WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Politique fiscale et informalités économiques au Niger

( Télécharger le fichier original )
par Moussa Sahirou Tchida
Institut universitaire d'études en développement de Genève - Diplôme d'études approfondies (DEA) 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2 Politique économique et budgétaire du Niger sous tutelle française

Aprés les missions de reconnaissance au cours desquelles des accords et traités avaient été signés entre les missionnaires et les différentes chefferies, ainsi que la conquête coloniale qui, par moment et par endroits a été assez violente, l'espace du Niger est totalement et officiellement tombé sous la tutelle francaise par l'arrêté du 11 aotit 1898 de Porto Novo qui l'organisa en « Cercle de Moyen Niger ». En faisant économie des différentes phases qui ont conduit a son érection en colonie en 1922, le Niger était considéré économiquement sans valeur du fait de l'absence « des produits agricoles commercialisables, difficultés de transport insolubles pour les quelques exportations possibles, distances s'opposant a un commerce rentable du bétail, seule richesse certaine »78. Pire, le pays était en permanence sous la menace d'une famine comme celle de 1914 qui fut assez sévere en décimant des dizaines de milliers de personnes et d'autres s'en sont suivies en 1919, 1930, 1974, 1984, etc.

Pays a vocation agropastorale, le Niger ne dispose que de 300.000km2 de terres cultivables soit le quart des 1.267.000Km2 de sa superficie totale et également 300.000km2 favorables a l'élevage. Pourtant, ces surfaces de culture et d'élevage se rétrécissent d'année en année sous la menace de la désertification, mais aussi de la démographie galopante. Pour faire

77 Sanoussi Tambari Jackou, Hebdomadaire, « La Roue de l'Histoire », N° 257 du 20 juillet 2005

78 Edmond Séré de Rivieres, op.cit, p.281

face aux besoins alimentaires d'une population croissante, les paysans furent encouragés a étendre les superficies cultivables en les faisant passer de 988.000 hectares en 1954 a 1.887.000 hectares en 1963. L'un des obstacles majeurs pour le développement économique du Niger a l'époque était la faiblesse du secteur de transport pour un pays vaste et enclavé distant de plus de 1000km du port le plus proche et oil l'automobile n'est véritablement apparue qu'en 192079. Cependant, le commerce prit un regain de dynamisme avec notamment l'introduction et le développement des cultures arachidiéres et les échanges particuliérement intenses avec le Nigeria.

La faiblesse des ressources de la Colonie du Niger face a des besoins importants en infrastructures sociales et économiques faisait que les recettes intérieures mobilisables ne suffisaient pas sans assistance de la Métropole. Pourtant, indépendamment de la faiblesse économique et de la pauvreté de la population indigene, il était indispensable au nom du principe de la o responsabilité de souveraineté » de prélever l'imp,t en plus de celles d'assurer la paix et la justice. Dans un premier temps, l'administration coloniale procédait a des prélévements périodiques en nature (sacs du mil, sorgho, bétails, etc.) pour assurer les besoins des troupes. Ce prélévement que les autorités coloniales considéraient comme fiscal, apparaissait aux yeux des populations indigenes comme un tribut de la paix, symbolisant ainsi l'Armistice signé entre leurs chefs et les colons et qu'elles qualifiaient alors de o Amana ». C'est avec l'instauration de l'imp,t de capitation et la régularité avec laquelle il est prélevé, que les populations ont fini par le comprendre comme un impOt en bonne et due forme. C'est ainsi que, d'une région a une autre, ce dernier prendra la dénomination locale, comme o bodo » dans l'Ader, o Karo » dans la région de Maradi et Zinder ou de o haraj », mot d'origine arabe, qui signifie la part du revenu qui sort.

Pour le paiement d'impots, l'administration coloniale n'acceptait que le franc, le thaler autrichien, et le schilling. L'impot avait non seulement pour fonction d'asseoir l'autorité coloniale, de satisfaire les besoins de fonctionnement et d'investissement, mais aussi de favoriser la monétarisation de l'économie. Cette monétarisation indispensable a la modernisation de l'économie et a la bonne collecte de l'impot, se réalisait progressivement par le paiement des salaires des cadres et auxiliaires de l'administration coloniale et les achats effectués par l'administration sur les marchés locaux. Nous entendons par monétarisation au sens que Jean-Marc Gastellu lui donne en tant qu'il s'agit «non pas la création de la monnaie, mais l'extension d'une monnaie introduite par le colonisateur, a pouvoir libératoire

universel »80. C'est dans le même esprit que fut décrétée l'unification monétaire en interdisant l'importation de piastres et de lingots81 par arrêtés du gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française (AOF) en date du 15 juin 1904 et du 20 avril 1910. Ces mesures visaient aussi a mieux controler la circulation monétaire et surtout a créer les conditions d'une collecte plus efficace d'impots.

Le premier impot institué dans ce qui était le 3e Territoire militaire du Niger est l'impOt de capitation et celui sur le bétail avant que le premier régime douanier ne soit implanté en 1913. En 1918, ce régime sera supprimé avant d'être rétabli en 193882. Durant pratiquement toute l'époque coloniale et jusqu'à nos jours, la douane se révéle être la principale source de revenus de l'Etat en trainant toujours avec elle, cette image peut reluisante d'être, pour les populations, «comme un corps de ponction et de racket au profit du colonisateur »83. Les procédures du reglement de l'imp,t donnaient souvent lieu a des exactions, des violences physiques pour obliger les plus réticents a s'en acquitter comme le prévoyait le Code de l'indigénat en cas d'« entrave ou mauvaise volonté a l'occasion de l'établissement, de la répartition ou de la perception des charges fiscales »84. En termes réels, pour s'acquitter de l'imp,t forfaitaire appliqué aux actifs du même sexe, les chefs de famille en milieu rural devraient vendre a titre indicatif, 20 kilogrammes de mil ou 17 kilogrammes d'arachide par personne en 1948 et 40 kilogrammes de mil et 27 kilogrammes d'arachides en

195985.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King