WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude contrastive français-anglais et langue générale-langue spécialisée, de la prosodie sémantique: quelques exemples

( Télécharger le fichier original )
par Myriam Hamza Chaà¢r
Paris7 Diderot - Master 2 en langues appliquées 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I : La prosodie sémantique

La linguistique de corpus permet, entre autres, de réaliser des études approfondies à tous les niveaux de langue. Ainsi, au niveau lexical nous pouvons explorer le phénomène de la collocation. C'est-à-dire, l?association récurrente de deux ou plusieurs mots. D?autre part, au niveau syntaxique, la linguistique de corpus permet d?étudier le phénomène de colligation. Il s?agit de la cooccurrence de mots avec certaines catégories grammaticales. Nous pouvons également nous renseigner sur la préférence sémantique des mots, c'est-à-dire la cooccurrence d?un ensemble de mots appartenant au méme groupe sémantique. Mais, ce qui nous concerne dans ce mémoire se situe au niveau pragmatique de la langue ; il s?agit de l?étude de la prosodie sémantique, qui prend de plus en plus d'ampleur dans les préoccupations des linguistes. Avec le développement des corpus, ce phénomène a été étudié de différentes manières et a été interprété de plusieurs façons

1. Le survol de la prosodie sémantique

a) Définitions de la prosodie sémantique

La notion de la prosodie sémantique a été introduite par John Sinclair en 1987, qui se base sur la théorie de Firth (1957) "phonological prosody"2. Ainsi, en examinant le verbe à particule "set in" dans le corpus de CoBuild composé de 7.3 millions de mots, Sinclair a constaté que cette unité lexicale apparaît très souvent en compagnie de termes à connotation négative ;

"The most striking feature of this phrasal verb is the nature of its subjects. In general, they refer to unpleasant states of affairs [...J The main vocabulary is rot, decay, malaise, despair, ill-will, decadence, impoverishment, infection, prejudice, vicious (circle), rigor, mortis, numbness, bitterness, mannerism, anticlimax, anarchy, disillusion, disillusionment, slump" (Sinclair 1991:74-75).

2 Phonological prosody : dite la phonologie prosodique

Cette découverte est certainement le fruit de la technologie et de la linguistique de corpus qui nous permettent d?observer de nouveaux aspects de langue. Et bien qu?il n?ait pas vraiment mentionné le terme « prosodie sémantique », Sinclair (1991) a évoqué ce phénomène comme étant:

«many uses of words and phrases show a tendency to occur in a certain semantic environment" (Sinclair 1991: 112)

Beaucoup pensent que c?est Bill Louw qui a attribué le terme « prosodie sémantique » à ce phénomène. Mais en réalité, Louw l?avait emprunté à Sinclair, en assistant à une de ses conférences. Et d?ailleurs, il a bien pris soin de le préciser:

«This is effectively the first computationally derived SER/KMPRIESSHL iC SUCt R/ tKeE SKIERPIERC ZKIFK C61CFIaiIEKDFIEHIXCEtRELe/artR an TIPECtiFTSERIRGy» (personal FRPPXCiFMIRC I988I» Louw (1993: 158)

Toutefois, c?est bien Louw qui a présenté le terme « prosodie sémantique » au public en 1993, le rendant ainsi largement utilisé. Depuis, l?intérêt des linguistes pour ce phénomène s?est vite propagé. Il semble qu?ils ont, comme Louw, réalisé la pertinence de l?étude de la prosodie sémantique. Louw a examiné plusieurs exemples d?adverbes, tels que « utterly », « bent on », « symptomatic of » et a conclu qu?ils ont tous une prosodie sémantique négative puisqu?ils entrent en cooccurrence avec des mots comme destroying, ruining, clinical, depression, multitude of sins, etc. Autrement dit, selon ce dernier, si un mot est souvent accompagné de mots ayant une connotation négative, il a une prosodie sémantique négative. Par contre, s?il est souvent en cooccurrence avec des termes à connotation positive, il a une prosodie sémantique positive. Notons par ailleurs, qu?il existe aussi des mots ayant une prosodie sémantique neutre, si leurs collocations sont des mots neutres. Ainsi, Louw (1993) donne la définition la plus citée jusqu?à présent de la prosodie sémantique, en négligeant l?aspect pragmatique du phénomène. Pour lui c?est une aura de sens donné à un terme, avec le temps, par ses collocations ;

"a consistent aura of meaning with which a form is imbued by its collocates"(Louw 1993:157).

Plus tard, Sinclair viendra insister sur cet aspect pragmatique, qu?il considère comme primordial pour le phénomène, et qui constitue la raison pour laquelle le locuteur construit sa phrase. Selon Sinclair, la prosodie sémantique est relative à l?attitude psychologique du locuteur :

«Semantic prosody is...attitudinal and on the pragmatic side of the semantics-pragmatics continuum. It is thus capable of a wide range of realization, because in pragmatic expressions the normal semantic values of the words are not necessarily relevant. But once noticed among the variety of expression, it is immediately clear that the semantic prosody has a leading role to play in the integration of an item with its surroundings. It expresses something close to the function? of an item, it shows how the rest of the item is to be interpretedfunctionally» (Sinclair, 1996a: 87-88)

Pour Whitsitt (2005), le fait qu?il y ait plusieurs définitions pour un seul phénomène est parfaitement acceptable. Par contre, ce qu?il trouve anormal c?est que pour ces deux définitions complètement différentes, les auteurs continuent à utiliser le même terme. Il conviendrait, néanmoins, de noter que ce n?est pas le cas de tous les linguistes, en l?occurrence, Stubbs (2001a). Pour ce dernier (id. : 65), «discourse prosodies express speaker attitude». Donc si le locuteur dit «something is provided» cela impliquerait qu?il approuve l?idée. Ainsi, il choisit de remplacer « prosodie sémantique » utilisée dans ses précédents articles, par le terme «discourse prosody», non seulement pour souligner l?aspect pragmatique du phénomène, mais aussi pour insister sur le rôle des interlocuteurs dans la création d?un discours cohérent.

«I will prefer the term discourse prosodies?, both in order to maintain the relation to speakers and hearers, but also to emphasize their function in creating discourse coherence» Stubbs (2001a:66)

Hoey (2003), qui ne semble pas vouloir faire une réelle distinction entre la préférence sémantique et la prosodie sémantique, s?est aussi écarté du terme donné par Sinclair pour ce phénomène pour lui attribuer le terme "semantic association". Il débute son article (2003 : 1) avec la phrase "every word is primed to occur with particular semantic sets, its semantic associations". D?autre part, Hoey (2003, 2005), parle de "lexical priming" en se référant au

principe de la collocation3. "Lexical priming" repose sur l'idée selon laquelle le choix des termes fait par les locuteurs, est dû à leurs expositions à la langue. Toujours d?après Hoey, chaque personne a une connaissance innée de ce que l?on devrait dire avec tel ou tel mot. Il insiste sur l?aspect psychologique du phénomène.

"As a word is acquired through encounters with it in speech or writing, it becomes cumulatively loaded with the contexts and co-texts in which it is encountered, and our knowledge of it includes the fact that it co-occurs with certain other word in certain kinds of context. The same applies to word sequences built out of these words; these too become loaded with the contexts and co-texts in which they occur." (Hoey 2005: 8).

Par ailleurs, Partington (1998) fournit une nouvelle définition du phénomène, dans laquelle une unité lexicale est contaminée par la connotation de ses collocations. A titre d?exemple, l?adjectif « impressive » est souvent en collocation avec des termes tels que : achievement, talent et dignity. Il est donc contaminé par la connotation positive de ces derniers, et par conséquent, l?adjectif « impressive » est considéré comme ayant une prosodie sémantique positive. Ainsi, Partington définit ce phénomène comme étant «the spreading of connotational coloring beyond single word boundaries» (Partington 1998: 68)

Hunston et Thompson (1999) quant à eux, soulignent l?aspect évaluatif du phénomène en privilégiant la définition de Sinclair.

"The notion of semantic prosody (or pragmatic meaning) is that a given word or phrase may occur most frequently in the context of other words or phrases which are predominantly positive or negative in their evaluative orientation [...J As a result, the given word takes on an association with the positive, or, more usually, the negative, and this association can be exploited by speakers to express evaluative meaning covertly." (Hunston et Thompson 1999:38)

Il conviendrait de noter par ailleurs, que Whitsitt (2005) critique fortement certaines définitions du phénomène, notamment celle de Louw (1993: 157)4. Il insiste sur l?utilisation des métaphores par ce dernier, plus particulièrement, la métaphore qui se cache derrière le

3 Voir Introduction

4 Voir définition de Louw p 10.

verbe « imbued ». Cette définition, selon Whitsitt, signifierait que le mot est à la base à contenance sémantique vide et qu?il acquiert un sens uniquement grace à ses collocations.

«If we now return to Louw?s four-term metaphor, we could say that just like God imbues, or saturates words with his spirit, or just like Reynolds fills or pours team spirit into his firm, collocates imbue, or pour their meaning into a form which is assumed to be empty. And that is how a term like set in came to have a negative connotation» (Whitsitt 2005: 289)

De plus, Whitsitt ajoute que non seulement cette idée est pesante pour le lecteur, mais surtout que le problème principal de cette analogie, est que l?on suppose, sans expliquer pourquoi, qu?il y a des mots à contenance sémantique vide et d?autres qui ne le sont pas. D?autant plus que ces derniers semblent incapables de résister à « déverser » leurs sens à leurs collocations à contenance sémantique vide (Sinclair 1994 : 21). En tentant de remédier à ces manques d?explications, Whitsitt (2005 : 293) soutient que le mot dont parle Louw (1993) est à contenance sémantique vide, parce qu?il est analysé. Par ailleurs, Whitsitt (2005) continue ses critiques en soulignant le rôle que joue l?intuition du linguiste dans son choix d?une unité lexicale précise, en concluant que cette dernière n?est finalement pas à contenance sémantique vide :

«to answer the question about why the semantic prosodist decided to make a concordance for a particular word or phrase would be to acknowledge the role of intuition, which would then acknowledge that there was something about a word, or better, in a word, which would then mean that the word was not empty.» (Whitsitt 2005: 295)

Comme nous l?avons donc constaté, la prosodie sémantique est un phénomène qui n?est toujours pas bien défini. Chaque linguiste a sa propre idée et ses propres théories sur cette notion. Ceci crée, selon Philip (2010), plus de confusion, de débat et de critique :

«One of the reasons why semantic prosody has been open to attack is that the uses to which the term is put vary considerably from author to author. This makes the concept appear vague and ill-defined and can lead to confusion and misunderstanding» (Philip 2010: 2).

Chacune de ces définitions, nous ont permis, d?une façon ou d?une autre, de mieux comprendre le phénomène. Dans le cadre de notre étude, nous retiendrons la définition de

Sinclair (1996a), mais aussi celles de Louw (1993) et Partington (1998), en prenant en compte l?aspect pragmatique du phénomène tout au long de notre analyse, et en nous appuyant sur l?idée de la contamination?. En outre, nous prenons en considération l?aspect évaluatif de la prosodie sémantique évoqué par Hunston et Thompson (1999). Voici à présent les caractéristiques de la prosodie sémantique données par différents linguistes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire