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Sexe, contestation, drogue et rock'n'roll

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par Damien VAQUIE
Université Paul Valéry - Montpellier III - Maà®trise de musique 2003
  

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B. Qu'est-ce que le rock psychédélique ?

Il existe une ambiguïté entre le rock psychédélique et le rock progressif. La terminologie anglaise regroupe ces deux courants sous une même désignation : progressive rock. Pour ma part, le rock psychédélique est assez différent du rock progressif. Le rock psychédélique est une tendance apparue en 1965 sur la côte ouest californienne en réaction à l'interdiction du LSD. Peu de temps après, ce courant musical fit des émules en Angleterre. Les musiciens intégrés à ce courant revendiquent dans leurs textes ou dans leur musique une nouvelle conscience ainsi qu'une nouvelle façon de ressentir les évènements grâce au LSD ou à d'autres produits illicites mais ne s'inspirent pas toujours de la musique savante ou de la musique extra-européenne. Cependant il est vrai que le rock psychédélique s'inspire d'autres musiques comme la musique indienne ou la musique symphonique. En effet, l'extrait Within Without You provenant de

44 HICKS Michael, op. cit., 1999, p. 70.

l'album Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band des Beatles a une instrumentation typiquement issue de la culture indienne et ne contient aucun instrument rock. Mais ceci n'est qu'un prétexte pour créer une musique dite « planante ». Le titre A Day In The Life du même album comporte une montée, aussi bien au niveau des hauteurs de manière atonale que de l'intensité sonore, faite par un orchestre symphonique mais celui-ci n'a ni une écriture ni une harmonisation classique et ne sert seulement que pour relier deux parties différentes d'une même chanson. Certaines formations de rock psychédélique s'inspirent d'autres courants musicaux et s'en inspirent seulement. Par exemple, les membres du groupe The Doors45 s'inspirent du jazz pour créer leur propre style musical mais n'écrivent pas dans un style jazzistique. Le cabaret est utilisé par ces formation afin de donner une touche rétro ou une ambiance de casino comme l'extrait On With The Show tiré du seul album psychédélique des Rolling Stones Their Satanic Majesties Request parut en 1967. Cette même année marque l'apogée du courant psychédélique de par la parution d'album tels que Sergent Pepper Lonely Hearts Club Band des Beatles, Their Satanic Majesties Request des Rolling Stones ou encore Nico & The Velvet Underground du Velvet Underground ainsi que l'avènement de manifestations issues du folklore hippie telles que le festival de Monterey, The Summer of Love et le Gathering of the Tribes.

Ce courant du rock est toutefois assez innovant puisque les musiciens tentent de sortir du carcan de la grille blues et de l'instrumentation presque devenue trop classique du rock (guitare - basse - batterie) pour explorer d'autres sonorités et rechercher de nouveaux enchaînements harmoniques. Par exemple, l'extrait intitulé I Am The Walruss issu de l'album The Magical Mystery Tour des Beatles possède une harmonisation assez atypique puisque nous avons une

45 Le nom de cette formation provient du titre d'un ouvrage parut en 1954 d'Adlous Huxley, The Doors Of Perception. L'auteur y décrivit ses réactions par rapport à la prise de mescaline, produit hallucinogène. Le livre connut un grand succès à la fin des années 1960 lorsque le rock psychédélique était à son apogée.

grille ainsi construite : siM - laM - solM - faM - miM en introduction puis laM - la7 - doM - réM pour chaque couplet.

Le rock progressif naît en même temps que le rock psychédélique mais tient une approche différente. De nouvelles figures apparaissent dans l'univers rock entre 1966 et 1967 au faciès assez particulier. Des formations comme Frank Zappa and the Mothers of Invention, Pink Floyd ou encore Genesis font irruption et imposent leur propre style. La qualité de leurs oeuvres tient plus d'une conception quasi savante du rock en le complexifiant aussi bien au niveau structurel, harmonique et instrumental qu'au niveau imaginaire et textuel. Déroutant pour les uns, fascinant pour les autres, cette musique ne laisse pas indifférent. Ces artistes détournent le rock de sa fonction originelle par une sorte de sophistication. En effet, ce dernier a connu le succès à ses débuts grâce à sa simplicité, à ses riffs incisifs et à la mise en place d'une pulsation rapide et permanente tout au long de la chanson. Le rock progressif délaisse les mesures à quatre temps pour des mesures beaucoup plus complexes, une harmonisation beaucoup plus recherchée et une orchestration riche et variée, mêlant instruments électriques, instruments électroniques et instruments acoustiques issus de la musique savante dans des oeuvres composées elles-même de différentes métriques et de différentes tonalités. Nous pouvons différencier quelques styles de rock progressif46 dans la période qui nous concerne :

- Le rock symphonique avec des groupes comme Genesis ou Yes dont la

musique classique est l'une des influences. Une dimension orchestrale se

dégage de leurs compositions.

- Le rock planant avec des groupes comme Tangerine Dream dont les compositions très longues sont principalement jouées sur des claviers et dont la parenté avec le style rock n'a à voir qu'avec les instruments.

46 Cette définition du rock progressif a été réalisée par l'association Prog la Vie dont voici l'adresse internet : http://proglavie.free.fr/RockProg/DefProg1.htmhttp://proglavie.free.fr/RockProg/DefProg1.htm, consulté en avril 2003.

Certains artistes ou formations sont inclassables comme Frank Zappa and the Mothers of Invention, Pink Floyd ou encore King Crimson. Le rock progressif ne s'inspire pas uniquement de l'instrumentation ou de la couleur sonore de différentes musiques mais en étudie en profondeur le fonctionnement afin de les intégrer pour établir leur propre univers musical.

Afin de bien distinguer le rock progressif et le rock psychédélique, examinons deux chansons appartenant à chacun de ces mouvements. L'extrait de l'album The Velvet Underground & Nico intitulé Heroin du groupe The Velvet Underground n'a ni une structure complexe, ni une recherche harmonique très élaborée ni, une instrumentation très riche et reste dans un style très pop-rock. En effet, la guitare rythmique y est très présente et martèle les temps de manière à ce que la pulsation soit bien ressentie. Nous restons dans une même tonalité (do# majeur) et nous tournons autour des mêmes degrés (I, IV et V). Par contre le titre Atom Heart Mother Suite de Pink Floyd issu de l'album du même nom est un collage de plusieurs genres musicaux comme la musique savante (quelle soit tonale ou atonale), le jazz et le rock, avec une harmonisation très élaborée et une orchestration variant ensemble symphonique et instruments provenant du rock et de la musique populaire (guitare électrique, basse amplifiée, batterie). En effet, l'introduction de tendance modale et harmoniquement horizontale est jouée par un quintette de cuivre suivie par le thème d'obédience tonale et harmoniquement vertical toujours interprété par le quintette accompagné de la batterie et de la basse amplifiée. Puis nous avons un passage plus intimiste qui n'est qu'une marche harmonique jouée par la basse, un orgue électrique et un violon puis intervient un choeur mixte à quatre voix.

Cependant il existe une ambiguïté en la terminologie de rock psychédélique. Selon certains musiciens adeptes du LSD, il n'y a pas de corrélation entre la musique et la substance : « The [psychedelic] system is

perfectly structured internally [with] no necessary connection to anything outside itself.» (NdT : « Le système psychédélique est parfaitement structuré intérieurement [avec] pas nécessairement de connexion à quelque chose extérieur à lui-même. » )47 ou encore « Drugs may have had a lot to do with the periphery ... but not really a lot to do with the music itself.»48 (NdT : « Les drogues ont put influencer la périphérie ... mais pas vraiment la musique ellemême. »). Mais la plupart des musiciens des années 1960 affirment que le LSD contribue à la mise en forme de leur musique. La première apparition du LSD dans la musique date de 1960 avec le 45 tours du groupe surf49 Gamblers nommé Moon Dawg sur la face A et LSD-25 en face B. La première apparition du mot psychédélique dans une chanson remonte à 1964 avec le duo folk newyorkais The Holy Modal Rounders et leur propre version du titre Hesitation Blues du groupe Ledbelly. Le vers final : «Got my psychedelic feet in my psychedelic shoes / I believe, Lordy mama, I' got the psychedelic blues.» (NdT : « J'ai mes pieds psychédéliques dans mes chaussures psychédéliques / Je crois, Lordy mama, que j'ai le blues psychédélique. »). Le style de cette chanson est du blues pur et dur. Je n'ai pas réussi de trouver la version originale de ce blues mais une version pirate chantée par Janis Joplin ainsi qu'une autre de Hot Tuna. Ces deux versions diffèrent de par leur tempo et des parties chorus seulement. L'instrumentation est des plus rudimentaire puisqu'une guitare accompagne le chant selon une grille blues des plus traditionnelles :

47 HICKS Michael, op. cit.,p. 58-59. Ceci est une citation rapportée de l'ouvrage suivant : MIDDLETON Richard et MUNCIE Jill, « Pop Culture, Pop Music and Post -War Youth : Counter - Culture », Popular Culture, England, Open University Press, 1981,p. 87.

48 Ibid, p. 59. Cette citation est attribuée à Barry Melton du groupe Country Joe and the Fish souvent référencé comme une formation à caractère psychédélique.

49 Le surf ou plus précisément le surf rock est une musique apparue au début des années 1960 sur la côte ouest des Etats-Unis. L'un de ses groupes les plus représentatifs de ce mouvement est The Beach Boys. Cette musique repose sur les mêmes principes que le rock'n'roll, aussi bien dans l'instrumentation que dans l'utilisation de la grille blues, mais à la différence que les sujets traités sont plus optimistes et insouciants (voitures, filles, plage). Le son des guitares est traité de façon plus claire et plus scintillante avec des riffs simplifiés dans le but de distraire au maximum en invitant à la danse.

Cette chanson ne correspond pas à l'étiquette rock psychédélique puisqu'elle relève plus du blues que du rock.

En 1966, le San Francisco Sound apparaît. Il est le résultat des Acid Tests effectués sur la côte californienne qui devient le noyau dur du psychédélisme. Un journaliste travaillant pour la presse clandestine qualifie ce style électrique comme étant « the first head music we've had since the end of the Baroque.»50 (NdT : « la première musique cérébrale que nous avions depuis la fin du Baroque. »). Ce nouveau style musical est dérivé de la culture beat et de la folk-music. Il s'inscrit donc dans un courant populaire et contre-culturel.

Pourtant une figure bien connue de la musique savante va influencer le rock psychédélique. Cette personne n'est rien d'autre que Karleinz Stockhausen. En 1966, il est reconnu internationalement comme un musicien d'avant-garde. C'est à cette époque qu'il commence à dessiner des musiques méditatives comme Aus den sieben Tagen ou encore Stimmung. Entre 1966 et 1967, il effectue plusieurs voyages à San Francisco et plus précisément au San Francisco Tape Center, studio réputé mondialement. Il devient une sorte de célébrité locale et influence le son de San Francisco.

Un autre personnage musical a influencé le rock psychédélique. Il s'agit du célèbre saxophoniste de free-jazz John Coltrane. Le free-jazz est le penchant atonal du monde jazzistique. L'idée d'improvisation pure et totale devient l'élément principal de ce genre musical. Plus aucune règle n'existe en réaction à l'appropriation des différents styles jazzistiques par les Blancs et par l'industrie discographique. L'influence de John Coltrane s'inscrit dans la même lignée que celle de Karleinz Stockhausen, à savoir que le premier a réalisé des albums aux couleurs exotiques comme My Favorite Things en 1960 et A Love Supreme en 1964 avec mode mineur et improvisations organiques modelées par J.Coltrane après le solo de Ravi Shankar.

Ce mouvement peut paraître s'inscrire dans le domaine contre-culturel puisqu'il naît en réaction à la ségrégation raciale encore présente aux Etats-Unis. Nous sommes dans une période où les Noirs revendiquent leur droit en tant que

50 HICKS Michael, op. cit., 1999, p. 61.

citoyens américains à part entière. Cette contestation connaît des mouvements plus ou moins radicaux. De grandes personnalités appartenant à cette communauté sont sur le devant de la scène comme Martin Luther King ou encore Malcom X. Le premier préconise une action pacifiste et non-violente tandis que le chef des Black Muslims, à savoir Malcom X, encourage à une action radicale et offensive. Nous sommes au temps des émeutes entre autorités et manifestants Noirs comme ce 11 août 1965 dans la banlieue défavorisée de Los Angeles, appelée Watts, où une jeune Noir surpris d'excès de vitesse fut interpellé par la police locale. Le fautif sortit un revolver qui a déclenché une émeute. 14 000 Gardes Nationaux furent mis en service afin de rétablir l'ordre pendant cinq jours. C'est le temps aussi où le Congrès américain adopte une loi le 6 août de cette même année permettant aux individus de couleur de disposer de leurs droits civiques quelle que soit leur religion et leur appartenance à telle ou telle communauté.

Le mouvement psychédélique apparaît au Royaume Uni pendant le printemps 1966. Les musiciens de cette époque commencent à s'agripper à la drogue psychédélique, visible jusque dans leurs titres. Par exemple, Le groupe Pretty Things sort un 45 tours intitulé £. s. d. créant ainsi l'ambiguïté entre la substance illicite et l'abréviation de livres, shillings, pounds, divisions monétaires britanniques. Cette chanson fait plus référence au LSD puisqu'on y trouve le verset suivant : « I need L.S.D » (NdT : « J'ai besoin de L.S.D. »). Les Yardbirds sorte un single en octobre de cette même année nommé Happenings Ten Years Ago sous la bannière de rock psychédélique. L'influence de John Coltrane est apparente dans l'instrumentation. En effet, nous sommes dans un mode mineur et la couleur exotique est due à la présence du sitar.

A l'aube de l'année 1967, le journal anglais spécialisé dans le rock Melody Maker évoque pour la première fois le terme « psychedelic » en faisant référence à deux nouveaux groupes fraîchement sortis de l'anonymat : Pink

Floyd et Move. Seulement ces deux formations ne se reconnaissent pas dans ce courant musical au niveau de leur musique. Le rock psychédélique connaît une ambiguïté dans sa propre esthétique. Est-ce un style musical ou une technique particulière ? Afin de définir le style psychédélique il faut revenir aux effets du LSD à savoir la désynchronisation (perte de la notion de temps, perception du temps inversée), la dépersonnalisation (perte de la notion de soi) et la dynamisation (hallucinations, les objets solides deviennent liquides et vice-versa) et les appliquer à la musique. La désynchronisation peut être interprétée en musique par l'allongement du temps, la lenteur des tempi et la répétitivité des motifs. La dépersonnalisation de la musique peut s'effectuer en cassant les barrières entre le musicien et l'auditeur, en se penchant sur la perception des vibrations du son. La dynamisation du son peut être mise en application au travers des processus électro-acoustiques (réverbération, chorus, répartition du son à travers les canaux panoramiques, manipulation de bandes magnétiques), de la recherche de nouvelles formes musicales, de nouvelles harmonies et de la recherche de nouveaux sons.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984