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La liberté de se vêtir à sa guise au lieu et au temps du travail

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par Marine Gin
ESC Lille - Université du Littoral Côte d'Opale - Master Droit des Affaires 0000
  

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II - LA LIBERTE DE SE VETIR N'EST PAS UNE LIBERTE FONDAMENTALE DU
SALARIE ;

1. Le choix du vêtement se situe à l'interface de l'expression d'une individualité et du lien social qu'il incarne ;

Se pose ici la question de l'étendue de la liberté dans les choix vestimentaires du salarié.

En effet, si la liberté n'est pas totale dans le choix fait par le salarié en ce qui concerne sa tenue vestimentaire, il nous semble difficile d'élever la liberté d'habillement au rang de liberté fondamentale.

Tout le monde a l'impression de faire preuve d'une grande originalité et d'être totalement libre lorsqu'il s'agit de choisir ses vêtements et le salarié considère généralement qu'il est libre de choisir le vêtement de son choix dans son activité professionnelle.

Or, il faut bien l'admettre, lorsque chacun d'entre nous choisit sa tenue vestimentaire, d'autres facteurs, notamment des facteurs sociaux, entrent en compte que la simple liberté d'exprimer, au travers de ses vêtements, sa personnalité.

Il semble que le vêtement soit avant tout le symbole de l'assujettissement à des codes sociaux plutôt que la pure expression d'une individualité.

En réalité, il ne s'agit que d'un « ersatz de liberté individuelle »94 conforté par la jurisprudence.

Pour André Bertrand, les vêtements ont, depuis toujours, eu « pour fonction sociale
essentielle d'indiquer, d'une manière visible, l'appartenance des personnes qui les portent à

94 L.Gimalac, « La tenue vestimentaire, l'identité et le lien social dans le cadre des rapports professionnels », Les Petites Affiches, Dr.soc., 20 décembre 2002, n°254,p.11.

une tribu (...) ou à un clan, si ce n'est même dans certains cas, leur statut et leur rang social »95.

La place que tient le vêtement dans le monde du travail ne fait que corroborer cette assertion puisque le vêtement joue un rôle toujours important, par pression sociale, et pas nécessairement par simple contrainte de l'employeur.

Certains effets ou accessoires restent spontanément associés à l'exercice d'une profession sans la moindre contrainte juridique ou règlementaire96.

Le port de la cravate dans les cénacles du pouvoir en est l'illustration : lorsque l'ancien ministre Jack Lang s'est un jour présenté en costume à col Mao, cela a immédiatement constitué un événement hautement médiatique.

Le vêtement joue un rôle toujours aussi important à chaque étape de la vie professionnelle du salarié, il illustre l'existence de codes sociaux qui s'imposent aux salariés pour marquer leur appartenance à un groupe.

Les cérémonies de remise de diplômes dans certaines universités ou dans les grandes écoles, tels des rites initiatiques du passage à l'âge adulte, sont souvent l'occasion de nouer les premières cravates ou de revêtir les premiers tailleurs.

Ainsi, tout comme le baggy indiquait leur appartenance au groupe des adolescents, le costume-cravate signifie désormais leur appartenance au groupe des adultes insérés dans le monde du travail.

Cela peut être plus ou moins bien vécu, et cela est sans doute dû, comme le relève JeanFrançois Amadieu97aux « standards qui régissent les apparences au sein des groupes sociaux [qui] sont beaucoup plus complexes et subtils que par le passé. Gare à celui qui n'est pas à l'aise dans son costume, qui a l'air « endimanché » quand il arrive face à un recruteur ».

95 André Bertrand, La Mode et La Loi, éd. Litec, p.8 et s.

96 V. L.Gimalac, « La tenue vestimentaire, l'identité et le lien social dans le cadre des rapports professionnels », Les Petites Affiches, 20 décembre 2002, n°254, p.11

97 Voir J.F.Amadieu, Le poids des apparences, éd. Odile Jacob, 2005.

S'il est vrai que la génération des 25-35 ans supporte plus difficilement les contraintes vestimentaires, l'évolution des moeurs et la complexification des codes sociaux ne doit pas dissimuler la réalité sous-jacente.

Les codes vestimentaires demeurent et conservent une haute valeur symbolique dans notre société : la recherche du style est certes plus forte pour maintenir une forme de distinction mais également, comme le souligne L.Gimalac « pour marquer un assujettissement à un ordre social minimum qui permet de maintenir la cohésion d'un groupe »98

L'influence sociale est donc prépondérante dans le choix vestimentaire du salarié, elle « marque nos chairs » : « Il existe des normes et des règles non écrites, mais bien connues, qui définissent ce qui est convenable, de bon goût et qui dénote l'appartenance au beau monde. Ces standards sont assez stables pour servir de marqueurs sociaux : au premier coup d'oeil chacun sait à qui il a affaire »99.

Autrement dit, changeons de perspective : l'entreprise n'est pas seule à imposer des contraintes vestimentaires, c'est la société dans son ensemble qui a toujours imposé ces codes vestimentaires et qui réduit significativement l'étendue de la liberté dans les choix vestimentaires du salarié qui se voit obligé « d'être un autre », c'est-à-dire d'incarner l'image d'une profession et non plus simplement sa propre individualité.

La prétendue démocratisation de la mode au cours du XXe siècle n'a donc pas eu raison des signes distinctifs qui subsistent dans toute notre civilisation occidentale.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote