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La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique

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par Maÿlis Outters
Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006
  

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Conclusion

L'iconographie, tout comme les commentaires sur la nomination des animaux par Adam, reste pauvre. Ce passage de la Genèse, outre les questions linguistiques et nominales, évoque la relation de l'homme à l'animal, une relation essentielle à l'époque médiévale. Car, comme aime à le répéter Michel Pastoureau, l'animal n'a jamais été aussi bien mis en valeur qu'au Moyen Âge, où il a reçu une formidable promotion par rapport à l'Antiquité. Cependant les passages bibliques de référence, quant à la justification de la relation homme/animal, seront plutôt, dans l'Ancien Testament, l'épisode de l'arche de Noé (Gn. VII-VIII), ou simplement la suprématie donné par Dieu à l'homme sur la création (Gn. I, 26).

Cette scène est rare en iconographie, car elle se situe entre deux autres grands passages bibliques mettant en scène un nombre important d'animaux : la création des animaux par Dieu, une scène qui nous l'avons vu est parfois mis en parallèle de la nomination des animaux, dans les bestiaires, et l'arche de Noé, où pour la deuxième fois, les animaux passent en revue devant un homme qui représente l'humanité. La proximité de ces deux scène explique la rareté des enluminures sur la nomination des animaux ; l'enluminure est un luxe qui n'est pas à la portée de tous. Notons aussi que d'autres passages de la Création peuvent représenter la soumission des animaux, comme la création de l'homme où l'on voit des animaux soumis, ou le mariage d'Adam et d'Ève où, comme dans une enluminure des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, les animaux font figures de témoins soumis et dociles de cette union151(*) .

Cependant cette scène nous donne une image différente de l'Adam pécheur qui prime au Moyen Âge. Adam est avant tout l'homme au pied de l'arbre de la connaissance qui croque le fruit défendu offert par Ève et qui entraînera le péché dans le monde. Cette scène est inscrite dans tous les programmes iconographiques des églises, que ce soit sur les chapiteaux, dans les vitraux ou sur les fresques. La plupart des bibles enluminées sont illustrées de cette scène. Cet acte efface le reste des actes du premier couple. Or si Adam a malgré tout une meilleure image qu'Ève, ne serait-ce qu'à travers le Jeu d'Adam, c'est d'une part parce que la femme est cause de la malédiction, mais d'autre part parce qu'il a nommé les animaux qui, comme nous l'avons vu, le faisant pleinement homme, lui donne une image de prophète, de père de la création, de maître et de seigneur de l'Éden, une image au final qui annonce plus aisément le nouvel Adam.

Le bestiaire est le genre de manuscrit qui nous offre le plus d'enluminures de la nomination des animaux. Il est très apprécié de l'aristocratie d'Angleterre et de France, qui retrouve dans Adam nommant les animaux un modèle de seigneur. Quant aux intellectuels qui utilisent les bestiaires, ils reconnaissent en Adam le premier maître qui a su donner aux choses leur définition exacte par la nomination.

Les commentaires sur la nomination des animaux ont permis en outre de déterminer la position de l'homme face à la création, et plus spécialement face aux animaux. De la créature inférieure, à utiliser ou à tuer, à la créature soeur les commentaires ont évolué en fonction du rapport des hommes à la nature. Le choix des animaux présents devant Adam dans les enluminures de la nomination des animaux nous montre une certaine image du Paradis où règne l'harmonie entre les bêtes féroces et les animaux inoffensifs, sous la domination de l'homme. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, l'homme a conscience de maîtriser un peu mieux la nature, et nous pouvons le constater dans le corpus de nos enluminures où l'élément végétal prend une plus grande importance. Ainsi les enluminures traduisent par des images à la fois la pensée théologique et l'imaginaire médiéval.

* 151 voir annexe p. 98.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon