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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal: cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale finalité développement/ politique et gestion de projets 2011
  

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5.3- Agrocarburants et sécurité alimentaire

Toujours dans son éditorial cité plus haut, François POLET affirme que « la formidable poussée de la consommation d'agrocarburants durant les années 2006 et 2007 constitue bel et bien un facteur de la flambée des prix agricoles mondiaux début 2008, avec les mauvaises récoltes, l'absence de stock et la spéculation ». Il précise « qu'il s'agit cependant d'un facteur ayant temporairement aggravé une situation de vulnérabilité alimentaire structurelle liée à la situation de dépendance vis-à-vis des marchés internationaux dans laquelle des dizaines de pays, autrefois autosuffisants, ont glissé ces dernières décennies ». Tout en considérant les agrocarburants comme un facteur secondaire de la crise alimentaire de 2008, l'auteur reconnaît qu'ils demeurent une vraie menace pour la « sécurité alimentaire locale » du fait de « l'affectation de surfaces à la production d'agrocarburants dans les pays où les terres fertiles sont limitées ». Il juge méme que le risque est réel s'il se réfère aux expériences des cultures de rente comme le coton, le café, l'ananas, les fleurs qui se sont substituées aux cultures vivrières après que des investisseurs extérieurs se soient accaparés des terres pour fructifier des productions destinées à l'exportation. En effet, selon lui, les acteurs capitalistes n'ont pas un intérêt particulier à se limiter à des parcelles marginales pour gérer leur « business » méme avec des cultures comme le Jatropha qui s'y préterait. Les rendements augmentant avec la fertilité des sols, ils vont tout bonnement s'orienter vers les terres propices.

La compétition entre agrocarburants et cultures alimentaires est aussi appréhendée du point de vue des temps de travaux consacrés aux conduites. Des paysans sénégalais l'ont bien compris et face à des promoteurs de projets de Jatropha destinés à l'exportation, ils ont répliqué : « nous n'allons pas confier nos ventre à l'extérieur ».

Bien que les gouvernements des Etats-Unis et de l'Union Européenne continuent à dédramatiser, les experts des grandes instances multilatérales et d'imminents chercheurs (IFPRI ; Commission Gallagher) ont désormais reconnu le lien entre la promotion des agrocarburants et la hausse des prix alimentaires. Suivant les hypothèses et les produits, ils ont conclu à une contribution aux hausses de prix variant entre 30% et 75%.

Bien que des auteurs pensent que le cas américain concernant la filière éthanol n'est pas représentatif, il faut remarquer qu'aux USA, un plein de bioéthanol de véhicule 4X4 équivaut à 250 kg de céréales correspondant presque à l'alimentation d'une personne par an dans de nombreux pays en développement.

L'article de Eric HOLT-GIMÉNEZ et Annie SHATTUCK, paru dans Food Sovereignty et repris dans la revue Alternatives Sud sous le titre « Agrocarburants et souveraineté alimentaire : une autre transition agraire », aborde dans le même sens. Ces deux auteurs nous apprennent que « 5% de la récolte mondiale de maïs en 2008 a été convertie en carburant liquide pour le transport ». Citant la FAO, ils rapportent que : « à l'échelle de la planète, les personnes les plus pauvres dépensent déjà 50% à 80% de leur revenu familial pour leur alimentation ». Ainsi, poursuivent-ils « elles souffrent quand les prix élevés des cultures pour carburants font monter le prix des aliments ».

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand