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Gestion, mesure et communication sur les risques au sein des établissements de crédit au regard du contexte tunisien et des standards internationaux

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par Zied LOUKIL
Université du 7 novembre Carthage - Diplôme d'expert comptable 2010
  

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Section 2 : Les normes prudentielles

La crise financière a débuté à l'été 2007, dans un environnement de supervision prudentielle essentiellement basé sur les accords de Bâle I, a démontré un certain nombre de lacunes dans la gestion et l'évaluation des risques.

La crise financière est arrivée au moment de l'entrée en application des accords de Bâle II dans de nombreux pays, notamment les pays européens.

La mise en oeuvre du nouveau dispositif prudentiel de Bâle II vise à améliorer la capacité des établissements de crédit dans la mesure, la gestion et la couverture de leurs risques347.

Les grands groupes bancaires européens ont commencé à appliquer les approches de mesure des risques par notation interne à compter du 1er janvier 2008. Les banques américaines quant à elles, appliquent encore le ratio « Cooke » de Bâle I, en attendant leur passage à Bâle II en 2011.

Les accords de Bâle II ont permis de renforcer le dispositif prudentiel bancaire à l'échelle internationale, notamment à travers la mise en place du ratio de solvabilité « Mc Donough ».

Il est donc important de rappeler que la crise financière est née sous les accords de Bâle I, et qu'elle résulte à l'origine de graves défaillances dans l'évaluation du risque de crédit par les banques américaines. D'autres facteurs ont contribué à la propagation et à l'aggravation de la crise à l'échelle mondiale.

Certes, les accords de Bâle II n'étaient pas à l'origine de la crise, qui a rappelé l'importance de la mise en place et la pertinence des objectifs d'une telle réforme structurante. Néanmoins, la crise a également révélé un certain nombre d'ajustements à prendre en considération.

2.1. Les limites des normes prudentielles

Les turbulences financières ont mis en évidence certaines limites ou améliorations à apporter aux accords de Bâle II, dont les principales portent sur :

· le caractère procyclique des normes de Bâle II en matière d'exigences en fonds propres en période de crise, amplifié par l'application du principe comptable de « juste valeur »,

· l'appréhension insuffisante du risque de marché relatif aux activités de trading et du risque de liquidité par le ratio de solvabilité «Mc Donough »,

346 : René Ricol, « Rapport sur la crise financière », établi dans le cadre de la mission confiée par le Président de la République Française, Nicloas Sarkozy, septembre 2008, Pages 61 et 62.

347 : Danièle Nouy, Secrétaire générale de la Commission Bancaire, Membre du Comité de Bâle pour la France, « Bâle II face à la crise : quelles réformes ? », www.ffsa.fr.

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· l'hétérogénéité dans l'application des normes prudentielles de Bâle II à l'échelle internationale,

· et le manque de transparence et de supervision des agences de notation,

D'autres débats et propositions ont succédé à la crise en matière de constitution de réserves contracycliques ou de renforcement des exigences en fonds propres pour les établissements de crédit dont la taille peut générer un risque systémique, à titre d'exemples.

2.1.1. La procyclicité des règles prudentielles

Le caractère procyclique des règles prudentielles de Bâle II, a été présenté en détail dans le paragraphe 1.1.2. « Le principe de juste valeur » de la section 1 de ce sous chapitre.

La combinaison des normes prudentielles de Bâle II et de l'application du principe comptable de « juste valeur », a contribué de manière évidente à l'amplification de la crise.

Dans ce cadre, François Gouesnad, président de la commission Bâle II de l'AFTE348, explique que « l'application simultanée de la norme IAS 39 portant sur l'évaluation des actifs à la juste valeur et de la norme prudentielle Bâle II a provoqué une série d'opérations, mises en place dans l'urgence, visant à augmenter les fonds propres des banques. Le caractère procyclique de Bâle II est maintenant démontré »349.

L'ensemble des recommandations émises au titre du caractère procyclique des normes prudentielles de Bâle II, préconise une collaboration étroite et concertée entre les régulateurs prudentiels et les normalisateurs comptables afin d'atténuer les effets procycliques de la combinaison des normes prudentielles et comptables.

Par ailleurs, un certains nombre d'experts préconisent la mise en place de provisions contra cycliques en période de croissance, ce qui permettra aux banques de disposer de réserves suffisantes en fonds propres en période de crise. L'Espagne qui a déjà adopté ce principe depuis 2000 et dont le système bancaire a bien résisté à la crise est souvent citée en exemple.

2.1.2. Le ratio de solvabilité

Le ratio de solvabilité « Mc Donough » fixe le niveau des exigences en fonds propres en fonction des risques réellement encourus, ce qui assure une meilleure appréciation et segmentation des risques par rapport au ratio « Cooke »350.

Le rôle du ratio « Mc Donough » est de garantir la stabilité du système bancaire.

La crise financière qui a accompagnée la mise en place de ce nouveau ratio au sein des banques européennes, a constituée un test en grandeur nature qui a permis de mettre en lumière un certain nombre d'insuffisances.

La couverture des risques au titre des activités de marché

La crise a révélé deux principales limites du dispositif prudentiel de Bâle en ce qui concerne la prise en compte du risque de marché pour le calcul des exigences en fonds propres :

· le recours des établissements de crédit à des arbitrages réglementaires opportunistes à travers la classification de produits structurés en portefeuille de trading351,

348 : Commission Bâle II de l'Association Française des Trésoriers d'Entreprise (AFTE) dont le principal objet est de comprendre les évolutions réglementaires des ratios de solvabilité applicables aux établissements financiers et d'anticiper leurs conséquences pour les entreprises.

349 : François Gouenard, « Bâle II pourrait accroître la prudence des banques », Option Finance, n°1020, édition du 16 mars 2009, page 11.

350 : François Gouesnard, « Bâle II pourrait accroître la prudence des banques », Option Finance, n°1020, édition du 16 mars 2009, pages 11 et 12.

351 : Lionel Escaffre, Philippe Foulquier et Philippe Touron, « La confusion entre le rôle de la comptabilité et celui du régulateur prudentiel a conduit à des amendements contre-productifs », Economie et Comptabilité, n°241 du 1 er avril 2009, page 19.

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· et la mauvaise appréhension des risques liés à certains produits financiers ayant des profils particuliers, du type Collateralised Debt Obligation (CDO)352, par les modèles d'estimation des risques Value at Risk (VaR)353, notamment dans un contexte d'illiquidité des marchés.

A ce titre, le président du Comité de Bâle et de la Banque Centrale Néerlandaise, M. Nout Wellink, a précisé que « les portefeuilles de négociation de plus en plus complexes ont été l'une des principales sources de pertes pour les banques dans la crise récente »354.

Une bonne gouvernance des risques au sein des établissements bancaires et l'utilisation adéquate du pilier 2 des accords de Bâle II, qui permet aux superviseurs bancaires de réviser à la hausse les exigences en fonds propres pour tenir compte des risques spécifiques mal ou non couverts par le pilier 1, permettent de se prémunir contre les limites du dispositif présentées ci-dessus.

Néanmoins, ces limites nécessitent le renforcement du cadre prudentiel à travers l'ajustement des exigences en fonds propres réglementaires au titre du portefeuille de trading afin de limiter les arbitrages opportunistes et au titre des risques mal ou non couverts par les calculs de VaR.

Le risque de liquidité

Le risque de liquidité était mal évalué par le ratio « Mc Donough ». En effet, depuis le démarrage de la crise durant l'été 2007, les liquidités n'ont pas cessé de diminuer sur les marchés interbancaires, sans possibilité d'intervention de la part des banques355.

La crise de liquidité qui s'est aggravée avec la faillite de Lehman Brothers, a rappelé l'importance de la liquidité en tant qu'élément clé du fonctionnement du système bancaire et a mis en évidence les difficultés et la complexité d'évaluation du risque de liquidité356.

La gestion du risque de liquidité constitue un enjeu essentiel pour les établissements bancaires, qui doit faire partie intégrante de leur dispositif global de gestion des risques, et de renforcement en matière de surveillance.

2.1.3. L'harmonisation internationale

La crise financière a mis en évidence la difficulté pour les autorités de tutelle d'assurer une supervision et de prendre les mesures adéquates à l'échelle internationale du fait :

· du retard pris par les banques américaines dans l'application des accords de Bâle II par rapport aux banques européennes,

· et des divergences d'application des accords de Bâle II par les différents pays.

L'application différente des normes prudentielles, entre les banques américaines et les banques européennes, et entre les banques européennes de pays d'origine différente, notamment en ce qui concerne les exigences en fonds propres, crée des distorsions de concurrence.

Au niveau européen, la directive CRD relative aux exigences en fonds propres qui offre une multitude d'options, est appliquée différemment à l'échelle nationale des 27 pays de l'Union Européenne.

352 : Les Collateralised Debt Obligation (CDO) sont des titres de dettes, émis par des entités ad hoc, généralement des véhicules de titrisation crées spécifiquement à cet effet, qui achètent des obligations, émises par des établissements bancaires ou des grands groupes, ou des portefeuilles de crédits bancaires.

Ce mécanisme de titrisation permet aux établissements bancaires de se refinancer sur le marché, en rendant plus liquides des obligations ou des portefeuilles de crédit, auprès d'investisseurs qui prennent un risque sur un portefeuille de dette.

353 : Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, « Une nouvelle régulation pour une nouvelle finance », Documents et Débats, n°2, février 2009, page 85.

354 : Guillaume Maujean, « Les banques de marché vont devoir multiplier par trois leurs fonds propres », Les échos, n°20532, édition du 16 octobre 2009, page 36.

355 : Alexandre Maddens, « Ce qui devrait changer dans Bâle 2 », La Tribune, édition du 6 décembre 2008, page 13.

356 : Secrétariat général de la Commission Bancaire, « Rapport de la Commission Bancaire pour l'année 2008 », juin 2009, page 151, www.commissionbancaire.fr.

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M. Philippe Dupont, ancien président du groupe Banque Populaire a précisé dans une interview accordée en mai 2008 que « si les accords de Bâle II avaient été appliqués partout, la crise aurait un profil différent »357.

La crise a démontré la nécessité d'apporter des adaptations aux accords de Bâle II, notamment en réduisant les options nationales et en harmonisant la définition des fonds propres prudentiels servant au calcul des ratios réglementaires.

L'application des accords de Bâle II aux Etats-Unis d'Amérique a été décalée à 2011 afin de laisser du temps aux banques américaines pour retrouver des marges de manoeuvre post crise358.

2.1.4. Les agences de notation

Les agences de notation ont été largement mises en cause, puisqu'elles ont joué un rôle important dans l'évaluation et la diffusion de l'information au titre des produits structurés.

Les investisseurs se reposaient sur les travaux et les notations des agences dans le cadre de leurs acquisitions, sans réaliser de diligences complémentaires par ailleurs.

Les agences de notation ont contribué également au développement rapide des produits structurés complexes de titrisation, qui ont été très bien notés et ce malgré les risques importants portés par ces produits et mal évalués par les agences.

Cette situation a conduit par la suite à la chute brutale de la valorisation de ces produits, et la perte de confiance dans les notations a aggravé la crise de liquidité sur le marché interbancaire.

Aux Etats-Unis d'Amérique, des agences de notation d'envergure internationale ont fait l'objet de poursuites en justice, par certains fonds de pension ayant subi des pertes significatives lors de la crise359.

Les principales critiques apportées aux agences de notation et à leur mode de fonctionnement, concernent :

· la défaillance de l'information communiquée et le manque de transparence sur les méthodologies de notation retenues,

· le conflit d'intérêt lié à leur activité de conseil en structuration et d'évaluation des risques,

· le mode de rémunération, qui dans certains cas est directement indexé sur le niveau des émissions réalisées des produits évalués,

· et l'insuffisance de supervision et de réglementation de cette activité. 2.2. Les réformes prudentielles entreprises

La crise financière a mis en lumière un certain nombre d'insuffisances et de limites des normes prudentielles, et a rendu nécessaires les révisions réglementaires visant à renforcer les dispositifs de gestion des risques.

Les chantiers entamés et les travaux de révision réalisés ont mobilisé l'ensemble des autorités et des organisations de réglementation internationale, en particulier :

· Le Forum de Stabilité Financière (FSF) devenu le Conseil de Stabilité Financière (CSF) depuis avril 2009, qui a publié en avril 2008 un rapport d'analyse et de propositions pour rétablir le bon fonctionnement des marchés financiers360.

357 : Philippe Dupont, « Réduire les options nationales de la CRD », Revue Banque, n°702, mai 2008, pages 41 et 42.

358 : Benjamin Jullien, « Vers des exigences de capital harmonisée et renforcées », La Tribune, édition du 8 septembre 2009, page 19.

359 : Le plus gros fonds de pension américain CallPers, des retraités du secteur public de l'état Californien, a poursuivi en justice les trois plus grandes agences de notation à l'échelle internationale, à savoir ; Moody's, Fitch Rating et Standard & Poor's, pour surévaluation de produits titrisés adossés à des prêts hypothécaires à haut risque.

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Le rapport du FSF a énoncé un ensemble de recommandations destinées à tous les acteurs du système financier, dont les régulateurs prudentiels en ce qui concerne :

- le renforcement des exigences en fonds propres pour les produits complexes,

- la prise en compte des structures et véhicules hors bilan par les superviseurs,

- et le renforcement du dispositif de notation des produits structurés.

· La Banque des Règlements Internationaux (BRI) qui loge le Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire (CBCB) qui a publié tout au long des années 2008 et 2009 une série de documents consultatifs et de recommandations, en particulier au titre :

- de la gestion de la liquidité,

- de la valorisation des actifs financiers,

- du renforcement des exigences en fonds propres au titre des activités de trading, - et de l'amélioration des principes de gestion des risques.

· L'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (OICV) qui a remis à jour en mai 2008 les principes fondamentaux de son code de conduite des agences de notation et les diligences à mettre en oeuvre par celles-ci.

La présentation des principales réformes prudentielles sera structurée autour des exigences en fonds propres au titre des activités de trading, de la gestion de la liquidité, des agences de notation et des projets actuels de réforme visant à renforcer la résilience du secteur bancaire.

2.2.1. Les exigences en fonds propres au titre des activités de trading

Les pertes significatives subies par les établissements bancaires au cours de la crise financière, sont majoritairement imputables aux portefeuilles de trading.

L'augmentation des spreads de crédit (prime de risque), la dégradation de notations et l'illiquidité des marchés ont eu un rôle essentiel dans l'aggravation de la crise et des dégâts. Ces risques n'ont pas été suffisamment appréhendés par les modèles de VaR pour le calcul des exigences en fonds propres au titre des portefeuilles de trading.

Pour pallier à ces insuffisances, le Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire (CBCB) a publié le 13 juillet 2009 un communiqué de presse, intitulé « Basel II capital framework enhancements announced by the Basel Committee » accompagné par un ensemble de documents361, qui annoncent l'approbation d'un ensemble de mesures visant à renforcer les exigences en fonds propres au titre des activités de trading.

Ces mesures portent sur :

· la mise en place de nouvelles pondérations sur les opérations de titrisation, les dérivés adossées type CDO et les véhicules hors bilan.

Ces nouvelles pondérations permettent d'augmenter les exigences en fonds propres au titre des produits à risque et mal « captés » par les modèles de calcul de VaR.

· la révision du calcul des modèles de Value at Risk (VaR), intégrant plus de valeurs stressés dans des conditions de marché extrêmes, pour le calcul du risque de marché.

360 : Financial Stability Forum, «Report of the Financial Stability Forum on Enhancing Market and Instituional Resilience», 7 april 2008, 74 pages, www.financialstabilityboard.org.

361 :«Enhancements to the Basel II framework», «Revisions to the Basel II market risk framework» et «Guidelines for computing capital for incremental risk in the trading book», July 2009, www.bis.org.

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L'intégration de valeurs stressées dans le calcul de la VaR permet de pallier aux limites des modèles de calcul de la VaR, déjà identifiées par le Comité de Bâle avant la crise, qui résultent essentiellement362 :

- des limitations des données historiques utilisées, puisque les modèles mathématiques et les lois normales retenus pour le calcul des risques, n'intègrent pas les crises financières et les pertes dans des conditions extrêmes de marché,

- et de l'hypothèse de liquidité continue sur les marchés, puisqu'elle n'est stoppée que pour une

durée de 10 jours dans les modèles de calcul.


· et la mise en place d'un nouveau paramètre de calcul du risque, l'Incremental Risk Charge (IRC)
permettant une meilleure prise en compte du risque de défaut dans le portefeuille de trading.

L'idée de créer une charge additionnelle de capital (Incremental Risk Charge) remonte à juillet 2005 suite à l'accord conclu entre le Comité de Bâle et l'Organisation Internationale des Commissions de Valeurs Mobilières (OICV).

L'ICR est censé couvrir les risques de défaut et de migration de la qualité (notation) de crédit, il couvre donc le risque émetteur et non pas le risque de marché sur les opérations de trading déjà pris en considération par ailleurs. L'ICR est déterminé par le recours à des modèles internes soumis à la validation des autorités de supervision bancaire363.

Par ailleurs, le Comité de Bâle a réalisé une étude d'impact de la mise en place de ces mesures sur un ensemble composé de 43 établissements bancaires situés dans 10 pays, dont les résultats ont été publié en octobre 2009.

En moyenne, les exigences en fonds propres augmentent de 223,7% sur les activités de trading, soit environ 11,5% en moyenne des capitaux propres totaux364.

Les nouvelles mesures relatives au renforcement des exigences en fonds prorpres au titre des activités de trading sont applicables au plus tard au 31 décembre 2010.

2.2.2. La gestion de la liquiditéLe Comité de Bâle pour le Contrôle Bancaire (CBCB) a rendu public le 17 juin 2008 un projet de rapport pour consultation intitulé «Principles for Sound Liquidity Risk Management and Supervision ».

L'objectif de ce rapport étant de mettre l'accent sur l'importance d'intégrer une gestion rigoureuse du risque de liquidité dans le processus de gestion des risques des banques.

Le 25 septembre 2008, les banques centrales et les superviseurs ont approuvé les dix sept principes du Comité de Bâle portant sur la saine gestion et le contrôle du risque de liquidité365.

Parmi ces dix sept principes, huit principes portent sur les outils de suivi et de contrôle du risque de liquidité, ce qui manifeste l'importance accordée par le régulateur prudentiel à la gestion de ce risque, qui fera désormais l'objet d'évaluation régulière par les superviseurs bancaires.

Le Comité Européen des Contrôleurs Bancaires (CEBS) a complété en date du 22 juin 2009 les
recommandations du Comité de Bâle, par les précisions du « Liquidity Identity Card ». Ces dernières
ont pour objectif d'apporter aux superviseurs de groupes bancaires européens transfrontaliers un

362 : Cabinet Mazars, « Analyse macro-économique : les réformes de Bâle II », Bank News n° 2, avril 2009, page 10.

363 : Ulf CLERWALL, «L'Incremental Risk Charge (IRC) : nouvelle norme de principe ? », newsletter OTC Conseil n°39, www.otc-conseil.fr.

364 : Guillaume Maujean, « Les banques de marché vont devoir multiplier par trois leur fonds propres », Les Echos, n°20532 du 16 octobre 2009, page 36.

365 : Bank for International Settlements, Basel Committee on Banking Supervision, «Principles for Sound Liquidity Risk Management and Supervision », September 2008, 44 pages, www.bis.org

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langage prudentiel commun facilitant la coopération et l'échange d'informations au sein des collèges de superviseurs.

En France, des évolutions réglementaires366 ont été réalisées afin d'intégrer les principes du CBCB et les recommandation du CEBS au titre de la gestion et de la supervision du risque de liquidité, applicables à compter du 30 juin 2010.

Dans ce cadre, deux approches367 ont été proposées pour appréhender le risque de liquidité :

· une approche standard : à adopter par les établissements à profil de risques simples. Cette approche préconise le maintien d'un coefficient de liquidité (rapport entre les actifs liquides et les exigibilités à court terme calculé sur la base des comptes sociaux) au moins égal à 100%.

· et une approche avancée : qui consiste à utiliser des modèles internes de calcul du coefficient de liquidité, soumis à l'autorisation de la Commission bancaire.

Ce dispositif permet de mesurer les flux entrants et sortants certains et probables, et de réaliser des tests de résistance en cas de crise de financement ou de liquidité et en combinant les deux.

Les établissements doivent mettre en place des plans d'urgence formalisés pour faire face aux situations de crise, qui doivent préciser la stratégie à suivre et les procédures permettant de gérer la liquidité selon les différents scénarii.

Les résultats de l'appréciation de la gestion du risque de liquidité par l'organe exécutif doit être présenté au moins deux fois par an à l'organe délibérant. Le Comité d'audit examine régulièrement les méthodologies internes et les hypothèses retenues qui doivent faire l'objet d'un contrôle périodique une fois par an.

2.2.3. Les agences de notation

Au niveau international, comme indiqué ci-dessus, l'OICV a mis à jour en mai 2008 la version originale de 2004 du code de conduite aux agences de notation.

Cette mise à jour a renforcé les recommandations de l'OICV en matière de transparence et de conflits d'intérêt.

Au niveau américain, la Securities and Exchange Commission (SEC) a instauré un ensemble de mesures contraignantes pour les agences de notation, dont les principales sont368 :

· les agences de notations doivent dorénavant fournir des informations plus détaillées sur les notations fournies.

Cette mesure vise à apporter plus de transparence au dispositif de notation et à donner aux investisseurs une meilleure visibilité sur les pratiques retenues par les agences, et par conséquent améliorer l'appréciation qualitative de la fiabilité et de la pertinence des notations produites.

· les agences de notation doivent dorénavant fournir une information au titre de l'environnement concurrentiel dans le cadre de l'évaluation des produits structurés, ce qui permettra de limiter les situations de conflit d'intérêt ou de complaisance.

· l'interdiction par la SEC de porter une notation à certains produits financiers, dont l'objectif est de limiter la corrélation entre les décisions d'investissement et les notations produites par les agences.

366 : Révision du règlement CRB n°88-01 du 22 février 1988 relatif à la liquidité et du règlement CRBF n° 97-02 du 21 février 1997 relatif au contrôle interne des établissements de crédit et des entreprises d'investissement.

367 : KPMG Audit, « Révision de la réglementation relative à la liquidité », Alerte Banques, n° 25, juin 2009, www.kpmgnet.fr.

368 : « Le gendarme boursier américain va mieux encadrer les agences de notation », Les Echos, édition du 21 septembre 2009, page 30.

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D'autres réformes sont actuellement en cours de discussion entre le régulateur américain et les institutions financières.

Au niveau européen, un accord a été conclu en avril 2009369 entre les représentants du Parlement européen, les états membres et la Commission Européenne, qui a désigné le Comité des Régulateurs des Marchés de Valeurs Mobilières (CERVM) comme étant l'organe chargé provisoirement de l'enregistrement des agences de notation de crédit.

Le CERVM sera chargé de la surveillance des agences de notation opérant dans l'Union Européenne, notamment à travers la mise en place d'une base de données sur l'historique des performances des agences de notation afin de permettre aux investisseurs de procéder à une appréciation de la fiabilité des notations fournies en vérifiant la qualité et la précision des prévisions économiques et en procédant à des analyses comparatives.

Les agences de notation de crédit seront soumises à des règles d'indépendance plus rigoureuses, telles que :

· l'obligation de communiquer le nom des entités contribuant à plus de 5% de leurs ressources,

· l'interdiction de noter les sociétés dans lesquelles leurs analystes possèdent des intérêts,

· l'interdiction de cumul des prestations de conseil et de notation pour le même client,

· et l'instauration de règles de rotations sectorielles des analystes au sein des agences de notation.

Une nouvelle autorité paneuropéenne sera créée en 2010 et sera en charge de la surveillance des agences de notation.

L'ensemble des mesures prises à l'échelle internationale vise à renforcer l'indépendance des agences de notation, à améliorer la transparence des notations fournies et à réduire leur importance dans le processus de prise de décision par les investisseurs, dans un cadre réglementaire plus adapté qui assure une meilleure surveillance de ces acteurs.

2.2.4. Les projets actuels de réforme

Le 17 décembre 2009, le Comité de Bâle sur le Contrôle Bancaire a publié un document consultatif370 qui présente les propositions pour renfoncer la résilience du secteur bancaire, dont les principales portent sur 371:

· la mise en place d'une définition plus restrictive des fonds propres de base.

Cette disposition vise à renforcer le ratio de solvabilité, mais également à harmoniser la définition des fonds propres de base et des pratiques nationales.

· l'augmentation des exigences en fonds propres au titre du risque de contrepartie,

· la création d'un ratio de levier ou d'endettement (leverage ratio),

· l'instauration d'une série de mesures permettant de renforcer les capitaux propres des banques en période de croissance, avec un allégement de la contrainte en période de crise.

Cette mesure permettra aux banques de constituer des réserves contra cycliques et d'augmenter leur résilience en cas de retournement du cycle économique ou de crise.

· et la mise en place d'un standard de liquidité dont un ratio de liquidité à 30 jours de couverture.

369 : Parlement Européen, « De nouvelles règles pour améliorer la notation de crédit », Communiqué de presse du 23 avril 2009, www.europarl.europa.eu.

370 : Bank for International Settlements, Basel Committee on Banking Supervision, «Consultative Document - Strengthening the resilience of the banking sector», December 2009, Issued for comment by 16 April 2010, 80 pages, www.bis.org.

371 : Bank for International Settlements, Basel Committee on Banking Supervision, Press Release, «Strengthening the resilience of the banking sector - consultative document», december 2009, www.bis.org.

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Les mesures proposées dans ce document sont soumis à commentaires jusqu'au 16 avril 2010. L'objectif du Comité de Bâle étant de valider les mesures définitives avant fin 2010 et de les mettre en application avant fin 2012.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus