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Le rattachement des burkinabé de l'étranger à  leur pays d'origine et leur apport au développement

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par Edouard BOUDA
Ecole nationale d'administration et de magistrature - diplôme de cycle supérieur 2009
  

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Paragraphe I : Les retours périodiques au pays

En ce qui concerne les Burkinabé de Côte d'Ivoire, on enregistre des retours de chômeurs, des retours avec intention d'installation en vue de rentabiliser des activités agricoles, commerciales ou autres, des retours d'enfants devant suivre leur scolarité...

Pour ce qui est des Burkinabé d'Europe, notamment d'Italie, il s'agit de visites

au cours des vacances qui se déroulent dans les mois d'août et de décembre.

Les questions suivantes ont été posées aux Burkinabé de l'étranger contactés dans le cadre de cette étude :

- Quel type de contact avez-vous gardé avec votre famille et vos amis au Burkina ?

- Vous rendez-vous de temps en temps au Burkina pour des vacances ? (si oui, précisez le temps passé) Qu'en est-il de vos enfants résidents ?

- Avez-vous l'intention de rentrer définitivement au Burkina un jour ? Si oui, quand ? Sinon, pourquoi ?

La plupart des réponses rencontrées font état d'un retour bref et régulier mais les intentions de retours définitifs sont indécises. Plus fréquents sont les contacts téléphoniques avec les membres de la famille et les amis. Certains interviewés prétextent craindre des malheurs si leurs visites au pays étaient plus fréquentes en faisant allusion aux sorciers qui ne prendraient pas bien leurs réussites. Mais ils disent répondre toujours présent à l'appel lorsqu'il s'agit d'événements importants comme les décès et autres funérailles de proches, les mariages...

Quelle que soit la nature des retours (visites à la famille, réponses à des difficultés rencontrées ou stratégie de redéploiement des activités et donc de limitation des risques), ceux-ci montrent bien des relations intenses existant entre le migrant et sa communauté d'appartenance.

Cette volonté de retrouver les siens peut également s'observer à travers une vie associative organisée de la communauté des migrants suivant des caractéristiques bien définies.

Paragraphe II : La vie associative

Lorsque l'on parcourt l'« annuaire des structures associatives de la diaspora burkinabé » produit par le Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger (CSBE), on ne se doute pas que les Burkinabé de l'étranger s'organisent en association.

S'afficher comme un groupe unitaire est l'objectif des associations de ressortissants de Burkinabé éparpillés sur un territoire donné. Reynald BLION30 rapporte les propos d'un responsable de l'association des jeunes Burkinabé de Treichville : « on a créé cette association pour rappeler à nos enfants nés en Côte d'Ivoire l'importance pour eux de connaître leur culture. (...) Quand tu couches chez quelqu'un qui, en t'accueillant peut t'aider à faire fortune, il ne faut pas pour autant oublier d'où tu viens, ton pays d'origine... ». Comme pour dire que celui qui couche sur la natte d'autrui couche à terre et qu'il faut bien se

30 Reynald BLION, Les Burkinabé de Côte d'Ivoire entre « intégration » et circulation migratoire, Mondes en développement, Tome 23, n° 91, 1995, p. 8 8

le rappeler à tout moment en vivant dans la solidarité les Burkinabé de l'étranger s'organisent toujours en association partout où ils sont.

L'annuaire 2008 dénombre en effet un total de 139 associations réparties dans 21 pays européens, africains et asiatiques. De façon détaillée, on en a : 28 en France, 01 en Espagne, 03 en Tunisie, 01 en Belgique, 01 au Pays Bas, 01 au Luxembourg, 05 en Allemagne, 01 en Russie, 02 en Suisse, 05 en Arabie Saoudite, 02 au Mali, 01 au Niger, 01 au Japon, 02 en Algérie, 08 au Ghana, 01 au Togo, 01 au Bénin, 32 en Côte d'Ivoire, 16 au Sénégal, 01 en Mauritanie, et 26 en Italie.

Dans leur ensemble, on peut distinguer une première catégorie d'associations que l'on pourrait qualifier de fédératives, une deuxième catégorie d'associations tenant compte de l'entité territoriale de provenance ou de celle d'accueil ou des deux à la fois et enfin une troisième catégorie d'associations liées à la profession. Comme exemples d'associations fédératives, on a l'Union des Burkinabé de Belgique, l'Association des Burkinabé résidant au Bénin (ABRB)...

Pour la deuxième catégorie, on a d'une part les associations de ressortissants d'une zone déterminée du Burkina résidant dans le pays d'accueil (exemple : Association des Ressortissants de la Province d'Oubritenga en Côte d'Ivoire) et d'autre part les associations de Burkinabé résidant dans une zone donnée du pays d'accueil (exemple : Comité d'Organisation des Burkinabé de l'Ouest de la France). On distingue aussi les unions de Burkinabé ressortissant d'une région du Burkina et résidant dans une région précise du pays d'accueil. Par exemple, l'Association des ressortissants de Béguédo via Annunciata (Lecco, Italie).

Enfin, on a dans la catégorie des associations liées à la profession des exemples comme l'Association Burkinabé des Taxis à Paris, l'Association des Burkinabé de la Banque Africaine de Développement (BAD), l'Association des Etudiants Burkinabé de Genève...

On peut se demander si le nombre élevé d'associations dans un pays donné ne montre pas leur désunion. Il convient de remarquer qu'il y a une coordination entre ces associations. Ceci est visible pendant les cérémonies comme la fête nationale, la fête du 8 mars ou même l'accueil des autorités nationales en l'occurrence le Président du Faso qui ne manque jamais l'occasion de rencontrer les Burkinabé résidant dans les pays qu'il visite.

Enfin, afin d'encadrer la diaspora et de lui donner une structure administrative dont elle relèvera, les autorités ont créé par décret n°93-132/PRES/PM/REX du 7 mai 1993, le Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger (CSBE). Au fil du temps, des modifications se sont avérées nécessaires et ont produit l'actuel texte qui régit le CSBE : le décret 2007-308/PRES/PM/MAECR du 24 mai 2007. Il assigne aux CSBE les missions suivantes :

> assurer la protection des Burkinabé de l'étranger et leurs biens ;

> assurer leur pleine participation au développement du Burkina Faso et promouvoir son rayonnement dans le monde ;

> faciliter leur réinsertion dans la vie nationale.

Conscientes des missions à elles assignées, les autorités du CSBE travaillent de concert avec les missions diplomatiques et consulaires, les associations de Burkinabé de l'étranger et les délégués consulaires mis en place pour servir de relais de l'administration. L'union des fils du Burkina à l'étranger et la solidarité entre eux et avec leurs frères restés au pays sont le credo du CSBE qui organise régulièrement31 des assemblées générales au cours desquelles il insiste sur la solidarité comme bloc fondateur du Burkina Faso traduisant l'unité de la nation.

On peut par ailleurs retenir que le rattachement au pays est aussi lié à des variantes d'ordre social comme l'existence de parents proches. Parmi les Burkinabé de l'étranger, certains ont des conjoints et enfants ou des parents directs au Burkina, ce qui explique leurs visites régulières. Ceux pour qui ce lien n'existe pas ne sont pas prompts à s'y rendre à l'exception de cas isolés pour raison de vacances. A titre d'illustration, Reynald BLION écrit que « les

31 Depuis sa création, le CSBE est à sa troisième assemblée générale

femmes participent à la circulation migratoire entre le village d'origine et le lieu d'installation de leur mari en Côte d'Ivoire par leurs visites et séjours au village plus fréquents et souvent plus longs notamment au moment de l'hivernage que ceux de leur mari. Pour celles qui sont en situation de polygamie, les rôles vont se répartir indifféremment entre les co-épouses pour alterner séjour à l'étranger et retour au village de telle sorte qu'il est rare que les épouses cohabitent en Côte d'Ivoire »32 et pour les migrants en Italie «il semble que ceux qui ont fait venir leur femme et leurs enfants espacent de plus en plus leurs visites au village alors qu'auparavant ils profitaient des congés annuels pour rentrer au Burkina (...) »33. Cela signifie donc que l'existence de conjoint au village explique largement les retours périodiques des émigrés.

Chez d'autres, les retours au pays s'expliquent par des réalisations économiques que l'on verra à la deuxième partie de cette étude.

Dans tous les cas, on peut observer dans une certaine mesure, une adéquation des modes de vie de Burkinabé vivant à l'étranger avec les critères énoncés par Michel BRUNEAU à savoir : la conscience et le fait de revendiquer une identité ethnique et nationale, l'existence d'une organisation politique, culturelle ou religieuse du groupe dispersé (vie associative) et l'existence de contacts sous diverses formes réelles ou imaginaires avec le territoire ou le pays d'origine. Il existe donc une diaspora burkinabé qui reste rattachée au pays d'origine.

Le rattachement est effectif d'autant plus que des Burkinabé de l'étranger entretiennent des relations réelles (retours périodiques ou définitifs, contacts téléphoniques...) ou imaginaires avec le Burkina. Le rattachement n'est pas seulement matériellement constatable par les comportements vestimentaires et alimentaires ou la possession de propriétés au Burkina. Il s'exprime aussi à travers des signes comme l'intégrité et l'humilité qui caractérisent le Burkinabé.

Cependant, on ne peut ignorer que même si rattachement il y a, le contraire ne

puisse pas s'observer. Quels peuvent donc être les cas de non rattachement ?

32 Reynald BLION, « Studi Emigrazione/Etudes Migrations » XXXIII n°121, 1996, p.63

33 Reynald BLION, op. cit., p.64

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein