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Du role de la société civile pour une consolidation de la démocratie participative au Sénégal

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par Mamadou Hady DEME
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise 2008
  

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Chapitre 2 :

LA SOCIETE CIVILE DANS LES TRANSITIONS DEMOCRATIQUES

SECTION 1 : LA SOCIETE CIVILE FACE AUX DEFIS DEMOCRATIQUES

Une réflexion sur les transitions démocratiques nécessite avant tout un minimum de clarification conceptuelle. De nos jours, le mot « démocratisation » est devenu un label presque banal que nous donnons à tout ce qui est bon et souhaitable pour le public. Que l'entrée des facultés soit maintenant ouverte à tout le monde et nous concluons par exemple que les études universitaires se « démocratisent ». Il est pourtant difficile de s'exprimer autrement lorsqu'il s'agit de considérer le passage d'une forme de gouvernement non démocratique à une autre, cette fois-ci démocratique dans un pays donné. Dans ce cas précis, le terme de démocratisation se comprend par exception dans sa signification exacte qui est politique. Elle se rapporte au processus d'établissement d'un régime pluraliste ainsi qu'à son résultat apprécié tant au niveau de son enracinement durable que de son authenticité en matière de respect de la volonté populaire et des droits de l'homme. Ce  passage à la démocratie, perçu sous le vocable de transition démocratique s'est effectué dans la plupart des Etats africains autour de l'année 1990 dans un contexte marqué par la fin de la bipolarisation du monde et surtout du triomphe de la démocratie libérale.

La démocratie suggère alors à la fois l'idée d'un projet de société, pour plus et mieux de libertés, et d'une dynamique politique dans la construction d'un cadre institutionnel de son éclosion. Les OSC ont un rôle important à jouer dans ce projet qui consiste à enraciner la démocratie, en s'érigeant d'abord en contre pouvoir et ensuite à lutter contre les dérives institutionnelles.

Paragraphe 1 La société civile comme contre pouvoir

Depuis le début des années 90, en Afrique noire francophone, la vie politique ainsi entendue, revêt d'une part des traits familiers parce que propres aux systèmes politiques démocratiques et pluralistes comme, par exemple, la reconnaissance de la compétition électorale comme mode de régulation du jeu politique. D'autre part, elle présente des éléments qui participent des processus d'inventions démocratiques propres aux sociétés africaines, traduisant à la fois leur nature de démocraties émergentes et des moments spécifiques de passage de l'autoritarisme à la démocratie, comme, par exemple, le phénomène des conférences nationales, le soudain bourgeonnement des partis politiques. Cette vie politique se caractérise ainsi par des métamorphoses ou des mutations surprenantes, par exemple l'irruption de nouveaux acteurs, comme les médias privés, mais aussi par des pesanteurs d'un autre âge politique, comme la continuelle présence des militaires.

Comme la démocratie, la transition démocratique est le type même de concept dont le parcours théorique demeure encore ambigu et contradictoire. En effet, ce qu'on qualifie sous le vocable de  transition démocratique  a fait l'objet de plusieurs études théoriques et suscité des espoirs depuis près de trente ans avec la chute de la dictature franquiste en Espagne, la disparition des régimes militaires en Amérique Latine et surtout avec l'effondrement du bloc communiste et les vagues d'ouverture démocratique en Afrique dans les années 1990. Conçu au départ pour rendre compte d'une manière théorique du  passage à la démocratie d'un nombre croissant des pays du sud et de l'est au cours des années 1980 et ceci, dans le sillage des démocratisations ibériques, le concept se présentait alors comme contingent avec des limites spatio-temporelles. Mais avec les vagues de démocratisation des années 1990 dont la plupart se sont vite essoufflées ou ont régressé, les transitologues ont peu à peu étoffé le concept en intégrant une dimension temporelle dans l'analyse du processus. La doctrine actuelle de la  transition démocratique  est orientée vers l'analyse de ses consolidations avec un accent particulier mis sur les facteurs sociaux internes et externes susceptibles d'influencer le processus. La transition démocratique s'analyse donc en une  extension progressive du principe de citoyenneté à un nombre plus vaste de participants et/ou à un champ politique plus vaste dans la perspective d'une prise de décision collective ou par l'intermédiaire des représentants élus. Ce passage s'effectue en différentes phases : élections, consolidation et institutionnalisation.

Il faut préciser pour lever toute équivoque que la SC en s'érigeant en contre pouvoir n'a pas vocation à s'opposer aux tenants du pouvoir, comme le ferait un parti d'opposition. La SC a ici comme mission de servir de pouvoir social pour mieux contrôler l'action du pouvoir politique.

L'élection présidentielle de Février - Mars 2000 qui s'est soldée par la victoire du candidat Wade au 2e tour constitue un cas tout à fait exceptionnel. Sous la surveillance de l'Observatoire Nationale des Elections (ONEL), de l'organe de régulation des médias, et des observateurs internationaux, dont la francophonie, des médias privés et publics nationaux et étrangers. Cette élection s'est déroulée dans la concertation entre tous les acteurs du processus électoral, dans le calme et dans la démocratie. Ceci ne signifie pour autant que des améliorations ne sont pas à apporter à la transition démocratique. A ce titre les OSC doivent veiller à l'exercice du pouvoir en se constituant en contre pouvoir afin d'éviter la gestion solitaire du pouvoir et d'assurer pleinement la participation totale des populations.

Selon le Professeur Assane SECK, la SC a permis l'ouverture démocratique intégrale au Sénégal. Il note que :

Toute l'agitation qui s'en prenait si violemment aux barons n'était que l'expression de l'ouverture démocratique que connaît le Sénégal. Face à cet acquis capital, on doit reconnaître que si le parti unique donne au gouvernant une dangereuse illusion de quiétude comme celle de la chaudière active fermée (...), la démocratie, elle, fournit à tous les moyens d'une contestation salutaire. 20(*)

En plus Alain Touraine reprend, dans Qu'est-ce que la démocratie, Ostrogorski en précisant notamment « La fonction des politiques de masses dans une démocratie n'est pas de gouverner, elle n'en sera probablement jamais capable... c'est toujours une petite minorité qui gouvernera, en démocratie aussi bien en autocratie. La propriété naturelle de tout pouvoir est de se concentrer, c'est comme la loi de gravitation de l'ordre social. Mais il faut que la minorité dirigeante soit tenue en échec. La fonction des masses en démocratie n'est pas de gouverner mais d'intimider les gouvernants. » 21(*)

Les élites, en s'emparant des armes du colonisateur, avaient aussi hérité ou reproduit le modèle constitutionnel de la métropole coloniale, mais privé de son esprit et de son contexte. Cette appropriation malhabile a favorisé l'entrée de l'Afrique dans l'autoritarisme sous ses différentes formes : (monopartisme, coups d'Etat militaires, patrimonialisme, présidence à vie etc.). Cet autoritarisme trouvait sa justification dans la volonté des premiers dirigeants à construire l'Etat nation et du projet développementaliste sacrifiant la démocratie véritable, qui est le pouvoir du peuple, sur l'autel des tyrans et des dictateurs libéraux, socialistes et marxistes de la postcolonie.

C'est au détour de cet échec postcolonial que les mouvements réellement démocratiques et populaires essaimèrent dans la plupart des pays africains à partir des mouvements sociaux issus de la SC, des revendications. Ces mouvements sont de véritables forces sociales qui servent de contre pouvoir. Ces contestations, dans la formulation politique exigèrent une économie nationale saine et adaptée au système mondial en place, une bonne gouvernance, de nouvelles institutions et le choix libre de leurs représentants. Ils réclament donc la participation de toutes les forces de la nation à la chose publique.

Les OSC se sont érigées en contre pouvoir en remettant en question les régimes à leur place. Ces mouvements, rejetant le constitutionalisme des « pères de la nation », réclament un Etat de droit et la démocratie depuis le lendemain des indépendances. La vie associative contribue davantage à faire reculer l'autoritaire, l'arbitraire et se traduit par des pressions efficaces en faveur de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Dans ce contexte politique sénégalais marqué par une promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, qui sont devenus non seulement des conditionnalités des institutions financières internationales, mais une exigence sociale, la SC doit s'ériger en quatrième pouvoir pour que se réalise cet idéal de gestion démocratique, et pouvoir par la même occasion lutter contre les dérives institutionnelles émanant des tenants du pouvoir.

* 20 Seck (A), Sénégal, émergence d'une démocratie moderne, paris Kartala, 2005

* 21 Touraine (A), Qu'est ce que la démocratie ? , Fayard 1994 P. 138

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