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Le Parti communiste français (PCF) et l'alternance

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par Joël THALINEAU
Université François RABELAIS - TOURS - DEA Droit Public 1979
  

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Première partie
L'ALTERNANCE IMPLIQUE LE MAINTIEN DE L'ETAT II

La stratégie du P.C.F. se développe à partir d'une analyse de la société française au sein de la communauté internationale. Cette analyse, c'est le capitalisme monopoliste d'Etat (CM.E.) - (7), c'est-à-dire "par essence le capitalisme par la permanence des rapports fondamentaux d'exploitation, c'est le stade de l'impérialisme par l'extension des structures monopolistes; et à l'intérieur de ce stade, c'est sa phase contemporaine par le développement de l'intervention de /État et l'interde'pendance croissante entre les monopoles et l'Etarr8).

Ce qui importe pour la suite de notre recherche, c'est l'Etat du C.M.E. Nous verrons qu'à l'occasion de cette analyse, le P.C.F. a produit une certaine vision de l'Etat qui n'est pas sans conséquences sur l'objet de notre étude. En effet, de cette théorie ressort une vision instrumentaliste et neutraliste de l'Etat qui; dès lors, n'a nul besoin d'être brisé en tant que tel au moment de la transition socialiste.

Section I -- L'ETAT DU C.M.E.

1) - L'analyse du P.C.F. a eu l'intérêt de montrer le rôle primordial de l'Etat, donc du politique, dans la société actuelle. Selon lui, l'intervention étatique croissante et permanente a été rendue nécessaire parce que le capitalisme s'avérait incapable de maîtriser ses contradictions, et pour enrayer la tendance à la baisse du taux de profit moyen (9). Ce qui caractérise notre époque, c'est non seulement la prise en charge par l'État des conditions générales de production de la plus-value mais surtout l'intervention directe de l'État dans l'accumulation du capital.

(7) - Concept dégagé lors de la Conférence des P.C. à Moscou en 1960. Il a fait l'objet d'un colloque à Choisy-Le-Roi en 1966, et de la publication d'un traité d'économie politique intitulé "le capitalisme monopoliste d'Etat", aux Ed. Soc. en 1971.

(8) - Le C.M.E. p.9 - Tome I - Ed. Soc.

(9) - Les communistes et l'État p.116 et s. Ed. Soc. 1977 Jean FABRE - Lucien SEVE. - François HINCKER.

Nicos POULANTZAS apporte une critique fondamentale à cette analyse. En effet, celle-ci tend à accroire que le capitalisme ne peut fonctionner "normalement "... que sans "intervention" de l'État " et que si l'intervention étatique est nécessaire, c'est que l'on est en présence d'une "crise structurelle" du capitalisme (incapable de surmonter ses contradictions par lui-même) que l'État parvient à résoudre, en organisant la reproduction capitaliste. (10)

Si l'intervention de l'État redonne au capitalisme une "nouvelle jeunesse', on fait de l'État un moyen, un instrument. François HINCKER abonde dans le sens de cette vision techniciste lorsqu'il affirme que "l'État n'est pas seulement un moyen d'exercice du pouvoir économique" mais surtout un "rouage de l'économie" (11), ou lorsqu'il parle des "fonctions de l'État" qui "comportent une dimension technique". (12)

Cette action salvatrice de l'État à l'époque du C.M.E. nous conduit à penser qu'avant, au stade du capitalisme concurrentiel par exemple, l'État se situait à l'extérieur du système. On retrouve là toute l'idéologie qui tourne autour de la notion "d'État gendarme". Or l'État est toujours intervenu dans l'économique, ce qui a changé, ce sont les modalités de cette intervention. Mais conséquence plus importante encore, si l'État est retiré à l'extérieur du système, cela signifie du fait d'un beau passé, quW existe en son sein une ou des fonctions qui subsistent à chaque époque. Les communistes développent une telle analyse en distinguant dans l'État, fonction de domination et fonction d'organisation (13).

(10)- Nicos POULANTZAS in les classes sociales dans le capitalisme aujourd'hui Ed. Seuil 1974.

(11)- François HINCKER in la Nouvelle Critique 1966 n°176 P.20-21 "1936+30=1966". F. HINCKER était membre du COMITE CENTRAL du P.C.F. jusqu'au congrès de 1979 (XXIIléme).

(12)- F. HINCKER in la Nouvelle Critique 1969 n°28 p.88 "sur l'autonomie de l'Etat"

(13) - Pierre BLOTIN et Jea" CARON, membres du collectif de direction de l'École Centrale du P.C.F., in "Parti, Etat, transition au socialisme" - Nouvelle Critique 1974 n°74 p.5 - Voir aussi "Les communismes et l'Etat" déjà cité p.167.

2) - Théorie instrumentaliste, neutraliste de l'État, qui fait de ce dernier un élément détourné de ce que l'on oserait appeler alors ses "fonctions naturelles". En incluant en un "mécanisme unique" État et monopoles, on aboutit à cette conclusion. Le détournement étant le fait des monopoleurs qui ont envahi l'appareil d'État. Les communistes estiment trouver la justification de leur analyse dans l'identité des dirigeants politiques et des dirigeants monopolistes. L'État est au service et occupé par la classe monopoliste, qui est réduite en l'occurrence à une "clique" de milliardaires (14). Cette constatation, exacte il faut le dire, mais non significative en elle-même ne rend pas compte des contradictions au sein de l'État. En effet, la seule fraction de la bourgeoisie au pouvoir serait la bourgeoisie monopoliste, ce qui escamote le problème de la place occupé par le capital non monopoliste (petit et moyen capital) dans l'appareil d'État. En outre, et beaucoup plus fondamentalement, cette vision ne tient pas compte des luttes de classe qui transpirent jusqu'au niveau de l'Etat. Finalement, celui-ci n'est plus une unité contradictoire des intérêts des différentes fractions de la bourgeoisie dans le cadre de l'antagonisme primordial opposant la classe bourgeoise à la classe ouvrière.

Ce qui ne signifie pas que l'Etat serait l'arbitre entre les différents intérêts des classes en présence ou qu'il prendrait en charge les intérêts de la classe ouvrière. L'État étant la résultante de la lutte des classes, il traduit nécessairement la domination de la classe bourgeoise (actuellement classe dominante) qui conserve son unité au travers du pouvoir d'État, même si ce n'est qu'une fraction de cette classe qui est en position dominante et permet à l'ensemble de la bourgeoisie de "garantir ses intérêts" en les faisant apparaître comme étant l'intérêt général (15).

3) - Sur le plan constitutionnel, les communistes présentent la constitution de la Vème République comme étant 7a traduction institutionnelle du C.M.E. " (16), la marque de la fusion Etat-monopoles.

(14) - Le socialisme pour la France - XXIIème congrès P.C.F.. p.29 et s. - Ed. Soc.

(15) - L'idéologie Allemande - Marx-Engels p.49-106 Ed. Soc. 1968

(16) - Institutions et Pouvoirs en France - F. et A. DEMICHEL - M. PIQUEMAL - Ed. Soc. 1975

Ainsi sont expliqués les atteintes portées à la démocratie (représentative), la centralisation du pouvoir, son caractère autoritaire et personnel. Si cette présentation a l'intérêt de montrer que, parallèlement à la concentration du capital le pouvoir politique a dû se modifier pour répondre à la nécessité actuelle de reproduction élargie du capital, elle reste marquée par la vision simpliste de l'accaparement du pouvoir d'Etat par la seule fraction monopoliste de la bourgeoisie, ainsi que par la vision techniciste de l'État. Le discours du P.C.F. sur la constitution a, par ailleurs, évolué au cours de la dème République. Présentée à ses débuts comme instituant un régime "orientée vers la dictature personnelle et ouvrant la voie au fascisme" (17), la constitution est maintenant "imparfaite mais insusceptible" d'empêcher la mise en oeuvre d'une politique de progrès"(18). Le "retour à sa lettre" serait un "important progrès démocratique" (19). L'évolution du P.C.F. sur le plan institutionnel a suivi le cours de l'élaboration de la théorie du C.M.E. et de sa stratégie d'accès au pouvoir. Nous verrons d'ailleurs ultérieurement que les revendications institutionnelles du P.C.F. se sont toutes inscrites à la baisse depuis 1958.

4) - Pour conclure sur cette présentation du C.M.E. et de son Etat, il nous faut ajouter que le C.M.E. est considéré comme "l'antichambre du socialisme" dans la mesure où les forces productives acquièrent un caractère de plus en plus social, et connaissent un développement tel qu'elles exigent l'intervention croissante et permanente de l'État. Développement qui ne peut se poursuivre sans modification, sans remise en cause des rapports de production. Cette analyse nous paraît contestable d'une part parce qu'elle organise une séparation arbitraire entre forces productives et rapports de production, d'autre part parce qu'elle donne le primat aux forces productives au sein du mode de production pour le déterminer en crise. Cela nous semble erroné, car selon nous les forces productives ne sont rien, sinon un potentiel, sans les rapports de production. C'est au cours du procès de production qu'elles acquièrent une réalité sociale. Aussi, dans cette unité forces productives-rapports de production, la dominance doit être donnée a ces derniers, et si crise il y a (et crise il y a) c'est au sein des rapports de production, dans le cadre de cette unité forces productives-rapports de production qu'elle réside.

(17) - Thèses adoptées au XVème congrès IVRY 24-28 Juin 1959 in
supplément au bulletin de propagande n°23 Mai Juin 1959 p.3 et 4.

(18) - Humanité du 2 février 1978

(19) - G. MASSON, écrivain, membre du comité de rédaction des cahiers du communisme in Le Monde du 14 juillet 1977.

Il nous faut maintenant tirer les conclusions de cette théorie du C.M.E. et de son Etat. Référons-nous à Louis ALTHUSSER pour introduire celles-ci. Du C.M.E., il retient deux thèmes essentiels. (20)

· "Nous sommes entrés dans une phase qui est "l'antichambre du socialisme" où la concentration monopolistique pénètre l'Etat, qui forme avec elle un "mécanisme unique".

· "La France est dominée par une " poignée de monopolistes et leurs commis".

Desquels il tire deux conclusions

· Cette théorie "change la question de l'Etat" qui devient "directement utilisable par le pouvoir populaire". Ce qui évacue le problème de sa destruction et de la dictature du prolétariat.

· Face à la "poignée de monopolistes', "tous les français ont objectivement intérêt à la suppression des monopoles".

Les réflexions de cet éminent "intellectuel assis derrière son bureau" (21) vont nous servir de guide dans notre recherche. Ce qui importe, à propos de l'alternance, c'est de connaître la ou les conséquences de la prise du pouvoir par les représentants de la classe ouvrière et leurs alliés, sur le contenu de l'Etat

(20) - L. ALTHUSSER in "Ce qui ne peut plus durer dans le P.C." p.93-94 Maspéro 1978

(21) - Adresse de G. MARCHAIS, secrétaire général du P.C.F. aux intellectuels du parti, après Mars 1978, leur rappelant que la discussion n'était admise que dans le cadre du monologue. Certains ont compris maintenant qu'ils devaient être, et derrière leur bureau, et dans le rang ... (Voir manifestation pour les élections européennes à l'hôtel PLM a Paris et autres déclarations ultérieures)!...

Interrogeons-nous donc sur :

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984