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Impact de la "propriété foncière" des migrants sur la gestions des ressources naturelles : cas de Dibien dans la Province du Tuy

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par Bôbakebé Florent SOME
Université de Ouagadougou; UFR/Sciences Humaines; Département de Sociologie - Maîtrise option Sociologie Rurale et du développement 2002
  

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CHAPITRE 6 : PROPRIETE FONCIERE ET GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

6.1. Propriété foncière et son impact sur l'adoption des techniques GRN.

Insécurité foncière comme contrainte à l'adoption des techniques GRN : un faux procès

Le système foncier coutumier est très souvent mis au banc des accusés comme étant une entrave à l'adoption de toute technique pouvant contribuer à l'amélioration de la fertilité des sols et à la préservation de l'environnement. C'est dans ce sens, qu'il est souvent affirmé, dans bien de cas, que l'intensification de la production agricole et animale est tributaire de la sécurité foncière en ce sens que les producteurs ne peuvent pas accomplir leurs tâches et investir du travail et/ou du capital dans la terre que s'ils ont une garantie suffisante de pouvoir bénéficier du fruit de leurs investissements : récolte à court terme, garantie du droit d'usage à plus long terme et droit de transmission pour des investissements d'améliorations foncières. Sur la même logique, Le Bris et al (1982), affirmaient que « la gestion foncière traditionnelle de la terre privilégie des pratiques extensives, peu productives par unité de surface et interdit toute production de surplus. Elle est fondamentalement incapable de faire face à des enjeux nouveaux tels que l'évolution démographique et le développement d'une économie de marché »

Cette thèse soutenue par les économistes néoclassiques ne cadre pas avec le paysage foncier de notre zone d'étude, bien que dominé par ce mode de gestion. Nous pouvons dire avec P. MATHIEU (1995) qui en abordant la problématique de la sécurité foncière sur l'intensification des productions, qu'elle est une condition nécessaire et non suffisante, dans la gestion viable et de l'investissement dans les ressources naturelles. En cela, d'ailleurs, le chef de terre basé à Bonzan Pougouli tenait ces propos suivants : « ces Mossis là, avaient commencé à nous envahir tellement ici38(*), qu'entre temps mon père en son temps a décidé de les installer à Dibien, pour qu'il ne se mêle pas à nous, étant donné que nos façon de faire ne sont pas les même.... ». Les propos du patriarche des Moose, chef de village confirme davantage ceux du chef de terre. En effet, ce dernier au cours de l'entretien tenait les propos suivants : « nous n'avons jusque observé aucun signe qui dit qu'il y a un problème de terre ici ; nous les immigrants nous sommes en parfaite symbiose avec les Phuo, il y a la cohésion totale, nous participons à tous les événements chez les Phuo , eux aussi, quand nous avons quelque chose, ils viennent nous assister, il n'y a pas de problèmes... »39(*). Cette vie en symbiose dont parle ce répondant est confirmée par les données quantitatives. En effet, 95,4% de nos enquêtés toute caractéristique confondue soutient que depuis l'installation des allochtones, aucun conflit majeur n'est apparu dans le village.

Comme nous l'avons décrit dans les sections précédentes, le foncier coutumier de Dibien est très flexible, souple et permet des renégociations, des arrangements ; ce qui permet aux titulaires de droits fonciers d'être dans une dynamique de sécurité foncière. En tout état de cause, la sécurité foncière dans l'esprit et la lettre de la gestion coutumière de la terre n'est pas donnée une fois pour toute, mais se conquiert permanemment. Elle est enchâssée (pour reprendre l'expression de Polanyi) dans les jeux des relations sociales. L'essentiel pour les producteurs est d'être dans une dynamique de sécurisation qui se définit comme un processus par lequel les droits sont reconnus et garantis.

Graphique 8: Possibilités d'être dépossédé de ses terres selon les enquêtés

Cette vision cadre bien avec la situation foncière de notre village d'étude. En effet, comme on peut le noter, plus de 65,3 % des enquêtés immigrants soutiennent posséder la sécurité foncière et cette dernière ne constitue pas un frein à l'adoption des nouvelles techniques de gestion des ressources naturelles. De plus, une grande proportion de 53,3% des chefs de ménage estiment qu'ils peuvent se voir un jour dépossédés de leurs terres contre 46,7% des jeunes exploitants et 73,9% des exploitants de sexe féminin. Cette forte proportion des exploitantes à soutenir par la dépossession s'explique certainement par le lien de leur statut social et la possession foncière. Deux principales raisons ont été évoquées par les chefs de ménage. Il s'agit de : la durée d'exploitation des terres (68,7% des cas) et de la cohésion sociale qui prévaut dans le village (78,2%). Aucune contrainte directe sous forme d'interdits à l'usufruitier, d' «aménager» le champ ou indirecte sous forme de reprise du champ après son aménagement n'a été signalé ni observé.

En tout état de cause, au regard de l'analyse des données d'enquête, le procès d'incrimination de la propriété foncière ou encore sécurité foncière demeure à nos yeux un faux procès. A partir de ce moment, nous pouvons affirmer que, que le système foncier et agraire en vigueur dans notre village d'étude, ne constitue en aucun cas, une contrainte dans le processus d'intensification agropastorale par l'adoption des techniques efficaces de gestion des ressources naturelles. Quelles sont alors les contraintes liées à l'adoption des techniques de gestion des ressources naturelles ?

* 38 Le répondant fait allusion à Bonzan Pougouli

* 39 Entretien avec S.A réalisé le 28/02/04 à Dibien

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