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Politique étrangère chinoise, entre amitié pragmatique, intérêts géostratégiques et consolidation nationale

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par Patty Bart
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Géopolitique et relations

internationales

Sommaire

PAGE DE GARDE ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.1

SOMMAIRE 2

ESSAI Erreur ! Signet non défini.3

BIBLIOGRAPHIE 18

L'émergence d'une Chine moderne

Les changements dans la politique étrangère chinoise de 1976 à nos jours :
analyse d'un point de vue historique, diplomatique et géostratégique

???

L

a politique étrangère de la République Populaire de Chine (RPC) est le résultat de la somme de sa situation interne additionnée aux possibilités d'action offertes par la scène internationale. La Chine est avant tout un état profondément paradoxal et

polymorphe. Elle est un état socialiste ou, pour être plus précis, un état demeuré socialiste. Pourtant, la nature capitaliste d'une considérable partie de son économie, voir même le dangereux adversaire commercial qu'elle est devenue éclipsent souvent cette nature essentiellement socialiste de la Chine. De plus, malgré les exceptionnels résultats économiques de sa zone côtière, il ne faut pas oublier que ce pays demeure globalement sousdéveloppé : relégué à la 100ème place dans le classement annuel de 20091, le PIB par habitant atteint 7400$ en 20112. Néanmoins, la Chine possède d'innombrables atouts : son gigantesque territoire, sa formidable population et ses ressources naturelles quasi illimitées, le tout couplé à sa possession de l'arme nucléaire ou encore à son obtention d'un siege permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU en 1971 en font une superpuissance au rôle croissant sur la scène internationale depuis ces dernières années.

1 Voir le classement de 2009 effectué par le Fond Monétaire International (FMI)

2 Voir le rapport 2011 de la CIA, version du 6 avril 2011, consulté le 28 avril 2011.

Ainsi, qui d'autre sur la scène internationale peut vraiment prétendre répondre à tous ces critères en même temps ? Les autres pays du BRICS 3 , certes considérés comme des puissances émergentes, ne sont pas des états socialistes et demeurent avant tout des puissances à l'échelle régionale plus que de réelles puissances internationales. Il n'y a que la Chine qui est concurremment un état socialiste, un pays appartenant au Tiers-Monde et une superpuissance. En d'autres termes, il n'y a que la Chine qui peut jouer sur ses trois terrains à la fois. Toute l'originalité de la politique étrangère chinoise est certes le résultat d'une tradition spécifique - et dont l'influence demeure toujours très importante - mais est principalement le résultat de cette situation si particulière.

C'est dans les années 1980 qu'une gigantesque mutation aux conséquences colossales fut entreprise. Après une période de transition suivant la mort de Mao Zedong en 1976, Deng Xiaoping prit en main le destin de la République Populaire de Chine en décembre 1979 et la mena sur le chemin de la modernisation économique, des réformes politico-sociales et de l'ouverture vers l'étranger, modifiant ainsi à long termes l'équilibre mondial. Il renonce alors à la planification et à la centralisation économique pour adopter le système de l'économie de marché socialiste. Il cesse également de fonder les relations multilatérales de son pays sur des critères idéologiques, et s'efforce de développer des relations amicales de coopération avec tous afin de s'enrichir de toutes les expériences qui peuvent s'avérer utiles au développement de l'économie chinoise. Lentement mais sûrement, la Chine « traverse la rivière en tâtant les pierres4 ». Les valeurs alors considérées comme « universelles » par les Occidentaux ne sont nullement universellement acceptées en tant que telles. L'Histoire5 et les luttes de pouvoir continuent. Et l'un des enjeux majeurs, autant d'un point de vue chinois que d'un point de vue général, est l'insertion réussie dans un monde globalisé d'une Chine qui a expérimenté sous l'impulsion de Deng Xiaoping, puis de Jiang Zemin et enfin de Hu Jintao, un formidable développement, résultat d'une libération d'énergie combinée à une stratégie d'hyper croissance, le tout soutenu par une large et active diaspora6 chinoise installée au-delà de ses

3 Acronyme anglais désignant le groupe de pays formé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud (South Africa).

4 Entre 1978 et 1984, une série de réformes massives consistant à mettre fin au système des communes populaires qui existait depuis 20 ans dans les régions rurales, et que Deng Xiaoping appelait alors la politique de << traverser la rivière en tâtant les pierres », permirent d'accorder à 95% des familles chinoises issues de ces milieux ruraux - soit à cette époque plus de 160 millions de familles - le droit forfaitaire de gestion des terrains agricoles. A la suite de cette série de privatisations, plus de 200 millions de personnes purent être ainsi sorties de la pauvreté en un temps record et les gains issus de la productivité atteignirent des sommes astronomiques.

5 Lire << La fin de l'histoire et le dernier homme », Francis Fukuyama, 1992

6 Il y aurait une estimation de plus de 40 millions de chinois à l'étranger, la plupart vivraient en Asie du Sud --Est où ils composeraient une majorité dans la population de Singapour, et représenteraient une minorité importante en Indonésie, Malaisie, Thaïlande, les Philippines ainsi qu'au Vietnam.

frontières. Ainsi, à quel point l'équilibre du monde globalisé sera à jamais affecté par ce processus ? C'est, sur la même base que la relation entre l'Islam et l'Occident, l'une des plus formidables questions du XXIe siècle.

Poursuite d'une amitié sino-russe pragmatique

Le contexte international de post-Guerre Froide dans lequel évolue à présent la République Populaire de Chine nécessite de la part de son gouvernement de changer en profondeur sa politique étrangère. De plus, il semblerait que cette dernière est été partiellement modifiée depuis 1989-1991.

Le premier grand défi auquel la République Populaire de Chine fut confrontée fut les conséquences directes de la chute du mur de Berlin en 1989 suivi par la dislocation de l'empire soviétique deux ans plus tard. Le gouvernement de Beijing s'est opposé pendant plus de trente ans au camp socialiste et cette opposition méme fut l'excuse principale pour mener à bien sa diplomatie : le pays s'est rapproché des Etats-Unis afin de mieux affronter l'Union soviétique. Mais en 1991, avec la désintégration de l'URSS, tous ses points de repère se sont soudainement effondrés. Alors que l'Occident y voyait là une pure et simple disparition du communisme et << la fin de l'histoire7 », la République Populaire de Chine se vit isolée du reste du globe et demeura le seul grand état socialiste. Au même moment, les représailles usées par les grandes puissances occidentales pour protester contre les massacres du 4 juin 1989 sur la place Tiananmen8 contribua à isoler d'autant plus la Chine. Les années 1990 commencèrent ainsi sous de mauvais auspices : la République Populaire de Chine se devait

7 Lire << La fin de l'histoire et le dernier homme », Francis Fukuyama, 1992.

8 Les manifestations de Tiananmen, ayant eu lieu entre le 15 avril et le 4 juin 1989, prirent la forme d'un mouvement d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers chinois qui dénoncèrent la corruption au sein du gouvernement et exigèrent des réformes politiques et démocratiques. Après plusieurs tentatives de négociation, le gouvernement chinois répondit en déclarant l'état de siège et en faisant intervenir l'armée pour réprimer les manifestations. Cette répression du mouvement provoqua un grand nombre de victimes civiles ainsi qu'une indignation générale à l'étranger. A cet effet, quelques mesures de rétorsion furent alors prises : embargo sur les ventes d'armes à la Chine - d'ailleurs toujours en vigueur - de l'ONU, arrêt de la coopération américaine et européenne en matière militaire et de renseignement, gèle des relations entre la France et Beijing, propositions de prolongement des visas étudiants etc...

alors de relever le double défi de surmonter l'embargo économique imposé par l'Occident tout en s'adaptant au changement de régime dans l'ancien bloc soviétique.

Néanmoins, la Chine réussit formidablement à s'adapter à la nouvelle conjoncture mondiale. Ostracisé, et au lieu de rechercher un refuge dans l'autarcie, le régime de Pékin accéléra de toutes ses forces son ouverture à l'étranger afin de regagner au plus vite les faveurs de la scène internationale. Le pays parvint ainsi à complètement normaliser ses relations avec la Russie avec l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev et de sa visite à Beijing en mai 1989. Ce sommet sino-soviétique entre le président soviétique et secrétaire général Mikhaïl Gorbatchev et le leader chinois Deng Xiaoping permit de régler sans accroc le problème des relations interétatiques. Les décisions prises durant ce sommet permirent d'aboutir à la série d'accords de 1991 consistant au règlement de leur litige frontalier à l'Est et à la régulation et la délimitation dans sa quasi-totalité de la frontière sino-russe. L'année suivante, la Russie compléta le retrait de ses troupes stationnées en Mongolie et mena une série de rondes de négociations avec la Chine visant à réduire leurs forces militaires respectives à leurs frontières9. De fait, cet accord établissait l'égalité des droits, et au-delà, l'égalité politique des deux états. Ce qui a été longtemps l'objectif de la Chine envers l'URSS depuis 1949 fut paradoxalement atteint seulement quand cette dernière faisait déjà place à la nouvelle Russie. Après 1992, c'était le problème de normalisation de ses relations avec ses nouveaux voisins occidentaux résultant de l'éclatement de l'URSS (Kazakhstan, Kirghizstan et Tadjikistan) qui préoccupa la Chine. La RPC parvint là aussi à s'adapter. Elle devait éviter que le Kazakhstan devienne une puissance nucléaire : la pression américaine l'en dissuada. De plus, il était urgent de régler les litiges frontaliers : la Chine y parvint également entre 1992 et 1996. En termes techniques, elle parvint à organiser un modus vivendi acceptable avec ses nouveaux voisins, et cela, dans une période de temps relativement courte. Des mesures de confiance ont ensuite été étendues aux états d'Asie centrale avant d'être institutionnalisées par la création du Groupe des cinq de Shanghai10, consolidant ainsi la relation sino-soviétique. Durant les années suivantes, les rencontres se sont poursuivies avec régularité renforçant ainsi leur confiance mutuelle. Néanmoins, c'est principalement en raison du nouveau contexte international qui s'est substitué à la guerre froide et des inquiétudes partagées envers la politique extérieure de Washington jugée agressive par Beijing et Moscou qui a permis

9 Le retrait des forces soviétiques de Mongolie et à la frontière chinoise constituait un des « trois obstacles » au rapprochement sino-soviétique tels qu'élaborés par Deng Xiaoping lors de la reprise des contacts entre la Chine et l'Union soviétique en 1982. Les deux autres consistaient au retrait des forces militaires soviétique d'Afghanistan ainsi qu'à favoriser le retrait des troupes vietnamiennes du Cambodge.

10 Le Groupe des Cinq de Shanghai est devenu l'Organisation de Coopération de Shanghai en juin 2001.

l'établissement de leurs relations stratégiques11. La Chine et la Russie ont d'abord signé un « partenariat constructif » en 1994, puis se sont engagées dans un « partenariat stratégique » en 1997, ce dernier a ensuite été renforcé par la signature du « Traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage » en juillet 2001. Ce traité a eu comme effet de synthétiser les accords précédents en institutionnalisant leur position commune au niveau de la défense d'un monde multipolaire régulé par l'ONU et leur opposition à la politique de puissance12.

Néanmoins, le véritable problème demeure ailleurs. Demeuré un état socialiste, la République Populaire de Chine devait-elle se contenter de relations normalisées avec la Russie non communiste ? Ou bien s'imaginait-elle un rapprochement dont le but principal serait de contrebalancer l'hégémonie américaine, superpuissance triomphante à la sortie de la Guerre Froide? D'une manière extraordinairement pragmatique, le régime de Beijing choisit le rapprochement avec la Russie depuis 1992 : le commerce bilatéral entre les deux géants s'est élevé à presque 34 milliards de dollars US en 2006, une augmentation de 15% par rapport à l'année précédente13. Les ventes d'armement et de technologies militaires russes, jumelées à celles de pétrole et de gaz naturel se situent au centre même du commerce sino-russe. En ce qui concerne la vente d'armement, à la suite de l'écroulement de la demande interne d'équipement militaire suivant la chute du régime soviétique, la Chine, ciblée par un embargo occidental de vente d'armes en raison des évènements de la place Tiananmen en 1989, est devenue un client essentiel à la survie de l'importante industrie militaire russe. Ce commerce absorbe depuis plus de 40 % des exportations militaires totales de la Russie et constitue une portion avoisinant 90 % des importations chinoises d'armement conventionnel. Au niveau de la vente de pétrole et de gaz naturel, la forte demande en énergie de la Chine et ses tentatives de diversifier la provenance de ses importations ont également fait de la Russie un partenaire de choix. Bien que les livraisons de pétrole ne semblent pas satisfaire la demande chinoise, elles devraient augmenter considérablement avec la finalisation de l'oléoduc Sibérie-Pacifique prévue pour 2011, et sur laquelle la Chine mise pour un embranchement.

Cependant, entre Beijing et Moscou, plus qu'une entente cordiale d'ordre purement économique, c'est leur rejet mutuel de l'apparition depuis la fin de la guerre froide d'un monde unipolaire gouverné par les Etats-Unis et dicté par des valeurs entièrement occidentales qui les rassemble. Afin de défendre au mieux cette position stratégique, il est

11 Les deux présidents, Boris Eltsine et Jiang Zemin, se sont rencontrés 7 fois entre 1992 et 1999.

12 « Déclaration commune des présidents chinois et russe (extraits) » voir le Quotidien du Peuple en ligne, juillet 18, 2001. Ce Traité a été taxé d'anti-américain.

13 Les deux chefs d'état se sont entendus lors d'un sommet à Beijing en 2004 pour augmenter le commerce bilatéral à entre 60 et 80 milliards $ en 2010.

naturel que ces deux états se soient rapprochés au cours des dernières années. Entre la Chine et la Russie, les politiques traditionnelles ainsi que les intérêts nationaux semblent ainsi s'imposer plus que jamais. En d'autres mots, le nationalisme - qui rivalisait autrefois avec le socialisme - l'emporte dorénavant dans la politique chinoise.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote