée, divisée, tribalisée, politisée à outrance.

A l'aube de l'indépendance, la jeune presse est ainsi jetée en pâture aux plus offrants. Les politiciens et certains groupes de pression s'en emparèrent pour leur propagande. Chaque groupement politique avait son ou ses titres de presse : Notre Congo pour l'Alliance des Bakongo (ABAKO), Le Congo Libre pour le Parti de l'Interfédérale, Solidarité Africaine pour le Parti Socialiste Africain (PSA), Emancipation pour le Parti du Peuple-Action-Socialiste et L'Indépendance pour le Mouvement National Congolais (MNC), etc. Cette situation engendra, à en croire Dayan Daniel « des mesures arbitraires de l'autorité politique : favoritisme pour certains, interdictions et arrestations pour d'autres. » 56(*) Redoutant le pouvoir de la presse, le tout nouveau pouvoir congolais a réagi de la même manière que l'autorité coloniale. « L'Arrêté ministériel de Patrice Lumumba du 11 août 1960 relatif aux mesures exceptionnelles, en cas de troubles graves, en matière de liberté de la presse n'est rien d'autre qu'une copie conforme du Décret du Gouverneur Général du Congo du 6 août 1922, qu'il a décrié en son temps »57(*).

2. De 1965 à 1990

Pendant une grande partie du règne de Mobutu, toute critique de la personne du président et des barons du régime, des institutions et du parti, fut interdite, ainsi qu'en témoigne l'article 53 du Code pénal, lequel prévoyait que « les déclarations du Président ne pouvaient donner lieu à aucun débat ». Plusieurs dispositions du même code limitaient la liberté de la presse. A titre illustratif, l'article 150 disposait : « toute personne qui contribuerait en connaissance de cause à la publication ou distribution de matériaux écrits qui n'indiquent pas le nom et la résidence de l'auteur ou de l'imprimeur, était passible d'une période d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à deux mois et d'une amende conséquente ». En vertu donc de ces dispositions du code pénal, le Ministère de l'Information et les Services de Sécurité ont exercé une censure permanente et implacable sur la presse. Celle-ci, entièrement subventionnée par l'Etat, ne devait que refléter la pensée unique du pouvoir qui le finançait.

En 1972, dans le souci de mieux censurer la presse l'Etat zaïrois fusionna certains titres de presse pour les confier arbitrairement à quelques éditeurs choisis selon leur militantisme et leur fidélité au Guide de la Révolution. A ce propos, Dayan Daniel note que « pendant toute cette période, les Une des journaux se ressemblaient : la photo du Président Mobutu est devenue omniprésente. L'essentiel de l'information dans la presse tournait autour de ses activités, celles de ses ministres et du Parti unique (MPR). »58(*) L'Azap (Agence Zaïre Presse), la seule agence d'information du pays dépendait à la fois du Ministère de l'Information et de la Présidence de la République. Devenue une véritable caisse de résonance des idées et des opinions du parti et de ses sbires, la presse libre cessa d'exister au Zaïre. Il fallut attendre 1981 pour voir une petite avancée sur le plan de la liberté de la presse.

En effet, l'Ordonnance-loi du 2 avril 1981 introduisait une libéralisation de la presse, une simple déclaration au ministère suffisait désormais pour la publication ; le directeur de la publication était civilement et pénalement responsable. Il faut aussi noter qu'à cause de ce climat délétère, le nombre des publications dans le pays diminua sensiblement pendant cette période. Vingt-cinq ans après, à la faveur de l'écroulement du mur de Berlin, la presse congolaise crut renaître de ses cendres. Cependant, les conditions de cette fausse renaissance ne furent pas à son honneur, car ce n'était pas le fruit d'une résistance, ni une victoire acquise à la suite d'un combat, mais une sorte de cadeau du « Guide ». Ironie du sort, celui-là même qui avait mis la presse au pas pendant plus de 25 ans, décréta dans son discours du 24 avril 1990 qu'elle était désormais libre.

* 55. MUBANGI, G., Le parcours de la presse congolaise et le rôle de l'oralité comme relais de l'information en Afrique, in La Conscience, Kinshasa, pp.7-9.

* 56. DAYAN, D.,  Les pouvoirs de la réception, in Le Débat, n°71, 1992, p. 146-162.

* 57 . ARNOLD, M., Aimer l'Afrique, hier et aujourd'hui, in Belgian Economic Journal, n°35, 1985, p. 3-6.

* 58 DAYAN, D., op.cit., p. 146-162.

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