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Le "mouvement du 20 février" au Maroc, une étude de cas de la coordination locale de Rabat

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par Romain Chapouly
Institut d'études politiques de Lyon - Master 2 2011
  

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5) A , militant du PSU

A est le prototype du militant partisan qui appréhende son parcours comme une vocation, un métier. Son attitude combine dans un équilibre subtil les convictions (le champ des valeurs) et la stratégie (le champ des possibles). Très attentif à l'esprit du moment et aux changements d'atmosphère, à l'état des rapports de forces en présence, scrupuleux sur la méthode et la discipline collective. Bien qu'encore jeune, il est loin pourtant de cet idéalisme juvénile qui s'enthousiasme dans les moments d'effervescence collective. Pendant les moments où la foule communie dans la liesse, il garde son sang

froid et son regard semble toujours concentré et inquiet, prêt à anticiper les opportunités et les revirements possibles.

A a fait ses armes de militant à l'UNEM, au sein de la section de l'université de Meknès, ville dont sa famille est originaire et où il a débuté ses études de sciences politiques. Après sa licence il s'est installé à Rabat pour entrer en Master à l'université Mohamed V. Ses années à l'UNEM ont été son véritable baptême du feu, c'est dans ce cadre militant qu'il dit avoir appris les ficelles essentielles du métier : l'organisation, la force du collectif, la mise au clair des valeurs à défendre, la construction d'une discipline intellectuelle et d'une cohérence dans les voies d'accès à l'action. Plus tard délaissant le syndicalisme étudiant, il entend rejoindre la scène politique proprement dite et prend sa carte au Parti Socialiste Unifié (PSU). Son engagement au PSU, A le perçoit comme une étape dans son parcours militant, c'est pour lui le parti de gauche marocain le plus intègre et le plus démocrate (le PSU est à l'heure actuelle le seul parti marocain à officialiser l'existence de courants en interne). Il reconnaît aisément qu'il se destine à la carrière de politicien, même s'il ajoute qu'en ce domaine la profession est plutôt mal perçue dans l'opinion. Qu'à cela ne tienne, il est certain de ses valeurs éthiques et considère que le métier de politicien n'est pas promis à demeurer le synonyme de « corrompu » éternellement. Pour lui c'est en investissant le champ politique avec du sang neuf, de nouvelles pratiques et de nouvelles idées qu'on peut changer les choses. Les projets alternatifs, de démocratie directe et de mobilisation politique non partisane, s'ils sont louables en soi et permettent de créer quelque chose, un événement cristallisateur, ils n'auront cependant qu'un temps, car après tout la démocratie ne peut réellement fonctionner sans partis, c'est-à-dire sans une institutionnalisation d'une pluralité organisée à l'intérieur de laquelle prend place le conflit d'idées. A considère la politique comme un combat de « projets contre projets », de propositions différentes sur les modalités du vivre ensemble que le suffrage universel est chargé de trancher. Pour l'instant affirme-t-il la politique marocaine est loin de ressembler à cette arène idéale, il s'agit plutôt d'un petit cercle dont les rivalités apparentes ne sont que le miroir déformé d'un consensus plus général sur les manières de « s'arranger » et de composer avec un système non démocratique. La politique marocaine est davantage une histoire d'individus et de conflit d'intérêts plutôt que celle de collectifs et d'idées portés par une majorité.

A est marié depuis peu avec une jeune marocaine qui porte le voile, qui termine son master en droit international et qui participe également au 20 février sans pour autant être militante du PSU comme lui. Pour le moment il continue d'exercer le métier de journaliste au journal al-Rihân, qu'il combine avec ses activités au sein du PSU et ses études sur le point de s'achever. Questionné sur ses origines familiales, A nous révèle le terrain absolument vierge de son engagement, avançant le caractère apolitique et par ailleurs plutôt conservateur de son milieu familiale à Meknès. Il avoue même que son engagement partisan n'est pas sans poser des soucis à son entourage familial qui ne comprend guère cet engouement pour la chose politique, synonyme de complication et de risques pris sans grande chance de rétribution. Mais A assume cette distanciation, et il nous semble même que cette mise à distance contribue à fabriquer son image de professionnel de la politique. Un métier comme un autre qu'il sait ranger dans un compartiment de sa vie.

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