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Sexe, contestation, drogue et rock'n'roll

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par Damien VAQUIE
Université Paul Valéry - Montpellier III - Maà®trise de musique 2003
  

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Chapitre 4. Le LSD et le rock psychédélique39

A. Le LSD et son évolution idéologique

Le LSD (abréviation de l'allemand Lyserg Säure Diäthylamid), connu sous le nom d'acide lysergique, a été inventé en 1938 par le professeur suisse Albert Hoffmann. Cette substance, obtenue à partir de l'ergot de seigle, devait au départ être un stimulant moyen. Par accident son créateur en avala et ressentit aussitôt les effets :

- Perte de la notion de temps : les secondes deviennent des heures tandis que les heures deviennent des secondes.

- Perte de la sensation de soi.

- Hallucinations.

Le terme « psychédélique » fut créé par un psychiatre du New Jersey en 1957 afin de définir les effets que l'individu ressent sous acide. Cet adjectif provient d'une association de deux mots d'origine grecque : psukhê qui signifie « âme » et délo qui signifie « révéler ». Dans cette fin des années 1950, la presse de manière générale présente le LSD comme un produit miraculeux permettant de soigner les malades mentaux. «[LSD] has rescued many drug addicts, alcoholics, and neurotics from their private hells - and hold promise for curing tomorrow's mental ills.»40 (NdT: « [Le LSD] a sauvé certains toxicomanes, certains alcooliques et certains névrosés de leurs enfers privés et tient la promesse de guérir les malades mentaux de demain. »). Le LSD n'est pas perçu comme une drogue mais comme un calmant extraordinaire bien que ses effets hallucinogènes soient connus. Sa réputation de psychothérapeutique miracle continue jusqu'au début des années 1960 si bien que la majeure partie des magazines en ce temps-là loue ses propriétés bienfaitrices. Deux romans best-

39 Ce chapitre a été très influencé de l'ouvrage suivant : HICKS Michael, Sixties Rock, University of Illinois, University of Illinois Press 1999, pp. 58-73.

40 Ibid, p. 59.

sellers font un éloge à l'acide lysergique : Myself and I de Constance A. Newland parut en 1963 et Exploring Inner Space de Jane Dunlap publié en 1961.

A partir du milieu des années 1960 l'image du LSD change dans l'opinion publique. En effet, les journaux relatent des faits divers dans lesquels l'acide est directement mis en cause. Le public connaît enfin les effets non désirés du produit comme les bad trips ou plus simplement les névroses qui peuvent entraîner des suicides. 1966 marque un tournant aux Etats-Unis par rapport à la légitimité de la libre circulation du LSD. Un seul événement41 est à l'origine de ce tournant. En avril 1966, Stephen Kessler âgé de 30 ans, ancien étudiant en médecine, est arrêté à Brooklyn après avoir étranglé puis tué sa belle-mère. Le prévenu a reconnu être sous acide depuis trois jours. Depuis cette affaire le danger psychotique de l'acide lysergique est connu de l'opinion publique ainsi que du gouvernement fédéral. Ce dernier adopte la même année une loi interdisant l'usage et la distribution du LSD-25. Les laboratoires Sandoz qui commercialisent et sont à l'origine de ce produit rappellent tous les fournisseurs. Malgré cela, les psychiatres affirment en 1966 perdre tout contrôle sur la circulation du LSD lors d'une conférence internationale à Berkeley. L'acide lysergique est de ce fait devenu le marché de réseaux clandestins et souterrains au même titre que le haschisch, la cocaïne ou l'héroïne. Les dealers savent fabriquer ce produit dans leur cuisine pour inonder le marché.

Cela dit, dès 1965 le LSD inspire les milieux artistiques et intellectuels. Le professeur Timothy Leary, professeur à l'Université d'Harvard, est le pape du LSD. Sa vie commence d'une manière des plus conventionnelles. Après avoir fréquenté les écoles catholiques, il s'inscrit à l'académie militaire de Westpoint puis s'engage dans l'armée lors de la seconde guerre mondiale. Après l'obtention d'un doctorat de psychologie, il enseigne à l'université de Harvard et entreprend des expériences psychédéliques dès 1960 avec des champignons

41 L'événement qui suit a été rapporté de l'ouvrage suivant : BENETOLLO Anne, op .cit., p. 142.

hallucinogènes appelés psylocibine lors d'un voyage au Mexique. Il conclura cette expérience par ces termes : : « En quatre heures, j'avais plus appris sur le fonctionnement de l'esprit qu'en quinze ans de pratique professionnelle »42. George Harrison, lors de sa première expérience psychédélique au LSD, en conclut de manière semblable : « Les questions et les réponses se fondaient les unes dans les autres. Une illumination se produit à l'intérieur de soi : en dix minutes, j'ai vécu milles ans. Mon cerveau, ma perception et ma conscience étaient projetés si loin que la seule façon dont je pouvais tenter de le décrire était de me comparer à un astronaute sur la Lune, ou bien dans son vaisseau spatial, regardant le Terre derrière lui. »43. A partir de ce moment là, Timothy Leary est persuadé que l'utilisation des substances hallucinogènes et psychédéliques permet une optimisation des fonctions intellectuelles de l'être humain ainsi qu'une ouverture à la conscience et à la perception. Une fois de retour aux EtatsUnis, il se fait l'apôtre de l'acide en découvrant le LSD-25. Ce puissant hallucinogène est alors utilisé par la CIA comme arme chimique. Cette dernière compte se servir de ce stimulant afin de contrôler les individus à l'aube d'un coup d'Etat sur l'île cubaine. Bien que le LSD soit en libre circulation et ne soit pas interdit en 1963, Timothy Leary se fait renvoyer cette année là de la prestigieuse université dans laquelle il enseignait parce qu'il incitait ses étudiants à expérimenter l'acide et ainsi ouvrir leur conscience. A ce moment-là, il se fond dans le milieu contre-culturel en épousant les principes beats puis hippies dont il partage l'opposition à la guerre au Vietnam. Dans cette fin des années 1960, il enregistre avec Jimi Hendrix. Les Moody Blues l'immortalisent avec la chanson Legend Of A Mind. Timothy Leary publie son premier ouvrage en 1964 intitulé tout simplement L'Expérience Psychédélique. En 1965, il est à l'origine avec l'écrivain Ken Kesey entre autre, nommé pour l'occasion Merry Pranksters (NdT: Les Joyeux Farceurs), d'un rassemblement dans la baie de San

42 BRIONI Bruno, Timothy Leary parmi les étoiles, in www.6bears.com/leary.html, consulté en mars 2003.

43 THE BEATLES, op. cit., p. 179.

Francisco appelé Acid Test sous le nom Psychedelic Symphony (NdT : Symphonie Psychédélique). Les participants de cette expérience ouverte à tous jouent de leur instrument de musique sous acide. Timothy Leary propose aux artistes la mise en place d'un art hallucinatoire. Il incite ces derniers à prendre du LSD afin de les conduire « into a kaleidoscopic flow of direct energy - swirling patterns of capillary coiling.» 44 (NdT : « dans un kaléidoscopique flot d'énergie directe - en remuant les modèles des tourbillons capillaires. »). Puis l'artiste a besoin d'avoir « access to energy-transforming machines which duplicate the capillary flow.» (NdT : « accès aux machines transformant l'énergie qui duplique le flot capillaire ») dans le but de communiquer son hallucination. A partir de là, un nouveau courant lié au rock se met en place : le rock psychédélique. Ce courant permet à l'énergie provenant du passé et du présent de la musique populaire de se transformer tout en essayant de dupliquer le flot capillaire en liquéfiant certains paramètres soniques.

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