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La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique

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par Maÿlis Outters
Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006
  

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2. Saint François d'Assise : l'animal modèle

Pour les clercs au Moyen Âge l'animal n'est pas un vulgaire instrument, puisque l'homme et l'animal appartiennent à la même création, et sont liés par un même destin celui des créatures de Dieu, appelées à chanter sa gloire. Au XIIIe siècle, saint François d'Assise a fortement mis en relief la beauté et la valeur des animaux en allant même, par un étrange renversement des rôles, jusqu'à encourager ses frères à obéir aux bêtes :

Et [le bon frère] est soumis et subordonné,

À tous les hommes qui sont dans le monde.

Et pas uniquement aux seuls hommes,

Mais aussi à toutes les bêtes et à tous les fauves.

Pour qu'ils puissent faire de lui ce qu'ils voudront,

Autant qu'il leur sera donné d'en haut par le Seigneur142(*)

Saint François invite donc ses frères à se soumettre totalement à ceux qui leur sont naturellement soumis, et cela pour cultiver la vertu d'obéissance et aussi d'humilité . C'est en effet «en apprenant à obéir à ce qui nous est soumis de droit sinon de fait [les animaux] que nous désapprenons cet air de supériorité que nous avons sur ceux qui nous sont parfois soumis de fait sinon de droit [des hommes]»143(*). L'animal est un reflet de l'homme, sur lequel le moine peut exercer ses vertus en considérant l'animal comme le plus humble des hommes, mais aussi digne de respect puisque créature divine.

Cependant saint François, par sont attachement à ces «frères inférieurs», fait figure d'exception dans le monde chrétien du XIIIe siècle.

Le fait que l'animal ait été nommé par Adam, et qu'il ait été son vassal, ne range pas l'animal entièrement du côté diabolique. De plus avec le péché originel l'homme rétrograde derrière l'animal sur l'échelle qui monte vers Dieu. L'animal peut donner des leçons à l'homme qui n'a pas su respecter sa nature, qui était de rester dans l'obéissance du Créateur. C'est pourquoi les clercs du Moyen Âge l'ont utilisé comme référent de l'homme. Jacques Voisenet parle même de «projection des valeurs cléricales»144(*) sur le monde animal. Car l'animal incarne ce que l'homme n'est pas, ou ce qu'il fuit, comme les péchés capitaux qui sont parfois représentés par des animaux145(*). Les clercs investissent les animaux des qualités dont on voudrait être paré mais aussi des fautes dont on aimerait être débarrassé.

Les bestiaires qui sont l'un des deux supports privilégiés du corpus iconographique étudié, sont des recueils de leçons morales prises dans le monde animal qui s'offre en exemple aux hommes. La zoologie ne peut-être qu'une partie de la théologie puisque la nature est divine, de là tous les animaux ont une ou plusieurs symboliques.

Lorsque saint François prêche aux animaux, aux oiseaux, ce n'est pas simplement une certaine bienveillance à l'égard des plus simples créatures, c'est pour montrer aux hommes qui refusent la Parole, le message évangélique, que les animaux qui sont dépourvus de raison acceptent de l'écouter. L'iconographie de saint François prêchant aux animaux ou aux oiseaux146(*) est comparable à celle de la nomination des animaux. Dans les deux cas un homme adresse la parole à des animaux qui ont une attitude attentive sinon soumise. L'homme s'adresse à des animaux à défaut d'autres hommes. L'un impose avec autorité des noms qui respectent les desseins de Dieu, l'autre prêche une parole d'autorité, la parole de Dieu.

* 142 Saint François d'Assise, Écrits. Salutation des Vertus, Paris, Le Cerf, 1981, réed. 1997, p. 273.

* 143 Ch. Cervelon, L'Animal et l'homme, op. cit., p. 58.

* 144 J. Voisenet, Bêtes et hommes dans le monde médiéval. op. cit., p. 252.

* 145 Par exemple la très belle enluminure du Miroir historial de Vincent de Beauvais intitulée «La Chevauchée des péchés capitaux» où les animaux symbolisant un péché sont chevauchés par des hommes, l'ours renvoie à la gloutonnerie, le lion à l'orgueil, l'âne à la paresse, le singe à la luxure, un quadrupède à l'avarice, le sanglier à la colère et le chien à l'envie. (Paris, BNF, ms. fr. 50, fol. 25, 1463), voir annexe p. 88.

* 146 voir annexe p. 87.

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