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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

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par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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(c) Intégration

Ce groupe Malbars/Tamouls a été perçu à l'intérieur de la société globale comme une catégorie ethno-culturelle particulière jusqu'à la période contemporaine. La perception du groupe a varié selon les contextes socio-historiques. Du statut d'immigré engagé à celui de Réunionnais d'origine indienne, un processus d'intégration lent et ponctué de crises s'est mis en marche. Ceci illustre la difficulté de vivre dans la société d'accueil. En nous appuyant sur les travaux de Raoul Lucas16(*) nous allons étudier comment ce groupe perpétue et invente son identité.

L'influence indienne a eu lieu dès leur arrivée avec le métissage d'une partie des premiers habitants avec des femmes indiennes. Puis la créolisation, générale, est venue dissoudre celui-ci. La perception de l'indianité est liée à la présence des travailleurs engagés dans les plantations de canne à sucre. Ce n'est qu'à partir de 1850 que les indiens ont été clairement perçus comme nouvelle composante sociale de l'île après l'abolition de l'esclavage (en 1848). Les indiens ont vite été perçus comme gênants par ceux qui voyaient en eux des étrangers aux moeurs bizarres venus voler leur travail. Sentiment d'hostilité qui a été renforcé par la situation de mise en marge de cette catégorie ethno-culturelle. Un contrôle de la part des propriétaires pesait sur eux et les rares moments de liberté étaient employés pour les fêtes religieuses, manifestations les plus fortes de la solidarité du groupe. Lors de ces occasions, les processions et les rites spectaculaires apportaient au reste de la population les preuves d'une différence culturelle. Cette différence a engendré la méfiance, voire l'hostilité. Certains grands propriétaires prenaient leur défense mais les autres défendaient la population créole en mal économique et en recherche d'emploi. Pourtant, malgré cette exclusion, les contacts interculturels ont existé très tôt entraînant des transformations sociales profondes parmi les couches populaires de l'île : le métissage, l'adhésion à des pratiques propres à l'hindouisme par des membres non originaires d'Inde. Très vite, ils font figure d'anciens sur l'île et s'expriment en créole réunionnais.

Les descendants d'indiens sont de moins en moins mis à l'écart de la société réunionnaise, même s'ils sont encore victimes de représentations caricaturales, ils sont de plus en plus montrés comme les détenteurs d'un héritage culturel à valeurs morales et spirituelles.

Toutefois, la méfiance resurgit aujourd'hui quand un indien fait de la politique et lorsque la presse commence à véhiculer un militantisme culturel tamoul vu comme un positionnement politique de revendication au sein de cette nouvelle société en plein processus de décolonisation. Mais globalement les indiens sont considérés comme des « Réunionnais d'origine indienne ou tamoul » (Raoul Lucas Sociétés plurielles dans l'océan Indien. Enjeux culturels et scientifiques). Ce n'est plus seulement une communauté s'exprimant dans un domaine culturel et religieux. De même la notion d'indianité s'est déplacée : ce n'est plus la seule malabarité réunionnaise, elle tend à associer certains trait culturels indo-musulmans et du groupe des pondichériens. Elle s'élargit parfois même jusqu'au gandhisme ce qui permet d'établir des ponts culturels entre ces différents groupes d'origines indienne.

« En 150 ans environ de présence indienne clairement ressentie, le discours sur l'indianité dans la presse réunionnaise a évolué selon deux modalités : quantitativement (...) et qualitativement. L'immigré indien au « tam-tam assommant », le « métèque insolent », a cédé lentement la place au « Malbar »(...) »17(*). L'appréhension de l'Autre s'est transformée en acceptation de l'Autre et de la différence.

On peut y voir cependant un risque : à force de mettre sur le devant de la scène le courant de l'indianité, d'inscrire les festivités dans le calendrier culturel réunionnais (jour de l'an Tamoul, le dipavali) les pratiques culturelles et religieuses des indiens se transforment en une sorte de produit, « d'Offre Publique d'Appropriation »1. Cette tendance semble provenir de ceux qui détiennent le pouvoir politique et administratif au profit d'une identité réunionnaise, elle-même à sa recherche, qu'ils tentent de structurer et consolider.

* 16 LUCAS R., 2003, Sociétés plurielles dans l'océan Indien, Edition Karthala, Université de La Réunion, 228p.

* 17 LUCAS R., 2003, Sociétés plurielles dans l'océan Indien, Edition Karthala, Université de La Réunion, 228p.

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