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La coopération sectorielle en Afrique Centrale: le cas de la CEBEVIRHA ( Commission Economique du Bétail, de la Viande et des Ressources Halieutiques )

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par Sébastien HEKEBEREYA
Université de Yaoundé II- Soa - Master en relations internationales option: intégration régionale et management des institutions communautaires 2009
  

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CONCLUSION GENERALE

L'analyse de la problématique de la coopération sectorielle en Afrique Centrale, notamment dans le domaine de l'élevage et de la pêche met en scène la sous-région CEMAC. La question du développement de ces secteurs porte sur l'attente des résultats favorables pour la réduction de la pauvreté et l'assurance du bien-être des populations. C'est ainsi que née l'idée de la création de la CEBEVIRHA, comme instrument de valorisation et du développement de ces secteurs. Dès lors, la création de celle-ci, en tant qu'expérience de la coopération sectorielle, a-t-elle permis de jeter les bases d'une politique de l'élevage et de la pêche commune susceptible de servir de socle pour la construction de l'intégration régionale ? En d'autres termes, le fonctionnement actuel et les moyens mis en place par la CEBEVIRHA pour gérer cette coopération sont-ils efficaces ? Ou encore son bilan actuel et ses perspectives de développement peuvent permettre d'atteindre les objectifs fixés, et donc la réalisation d'une intégration sous régionale favorable ?

La recherche des réponses à cette question centrale nous a permis de conclure que la CEBEVIRHA est considérée comme une expérience prometteuse de construction de la coopération sectorielle en Afrique Centrale marquée notamment par la mise en oeuvre des mécanismes, stratégies et actions communes en matière d'élevage et de la pêche dans la sous-région d'Afrique Centrale. Cette expérience de coopération fonctionnelle peut servir de base d'appui pour une intégration régionale plus vaste dans la perspective du Spill over fonctionnaliste.

Malgré ces efforts, beaucoup reste à faire pour rendre cette coopération plus efficace et espérer une intégration régionale enviable.

Karl Popper a souligné dans son ouvrage intitulé « la connaissance objective » que : « les théories sont des filets dont on se sert pour saisir la réalité. Ainsi, pour réaliser ce travail, nous avons mobilisé trois (3) théories notamment, l'institutionnalisme historique, le fonctionnalisme classique et la gouvernance.

L'institutionnalisme met l'accent sur l'étude des «  institutions », dont la définition dépend de la théorie exacte adoptée. Celles-là peuvent en effet englober règles et normes, formelles et informelles, ainsi que les organisations politiques ( État, acteurs privés, ONGs, etc.).Il nous a permis d'expliquer le processus par lequel cette institution naît, fonctionne et continue à exister. Cette théorie nous a également servi de rechercher les éléments pouvant expliquer le processus par lequel cette institution procède pour que les différentes politiques de l'élevage et des pêches s'étendent sur toute l'étendue de la sous-région.

Quant au fonctionnalisme classique, il nous a permis d'évaluer le niveau de cette coopération. Cette théorie nous a également permis de traiter la structuration et le mode de fonctionnement de la CEBEVIRHA.

Pour ce qui est de la théorie de la gouvernance, elle nous a permis de cerner les modes de coordination qui sous-tendent les diverses activités de cette institution et qui en assurent la cohérence.

Il convient de retenir à l'issue de cette étude que pour répondre à la problématique posée, les points suivants ont été traités :

- nous avons procédé à la description du cadre organique de la CEBEVIRHA, notamment sa genèse, ses objectifs, sa structure fonctionnelle et son mode de fonctionnement ;

- nous avons ressortis les mécanismes de coopération de la CEBEVIRHA ;

- nous avons indiqué à travers les hypothèses qu'il existe pour les Etats membres des avantages certains de coopération autour de l'élevage, de la pêche et de l'aquaculture ;

- nous avons constaté, après analyse et évaluation, que la CEBEVIRHA a réalisé, dans une certaine mesure, ou elle est en train de réaliser et réalisera encore à l'avenir de nombreux avantages pour le développement de l'élevage, de la pêche et de l'aquaculture de la sous-région ainsi que de sa population ;

- nous avons noté, en dépit des difficultés rencontrées et des défis majeurs à relever, la ferme détermination des autorités de la CEBEVIRHA à travailler avec diligence pour réaliser une totale intégration des Etats de la zone CEMAC, par voie de l'élevage, de la pêche et de l'aquaculture. Cette ferme volonté a été manifestée à travers les projets et programmes en cours de réalisation et ceux à réaliser ;

- nous pouvons ainsi constaté que la CEBEVIRHA se trouve sur le chemin de la concrétisation de sa vision sur l'amélioration des conditions de vie et pour le bien-être des populations de la zone CEMAC ; mais pour que cette vision devienne une réalité, il est plus que nécessaire que les Etats membres participent pleinement à sa réalisation en pourvoyant à cette institution des moyens financiers conséquents, en fournissant un appui qualitatif à la recherche des partenaires en développement diversifiés ainsi que un renforcement des capacités en matière de ressources humaines.

Il convient également de tirer quelques enseignements de cette étude notamment :

- les systèmes pastoraux sont réputés rigides quant à leurs capacités d'offre ;

- un étirement des circuits sur plusieurs centaines de kilomètres ;

- la volatilité des prix sur les marchés terminaux ;

- de nombreuses tracasseries et taxes illégales prélevées par les agents des douanes sur le commerce sous régional ;

- une insécurité, voire situation de guerre civile comme dans le cas des crises tchadiennes et centrafricaines qui ont un impact particulièrement dramatique sur la dynamique de l'intégration sous régionale à partir des flux du bétail à l'intérieur de la sous-région.

Toutes ces difficultés provoquent un niveau d'échanges quasi-existant entre les Etats sahéliens (Centrafrique, Tchad) et les Etats côtiers qui sont obligés de se tourner vers d'autres régions (UE, CEDEAO, SADC...). D'où une réduction des chances d'une coopération efficace. A cela ajoute l'absence des infrastructures de transport : sauf le Cameroun est doté d'un train qui lui permet d'acheminer le bétail à partir de l'Adamawa (N'Gaoundéré) jusqu'à Douala pour ensuite envoyer au Gabon et en Guinée Equatoriale. Le reste des trajets se fait à pieds et dans une certaine mesure, en Camion. Les moyens de transport comme les bateaux et hors-bords sont inexistants. On note également les moyens de conservation (congélateur) qui sont presque absents dans les pays comme le Tchad et la Centrafrique où l'énergie électrique est difficile à s'en procurer.

- l'absence de financement : En effet, bien que financée par la TCI145(*) dans le cadre du budget de la communauté, le rythme mensuel d'approvisionnement par la commission et la hauteur de ces approvisionnements ne permettent pas à la direction générale de planifier et moins encore réaliser entièrement et convenablement son programme ;

- l'insuffisance de la main d'oeuvre constitue un problème majeur pour le fonctionnement effectif de cette institution (hormis le personnel d'appui)146(*). En effet, jusqu'en 2010, le personnel de la direction générale ne comptait que 22 fonctionnaires. Ce nombre qui sans doute est très insuffisant pour une institution qui travaille dans deux domaines d'intervention, considérés comme des sources de revenus de la sous-région après le pétrole (qui est appelé à tarir un jour).

- l'insuffisance ou l'absence d'infrastructures de transformations adéquates et des barrières diverses, freinent la compétitivité de ces produits sur le plan international. Le niveau d'échange sous régional relève de la disponibilité de la viande et du poisson. Il est donc indispensable de développer ces ressources aussi bien dans les échanges intra-régionaux qu'extra régionaux. Ce qui suppose le développement du système de production et de transformation. Toutefois, pour renforcer cette coopération, la prise en compte des éleveurs et pêcheurs dans les activités de la CEBEVIRHA doit être effective.

En terme de perspectives analytiques sur la question il est important de retenir que :

- la réalisation des projets existant dans le PER et la mise en place d'autres programmes est un atout indispensable ;

- le respect des textes sur l'utilisation des documents de transaction du bétail doit être observé par tous les Etats membres ;

- le renforcement du personnel de la CEBEVIRHA et la formation continue des transformateurs des produits d'élevage et des pêches est indispensable ;

- pour les jeunes, la création des centres de formation vétérinaire et de transformation des ressources halieutiques, permettra de réduire le taux de chômage147(*) qui va croissant dans la sous région à travers leur insertion dans les institutions nationales et régionales en charge d'élevage et de la pêche;

- la CEBEVIRHA doit encourager les pêcheurs en leur offrant des dons en matériels148(*) de pêche et de transformation149(*) ;

- la construction des poissonneries régionales permettra de réduire le taux d'importation des produits de pêche et de l'aquaculture en provenance des pays tiers ;

- les économies les plus riches ne sont plus celles qui possèdent le plus de matières premières. Ce sont, de plus en plus, celles qui possèdent le savoir-faire et la technologie pour exploiter et transformer ces matières premières. Bien que riche en ressources naturelles, la CEMAC est confrontée au défi de diversifier ses sources de croissance ; de se doter d'infrastructures économiques et sociales nationales et surtout régionales ; de bâtir progressivement une économie du savoir, d'améliorer son attractivité pour les investissements extérieurs ; de se positionner durant ce siècle comme une région émergente et d'assurer ainsi à ses 40 millions150(*) de citoyens un développement durable, en vue de lutter contre la pauvreté et d'atteindre les OMD.

Bien que la CEMAC ait mis sur pied un programme pour le renforcement de sa politique basée sur la coopération sectorielle, et dont une partie est confiée à la CEBEVIRHA, il faut reconnaitre que beaucoup reste à faire pour la réalisation parfaite de ce programme.

Une parfaite structuration de la politique de l'élevage et des pêches communes est susceptible de permettre à la CEBEVIRHA d'atteindre ses objectifs et par là contribuer à la réalisation d'une coopération adéquate.

De toute évidence, avec les nouvelles politiques mises en place dans le PER et la mise en oeuvre des idées émises par certains hommes politiques nous espérons à une amélioration de cette coopération. Pour ce qui est des discours prononcés par certains hommes politiques, nous pouvons citer le Défunt Président de la République du Gabon, Omar Bongo ONDIMBA : « l'intégration régionale pour les pays d'Afrique n'est pas la constitution d'un grand marché pour les pays étrangers mais plutôt la mise en commun des expériences et des moyens pour l'épanouissement des populations de la région et cela exige qu'on donne du temps au temps »151(*). La mise en oeuvre de cette citation permettra de rendre plus efficace cette coopération sectorielle.

Enfin, nous avons longuement parlé de la CEBEVIRHA, ses problèmes, ses réalisations et ses perspectives d'avenir. Nous avons démontré l'aspect communautaire de cette coopération dont la finalité est l'intégration régionale. Nous avons rappelé dans ce travail l'intention séculière des nations à vouloir coopérer en matière d'élevage et de la pêche à cause des avantages certains que cette coopération procure.

* 145 Taxe Communautaire d'Intégration.

* 146 Jardiniers et Gardiens.

* 147 D'après les recherches personnelles en 2010, 40% de jeunes de la sous-région sont sans emploi.

* 148 Filets, hors-bords, moyens de transport pour l'acheminement du poisson vers les zones les plus reculées.

* 149 Les fours, fumoirs, bâches pour le séchage, etc.

* 150 Rapport op. cit.

* 148 Allocution du Défunt Président Gabonais Oumar BONGO ONDIMBA, in Rapport CEA/BSR-AC, Redynamiser l'intégration régionale en Afrique Centrale, Yaoundé, 1998, p.8. 

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