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Choix comptables et cadre institutionnel de l'économie

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par Chafik Abdellatif
FSEG de Tunis - DEA en Management 2004
  

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Paragraphe 2 : La comptabilité et le cadre institutionnel de l'économie

57 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion

et d'audit, Economica, 2000, p..598.

58 BERNARD COLASSE, Comptabilité générale, 5ème édition Economica, Paris, 1996, p.19.

59 MICHEL CAPRON, La comptabilité en perspective, Editions la découverte, Paris, 1993, p.36.

48

2-1 Comptabilité et Contexte des marchés

L'analyse conceptuelle de la théorie comptable par rapport au contexte du marché doit nécessairement se référer à la classification élaborée précédemment. Or une telle démarche s'avère inutile puisque dans le cadre du marché des biens et des services par exemple, nous auront à retraiter l'ensemble de la théorie comptable allant de l'analyse des flux entrants jusqu'aux flux sortants en passant par le processus de traitement ou de transformation des inputs en output. Il s'avère ainsi que l'ensemble des opérations de l'entreprise avec son environnement, effectué au sein du marché des biens et services relève de la comptabilité en tant qu'instrument de quantification et d'enregistrement.

En ce qui concerne le marché du travail, l'ensemble des acteurs le constituant (la population active), se valorisent continuellement par rapport à des indicateurs de performances fournis et divulgués par la comptabilité financière. Ainsi, seuls les dirigeants d'entreprise performantes seront récompensés par le marché. Ce dernier leur offre les conditions d'ouverture d'horizon et d'expansion requise pour tous les acteurs du marché du travail.

Il s'avère ainsi, que seule la mission d'information attribuée à la comptabilité financière constitue le point de convergence principal avec les différentes typologies de marchés existants. Ainsi, « Dés les débuts de l'économie de marché, la comptabilité est apparue comme l'instrument le plus adapté pour saisir, traiter et organiser l'information sur les transactions de telle sorte que celle-ci puisse être utilisée sous de nombreuses formes appropriées et pour répondre principalement aux missions qui demeurent encore sa raison d'être fondamentale : l'aide aux décisions de gestion, la preuve de la réalité des transactions, le contrôle des résultats

obtenus par les dirigeants et l'évaluation des ressources utilisées ».60

Cette tendance à dissocier l'évolution de l'économie de marché avec celle de la comptabilité financière est née avec la célèbre thèse de Werner Sombart.61 Selon le passage le plus cité : « Le capitalisme et la comptabilité en parties doubles ne peuvent absolument pas être dissociés : ils se comportent l'un vis-à-vis de l'autre comme la forme et le

60 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.461.

61 YANNICK LEMARCHAND et MARK NIKITIN, Capitalisme et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité,

de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.106.

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contenu ».62 Dans nos propos, on préfère ne pas s'immiscer largement dans le contenu de cette thèse, qui a fait couler beaucoup d'encre, malgré le nombre de recherches soutenants cette vue.

Et comme l'annonce Christian De Boissieu, « l'information est au coeur du fonctionnement de l'économie de marché. Rarement parfaite, contrairement aux postulats de la microéconomie traditionnelle, elle fait le pont entre le passé, le présent et les représentations plus ou moins éclairées, plus ou moins incertaines, de l'avenir. Pas étonnant, dans ces conditions, que la transparence de l'information se soit imposée, de nos jours, comme la

problématique centrale pour le fonctionnement et la régulation de nos économies ».63

La comptabilité d'une entreprise sert à ses managers, ses actionnaires, ses salariés et de plus en plus à ses clients et aux associations les représentant. La comptabilité doit ainsi, représenter une réalité économique et non pas l'influencer, voire la modifier. Avant d'accepter toute nouvelle norme comptable, il conviendra donc de s'assurer que les concepts sur lesquels elle est fondée sont fiables, vérifiables, auditables et surtout applicables dans les différents marchés concernés, faute de quoi le but ultime de la normalisation et de l'information comptable, à savoir la comparabilité des comptes, ne pourra être atteint.

Comptabilité et marché doivent donc entretenir des rapports de confiance mutuels. Partout et souvent, la qualité des décisions dans l'entreprise ainsi que celle des différents stakeholders intervenant sur le marché repose sur la valeur de l'information fournie par les systèmes comptables. Ainsi, « il faut mesurer le résultat et le patrimoine des entreprises, apprécier l'équilibre du financement et la situation de trésorerie, connaître la valeur des ressources productives, étudier les produits et les charges, comprendre la circulation des fonds. L'exactitude du diagnostic exige des chiffres en rapport avec la réalité. La comptabilité étant science de mesure, le choix de l'information comptabilisée et celui des méthodes constituent

un test essentiel ».64

Un marché est efficient si les valeurs actuelles nettes (VAN) de toutes ces transactions sont égales à zéro. Quand le coût des transactions est nul et que tous les investisseurs ont accès

62 YANNICK LEMARCHAND et MARK NIKITIN, Capitalisme et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité,

de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.106.

63 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre

2002. p.13.

50

aux mêmes informations, la concurrence va rendre impossible le gain de VAN positives. Toutes les informations disponibles devraient être systématiquement incluses dans les cours

(les prix). Autrement dit, un marché est efficient si « les actifs qui y sont négociés sont évalués

à leur ``juste prix'' ».65

L'efficience d'un marché financier peut donc être remise en cause « si toute l'information disponible n'est pas immédiatement et complètement intégrée dans les cours, si l'interprétation de l'information n'est pas pertinente (interprétation correcte de toute l'information par les investisseurs), ou s'il est possible de réaliser des profits indus au moyen

d'une stratégie d'investissement basée sur l'information disponible ».66

Comme ces conditions idéales n'existent pas, il est courant de distinguer plusieurs degrés de l'efficience du marché, en fonction de la quantité d'information reflétée dans les cours : marché d'efficience faible, d'efficience semi forte ou d'efficience forte.67

Un marché est dit d'efficience faible si les cours du jour intègrent l'ensemble des informations contenues dans les cours précédents. Cette forme d'efficience est faible parce qu'elle ne requiert qu'un volume réduit d'information. Sur un tel marché, les cours antérieurs

ne peuvent annoncer l'évolution des cours à venir, c'est à dire que sont exclus les tendances, cycles ou tout autre mouvement prévisible des prix.

Un marché est dit d'efficience semi forte si l'ensemble des informations disponibles publiquement est reflété dans les cours. Cela signifie qu'aucun investisseur ne peut améliorer

de façon constante ses prévisions sur l'évolution des cours par la simple analyse des

informations macroéconomiques (état de résultat, rapports annuels, etc.).

Un marché est dit à forte efficience si toutes les informations pertinentes (publiques et privées) sont reflétées dans les prix.

64 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.461.

65 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.857.

66 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.857.

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L'information comptable étant un bien public, « s'il apparaît que sa divulgation entraîne une réaction systématique du cours des actions, force sera d'admettre l'efficience informationnelle de forme semi forte des marchés financiers ».68

La comptabilité est une source d'information parmi d'autres, il ne sert à rien d'essayer

de la manipuler, ses utilisateurs ayant tous moyens de rétablir la vérité par confrontation avec des renseignements d'autres origines (les agents de rating par exemple). Cette hypothèse qui

est à la base de la théorie des marchés efficients, ne signifie pas pour autant que l'information

suivant un certain modèle de référence comptable répondrait de façon unanime aux attentes des différents stakeholders de l'entreprise. « La quantité et la qualité de l'information sont donc des éléments essentiels pour le bon fonctionnement de l'économie de marché, mais aussi pour sa régulation par les pouvoirs publics ».69

Il est aisé de comprendre les motifs de ces exigences. « Une information plus transparente du coté des banques et des entreprises, de façon plus générale de l'ensemble des intervenants, permet de rapprocher les systèmes comptables de la réalité économique, de mieux guider l'allocation des ressources, de pouvoir compter sur un meilleur équilibre entre emprunteurs et prêteurs, de réduire certaines inégalités dans l'accès à l'information pertinente

etc. ».70

Ainsi, la fourniture d'information fiable, pertinente et à jour est essentielle pour le développement des marchés financiers, comme l'indique le schéma 1. Cette représentation se trouve cependant écartelée entre les exigences des règles posées pour l'établissement de l'information comptable et financière sur l'entreprise, d'une part, et la réalité complexe et multiple de l'entreprise, d'autre part.

L'information comptable diffusée dans les rapports annuels a pour objet de rendre des comptes aux multiples utilisateurs partenaires de l'entreprise (investisseurs, créanciers, employés, Etat, concurrence, etc.). Mais, Pour y parvenir, l'entreprise est amenée à respecter

67 Cette distinction est due à FAMA (1970)

68 PASCAL DUMONTIER, Marché efficient et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.858.

69 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre

2002. p.13.

70 CHRISTIAN DE BOISSIEU, Faut-il tout dire, tout le temps ? , Problèmes économique, n°2778 du 2 octobre

2002. p-p.13-14.

52

une certaine éthique que traduit l'impératif de qualité de l'information contenue dans les états comptables.

« L'information comptable ayant pour fonction de transmettre une représentation de la réalité économique d'une entreprise, la qualité attendue de cette information dépend à la fois

de la perception et des jugements du préparateur des comptes dans la reproduction de la

réalité, de la forme qui rend cette réalité intelligible ainsi que des besoins d'un utilisateur ».71

Schéma 1 : Le rôle de l'information financière dans la croissance économique 72 (d'après

Gordian, 1992) 73

Mise à disposition d'informations

comptables et financières fiable et pertinentes

Réduction de l'incertitude sur le marché

des capitaux

Développement du marché des capitaux

grâce à

la qualité de l'information la répartition des risques

Efficacité du marché des capitaux dans

l'allocation de ressources rares

71 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'i

nformation comptable, Encyclopé

gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1023.

Croissance économique

die de comptabilité, de contrôle de

72 GENEVIEVE CAUSSE, Développement et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion

et d'audit, Economica, 2000, p.600.

73 GORDIAN. A., Accounting disclosure methods and economic development: A criterion for globalizing capital markets, International journal of accounting education and research, n°27, 1992.

53

La question centrale de la comptabilité est de se demander de quoi il faut rendre compte.

Autrement dit, c'est le choix de l'information à comptabiliser qui importe. Pour les comptables, reconnaître l'information consiste à la traduire dans l'un des états financiers de synthèse servant à apprécier le niveau de rentabilité et la nature du risque que l'entreprise offre

ou fait courir a ses partenaires. Généralement, ces documents comptables sont le bilan pour

l'appréciation du patrimoine, l'état de résultat pour traduire la performance de l'entreprise, le tableau des flux de trésorerie ou le tableau de financement pour saisir le mouvement de la trésorerie et l'annexe ou les notes aux états financiers pour assurer un niveau satisfaisant de compréhension de l'ensemble des traitements comptables utilisés pour la préparation et la présentation des états de synthèses. « Ils sont, pour la période qu'ils couvrent, les principaux outils de diagnostic dont se servent les utilisateurs de la comptabilité. La valeur probante de ces documents préparés et audités est indiscutable dans toutes les économies de marché qui ont atteint un certain niveau de développement et pour lesquelles une profession et des règles

comptables sont soumises à une organisation juridique efficace ».74

L'information véhiculée dans les états de synthèse doit nécessairement obéir à certains critères de qualité destinés à améliorer la pertinence du reporting comptable et financier et assurer au préalable, une meilleure transparence du marché.

La finalité assignée à l'information comptable étant d'aider à la prise de décision économique, ainsi, quatre caractéristiques fondamentales sont requises de l'information :

- la pertinence ;

- la fiabilité ;

- l'intelligibilité ; et

- la comparabilité.

La pertinence constitue « la capacité d'une information à influencer les décisions des utilisateurs, en leur permettant soit d'évaluer les événements passés, présents et futurs, soit de

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confirmer ou de corriger leurs évaluations passées ».75 Cette notion est subjective du fait qu'elle change en fonction de la nature de l'utilisateur et des décisions à prendre.

La fiabilité quant à elle, « garantit l'absence d'anomalie ou d'erreur. Elle s'appuie sur la conformité aux normes, règles, procédures et est dans le domaine de l'objectivité ».76 Une information est fiable si elle n'est pas entachée d'erreur ni de biais importants. Il s'agit d'une information :

1- reflétant une image fidèle des transactions et autres événements de l'entreprise

(principe d'image fidèle : faithful representation) ;

2- respectant la nature juridique des transactions et événements indépendamment

de leur forme juridique (principe de prééminence du fond sur la forme : substance over form) ;

3- neutre (neutral), c'est à dire aussi dépourvue que possible de subjectivité ;

4- prudente, il s'agit de la prise en compte d'un certain degré de précaution dans l'exercice des jugements nécessaires aux estimations afin d'éviter que les actifs ou les produits soient surévalués et les passifs ou les charges sous-évalués ;

5- exhaustive (complete), dans la mesure permise par le souci de l'importance significative et celui des coûts (l'information doit rapporter plus qu'elle ne coûte).

L'intelligibilité suppose « la compréhensibilité de l'information pour les utilisateurs censés posséder une connaissance raisonnable de l'activité économique et de la comptabilité et avoir la volonté d`étudier l'information avec la diligence appropriée ».77

Enfin, la comparabilité de l'information suppose que les états financiers doivent être comparables dans l'espace et dans le temps. « Dans le temps, la comparabilité de l'information permet d'identifier les tendances de la position et des performances financières de l'entreprise. Dans l'espace, la comparabilité des états financiers de différentes entreprises permet d'évaluer leurs positions financières relatives et leur évolution ainsi que leurs performances ».78 Deux conséquences en découlent :

74 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.462.

75 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.

76 SERGE EVRAERT, Confiance et comptabilité, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.467.

77 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.

78 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de

gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.

55

- la nécessité d'indiquer les chiffres de l'exercice précédent ;

- et l'utilisation des mêmes méthodes comptables d'une année sur l'autre, sauf changements pertinents a indiqué (principe de permanence des méthodes).

Ces critères de qualité assignés à l'information sont souvent hiérarchisés en fonction de l'importance accordée par le normalisateur et de l'utilisateur en question. En effet, réunis à la fois, ces quatre critères sont difficiles à atteindre. « Il est avant tout nécessaire de déterminer l'importance relative de l'information, le seuil de qualité indispensable et enfin les arbitrages à effectuer pour parvenir à un niveau global acceptable de qualité. En outre, ces quatre critères

de qualité ne sont effectifs qu'en fonction du délai de production de l'information et du coût

engendré par la diffusion (ce coût peut être financier, compétitif, politique), comparé aux bénéfices retirés ».79

Certes, le suivi d'une telle démarche de qualité conditionne une meilleure traduction des opérations effectuées sur le marché et assure ainsi, une image aussi fidèle que possible de la réalité économique de l'entreprise. Par ailleurs, le respect des qualités attribuer à l'information

ne constitue pas le seul facteur garant d'un minimum de fiabilité et de pertinence. Ainsi, les systèmes de gouvernement d'entreprise, la nature des utilisateurs privilégiés de l'information

et le mécanisme de financement dominant sont autant de facteurs qu'il conviendrait de ne pas les négliger.

Suivant la démarche de Rybezinski80 les économies connaissent au regard des systèmes financiers une évolution caractérisée par quatre étapes successives.81

Premièrement, l'investisseur ne peut se financer que par sa propre épargne, puisqu'il dispose d'un revenu faible et d'une capacité d'épargne rare. Le système financier existant est

de type interne (l'autofinancement est le mode quasi exclusif de financement).

79 CELINE MICHAÏLESCO, Qualité de l'information comptable, Encyclopédie de comptabilité, de contrôle de gestion et d'audit, Economica, 2000, p.1028.

80 T. M. RYBEZINSKI, Business finance in the EEC, USA and Japan, The three bank review, 1974, n°3, p.58; Industrial finance system in europe, US and Japan, Journal of economic behaviour and organisation, 1984, n°5, p.

276; Financial systems, risk and public policy, The royal bank of Scotland review, 1985, n°148, p.35.

81 PIERRE LLAU, Economie financière publique, Presses Universitaire de France, 1996, p. 44.

56

Dans une deuxième étape, l'émergence d'un certain niveau satisfaisant de développement va assurer un surplus d'épargne considérable. Cette épargne est pri en charge par les intermédiaires financiers (notamment les banques), afin de répondre aux diverses attentes de crédits exigées par les investisseurs, tout en assurant une certaine diversification des risques. Cette étape est caractéristique d'un système financier orienté vers la banque (bank oriented system).

Troisièmement, la croissance conduit au développement des marchés financiers avec diversification des intermédiaires financiers et apparition d'intermédiaires de marchés.

Dans une quatrième étape, l'aboutissement à un niveau élevé de développement favorise

la sophistication des marchés financiers, qui conduisent à des systèmes financiers fortement orientés vers le marché (market orientated system).82

Ainsi, on peut constater une distinction entre, systèmes financiers basés sur les marchés financiers et systèmes financiers basés sur le crédit ou orienté vers le marché interbancaire. Dans une économie d'endettement, le financement du système productif repose essentiellement sur la constitution d'un autofinancement et sur les apports externes assurés par

les banques et les autres intermédiaires financiers. En conséquence, la gestion de la relation de crédit qui s'établit entre les entreprises et les prêteurs devient une des préoccupations majeures des dirigeants. Du point de vue de l'entreprise, le respect des échéances prévues au titre du service de la dette constitue alors la contrainte financière majeure. Du point de vue des créanciers, l'appréciation a priori et le suivi en temps réel de la capacité de remboursement des emprunteurs acquièrent une importance décisive. Dans ce contexte, les grandes banques sont

le plus souvent les principaux actionnaires des entreprises endette ; elles sont représentées au

conseil d'administration et ont accès au reporting interne. Les dirigeants dans ce cas, sont sanctionnés ou récompensés essentiellement par les représentants de ces actionnaires- créanciers, et non en fonction des performances boursières de l'entreprise. L'impact des choix comptables fait donc l'objet d'une analyse moins détaillée dans les états financiers d'un tel mode de gouvernance que dans un environnement où les actionnaires sont moins bien représentés au conseil d'administration.

82 PIERRE LLAU, Economie financière publique, Presses Universitaire de France, 1996, p-p. 44-45.

57

Le système financier orienté marché regroupe des pays de grande tradition boursière. Un

tel système confère une place centrale aux modalités de financement par émission d'actions. Il attribue une position dominante aux actionnaires et aux investisseurs. En exprimant leur approbation de la gestion d'une entreprise cotée par l'acquisition ou la conservation des titres qu'elle a émis, les acteurs du marché boursier participent à la valorisation de ces titres et consolident l'entreprise émettrice ainsi que ses dirigeants. En exprimant leur réprobation ou leur défiance par la cession de titres ou par le refus d'en souscrire, les investisseurs participent

à la dépréciation de la capitalisation de l'entreprise et, sous certaines conditions, mettent en

cause son contrôle et sa direction. Ainsi, l'économie de marché financier permet aux actionnaires de faire valoir, avec force, leurs impératifs de rémunération et de valorisation de leurs apports. Dans ces conditions, elle impose aux dirigeants une gestion active de leurs relations avec les actionnaires et une attention soutenue à leurs exigences de rémunération et

de valorisation des actions par le marché. Dans un tel système, l'information publiée doit refléter le plus fidèlement possible la réalité économique de l'entreprise et satisfaire ainsi, les investisseurs privilégiés par le marché.83

Pour conclure, on peut dire que le marché est un facteur conditionnant le devrait être comptable ; il constitue la scène sur la quelle les nouveaux problèmes comptables surgis et agit, par la suite, directement ou indirectement, dans la définition des procédures et modalités

de traitements comptables.

La représentation quantifiée des faits économiques est du ressort de la comptabilité ; elle collecte les données, les organisent et les traitent pour aboutir à une information à divulguée sur le marché. La comptabilité est, par conséquent, un système d'information répondant aux exigences d'efficience du marché.

La mondialisation économique suppose la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux et l'aboutissement par conséquent, à un marché unique. Elle suppose, par conséquent, la soumission à un système unique de mesure et d'évaluation comptable remportant l'enjeu de comparabilité financière requis par le marché.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe