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La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique

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par Maÿlis Outters
Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006
  

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3. Un modèle d'obéissance

L'image d'un saint face aux animaux réceptifs à sa parole, a une grande histoire tout au long du Moyen Âge. Le saint se distingue par ses miracles et durant le Haut Moyen Âge, ces miracles s'exercent souvent sur des animaux. Les vies de saint regorgent de bêtes sauvages apaisées, à commencer par les ours, ou les loups, d'animaux dévoués au maître. Le saint par sa sagesse provoque la soumission de l'animal, qui retrouve en lui son maître, c'est-à-dire l'homme qui est dans l'obéissance de Dieu, comme Adam avant la chute. La vie de saint Martin décrite dans La Légende dorée, montre la grande obéissance des animaux au saint, contrairement à la majorité des hommes :

À un serpent qui traversait le fleuve à la nage, Martin dit : «Au nom du Seigneur, je t'ordonne de rebrousser chemin.» Aussitôt en suivant l'ordre du saint, le serpent se retourna et rejoignit l'autre rive. Martin dit alors en gémissant : «Les serpents m'écoutent et les hommes ne mécoutent pas !»147(*)

Même l'animal mauvais, chassé par le saint, détient la vertu d'obéissance et d'écoute que n'ont pas tous les hommes, en cela ils sont exemplaires. Sur l'enluminure des Heures à l'usage de Thérouanne représentant Saint François prêchant aux animaux, un clerc replié sur lui-même, les mains sur les oreilles pour ne pas écouter, s'oppose au lion et aux oiseaux attentifs ; seul le singe, miroir de l'homme se détourne, tenant dans ses mains une pomme, la pomme du péché. On retrouve aussi ce modèle d'un homme dominant des animaux obéissants et attentifs chez le pasteur.

Le modèle paternaliste qui s'imposait au Moyen Âge était celui du Bon Berger, le Christ menant son troupeau. Ainsi l'évêque a une crosse de berger qui symbolise son pouvoir sur les chrétiens, de même l'abbé qui a autorité sur ses moines. Les animaux dociles, loyaux et obéissants à un maître plein d'attention, sont un exemple pour tous les subordonnés148(*). Dans l'enluminure d'un manuscrit d'Hugues de Fouilloy149(*) montrant le Christ qui confie une crosse de commandement à un abbé, les animaux, et plus spécialement le troupeau, représentent les chrétiens. Il y a une différence entre le troupeau de chèvres qui représente les mauvais chrétiens et les moutons qui représentent les bons. Cette crosse de commandement se retrouve entre les mains de Dieu dans un bestiaire de Cambridge (ill. 14). Le corps détourné de Dieu à Adam montre qu'il lui cède une partie de son pouvoir sur les animaux . En face, les animaux n'ont d'yeux que pour leur nouveau pasteur.

C'est l'obéissance du troupeau qui prouve la bonne conduite du pasteur. La vertu d'obéissance transparaît dans les enluminures de la nomination des animaux. Parmi les animaux choisis nous retrouvons souvent des animaux symbolisant l'obéissance. Ce qui renforce l'idée de soumission. L'âne et le boeuf sont les animaux du labeur et de l'obéissance silencieuse, le boeuf est l'éternel vaincu, celui qui oeuvre sous le joug. Dans le bestiaire de Rochester150(*) (ill. 8) le cerf et les lions sont face à Adam, la tête haute, ils occupent la place centrale de la vignette. Deux animaux tournent le dos à Adam, l'âne qui baisse la tête, une charge sur le dos, et une patte en avant le montrant en action, et un dromadaire harnaché, monté par un chamelier qui tient un fouet, lui aussi une patte en avant. Ces deux animaux représentent de manière explicite le travail que doivent accomplir les animaux sous l'ordre de l'homme. Ils sont eux aussi modèle de labeur et d'obéissance. Deux vertus dans lesquels peuvent s'identifier les moines, qui mènent une vie exemplaire pour tous les hommes. Le sanglier qui a souvent été présenté comme animal diabolique, peut alors se comprendre comme le symbole des ermites. Le sanglier, ou solitaire, est toujours à l'écart dans les enluminures, comme l'ermite qui vit isolé.

L'harmonie entre l'homme, les animaux et la nature paraît réelle dans l'iconographie et l'exégèse de la nomination des animaux. Ces derniers sont une source de perfectionnement de l'homme.

* 147 La Légende dorée, op. cit., p. 922.

* 148 Th. Keith, Dans le jardin de la nature. La Mutation des sensibilités en Angleterre à l'époque moderne, 1500-1800, Paris, Gallimard, 1985, p. 44.

* 149 voir l'annexe p. 99.

* 150 Bestiaire de Rochester, v. 1230, London, British Library, ms. Royal 12 F XIII, fol. 34v.

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