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La banque et les PME: cas de la Société Générale Tchadienne des Banques (SGTB)

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par Ahmat Mahamat ABDELKERIM
Institut Africain d'Administration et d'Etudes Commerciales (IAEC) Lomé-Togo - Maitrise en gestion commerciale et financière 2006
  

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Conclusion

Au Tchad, comme dans beaucoup de pays d'Afrique sub-saharienne, les banques refusent la plupart des demandes émanant de petites et moyennes entreprises d'origine nationale.

Deux séries de raisons expliquent ce phénomène. Premièrement, les banques ne peuvent pas orienter toutes les ressources collectées en raison de ratios de liquidité et de solvabilité à respecter. Cette première raison s'explique aussi par l'importance des créances douteuses qui immobilisaient une part importante des liquidités, et du fait du refinancement de la Banque Centrale désormais accordé uniquement aux signatures de bonne qualité.

Deuxièmement, en prenant en compte la nature des demandes, les banques n'orientent pas toutes les ressources qui restent à leur disposition après la prise en compte de cette première série de contraintes. Elles écartent les demandes sur lesquelles elles ne peuvent évaluer le risque en raison du manque d'informations fiables, et de demandes trop risquées.

Le rôle des banques commerciales dans le financement du développement reste toutefois limité, compte tenu du fait qu'elles n'ont ni les moyens, ni la volonté de s'attaquer au financement de certains secteurs stratégiques de l'économie tchadienne notamment le secteur des PME / PMI.

En effet, les banques privilégient à juste titre la rentabilité (opérations de services, apportant de substantielles commissions) au détriment du financement du développement, le risque accompagnant de tels financements étant incompatibles avec le rendement attendu du capital.

La plupart des banques commerciales tchadiennes sont aujourd'hui saines, la solvabilité et la liquidité ayant été restaurées et des marges confortables étant dégagées. Cependant, d'importants progrès restent à accomplir en matière de gestion bancaire dans des domaines tels que la stratégie commerciale, la gestion des ressources humaines, l'organisation de la fonction engagement, la gestion des risques ou encore le contrôle de gestion.

Les banques commerciales tchadiennes et particulièrement la SGTB sont dans l'incapacité de cerner correctement le risque et la performance des PME. Cette incapacité relève pour une part d'une méthodologie d'analyse financière. Ce type d'analyse a une pertinence limitée dans le cadre des pays africains, notamment au Tchad.

Nous voudrions souligner aussi une nouvelle approche du risque et de la performance qui implique corrélativement un changement radical du comportement des agents des banques. Elle suppose, en effet, que l'entreprise soit évaluée à partir de sa réalité de terrain non sur la base de seules données comptables retraçant plus ou moins fidèlement la réalité.

Cette démarche est nécessaire, en particulier pour repérer les diverses possibilités de financements auxquels peuvent avoir recours ses clients, la valeur des biens utilisés par les entreprises, la structure des cycles d'exploitation. Ce n'est que par la connaissance intime des situations qu'il pourra répondre utilement aux besoins des clients potentiels et mieux cerner les risques présentés par ceux-ci.

La recherche a montré que la mise en place des capacités et la compétitivité dépendent de facteurs externes à la société.

Ainsi le contexte extérieur est d'abord défini par le type de réseau ou de groupe auquel les sociétés appartiennent. Il est maintenant bien reconnu que l'entreprise « solitaire » est condamnée et la qualité des relations avec d'autres producteurs, fournisseurs et clients est essentielle pour l'apprentissage et la compétition, tel qu'exprimé dans l'expression «efficacité collective » (Schmitz 1995).

De ce fait, le rattachement des PME au système financier formel doit constituer un facteur d'intégration des entreprises à des structures économiques mieux organisées, il doit progressivement acculturer les chefs d'entreprises à des comportements de gestion, qui sont ceux d'un système orienté vers la recherche d'une croissance à moyen terme, plutôt que vers la réalisation exclusive de profits à court termes dans le cadre d'une multiplicité de micro activités.

En revanche, l'appartenance à un groupe facilite la mobilisation des ressources financières et humaines, l'entreprise d'une personne est un tremplin pour une autre, des échelles sont construites qui permettent à la petite entreprise de progresser. C'est un processus au cours duquel des entreprises se créent mutuellement souvent à leur insu et quelquefois intentionnellement des possibilités d'accumuler des capitaux et des compétences.

Les groupes et réseaux constituent donc le contexte externe immédiat dans lequel les PME opèrent. Les avantages du regroupement sont largement reconnus : la concentration spatiale et sectorielle des sociétés génère des externalités, favorise la coopération inter sociétés et constitue une occasion d'appuyer effectivement les politiques.

Le regroupement peut être particulièrement significatif au Tchad parce qu'il facilite la croissance à petits pas faisables. Les petits montants de capitaux, les qualifications et les talents des entrepreneurs peuvent être exploités.

Il a été souligné cependant que les regroupements n'enregistrent une croissance industrielle que là ou ils sont reliés effectivement à des marchés assez importants par des réseaux commerciaux et lorsqu'il y a une confiance dans les relations inter sociétés. La recherche montre que si les regroupements contribuent au processus d'industrialisation en Afrique, l'expérience n'en est pas moins diverse (McCormick, 1999). D'un côté, des cas comme le groupe métallurgique à Suame et le groupe des vêtements d'Afrique du Sud dans l'ouest du Cap ont généré des externalités positives pour les PME, notamment l'accès aux marchés, le partage du marché du travail et d'importantes retombées technologiques. De l'autre côté, des cas tels que le groupe des vêtements de Nairobi dans les Eastlands et le groupe métallurgique à Kamukunji présentent de très faibles liens intersectoriels et très peu de retombés technologiques.

D'une manière générale, nous disons que l'accès au financement demeure un problème majeur pour les PME. Les entrepreneurs doivent, pour la plupart, compter uniquement sur leurs propres économies et sur l'argent emprunté à des amis et à des parents. Dans certaines villes du Tchad, les institutions financières n'existent pas; dans d'autres, elles sont souvent inefficaces, leur personnel étant peu motivé et n'ayant pas les qualifications requises. Il est généralement difficile pour les PME d'obtenir des prêts, en raison notamment des garanties demandées. Les programmes de micro-financement lancés par les ONG et les organismes d'aide ont constitué une source de financement alternative. Ces programmes se sont fortement développés au cours des dernières années mais le petit montant des prêts ne permet pas aux PME de mettre en place une capacité technologique et d'être compétitives.

Le rôle de l'Etat et des bailleurs de fonds apparaît donc déterminant pour la création d'institutions spécialisées et de structures d'appui qui viendraient compléter le paysage financier tchadien.

Les chambres de commerce pourraient ainsi être dotés de moyens humains et financiers supplémentaires pour conseiller et appuyer les opérateurs économiques locaux, des sociétés de cautionnement mutuel pourraient être mises en place tandis que le mutualisme pourrait constituer une solution pour aider le secteur informel à se structurer.

Parallèlement, des banques de développement pourraient être instituées pour accompagner les investissements longs.

Les nouveaux instruments financiers (titres de créances négociables, émissions obligataires...) et des outils tels que le capital investissement pourraient aider à dynamiser et à moderniser le cadre de l'intermédiation financière au Tchad.

Nous pouvons donc imaginer une nouvelle restructuration du secteur bancaire qui consistera pour les banques commerciales à se spécialiser uniquement sur le secteur des PME/PMI. C'est seulement de cette manière que les banques s'intéresseront au développement des PME. Par ailleurs, d'autres banques pourraient se spécialiser dans le financement des grandes entreprises. Et pour jumeler les deux options, l'Etat mettra un marché des capitaux où chaque opérateur pourrait chercher librement un financement au niveau des offreurs dudit marché.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein