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La spéculation est-elle rentable ?

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par JB TANQUERAY
Université Paris Dauphine - M2 Recherche106 Macroéconomie et finances internationales 2007
  

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Introduction

Maudite spéculation ! Telle est encore la réflexion logique qu'inspirent les récents événements sur les bourses mondiales de cet été. Cette course effrénée au profit qui se révèle titre un château de carte branlant, une tour de Babel de l'avidité que la raison subite, tel le souffle divin, renverse. Bougres de financiers qui, affolant l'émoi collectif, exacerbent le spectre de crises économiques majeures, bouleversantes, conséquence peureuse de leurs actes gourmands...

Plus académiquement, ce phénomène se définit classiquement comme une opération financière qui consiste à profiter des fluctuations des marchés en anticipant l'évolution d'un prix pour réaliser une plus-value en contrepartie d'un risque. Elle tend à vouloir profiter d'un mouvement de prix subséquent au changement d'une ou plusieurs variables qui l'affectent. Pour se faire, elle anticipe sur un phénomène économique d'offre, de demande sur cet actif, ou d'une valorisation perçue comme insuffisante ou trop élevée. Selon l'historien et économiste Kindlerberger1, tout mouvement spéculatif part d'une observation fondamentale qu'il nomme « déplacement ».

Portant sur une variété d'actifs tant physiques (immobilier, matières premières) que financiers (actions, obligations, taux de change), son existence se fonde sur la possibilité de tirer profit d'un mouvement de marché à venir en contrepartie d'une prise de risque. Par exemple, nombreux furent les fonds spéculatifs dits de couverture (« hedge funds ») à parier fortement sur les variations du prix du pétrole en raison de son offre limitée par rapport à une demande croissante voire a priori illimitée de cet or noir. Elle pose donc la notion d'inefficience des prix de marchés. Sont-ils justes ? Telle est la problématique existentielle de la spéculation.

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Plus précisément, le prix d'un actif financier étant défini comme la valeur actualisée des flux financiers futurs qu'il générera nette de la prime de risque, il est fonction des informations le concernant. Celles-ci permettent en effet de pouvoir déterminer l'exactitude de ces flux futurs. Si les marchés financiers sont donc efficients comme l'a démontré Fama (1970), chaque prix est le juste reflet de l'ensemble des informations passées (hypothèse faible), publiques (hypothèse semi-forte) et privées (hypothèse forte) le concernant. Il ne peut y avoir d'écart entre son prix de marché et sa valeur fondamentale. Tout écart éventuel ferait donc l'objet d'un arbitrage, processus de vente de l'actif surévalué et d'achat de l'actif sous-évalué qui ramènerait les prix à leur valeur fondamentale.

L'arbitrage est donc le mécanisme qui assure la validité de la loi du prix unique. Il est aussi défini comme neutre en risque de par la nature systématique et évidemment réalisable du profit généré de la sorte. Ainsi, il ne peut y avoir de facto de gain supérieur au rendement de marché à moins de prendre des risques spécifiques plus élevés.

Cette définition contraste pleinement celle de la spéculation. Pour que celle-ci soit rentable, il faut que le prix des actifs financiers ne reflète pas l'ensemble des informations les concernant. Sinon, elle ne peut fonctionner car l'espérance de gain serait vaine. A moins, selon les teneurs de la pleine efficience des marchés, de prendre un risque supplémentaire par rapport à celui incarné par le marché dans son ensemble. Toutefois la spéculation ne pourrait-elle pas relever de ce processus d'efficience des marchés en ce sens qu'elle contribue à révéler les informations disponibles quant à l'actif sur lequel elle jette son dévolu ? Ne serait-elle pas en réalité une forme d'arbitrage à risque non neutre ?

Evaluer la rentabilité de la spéculation pose le problème du périmètre et revient donc à l'évaluer sur deux dimensions possibles : l'une microéconomique se concentrant sur la capacité d'un agent à générer un gain : cette problématique se limite à analyser la manière de tirer profit d'une inefficience éventuelle des marchés ; l'autre, plus macroéconomique jaugeant l'effet de la spéculation sur le bon fonctionnement des marchés financiers en particulier et de l'économie en général. Nous nous plaçons plutôt dans la deuxième configuration : nous nous interrogeons à la justesse des prix de marché, de la qualité comme de l'accessibilité des informations qui les influencent, à la pertinence du mode de formation des anticipations ainsi qu'à la réalité de la prise de risque. Peut-elle être une « fonction support » de l'efficience et jusqu'à quelle mesure eu égard aux débordements spéculatifs dont l'histoire économique regorge ?

Par conséquent, dans une première partie, après une analyse de la manière dont l'information est révélée sur les marchés d'un point de vue fondamental (Paradoxe Grossman Stiglitz) et microstructurel (Lyons, University of California, Berkeley), nous définissons la fonction objectif du spéculateur dans le cadre d'une analyse plus empirique des résultats de la spéculation. Ensuite, à l'aide des modèles de la finance comportementale (Shleifer, Harvard University) et cognitive (Orléan, CEPREMAP, EHESS), nous allons tenter d'élucider le mode de formation des anticipations sur les marchés, les stratégies d'investissement subséquents et le risque de bulle.

Dans le cadre présent, nous nous concentrons uniquement sur le marché des changes pour cinq raisons. Celui-ci est le marché :

- le plus liquide au Monde (volume quotidien de US$ 1.900 milliards),

- le plus complet en termes de transactions possibles : achat de devises au

comptant (échange immédiat), à terme via des contrats dérivés listés sur des

marchés centralisés (futures, options) comme de gré à gré (forward,

swaps...)

- a priori un marché efficient eu égard à la non corrélation des variations quotidiennes des principales paires de change. Celles-ci sont au nombre de 4 comme l'indique le tableau ci-dessous provenant des études statistiques de la Banque des Règlements Internationaux :

En décalant leurs rendements quotidiens, l'autocorrélation des rendements obtenus sur l'Euro/Dollar est de -3%. En comparant, par exemple, l'Euro avec les devises britanniques et japonaises, les autocorrélations suivantes sont obtenues :

Il est toutefois aussi intéressant de noter certaine corrélation, somme toute relative, entre les paires Euro/Dollar et l'Euro/Livre sterling (GBP) tout comme avec l'Euro/Yen (JPY) comme l'indique la table ci-dessous :

- le moins évident à évaluer : contrairement aux modèles d'évaluation d'actions ou d'obligation, il existe plusieurs modèles d'évaluation du taux de change, d'équilibre général ou non, linéaire ou non sans pour autant qu'il y ait un modèle qui permette de prévoir efficacement la valeur des taux de changes à court et moyen termes. Tout complet et liquide qu'il soit, le marché des changes semble ouvert au bruit. L'abondance de littérature académique s'intéressant au puzzle du taux de change ne fait que le confirmer.

- Nombreuses furent les crises de change imputables à la spéculation, comme, par exemple, la crise du Franc français en 1993.

Notre analyse se concentrera préalablement sur la réalité d'une spéculation rentable sur les marchés des changes pour ensuite étudier dans une deuxième partie la notion de révélation des informations incitant dès lors à spéculer pour enfin analyser la qualité des anticipations des agents. Cette analyse aura aussi recours à deux exemples plus microéconomiques, les fonds spéculatifs de Sanford Grossman et de George Soros. En annexe seront aussi fournis les résultats des paris sur devise d'un bureau québécois d'analyse économique, BCA Research.

4 REALITE ET IDENTITE DE LA SPECULATION SUR LE MARCHE DES CHANGES

Comme indiqué en introduction, la rentabilité de la spéculation induit clairement la notion d'efficience de marché. Pour ce faire, avant d'aller plus loin, il semble pertinent de préalablement mesurer si cette dernière est effectivement rentable à partir des chiffres publiés notamment par divers fonds spéculatifs. Pour se faire, nous tentons préalablement d'identifier les différents groupes de spéculateur, leur fonction objectif et les processus d'investissement qu'ils déclinent pour atteindre leurs objectifs. Ainsi, le constat de leurs résultats mieux appréhendés permettra de corroborer ou infirmer a priori la notion de marchés et de prix efficients.

4.1 Définition de l'objectif de spéculation

Mesurer la rentabilité de la spéculation sur le marché des changes n'est pas chose aisée. Les acteurs sont multiples et variés. C'est pourquoi nous cherchons préalablement à identifier les différents groupes spéculant sur les marchés des changes. De plus, tous ne publient pas leurs données de performance et de risque. Seules quelques bases de données et études publiées par le FMI ou la BRI rendent l'information plus accessible.

4.1.1 Qui sont les spéculateurs sur le marché des changes

Identifier le flux spéculatif sur le marché des changes est aussi difficile : qui spécule vraiment ? Un fonds mutuel européen libellé en Euro pour une clientèle européenne, investi en actions américaines qui décide ponctuellement de ne pas couvrir sa position Euro/Dollar car il a une opinion positive sur la devise américaine ? Un trésorier d'une entreprise industrielle qui ne rapatrie pas ses devises étrangères ni même ne les couvre pour la même raison ?

Néanmoins le tableau ci-dessous publié par la BRI permet de dégager les principaux intervenants : les autres institutions financières et les banques (reported dealers).

Parmi tous les différents intervenants, seuls deux grands groupes sont plus aisément identifiables d'après le tableau de la BRI : les autres institutions financières et les banques (« reported dealers »).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard