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Déterminants des disparités régionales en matière de scolarisation des enfants au Tchad

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par Hervé NOUBADIGNIM Ronelyambaye
Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) /Université de Yaoundé II - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD) 2005
  

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Figure 1.1 : Carte administrative du Tchad

1.2) CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES

Selon le RGPH d'avril 1993, le Tchad compte 6.279.931 habitants dont 48,4% de sexe

masculin et 51,6% de sexe féminin. Les nomades sont au nombre de 353.489, soit 5,7% de la population totale.

La population du Tchad est jeune puisque 48% de la population a moins de 15 ans, alors que les personnes âgées de plus de 64 ans ne représentent que 3,5%. La densité moyenne de la population est relativement faible (4,9 habitants/km 2) et varie de 0,1 habitants/km 2 au BET au Nord à 52 habitants/km 2 au Logone occidental au Sud du pays. L'indice synthétique de fécondité a été estimé à 5,6 enfants par femme, la mortalité infantile à 132 %° entraînant une espérance de vie à la naissance de 54,4 ans chez les femmes et de 47 ans chez les hommes en 1993. Avec un taux brut de mortalité estimé à 16%° en 1993 et un taux de natalité de 41%°, le taux d'accroissement naturel atteint 2,5%, ce qui signifie que la population tchadienne est appelée à doubler tous les 28 ans et devrait atteindre 7 600 000 habitants en 2001.

Le Tchad est l'un des pays où la situation sanitaire de la population est très précaire. Le manque d'eau potable et les conditions défavorables d'hygiène sont les principales causes de la morbidité et de la mortalité au sein de la population. Les pathologies dominantes qui constituent les problèmes de santé publique sont : le paludisme, la rougeole, le tétanos, la bilharziose, la poliomyélite, la méningite, etc. (Ministère des Finances, de l'Economie, du Plan et de l'Aménagement du Territoire, 1997 : cité par Ouagadjio et al., 1998).

Au défi sanitaire déjà difficile à relever à court terme, vient se greffer celui de la pandémie du VIH/SIDA dont la vitesse d'expansion est très inquiétante. En effet, le nombre de cas de SIDA avéré qui n'était que 10 en 1989 s'est établi à 1010 en 1993 pour atteindre 1343 en 1996. Au 31 décembre 1999, le nombre cumulé de personnes avérées séropositives était estimé à 12000 (MPDC, 2003). D'après le Projet Population et Lutte contre le SIDA (PPLS), le taux de prévalence du VIH/SIDA serait d'environ 4%.

Avec un taux d'urbanisation de 21,4%, le Tchad est l'un des pays les moins urbanisés de la sous-région. 40% de la population urbaine est concentrée à N'djaména et seulement 25 villes avaient plus de 10 000 habitants en 1993. Et le fait qu'on soit dans une région où domine le milieu rural n'est pas sans conséquence sur le fonctionnement du système éducatif d'autant plus que le milieu rural africain est généralement fortement sous-scolarisé.

Le pays regroupe plus de 160 ethnies regroupées en 13 grands groupes. Quatre religions prédominent : l'islam (53,9%), le catholicisme (20,3%), le protestantisme et religions connexes (14,4%) et l'animisme (7,4%). La partie méridionale est habitée majoritairement par des ethnies fortement christianisées et animistes alors que la zone septentrionale constitue le fief des ethnies composées majoritairement des musulmans et quelques rares animistes.

La population active (6 ans et plus) est estimée à 2 719 497 individus décomposée comme suit :

52,1% d'hommes et 47,9% de femmes ;

14,8% en milieu urbain et 85,2% en milieu rural ;

99,3% sont des occupés et 0,7% des chômeurs.

L'économie du Tchad repose avant tout sur l'agriculture et l'élevage. La première culture commerciale du Tchad est le coton. Le Tchad est le deuxième producteur mondial de la gomme arabique avec le Soudan. Les cultures vivrières les plus répandues sont le mil et le riz. Le Tchad est un grand pays d'élevage. Mais l'élevage pratiqué au Tchad est beaucoup plus un élevage de prestige.

Le Nord du Tchad fait partie du Sahara et est habité majoritairement par des musulmans. C'est une zone d'élevage mais aussi de pêche et d'agriculture surtout au niveau du Lac. Au Centre du pays cohabitent musulmans et chrétiens avec pour principales activités l'élevage et l'agriculture. Le Sud du Tchad est une savane arborée où se trouve l'essentiel des terres cultivables. Prenant leur source en RCA, les fleuves Logone et Chari arrosent la vaste plaine du sud-ouest, inondable une partie de l'année avant de se joindre à N'djaména, puis alimenter le lac Tchad. Les poissons des fleuves Chari et Logone représentent une ressource importante, de même que les mines de natron (carbonate de sodium). Les grandes zones où sont localisés les puits de pétrole au Tchad sont au Sud du pays (Doba, Moïssala, Bongor, ...). La majeure partie de la population du pays est concentrée dans les zones fertiles, au sud des fleuves Logone et Chari. Les populations noires dominantes au Sud sont les Sara, un peuple de chasseurs, de pêcheurs et surtout d'agriculteurs.

Au RGPH de 1993, on a constaté que les ethnies du Sud scolarisent plus les enfants que celles du Nord et du Centre. Les Arabe, Ouaddaï et Peul sont les ethnies les moins scolarisées en milieu rural tchadien. Et ces ethnies sont composées majoritairement de musulmans et vivent dans les régions du Centre et du Nord du Tchad.

Avec le phénomène d'enfants bouviers, beaucoup des enfants des agriculteurs tchadiens du Sud du Tchad n'ont jamais été à l'école ou l'ont abandonnée précocement. Pour avoir en récompense des boeufs d'attelage mais aussi pour avoir d'argent permettant de faire vivre la famille, les enfants sont envoyés par leurs parents chez les éleveurs nomades du Nord en transhumance au Sud en vue de garder leurs boeufs. De même les enfants des pêcheurs sont très tôt préparés à remplacer leurs parents ignorant du coup l'éducation scolaire. Il faut noter qu'au Mayo-kebbi au Sud du Tchad, certains enfants sont systématiquement exclus du système éducatif formel car ils sont appelés à s'occuper des boeufs et chèvres de la communauté.

Le Tchad est probablement l'un des pays d'Afrique qui dispose du meilleur potentiel pour son développement économique, notamment le potentiel agricole, artisanal, minier et humain. Mais plusieurs problèmes ont entravé la mise en valeur de ces potentialités. Il s'agit de la désertification, des guerres successives, de l'éloignement des ports maritimes, de l'absence d'infrastructures adéquates et de l'inadéquation formation emploi.

La population tchadienne augmente plus vite (2,5% par an) que les ressources économiques (2% par an). En d'autres termes, les richesses produites par le Tchad couvrent de moins en moins les besoins des Tchadiens. Il y a inadéquation entre croissance démographique et progrès économique (RT, 1999).

Il faut surtout signaler que faire la guerre a un coût : d'abord les Tchadiens se sont mis à dilapider les maigres ressources disponibles pour financer les différentes guerres et ensuite en temps de guerre aucun programme à long terme n'étant efficacement concevable, les dirigeants n'ont plus mené que des réflexions pour résoudre les problèmes urgents qui n'ont cessé d'affecter la qualité de la vie des Tchadiens. Le pays est surarmé par rapport à ses ressources économiques et la corruption commence par installer son lit dans les différentes structures étatiques. L'opposition entre le Nord musulman et le Sud animiste et chrétien menace toujours l'unité nationale.

Le Tchad est l'un des pays les plus pauvres de la planète pour lequel la lutte contre la pauvreté est prioritaire. La vision du Tchad à l'horizon 2015 s'inscrit dans la perspective d'une réduction de moitié de l'indice de l'extrême pauvreté et d'une économie post-pétrolière diversifiée et compétitive. Ainsi 80% des ressources directes provenant du projet pétrole tchadien sont destinés aux dépenses relatives aux secteurs prioritaires (Education, Santé, Infrastructures, Développement rural, Environnement et Ressources en Eau).

Les 5 principaux axes de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) sont :

i) promouvoir la bonne gouvernance.

ii) Assurer une croissance économique forte et soutenue.

iii) Améliorer le capital humain.

iv) Améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables.

v) Restaurer et sauvegarder les écosystèmes.

2) CARACTÉRISTIQUES SCOLAIRES DU TCHAD

2.1) L'ORGANIGRAMME DU SYSTÈME ÉDUCATIF TCHADIEN

Deux ministères sont directement impliqués dans la gestion du secteur de l'éducation et de la formation : le Ministère de l'Education Nationale (MEN) et le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation professionnelle.

Au niveau du MEN, trois organismes sont rattachés au cabinet du ministre :

- la Commission Nationale Tchadienne pour l'UNESCO ;

- le Centre Pédagogique pour l'ISESCO ; et

- le Centre National des Curricula.

Administrativement, le Tchad est divisé en 14 préfectures. Ensuite viennent les sous-préfectures, les postes administratifs et les cantons. A ce découpage administratif correspond 14 Délégations Préfectorales (1(*)) de l'Education Nationale (DPEN), premier échelon déconcentré du Ministère de l'Education Nationale.

Dans chaque DPEN se trouvent des structures locales chargées de l'inspection, de la supervision, de l'encadrement et de la formation : des Inspections de l'Enseignement Secondaire Général (IESG) ; Inspections de l'Enseignement de Base (IEB) ; Ecoles Normales d'Instituteurs (ENI) ; Centre de Formation Continue (CFC) ; Secteurs d'Alphabétisation (SA) ; Centres de Formation et d'Apprentissage (CFA).

Le système éducatif tchadien est divisé en 4 niveaux d'enseignement : le maternel (ou éducation préscolaire), l'élémentaire, le secondaire et le supérieur.

Mais cette structuration par niveau est précédée par une structuration par degré, avec l'enseignement primaire comme le premier degré, l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur.

* L'enseignement élémentaire compte six années d'études et accueille les élèves âgés théoriquement de 6 à 11 ans. La fin du cycle est sanctionnée par le Certificat d'Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE).

* L'enseignement secondaire : il se décompose en deux branches : la formation générale et la formation technique.

- L'enseignement secondaire général comprend deux cycles (1er et 2éme) d'une durée respective de quatre et de trois ans. Le premier cycle accueille les élèves de fin de cycle primaire et est sanctionné par le Brevet d'Etudes du Premier Cycle (BEPC). Le second reçoit les élèves de premier cycle et est sanctionné par le Baccalauréat de l'enseignement du second degré.

- La formation technique accueille d'une part les élèves de fin de la deuxième année du premier cycle des collèges d'enseignement technique pour une durée de trois ans pour déboucher au Certificat d'Aptitude Professionnel (CAP) et d'autre part, les élèves de la classe de 3éme dans les lycées techniques pour la même durée pour déboucher sur le Baccalauréat de technicien.

*L'enseignement supérieur comprend les facultés, les instituts et les écoles professionnelles. Les différents établissements accueillent les élèves titulaires du baccalauréat pour une durée variable selon les filières et écoles professionnelles. Cette structuration ignore l'enseignement maternel car il est encore aux premiers balbutiements. Au niveau de l'éducation préscolaire, 0,8% seulement des enfants âgés de 3 à 5 ans suivent des programmes d'éducation de la petite enfance organisés. On y dénombre 1% de garçons contre 0,6% de filles (RT, 2000).

Les langues officielles d'enseignement sont le Français et l'Arabe. Et l'enseignement coranique qui est un secteur non conventionnel est parfois inséré dans les niveaux d'enseignement. A l'opposé des écoles coraniques où l'enseignement se résume à l'apprentissage des préceptes du coran, les medersas dispensent deux types d'enseignement : un enseignement en Arabe et en français aligné sur le système de l'école formelle et un enseignement du coran. Les medersas sont ainsi reconnues par les autorités publiques puisque leurs élèves passent les mêmes examens que ceux de l'école formelle.

Grâce au lissage effectué par le MEN du Tchad avec l'appui de l'IIPE à Paris des données du dernier RGPH, on dénombre au 31 décembre 2000, 1 307 821 jeunes enfants en âge de fréquenter l'école primaire et 1 140 361 enfants en âge de fréquenter l'école secondaire tout cycle confondu. Le nombre d'enfants en attente d'être inscrits en première année du primaire (CP1) est estimé à 240 807(MEN, 2003 : 10).

La richesse du pays consacrée à l'éducation dans le cadre du budget de fonctionnement de l'éducation en 2001 est de 2,5%. Quant au budget d'investissement du MEN, il représente 0,9% de la richesse nationale.

La distribution des écoles élémentaires selon leur statut démontre que les écoles du secteur public sont majoritaires avec 54,2% suivi du communautaire avec 38,4% et du privé 7,4%. Selon la localisation géographique des établissements, les écoles élémentaires sont en grande partie implantées dans le milieu rural, soit 84,1% (cf. annexes tableau A.3). Les écoles communautaires sont en majorité rurales tandis que celles du privé sont urbaines (77,8%).

On dénombrait au Tchad en 2000, 93,9% d'écoles francophones, 3,7% d'écoles arabophones et 2,4% d'écoles bilingues (français et arabe).

2.2) LES ORIENTATIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF TCHADIEN

* 1 Il est à noter qu'un nouveau découpage en 29 DDEN (Délégation Départementale de l'Education Nationale) est déjà opérationnel depuis l'année scolaire 2000/2001.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery