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Etudes de pérennisation du microcrédit "grenier commun villageois" à  Ambatondrazaka, dans la région d'Alaotra - Madagascar

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par Jocelyn Rivoniaina RAVELOSON
Université d'Antananarivo école supérieure des sciences agronomiques - Ingénieur agronome 2004
  

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ANNEXE 2 : Historique du crédit rural dans la région de l'Alaotra

A. 1960 à 1972 : L'époque des sociétés de crédit avec la SCAM

Dans les années 1960, le plus important système adopté dans la région du Lac Alaotra en matière de crédit de masse est la SCAM ou Société de Crédit Agricole Mutuel. Elle est constituée par un groupement de paysans habitant dans un même village, possédant un statut officiel de type S.A.R.L., un règlement intérieur et dont le centre d'intérêt est l'accès au crédit.

Les SCAM fonctionnaient comme une véritable société, avec présentation des résultats à chaque fin d'exercice et élaboration des programmes pour la prochaine campagne. C'est l'Assemblée Générale qui constitue l'organe suprême de décision. Toutes demandes de crédits - effectuées auprès de la Banque Nationale Malgache (BNM) - au nom de l'association devront être avalisées par cette institution. Beaucoup d'agriculteurs, membres des SCAM, ont réalisé la promotion de leur exploitation et de leur ménage par le biais de ce système.

De l'autre côté, la politique de développement rural de l'époque - favorables aux formules d'Associations des Producteurs et Coopératives Agricoles - cadre bien avec ces initiatives. L'Etat appuie ces initiatives paysannes par des dotations de matériels lourds, construction de hangars et de magasins de stockage de grande capacité directement gérés par ces coopératives.

Toutefois, des problèmes surgissaient au fur et à mesure de l'évolution de ce système. Le rapport de l'Office du Riz Alaotra (O.R.A.) de 1968 à 1970 mentionnait des détournements de crédit et pratiques de l'usure par la sous-distribution de crédit par certains membres des associations. Cela a conduit à la dissolution de certains SCAM. Cette tournure a incité les responsables à identifier d'autres voies pour l'amélioration du crédit de masse.

1972 à 1977: Un essai de crédit de masse individuel par le PCAI

Le nouveau programme Petit Crédit Agricole Individuel ou PCAI à été lancé par la BNM vers 1972. Il a été repris par la BTM de 1975 à 197742. C'est un prêt destiné aux petits agriculteurs individuels.

Le climat politique national, après les manifestations de mai 1972, n'a pas permis une réelle expansion de ce type de produit. Des mauvais taux de recouvrement, détournement de crédit et insuffisance de sensibilisation s'ajoutaient à ces problèmes. Du point de vue pratique, le système est jugé trop lourd à gérer et nécessite beaucoup de techniciens.

42 La banque BNM est nationalisée et devenue "Bankin'ny Tantsaha Mpamokatra" ou BTM.

Au fur et à mesure de l'implantation de l'économie socialiste, on a abandonné progressivement l'approche "individuelle stricte" pour généraliser l'approche "collectivités décentralisées". L'objectif est de donner à tout un peuple la même chance d'accéder au crédit. 1977 : Populariser le crédit agricole à travers le FMR

Le Financement du Monde Rural ou FMR Traditionnel, appliqué à partir de 1977 est un crédit individuel sous caution des Fokontany. Le Fokontany, qui est désormais l'unité d'intervention de la BTM, est responsable de l'établissement des demandes de prêt, de la sensibilisation et la perception des recouvrements. L'avantage de ce système a été de pouvoir toucher un maximum de cibles en l'espace de temps assez court.

Cependant, le manque de suivi, au fur et à mesure de l'augmentation du nombre des bénéficiaires, a entraîné un détournement massif de crédit. Ce qui a engendré un très mauvais taux de recouvrement, comme le montre la figure suivante :

Nombre de
beneficiaires

1600

1400

1200

1000

400

800

600

200

0

Nombre de bénéficiaires Taux de recouvrement (%)

1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989

Figure 20 : Evolution du taux de recouvrement
de crédit FMR Traditionnel de 1981-1989

Année

40

90

80

70

60

50

30

20

0

10

Taux de
recouvrennent (%)

Source : BTM Avaradrova - Ambatondrazaka, 1990; in Etude historique du crédit agricole
dans la région du Lac Alaotra
- Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

On avait aussi noté une dilution des responsabilités par le fait que le crédit était devenu un instrument politique à l'usage des administrateurs. Il suffit d'avoir de bonnes relations avec un décideur pour pouvoir accès au crédit. Par contre, les projets sérieux risquent de ne pas être présentés si des mésententes existent entre les demandeurs et les membres du comité d'octroi.

En 1980, une nouvelle forme d'intervention - qui sera basée sur l'étude plus affinée et individuelle des exploitations - a été proposée par la BTM et le Ministère de l'Agriculture de l'époque, avec l'appui financier de l'IDA et du BIRD. C'est la mise en route du Projet FMR-ODRI ou Financement du Monde Rural - Opération de Développement Rural Intégrée. Le système se propose d'intégrer le crédit agricole dans le processus de développement de l'exploitation, en mettent en oeuvre des suivis techniques de cette dernière par des agents de vulgarisations

(SOMALAC, CIRVA). Le crédit avait touché les besoins à court terme43 et à moyen terme44, avec un taux d'intérêt annuel de 17%. La garantie devra être au moins 10% des montants octroyés.

Son coût trop élevé, avec la nécessité de mobilisation important d'agents de terrain, a handicapé cette approche. Cela a amené à la réduction du nombre des bénéficiaires, illustrée par la figure suivante :

Nombre de
beneficiaires

400

500

300

200

100

0

Nombre de bénéficiaires Taux de recouvrement (%)

Figure 21 : Evolution du nombre des bénéficiaires
de crédit FMR-ODRI de 1983-1987

1983 1984 1985 1986 1987

Année

40

60

50

30

20

0

10

Taux de
recouvrennent (%)

Source : BTM Avaradrova - Ambatondrazaka, 1990; in Etude historique du crédit agricole
dans la région du Lac Alaotra
- Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

L'insuffisance de contact BTM - paysans et d'encadrements techniques, suite à la dégradation des routes et des moyens de locomotion, a affaibli le taux de recouvrement.

ACS et ACCS: des crédits associatifs pour réduire le coût d'intervention

L'approche par groupement a été reprise vers 1983. C'était le début de l'Association de Crédits Solidaires (ACS) et l'Association de Crédits à Caution Solidaire (ACCS). Le crédit reste individuel, mais le groupe apporte sa caution à la banque pour chacun des membres.

Au Lac Alaotra, les Associations pour l'Intensification des Mailles (AIM) sont reconverties, sous l'impulsion de la SOMALAC, en Associations d'Intensification et de Crédit ou AIC. Les paysans se trouvant en dehors des périmètres, qui ont de difficulté d'accès à l'irrigation, sont pourtant écartés de ces crédits. Il est jugé dangereux d'engager d'importants crédits à ces paysans45.

Une "solidarité forcée" par les faits étant née, non seulement entre les membres d'un groupement, mais aussi entre les propriétaires des lots voisins (regroupés dans l'AIM). Leurs rizières dépendent en effet d'un même réseau hydraulique, d'où la création spontanée de la solidarité entre eux, face à un problème commun. On peut dire que le système adopté était un succès car les taux de recouvrement avoisinaient le 96,2% de 1984 à 1989, d'après la figure qui suit.

43 Crédit de campagne

44 Acquisition de matériels agricoles

45 Sur un ensemble de superficie brute de rizière de 95 400 ha, seuls 32 000 ha font partie des grands périmètres irrigués. Celles possédant une bonne maîtrise d'eau sont encore d'un pourcentage plus bas. Etude historique du crédit agricole dans la région du Lac Alaotra - Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

72

120

100

100

95

80

60

90

40

85

20

0

80

Campagne de culture

Nombre de
groupements

Taux de
recouvrement (%)

Nombre de groupements Taux de recouvrement (%)

1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1988-89

Figure 22 : Evolution de recouvrement des credits
au sein de la SOMALAC de 1984 à 1989

Source : SOMALAC, 1989; in Etude historique du crédit agricole dans la région du Lac Alaotra - Claude RANDRIANARISOA. FOFIFA-DRD, mai 1995.

Les défaillances de ce système n'ont jamais été constatées que lors de la période de dissolution de la SOMALAC en 1991. Les contraintes sur l'irrigation commencent à se fait ressentir. La paralysie des services de développement de la BTM, due à l'événement socio-politique de mai au novembre 1991 a aggravé les problèmes de recouvrement. Alors que l'échéance des crédits de campagne rizicole a été fixée habituellement au 31 août. Le taux de recouvrement n'a atteint que 56% en fin de campagne.

Pour certains, le recouvrement des dettes n'est plus prioritaire pour la continuation des travaux rizicoles, du fait de problème d'irrigation. Pour d'autres, la peur de ne plus avoir de crédit - suite aux grèves et à la fermeture des banques - les ont conduits à ne pas rembourser.

Le crédit sous-distribué durant l'Opération Blé KOBAMA

Le crédit sous-distribué, tel "le crédit blé", existait aussi à Ambatondrazaka vers 1988 à 1993. C'est une opération menée de pair par la BTM et le Ministère de l'Agriculture, par le biais du volet agricole de l'Opération Blé KOBAMA ou OB KOBAMA. L'objectif est d'encourager la production de blé pour l'approvisionnement des minoteries d'Antsirabe et de Toamasina.

Théoriquement, le système ne devrait comporter aucun inconvénient. La part des intrants avancés à crédit par la KOBAMA, sur le coût total de la production du blé ne représente qu'une partie. Cependant, la quantité de blé, vendue à la KOBAMA par certains groupements, n'arrive pas à payer le montant du crédit emprunté avec les intérêts.

Outre les problèmes de grêle et de maladies qui ont affecté les cultures de blé, bon nombre des paysans utilisent, en effet, les intrants pour la culture maraîchère. La production de blé reste ainsi faible.

Le crédit usurier: une histoire qui date de longtemps

Durant toutes ces périodes, le crédit usurier demeure toujours au sein de la population d'Ambatondrazaka. Qu'importe l'aspect économique du système, avec le montant de l'intérêt à payer; seuls les critères sociaux en prédominent : la facilité d'accès, la proximité du service et la libre utilisation de la somme empruntée.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984