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Exploitations agricoles familiales et projets d'agrocarburants de proximité au Sénégal: cas du projet Jatropha dans le département de Foundiougne

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par Amadiane DIALLO
Université catholique de Louvain - Master 2 en politique économique et sociale finalité développement/ politique et gestion de projets 2011
  

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2- Analyse des stratégies des acteurs directs du projet Jatropha agissant au sommet

A l'image de beaucoup de projets mis en oeuvre au Sénégal, l'idée de promouvoir des plantations de Jatropha pour la satisfaction des besoins énergétiques des collectivités rurales est venue de promoteurs développeurs qui ont su mobiliser un groupe de leaders paysans.

En effet, la sensibilisation initiale et le recensement des paysans pour l'adhésion au projet en gestation ont été menés de bout en bout par des leaders de l'actuel bureau exécutif de la Fédération des Groupements de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF) sous la houlette des experts du bureau d'étude Performances. Certains de ces leaders producteurs ont acquis une bonne connaissance de la zone du projet et ont bénéficié d'une notoriété au sein de la population à la faveur de leur participation au programme d'électrification rurale. Ce sont ces acquis relationnels et ce capital de confiance qui ont facilité la phase d'information et de sensibilisation auprès des producteurs.

Après leur adhésion, les paysans se sont constitués en groupements villageois avant de former des pôles de développement et se liguer en Fédération des Groupements de Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF). Le bureau exécutif est constitué principalement des leaders paysans instigateurs du projet.

Cette fédération est co-fondatrice avec le cabinet d'étude Performances de la SOPREEF qui est maître d'oeuvre du programme EESF. Sa mission est « de coordonner un investissement dans 30 pôles de développement et d'organiser à l'échelle du département une filière de production de biocarburants à partir de plantations de Jatropha ». Une convention d'associés a été signée entre partenaires de SOPREEF. Les acteurs du programme y sont tous représentés avec les modalités idéales suivantes:

? chaque associé dispose d'une voix et d'une seule, quelle que soit l'importance de ses engagements financiers.

? les décisions stratégiques sont prises par consensus. La mise en oeuvre du programme EESF applique le principe de subsidiarité en privilégiant systématiquement le développement des capacités et la génération de revenus au niveau villageois. SOPREEF, structure de coordination du programme, développe des capacités organisationnelles, techniques, commerciales avancées au profit de l'ensemble des structures impliquées dans le programme.

La SOPREEF bénéficie de l'assistance technique de THD (Technologies for Human Development), département de Performances spécialisé dans l'organisation et la gestion de services d'eau et d'électricité en milieu rural et la valorisation des énergies renouvelables pour le développement rural. THD connaît très bien la zone d'implantation du programme EESF pour y avoir coordonné pendant 2 ans la mise en oeuvre d'un service d'électrification rurale desservant 8600 usagers dans 280 villages du département de Foundiougne.

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Mémoire Master Amadiane DIALLO

La gérance de la SOPREEF est confiée à un expert de ce département qui a une bonne expérience de la zone comme coordinateur du programme d'électrification rural cité. Il est chargé de la gestion administrative et technique du programme avec l'appui d'un groupe de travail constitué d'un technicien agricole assisté de deux responsables de la Fédération des Producteurs de Tabanani de Foundiougne (FPTF).

Conscients qu'ils ne peuvent pas à eux seuls financer leur ambitieux programme, les acteurs d'EESF ont élaboré un document de projet intitulé « Validation d'un modèle d'huilerie rurale » pour rechercher des financements au niveau national et international. L'objectif de ce projet est de « développer la capacité technique et financière de SOPREEF, à promouvoir un modèle viable de production d'huiles végétales de qualité en milieu rural. Les résultats attendus incluent la validation d'un modèle d'huilerie rurale, la mise en place au niveau de SOPREEF des capacités techniques et financières nécessaires pour accompagner la diffusion de ce modèle au niveau des pôles de développement du programme EESF.»

La mise en oeuvre du projet va s'appuyer sur un partenariat technique nord-sud entre deux entreprises rurales que sont l'Atelier du Lys (en France), inventeur de la presse AXIA et la SOPREEF qui compte prendre en charge 43% du coût total de ce projet estimé à 264 Millions FCFA (403.000 €). Ainsi, ces acteurs sont à la quête de compléments de financement pour l'acquisition des équipements de production (extraction, filtration et stockage de l'huile) et la prise en charge des coûts de développement du modèle technologique, et des capacités techniques et commerciales de SOPREEF.

A travers ce projet « Validation d'un modèle d'huilerie rurale », SOPREEF projette de s'établir comme un centre de référence technique, chargé de la diffusion de ce modèle. Elle aura alors pour rôle :

? d'assurer la filtration, le stockage, le conditionnement et la commercialisation des huiles produites par les unités villageoises

? d'apporter une assistance technique aux opérateurs des huileries villageoises et de mettre en oeuvre un contrôle de qualité et un traçage détaillé des produits

? de traiter les graines de Jatropha provenant des zones de production non encore équipées de capacité de transformation

? d'assurer la formation initiale et le recyclage des techniciens travaillant dans les pôles de développement.

Dans cette perspective, les acteurs directs du projet Jatropha agissant au sommet sont tous animés d'une volonté de trouver des partenaires financiers. En effet, lors de mes interviews cet état d'esprit est perceptible. L'exemple de ces déclarations suivantes est patent : « nous savons que notre programme tient la route mais il nous manque des appuis financiers pour décoller », « les possibilités de mobiliser des financements ne manquent pas dans le cadre des mécanismes de développement propre, nous allons nous y mettre à fonds ..»

Comme indiqué dans la partie théorique, ils ont réussi à décrocher quelques partenaires. Mais ces derniers n'ont jusqu'ici octroyé que des financements ponctuels. Malheureusement cette attitude d'être à la quête perpétuelle de financement risque de les déconnecter des réalités et préoccupations des populations concernées. Les obligations et contraintes imposées par chaque bailleur risquent d'être érigées en feuille de route au détriment des intérêts des acteurs à la base. D'ailleurs certains producteurs commencent à dire : « nous n'avons pas encore vu les retombés des premiers financements alors que les leaders de la SOPREEF en profitent eux.... ». Ainsi, la suspicion des acteurs à la base à l'endroit de ceux au sommet est nourrie par cette propension à accumuler des bailleurs aux financements partiels.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus