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Le conflit au Cachemire

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par Antoine Sauvagnargues
ILERI - Master 2008
  

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Antoine Sauvagnargues

ILERI 3

2006-2007

Géopolitique des menaces transnationaleS

Mini-mémoire

Le conflit au Cachemire

SOMMAIRE

INTRODUCTION

I / Aspects généraux et historiques

A) Données essentielles

B) Bref aperçu historique

C) La présence britannique

II / L'Inde et le Pakistan : les « frères ennemis »

A) Les guerres indo-pakistanaises

B) La menace nucléaire

1 - Le nucléaire indien

2 - Le nucléaire pakistanais

3 - Le Cachemire et le problème du nucléaire

III / Implications internationales du conflit au Cachemire

A) La Chine et l'Aksai Chin

B) Le Cachemire dans le monde après le 11 septembre 2001

CONCLUSION

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

INTRODUCTION

Le monde globalisé du 21ème siècle est de plus en plus en proie à des conflits locaux, régionaux, ancrés dans l'histoire et qui, avec le temps, tendent à se propager à un plus grand nombre d'intervenants, à s'internationaliser. Parmi ces conflits historiques, on retrouve la question du Cachemire, lourd héritage de la présence britannique dans le sous-continent indien.

D'un côté, l'Inde, principale héritière de l'ancien Raj britannique, qui met en avant son caractère laïque, le fonctionnement démocratique ininterrompu de ses institutions et l'existence d'une importante communauté musulmane sur son sol, qui représente environ 120 millions de personnes. De l'autre côté, le Pakistan, qui a échoué à rassembler les musulmans du sous-continent et a connu plusieurs dictatures militaires.

La question du Cachemire constitue la principale pomme de discorde entre les deux États et a jusqu'à présent structuré leurs diplomaties respectives. Aux trois quarts peuplé de musulmans, ce territoire est tout à la fois revendiqué par l'Inde et par le Pakistan. Coupé en deux par une "Ligne de contrôle" depuis 1949, le Cachemire constitue donc un enjeu territorial renvoyant à la nature de l'identité nationale des deux États. Il a conduit ceux-ci à s'affronter à de nombreuses reprises et entretient une tension larvée.

La possession, avérée depuis 1998, de l'arme nucléaire par chacun des deux rivaux est susceptible, en cas de nouvelle tension, d'aboutir à une crise majeure. De plus, dans chacun de ces deux pays, les radicalismes nationalistes et religieux s'affirment. Cette situation est d'autant plus grave que l'on assiste à une montée en puissance d'un terrorisme islamiste présent aux frontières indiennes et pakistanaises, surtout depuis qu'il a été chassé fin 2001 de l'Afghanistan voisin.

En 2002, les deux États paraissaient être sur le point de connaître un nouvel affrontement majeur. L'intervention de la communauté internationale, emmenée par les États-Unis, a permis de surmonter cette crise. Le 25 novembre 2003, sur une proposition du Pakistan, les deux États ont proclamé un cessez-le-feu de part et d'autre de la Ligne de contrôle. En janvier 2004, Delhi et Islamabad ont entamé un "dialogue global" incluant le problème du Cachemire. Peut-être le premier pas sur le long chemin de la résolution pacifique des différends opposant les deux États.

Ainsi, la question du Cachemire demeure en suspend depuis déjà 60 ans et paraît en voie de résolution. Cependant, comment et en quoi cet affrontement, d'abord frontalier et régional, peut-il représenter une menace croissante pour la stabilité de l'ordre international ?

C'est donc en se penchant sur les données essentielles et une vision globale de l'histoire de la région qu'il apparaît ensuite possible de cerner ce conflit qui a opposé les « frères ennemis » indiens et pakistanais à de maintes reprises et qui crée une tension constante et supplémentaire de par la possession de l'arme nucléaire dans les arsenaux de part et d'autre de la frontière. Cette dernière composante est alors le facteur qui nous permet de voir enfin en quoi la donne a changé depuis 1998 et les essais nucléaires en Inde et au Pakistan et surtout ce qui a été bouleversé par les attentats du 11 septembre 2001 et les implications alors internationales du conflit au Cachemire.

I / Aspects généraux et historiques

A) Données essentielles :

L'Inde1(*) compte plus d'1 095 000 000 d'habitants, ce qui fait d'elle le deuxième pays le plus peuplé au monde. Toutefois, ayant presque maîtrisé sa politique démographique, elle connaît une augmentation rapide de sa population. Celle-ci augmente d'environ 19 millions d'individus par an. Les prévisions font de l'Inde le pays le plus peuplé du monde d'ici 2035. Cela est du à sa nature démocratique qui axe sa politique démographique vers une responsabilisation individuelle plutôt que sur une politique contraignante, à l'inverse de la Chine qui force sa population à appliquer la politique de l'enfant unique.

L'Inde a un littoral qui s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Elle partage ses frontières avec le Pakistan à l'ouest, la République populaire de Chine, le Népal, et le Bhoutan au nord-est, le Bangladesh et le Myanmar à l'est. Sur l'océan Indien, elle est à proximité des îles de la République des Maldives au sud-ouest, du Sri Lanka au sud, et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde réclame également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest.

Elle est également le foyer de civilisations parmi les plus anciennes, et un carrefour historique important des grandes routes commerciales. Parmi la vingtaine de religions, ce sont les hindouistes qui, de loin, sont les plus nombreux (82 %) devant les musulmans (12 % dont la plupart résident dans le Nord-Ouest, comme au Jammu-et-Cachemire), les chrétiens (3 %, surtout au sud), les bouddhistes (1 %), les sikhs (essentiellement au Punjab), les jaïns (beaucoup au Gujarat), les parsis (à Bombay) et les juifs

L'Inde est une fédération d'États qui ont chacun un parlement et un gouvernement. Il y a vingt-huit États, six territoires, et le territoire de la capitale New Delhi. Sa superficie est de 3 287 590 km².

B) Bref aperçu historique :

L'Inde a toujours réussi à résister aux invasions, famines, persécutions religieuses ou soulèvements politiques. Aujourd'hui, malgré les difficultés de composer avec de nombreuses ethnies et langues différentes et avec la diversité géographique du pays, l'Inde tente avec un certain succès de demeurer une démocratie. 

Le pays a subi au cours des siècles de nombreuses invasions de la part de marchands, mais aussi de peuples puissants venus du monde entier, qui y ont laissé leurs traces. Ce sont les Aryens indo-européens dès 2000 avant notre ère, les Grecs avec Alexandre le Grand en 326 avant notre ère, les Moghols au 16ème siècle, les Britanniques aux 18ème et 19ème siècles, sans oublier, selon les époques, les Bactriens, les Scythes, les Parthes, les Koushites, les Huns, les Avars, les Turcs, les Afghans, les Portugais, les Hollandais et les Français.

La première civilisation importante se constitua aux environs de 2500 avant notre ère le long de la vallée de l'Indus (actuellement le Pakistan); cette civilisation subit les invasions des Indo-Aryens, lesquels implantèrent l'hindouisme, ainsi que leur culture et les structures sociales (dont les castes) encore en vigueur aujourd'hui.

Au cours des siècles suivants, soit de 1500 à 200 avant notre ère, les Indo-Aryens prirent le contrôle de tout le nord de l'Inde en expulsant les Dravidiens plus au sud du sous-continent. On en constate encore aujourd'hui les conséquences linguistiques de cette répartition territoriale: les langues indo-iraniennes au nord, dravidiennes au sud. C'est durant cette période que les Vedas (écritures sacrées hindoues) furent écrites et que le système de castes fut définitivement établi.

En 326, Alexandre le Grand établit des colonies grecques à l'ouest du pays, mais il ne resta pas longtemps. La dynastie Maurya prend alors le pouvoir en 321 et devint l'un des empires les plus puissants et les plus étendus. Son apogée sera atteinte par le règne d'Asoka sur tout le pays (273-236) et empire s'écroulera en 184. Par la suite, il s'ensuivit une période de créations multiples d'empires jusqu'en 319 de notre ère, date de la fondation de l'empire Gupta, qui dura jusqu'en 606, alors que le nord de l'Inde se fragmenta en plusieurs royaumes hindous séparés. Celui-ci se réunifia à l'arrivée des musulmans au 9ème siècle.

Puis, du 16ème siècle au 18ème siècle, l'Inde fut essentiellement constituée de trois empires. L'empire Moghol, un empire musulman, contrôla une bonne partie de l'Inde. Il perdit progressivement le pouvoir contre les britanniques jusqu'à sa chute en 1757, lors de la bataille de Plassey. Celui des Rajputs correspondait à une caste de guerriers hindous, qui régna durant la période musulmane surtout sur le Rajasthan. Enfin, les Marathes constituèrent un empire au nord et au centre de l'Inde, lequel exista de 1646 à la fin du 18ème siècle.

Dès 1600, les britanniques exercèrent leur pouvoir par la Compagnie Anglaise des Indes Orientales, qui établit plusieurs comptoirs commerciaux et exerça, pendant 250 ans, le contrôle en Inde pour le compte du gouvernement britannique. D'autres comptoirs commerciaux furent implantés par les danois et les hollandais et, en 1672, les français s'établirent à Pondichéry. Les rivalités franco-britanniques s'accentuèrent autour du contrôle du commerce indien, mais les Français furent exclus de l'Inde en 1763 par le traité de Paris.

C) La présence britannique :

Les britanniques considérèrent le pays comme une zone de prospérité financière et ils ne touchèrent ni à la culture, ni aux croyances, ni aux religions du sous-continent. Sous la couronne britannique, l'Inde resta un ensemble d'Etats hétéroclites, dirigés par des maharajahs et des nawabs, dont plusieurs restèrent relativement indépendants. Par leur intérêt pour le commerce, les britanniques exploitèrent les mines de charbon et de fer, développèrent la production de thé, de café et de coton, améliorèrent l'agriculture en élaborant des systèmes d'irrigation modernes et construisirent un vaste réseau de chemins de fer. Ils apportèrent également une forte structure gouvernementale et législative qui se révèlera très utile lors de l'indépendance, allant jusqu'à instaurer la langue anglaise comme langue administrative.

A la fin du 19ème siècle, les britanniques commencèrent à préparer l'indépendance future de l'Inde en déléguant le pouvoir aux indiens mais tout en gardant le contrôle. A partir de 1882, ils établir la Self Government Act (loi sur l'autonomie locale), système politique fondé sur des élections qui s'étendra aux provinces au début du 20ème siècle. En 1885, le parti du Congrès est fondé par une intelligentsia indienne soucieuse de s'intégrer dans l'administration. Les britanniques vassalisèrent le Cachemire pour le compte du rajah Gulab Singh.

Au début du 20ème siècle, l'opposition du parti du Congrès grandit et se concrétisa après la Première Guerre Mondiale avec Gandhi, avocat indien de retour d'Afrique du Sud et révolté par les discriminations raciales dont il a été le témoin sur place. Il adopta la politique de la résistance passive puis le concept de désobéissance civile dix ans plus tard, amenant le Congrès à réclamer l'indépendance dès 1927. En 1906, la Ligue musulmane est créée par Mohammed Ali Jinnah dans le but de défendre les intérêts de la communauté musulmane.

La fin de la Seconde Guerre Mondiale amena les britanniques à s'apercevoir que la l'indépendance de l'Inde était inévitable. Ils n'avaient plus le pouvoir ni la volonté de maintenir le « joyau de la Couronne britannique » dans leur giron.

De plus, à cette époque, l'importante minorité musulmane commence à sentir qu'une indépendance de l'Inde signifierait un pays à majorité hindoue. En effet, la majorité hindoue s'est très vite retrouvée privilégiée par les britanniques en tant que détenteurs du pouvoir. Les musulmans se sont donc rapidement trouvés marginalisés et c'est pourquoi l'Inde a, pendant longtemps, été divisée par des idéologies purement religieuses : d'un côté Jinnah et la Ligue musulmane, de l'autre Nehru et le Congrès, à domination hindoue.

Le 20 mars 1947, Lord Mountbatten est nommé Vice-roi par le gouvernement britannique, afin de régler rapidement le problème de l'indépendance en Inde, cette dernière en proie à de forts affrontements entre les deux confessions. Après avoir tenté de convaincre Jinnah qu'une Inde unifiée était le choix raisonnable à faire, Nehru prit la décision, à contrecoeur, de diviser les pays.

Le 15 août 19472(*), l'Inde obtient son indépendance et Jawaharlal Nehru devient premier ministre. Mais le pays fut aussitôt séparé en deux entités: l'Inde hindoue et le Pakistan musulman. Cette partition a été le déclencheur d'un mouvement de population considérable (6 millions de musulmans et 4 millions d'hindous), les musulmans se rendant au Pakistan, les hindous en Inde, entraînant des massacres terribles entre les deux communautés religieuses.

La division du sous-continent indien, la Partition, continue encore aujourd'hui de faire couler le sang. Ce combat fratricide est présent principalement dans la région du Cachemire, au nord de l'Inde. Elle est depuis 1947 revendiquée par les deux pays, malgré des accords dits de statu quo, signés par le maharajah Hari Singh sur les recommandations de Lord Mountbatten, le 12 août 1947, alors que le souverain hindou de cette région à majorité musulmane hésitait à rattacher son domaine à l'Union indienne ou au Pakistan. Depuis, le Cachemire est divisé en deux : la partie indienne, le Jammu-et-Cachemire, et la partie pakistanaise, l'Azad Cachemire. Cette situation a été la source de trois guerres entre les deux pays, le tout sous la pression de la dissuasion nucléaire.

* 1 Cf annexe 1

* 2 Cf annexe 2

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire