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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal: cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale finalité développement/ politique et gestion de projets 2011
  

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4.5- Marquage foncier

La plantation d'arbres dans les paysages agraires de l'Afrique noire d'une manière générale et du Sénégal en particulier permet de marquer le domaine concerné. Ce marquage foncier par l'arbre peut être assimilé à la signification du bornage des propriétés foncières chez les occidentaux. C'est dans ce sens que PELISSIER, parlant de l'Afrique, a affirmé que « le paysage végétal est l'empreinte visible des droits fonciers, par nature inaliénables, détenus par les premiers défricheurs et par leurs descendants. Si, en droit traditionnel, la terre porte seulement des droits d'exploitation, le concept de propriété s'applique intégralement à l'arbre. Mais surtout l'exploitation de l'arbre signifie le droit à l'exploitation du sol: elle en est le signe et, si nécessaire, la preuve juridique. De même, c'est l'appropriation de l'arbre qui précède et entraîne celle de la terre ». (PELISSIER, 1980).

4.6- Acteurs, projets, stratégies et logiques d'acteurs

Selon Frédéric DEBUYST, « les acteurs sont les individus et groupes sociaux qui interviennent, à plus d'un titre, dans une action et se sentent impliqués dans les objectifs de

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cette action. » Ces acteurs, pense-t-il, agissent ou réagissent positivement ou négativement á des décisions ou objectifs. Il en distingue deux types: les acteurs institutionnels qui disposent d'une autorité légitime ou d'un pouvoir accordé et les acteurs non-institutionnels qui n'ont pas ces prérogatives.

Phillipe DE LEENER lui fait une différenciation entre les acteurs directs et indirects, visibles et invisibles, agis et agissant. Par rapport à l'action, les acteurs agissant sont proactifs alors que ceux agis sont réactifs.

Pour le même auteur, un projet est caractérisé par deux dimensions et quatre espaces. Les deux dimensions sont l'action c'est-á-dire « le faire » et la structure composée de l'organisation ("comment être ensemble") et de l'institution ("pourquoi être ensemble").

Concernant les quatre espaces, il s'agit de :

? cadre institutionnel du projet : chef, agents, comptables, service financier par exemple ? population-cible : catégories d'acteurs concernés

? Interface entre projet et population-cible : réunions, ateliers, lieux physiques particuliers

? autres acteurs de l'environnement du projet: exemple des ONGD du Nord et bailleurs qui définissent les critères d'éligibilité de projets.

Dans son cours intitulé « Conception et évaluation économique de politiques et projets », André NSABIMANA définit la notion de projet comme étant « l'ensemble des actions et des interventions que des personnes (ou une organisation humaine) réalisent afin de provoquer des changements et atteindre des résultats ».

Pour Frédéric DEBUYST, la stratégie peut être définie comme « la conception et le mode d'actualisation de ressources combinées en vue d'un but ». Il en distingue deux types que sont : les stratégies relationnelles qui « répondent à des options et logiques d'intervention/actions concernant les acteurs - directement impliqués, alliés ou adversaire » et les stratégies de réalisation qui, par contre, concernent « les voies et contenus des réalisations pour la poursuite des objectifs ».

Le concept de « logiques d'acteurs » permet d'appréhender le comportement des acteurs sur un territoire et parfois de prévoir leurs réactions à l'introduction de nouveaux projets sur l'espace considéré. En effet, Frédéric DEBUYST, parlant des logiques d'acteurs affirme que: « les acteurs sont mues par des motivations propres, liées à leur trajectoire personnelle,

épousent des intérêts, commandés en partie par leur position sociale, leur insertion dans une institution ou organisation sociale, etc. En marge des objectifs qu'ils explicitent, ils orientent, eux aussi, leurs actions en fonction d'objectifs implicites correspondant à leurs intérêts réels». Il pense que l'acteur, ne cherchant pas coûte que coûte la meilleure solution à tout problème, choisit la solution qui correspond à un seuil minimal de satisfaction.

D'autre part, Michel Crozier analyse le comportement des acteurs selon deux grands principes :

? « Le comportement d'un acteur, a toujours un sens rapporté à son contexte : il ne peut pas être rationnel par rapport à des objectifs définis, l'acteur est rationnel par rapport à des contraintes et des opportunités d'une part, par rapport au comportement des autres d'autre part.

? La rationalité limité : il est illusoire de penser que chaque acteur cherche la meilleure solution à tous les problèmes. »

Philipe DE LEENER et DUPRIEZ ont quant à eux introduit la notion de « boussole intérieure » qui suggère de partir de l'idée que « les acteurs, qu'ils soient paysans, chercheurs ou développeurs, sont à tout moment partagés entre plusieurs objectifs qui peuvent se révéler mutuellement exclusifs et dont il faut donc pourtant tenir compte ». C'est l''ensemble des objectifs, éventuellement contradictoires, que le paysan poursuit à travers une même activité ou une méme production qui constitue ce qu'ils appellent sa boussole intérieure. Selon toujours DE LEENER, cette « boussole est d'autant plus complexe qu'il s'implique dans des activités différentes ». Il donne l'exemple du paysan confronté à plusieurs choix d'emblavures poursuivant des objectifs contradictoires. Il est obligé de privilégier tel objectif plutôt que tel autre pour s'en sortir. Toutefois, méme s'il accorde la priorité à un objectif, cela ne signifie pas pour autant qu'il sacrifiera ses autres objectifs cruciaux tels que nourrir la famille ou protéger la terre ou encore maintenir la paix sociale. Au contraire, poursuit l'auteur « il va tenter de forcer un compromis entre les différents objectifs. Il visera ce qu'on appelle un optimum circonstanciel qui tient compte autant que faire se peut des autres objectifs qu'il poursuit. Cet optimum dépend des circonstances, c'est-à-dire de sa situation précise lorsqu''il prend sa décision, des paris qu'il fait sur l'avenir, des risques qu'il est prêt à accepter, de la perception qu'il a des contraintes du moment, etc. En dosant ses efforts et en répartissant ses facteurs de production entre ses différentes spéculations sur un même champ, il tentera de réussir sur tous les tableaux. »

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