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La nomination des animaux par Adam, dans l'Occident latin du XIIe au XVe siècle. Etude iconographique

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par Maÿlis Outters
Université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines - Master 2 d'histoire médiévale 2006
  

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2. La domination des animaux domestiques et sauvages

De la domination d'Adam sur les animaux, les hommes n'ont conservé qu'une partie de leur pouvoir en particulier sur les animaux domestiques. Et ce sont surtout ces animaux qui sont évoqués dans le corpus iconographique. Les enlumineurs représentent les animaux sur lesquels l'homme peut exercer son pouvoir. Robert Grosseteste (†1253) nous explique que le péché originel n'a rien changé à la domination de l'homme sur les animaux :

Dieu a donné la domination à l'être humain, mais il prévoyait que l'homme aurait besoin des animaux après la Chute [...]. Si l'homme n'était pas tombé, les autres créatures le serviraient simplement dans l'obéissance. Mais après le péché, la création a pris feu à cause du tourment infligé par le Malin. Mais à travers ce tourment, ils n'ont pas cessé de servir102(*) .

Déjà saint Augustin consacrait une partie de son commentaire de la nomination des animaux (Gn. II, 18-24) au pouvoir donné aux hommes de domestiquer certains animaux :

Dieu créant l'homme lui a donné le pouvoir, même lorsqu'il porte une chair de péché, de maîtriser et d'apprivoiser non seulement les bestiaux et les bêtes de sommes soumises à son usage, non seulement les oiseaux domestiques mais encore ceux qui volent à l'air libre et n'importe quelle bête féroce, et de leur commander par la puissance de la raison et non par la force physique, lorsque mettant en jeu leurs appétits et leurs souffrances, il les captive et les maîtrise peu à peu en les alléchant, en les refrénant, en relâchant son emprise et ainsi les dépouiller de leur comportement sauvage pour les amener à revêtir en quelques sorte des moeurs humaines103(*) .

Le fait d'avoir la possibilité de domestiquer, du moins d'apprivoiser, la plupart des animaux, même le lion ou l'ours que l'on retrouve dans les ménageries, renforce l'homme dans sa position de supériorité face à l'animal. À partir du XIIIe siècle les ménageries ne sont plus seulement l'apanage des princes et des riches abbayes, mais aussi de chapitres, de prélats, et de seigneurs104(*). Les animaux exotiques sont exhibés aux foules. Au XIIe siècle, Raoul Tortaire moine de l'abbaye de Fleury assiste à un spectacle à Caen donné par le duc de Normandie : il peut admirer des animaux réputés dangereux comme un lion, un léopard ou un lynx, ou plus inoffensif, un chameau et une autruche105(*). En fin de compte presque tous les animaux du corpus iconographique peuvent être occasionnellement dominés par l'homme. Et c'est à Adam que le Moyen Âge doit cette domination partielle sur tous les animaux. En donnant un nom aux animaux Adam a affirmé sa maîtrise sur le monde animal, de même le grand seigneur propriétaire affirme sa puissance en peuplant son jardin d'animaux sauvages ou exotiques106(*) .

* 102 Robert Grosseteste, On the Six Days of the Creation, op. cit., p. 241.

* 103 Saint Augustin, Contre les Manichéens, livre IX, XII, 20, op. cit.

* 104 voir G. Duchet-Suchaux, M. Pastoureau, Le Bestiaire médiéval., op. cit., p. 88-89

* 105 Exemple cité par G. Loisel dans Histoire des ménageries de l'Antquité à nos jours. t.1 : Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, Paris, Doin, Laurens, 1912, p. 160.

* 106 É. Antoine, «Jardins et ménageries de la fin du Moyen Âge. Le prince au jardin d'Éden» dans A.-M. Brenot, B. Cottret, Le Jardin : figures et métamorphoses, Dijon, Éditions universitaires, 2005, p. 52.

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