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La figure du père dans "Quelques adieux " de Marie Laberge. Discours de l'implicite et stratégies narratives

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par Massiva AIT OUARAB
Université d'Alger - Licence de français 2011
  

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2. Un père manquant

La famille d'Anne Morissette, a été marquée par un événement, un accident de voiture qui a provoqué la mort de Henri, le père d'Anne. Ce dernier, avant sa mort, assumait son rôle de père et son rôle de mari. Il était tendre avec sa fille :

« (...) Henri était très fier de sa fille, (...) et il faut bien le dire, il y

avait beaucoup d'amour dans ses gestes. » 237(*)

Sans oublier, la complicité qui unissait le couple Morissette :

« Ton (Anne) père l' mère d'Anne a prise dans ses bras (...). Je

(Jacynthe) me souviens de son (Henri) regard, de cette jeune

femme amoureuse qu'était ta mère. Elle aimait Henri (...)

follement. »238(*)

Cette union, cette entente, a donné naissance à un foyer et une famille normale, mais cette normalité se verra perturbée, puis disparaître, avec la mort de Henri, le père d'Anne. L'absence de ce père a disloqué sa famille, et éloigné Anne de toute personne susceptible de lui procurer de l'amour. La paternité, chez Anne, a été interrompue, sans cela, elle aurait eu une vie et une famille normale, avec un avenir optimiste.

Encore une fois, nous revenons sur l'indispensable présence du personnage du père au sein de sa famille. D'ailleurs, son absence, sa mort prématurée, a entraîné sa fille, Anne, dans les méandres d'une passion mortelle.

3. Un père manqué

Le père de François est décrit, dans le chapitre deux, comme un homme absent et irresponsable, à l'égard de ses enfants, mais aussi, à l'égard de sa femme :

« Il (François) errait dans la maison (...) et pensa (...) que sa mère

n'y était jamais venue. (...) Elle était morte toute seule, à l'hôpital,

pendant que lui et ses frères étaient allés manger. Même son père,

(...) l'avait ratée. Elle les avait tenus tous ensemble, et après sa mort,

la famille s'était disloquée, comme si tout ce qui les empêchait de se

disperser ne tenait qu'à elle. »239(*)

Cet extrait, fait ressortir le comportement du père, dans sa famille et dans son couple. Nous remarquons, que la mère endosse toute la responsabilité de la famille, et qu'elle est l'élément central de l'unification des enfants et du foyer. Cette responsabilité totale de la mère, en laisse peu au père, voire rien. Celui-ci est, étranger, dans sa maison, il n'est présent pour personne, ni pour sa femme ni pour ses enfants, la preuve en est la séparation de la famille, après la mort de la mère.

Le père de François, ne possède pas la capacité parentale et ne peut prétendre au paternage240(*), même si nous savons que « les pères sont aussi sensibles et peuvent établir des relations avec les enfants aussi naturellement que les mères (...) »241(*). Ce potentiel parental, est présent chez le père d'Elisabeth et chez le père d'Anne, même si, sa présence était temporaire. Cependant, le père de François ne s'est pas intéressé à sa fonction de père, et ne semble pas, une fois vieilli, vouloir réparer et rattraper ses erreurs passées.

Ce qui fait défaut à ce père, c'est la vieillesse, « rangé dans une place de vieux celui-ci n'en finissait plus de dégringoler (..). Le vieux, (...) s'amusait plutôt bien dans une inconscience béate (...) »242(*).

En effet, le père de François n'a pas assumé son rôle, et son absence a marqué l'esprit de son fils, d'une empreinte indélébile, qui le poussera, d'abord, vers l'adultère, et ensuite, vers une mort certaine.

A ce stade de notre analyse, nous constatons que le personnage du père, a de multiples facettes, qui entraînent à chaque fois des comportements et des modifications dans l'esprit des personnages. Il est l'élément central de la fiction, même si, sa présence n'est pas souvent citée, néanmoins, il est à l'origine de toute attitude approuvée ou non approuvée, des protagonistes.

La passion d'Anne et de François, est le résultat d'une absence et d'une irresponsabilité. C'est cette carence en amour paternel, qui fait la particularité de ces personnages, et c'est aussi l'écriture de M. Laberge, qui a le pouvoir de transformer une histoire tout à fait ordinaire, en une fiction particulière, hors du commun.

Le pouvoir de cette écriture, réside dans les procédés d'écriture adoptée par l'écrivaine, tels que les analepses et l'ellipse pour relater le passé des personnages, ou encore, l'utilisation excessive des épigraphes pour interpeller le lecteur et le faire participer à l'histoire, quelque soit son origine.

L'écriture de M. Laberge, donne l'impression au lecteur qu'il élabore la fiction au même titre que l'écrivaine.

Ce dernier chapitre, nous a permis d'affiner notre hypothèse de départ. Après avoir dressé un plan basé sur quatre points essentiels, le premier étant, l'imaginaire familial et le fonctionnement social du père dans la société québécoise, le deuxième décrit les caractéristiques physique et morale des pères cités dans le roman, le troisième met l'accent sur les rapports père/enfant et le dernier s'intéresse à la place du père au sein de sa famille et de son couple. De ces quatre étapes, nous avons fait ressortir le statut et le rôle attribués au père dans la communauté québécoise, rôle caractérisé par l'autorité et la responsabilité. Ensuite nous les avons comparés aux rôles des pères cités dans la fiction, et à partir de nos résultats, nous avons établi des paramètres en fonction des facettes paternelles existantes dans le roman.

Nous avons constaté la redondance de trois sortes de pères, un père accompli, un père responsable mais mort trop tôt et un père démissionnaire. En distribuant ces pères aux personnages de Quelques Adieux, il en ressort deux catégories de personnages : la première concerne les sujets équilibrés et épanouis, et dans ce cas nous n'en avons relevé qu'un, il s'agit d'Elisabeth. Cette dernière possède une maturité sociale et affective que les autres personnages n'ont pas.

Quant à la deuxième catégories, elle renferme tous les personnages marqués par une crise sociale et familiale, et dans Quelques Adieux François et Anne, souffrent du non épanouissement social et affectif et cela parce qu'ils ont été confrontés à une absence paternelle, dès l'enfance.

La figure du père est désignée à travers les propos des personnages, et elle se construit au fur et à mesure, que nous avançons dans notre lecture. Ce personnage fugace, peu présent dans le récit, a une influence latente sur les protagonistes .De cet impact découle l'adultère de François et d'Anne, car ce sont les deux victimes de l'absence paternelle contrairement à Elisabeth, qui après avoir vécu la trahison de son défunt époux, décide de penser à l'avenir. Cette résolution, nécessite une force morale et physique qu'elle puise dans son être et dans son équilibre familial.

C'est ainsi que nous observons la présence d'une écriture du père, même si le personnage en question est peu présent ou implicitement désigné dans le récit, toutefois il se construit à travers les stratégies d'écriture adoptées par M. Laberge.

* 237 -Idem, p.183.

* 238 -Ibid, p.184.

* 239 -Ibidem, p.109.

* 240 -Terme inspiré de l'article de G. Dulac, dans la Revue professionnelle « Défi jeunesse »

* 241 - G. Dulac, La fragilité de la paternité dans la société Québécoise : Les paradoxes du père nécessaire et du père abject, dans la revue professionnelle « défi jeunesse ». In http://www.centrejeunessedemontreal.qc.ca/cmulti/défi/defi_jeuness_0006/paternite.htm (site consulté le 5/11/2007 à 20h)

* 242 - M. Laberge, Quelques Adieux, Boréal, 1992, p. 109.

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