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Attributions des prénoms nouveaux en RDC:cas des enfants nés au cours de la guerre civile de décembre 1998 à  novembre 2000

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par Anouar Jodel Givner Bouamoutala Samba
Université Marien Ngouabi du Congo-Brazzaville  - Maà®trise 2010
  

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II. 2. Données qualitatives relatives au rapport des prénoms des enfants sur les

Événements vécus

Sur 100% des parents enquêtés pendant le mois de décembre 1998, 16% seulement des parents ont respectivement prénommé leurs enfants par "Consolât ou Shaloom" et "Guervie". Ces prénoms, en les analysant, marquent le commencement d'un nouveau système de prénommer, ils montrent non seulement l'apparition du nouveau système mais aussi le commencement de certains faits vécus par les parents pendant la guerre. Ces mêmes prénoms montrent aussi l'origine des situations que pouvaient vivre les parents géniteurs ; le plus important pour les parents géniteurs c'est de définir les situations fragiles vécues à travers les prénoms qu'ils attribuent à leurs enfants. Ajoutons à cela le fort mouvement des populations déplacées, la faiblesse du développement socio économique, la médiocrité des infrastructures et le taux de mortalité élevé chez les parents.

Pour le cas des enfants nés pendant le mois d'avril 1998, nous avons un pourcentage de 5,00% des parents ayant donné les prénoms "Ça - Ira, Croyance" à leurs nouveaux nés, cela peut s'expliquer par le fait que les parents géniteurs en prénommant leurs enfants choisissent les prénoms en fonction des situations indésirables et désirables qu'ils ont vécus. Ainsi, un parent qui se trouve dans l'impossibilité de trouver de la nourriture pour sa petite famille vit mal cette situation qu'il peut assimiler à une volonté de Dieu qui le pousse à plus de foi, à plus d'effort pour surmonter cette difficulté. D'où les prénoms de "Ça - Ira Croyance" qui sous-tendent l'espoir, le désir, l'obligation de raffermir la foi en Dieu. Certains parents ont aujourd'hui la possibilité et le loisir d'attribuer les prénoms à leurs enfants en tenant compte des situations désagréables qu'ils ont connues durant la guerre. Certains prénoms comme Croyance peut expliquer la dégradation de la situation sociale des parents qui restent au centre des préoccupations de l'attribution des prénoms de leurs enfants. Pour les parents, ils doivent affronter les problèmes sociaux économiques et environnementaux qui se posent pendant et avant la période qui leur a permis de prénommer leurs enfants. C'est ainsi A. R. LAURENTIN écrit : « on a découvert que le nom de personne pourrait être lié au statut de l'individu. Quand la personne change de statut, elle modifie des relations sociales et le système d'appellation change en même temps »21(*) .

Une certaine catégorie des prénoms comme "Dieu Merci ou Vainqueur" s'accompagne d'une pression psychologique, d'éclatement des familles, jointe à la confrontation des modes de vie extrêmement différents d'avant la guerre qui modifie les comportements des parents biologiques.

L'attribution d'une catégorie des prénoms dépend de nombreux facteurs. Parmi ces facteurs nous citerons : les conditions socio économiques, les idées arrêtées, la manière de penser des parents ont une importante nécessité dans leur vécu de la guerre. On constate l'apparition des plusieurs types de prénoms pendant cette guerre. Dans ce même moment de la guerre, nous avons constaté l'évolution de la pensée des parents qui ont prénommé leurs enfants pendant la guerre.

Plusieurs situations vécues par les parents résultent d'un phénomène dramatique de la guerre, ces situations sont définies comme des situations engendrées par l'homme ; les causes de ces nouveaux prénoms découlent de la guerre civile qui provoque l'excitation du système de pensée des parents à vouloir donner ces genres des prénoms.

Donné un prénom à un enfant peut ou ne pas répondre à un certain nombre de critères. Une fois les deux parents réunis peuvent inclure un certain nombre des faits vécus, ces faits peuvent être intéressants ou desintéressants, nous croyons cependant que le choix fait par les parents permet d'éclairer certaines questions du passé ou du présent. L'évolution de la personne est influencée par son prénom qui l'approfondit, qui est le noyau de la personne, le principe même de son être et de son agir.

Le prénom est considéré comme un médiateur entre l'enfant, les parents et la guerre civile, cette dernière ayant suscité ce prénom.

Les anciens prénoms comme Albert et Michel sont considérés aujourd'hui par les parents des prénoms qui relatent pas leur vécu de la guerre, il se crée une rupture entre les anciens prénoms (Albert, Michel, Paul) et les nouveaux prénoms (Dieu - Sauve, Consolat). Il y a absence de continuité entre les prénoms issus du calendrier et des nouveaux prénoms issus de la guerre. D'abord, les prénoms suscités par le vécu de la guerre sont vécus comme des tempêtes dans lesquelles se sont trouvés les parents et ces tempêtes ont marqué le vécu des parents dans leurs mémoires. Et en se référant aux prénoms qu'ils ont donnés, les parents se souviennent des douleurs et d'humiliations, si nous revenons sur ces faits, c'est dans le but de nous situer par rapport aux tendances actuelles. Notre perspective est aussi celle de saisir les différences qui existent entre les anciens prénoms et les nouveaux en tenant compte des conditions de vie des parents géniteurs durant la guerre. Ces conditions définissent en un mot la situation qui a permis aux parents de prénommer leurs enfants comme tel.

Certains prénoms donnés aux enfants pendant la guerre correspondent à des situations qui prennent à un moment donné une place prépondérante. Ils sont déterminés par l'évolution de l'homme, la conception qu'une société se fait de la vie et de leurs rapports réciproques. Les prénoms donnés aux enfants nés dépendent non seulement des parents, mais aussi des situations conquises ou acquises par les parents.

Tout prénom est composé d'un fond, c'est-à-dire d'un espace vital qui différencie un prénom d'un autre. Cette différenciation entraîne des grandes différences dans la manière de prénommer les enfants, la variation de certaines conditions peut être un élément qui fait que chacun des parents géniteurs ait deux explications différentes des deux prénoms. Nous comprenons aisément que le fait de ne pas vivre les mêmes faits a permis aux parents d'interpréter ces prénoms de différentes manières.

Par le message que peut exprimer un prénom, nous comprenons que les parents détiennent une connaissance personnelle des prénoms que portent les enfants. On est, dans de très nombreux cas, tenté de croire que les parents géniteurs remarquaient très vite la présence des phénomènes étrangers et se sont servis de ce phénomène pour en faire les prénoms de leurs enfants. Apparemment nous comprenons que ce sont les faits vécus pendant la guerre qui leurs poussent de prénommer leurs enfants ainsi. Ces prénoms correspondent avec certaines réactions de la guerre. Ils constituent une sphère de fonction considérée comme schème qui est à l'origine de ces prénoms. A l'instar du nom, le prénom fait partie de l'être humain. Il agit de plusieurs manières qui sont la personnalité de l'homme, c'est-à-dire sur la dynamique, sur le développement et sur les motivations de la personne qui le porte.

Le canevas que nous suivons dans le choix des différents prénoms est le suivant : d'abord le prénom n'est pas seulement une théorie partielle, mais bien une conception d'ensemble qui va agir dans l'enfant, ensuite il présente un message relativement élaboré. En effet, le message qui explique un prénom n'est pas seulement une spéculation mais un message bien réfléchi par les parents géniteurs. Certains prénoms obligent les porteurs à répondre aux exigences de leurs prénoms. A titre d'exemple la personne qui porte le prénom ça - ira doit s'efforcer, dans le souci d'honorer la signification profonde de l'expression ça - ira, de lutter contre toutes les difficultés qu'il va rencontrer le long de sa vie à savoir : travailler durement afin d'avoir un bon standing de vie ; se faire soigner par des bons médecins pour se maintenir en bonne santé ; assurer une bonne éducation et une bonne instruction scolaire et universitaire à ces enfants afin d'avoir une retraite paisible et digne d'un père de famille ; l'enfant étant en Afrique une sorte de sécurité sociale des parents vieillissants, le porteur du prénom doit faire aller sa vie de l'avant à l'image du message de la dynamique qu'incarne le ça - ira. Ainsi, dans le cas du prénom ça - ira, il existe deux façons de l'écrire : Ça - Ira et Sayira. Les deux voulant dire, sans tenir compte de l'orthographe, les choses iront mieux. C'est pour cela que les parents géniteurs prénomment en tenant compte des traits, des caractères qui animent la naissance d'un nouveau -né. A l'époque du Zaïre, Clémentine (F. Nzuzi Madiya) fut la remarque suivante : « En 1928, quand le Roi Albert Ier arriva au Congo Belge (actuel Zaïre), il avait une raie dans les cheveux. Tout de suite cette coiffure fut adoptée par des autochtones, surtout les Baluba qui la baptisèrent alubê. Albert, prénom chrétien devenait ainsi, par métonymie, un nom commun désignant « la raie ». Peu à peu, certaines personnes qui se coiffaient en traçant une raie dans leurs cheveux eurent comme surnom Alubê »22(*).

Le prénom devient presque pour la personne qui le porte un devoir. Son ambition, sa soif de puissance et de supériorité s'associent pleinement, s'identifient même à l'obligation des exigences du prénom. Certains prénoms possedent des privilèges. A cet effet, d'une part, ils cherchent toujours à se distinguer de leurs orthographes, traits de caractère qui impose en eux la violence vis à vis de leur entourage. Ces hommes qui portent des prénoms qui expliquent la violence n'exploite que sans frein le message qu'explique son prénom puisque la personne est évaluée d'après son prénom dans l'imaginaire collectif de l'influence sur la conduite, le comportement social du porteur.

Le prénom dans certaines circonstances peut subir un trouble qui risquerait de se coller à l'enfant tout le long de sa vie, beaucoup des prénoms aujourd'hui pense t'on comportent les stigmates des faits vécus par les parents ; le fait pouvant être une humiliation faite par les beaux-parents à l'égard de leur beau-fils en lui inculquant certains faits d'infériorité.

Le prénom de la personne inspire une certaine modestie, car elle enseigne une tache considérable concernant l'humanité. Il permet à l'homme de disposer de plus de connaissance de la vie. Le point le plus important du prénom reste le point de contact entre l'homme et la cohésion qu'il y a entre la personne et le prénom qui agit dans la personne voire même au sein du groupe le plus restreint, celui de la famille.

Certaines personnes porteurs des bons prénoms mènent une vie difficile parce qu'ils ont semble-t-il une mauvaise connaissance du sens profond de leurs prénoms - ce sens qui devrait leur porter la chance ou la réussite sociale. La représentation sociale que les Congolais se font sur les prénoms qualifiés de mauvais nous apprend que ces prénoms sont porteurs de mal chance et perturbe la vie de leur porteur. Du reste ces prénoms ont tendance à disparaître de nos jours, eu égard au fait qu'ils exposent au danger les porteurs de ces prénoms. Le prénom forme un individu, son but se forme déjà pendant les premiers mois de sa vie car un rôle est déjà joué par le son auquel l'enfant répond.

Donner un prénom à un enfant n'est pas un fait qui ne se limite pas seulement au niveau de la famille, mais il peut aussi s'étendre au niveau des relations que les parents entretiennent dans la société. Les liens que les parents entretiennent avec certains individus dans la société ont une grande importance, aussi bien que les rôles que certains individus occupent les uns par rapport aux autres.

Certains prénoms choisis par les parents au profit de leurs enfants révèlent sans doute des situations conflictuelles. Ce qui frappe surtout c'est la violence qui est vécue au quotidien du fait de la guerre. En raison de cette violence, les parents géniteurs établissent entre la guerre civile et eux-mêmes, un lien dont la responsabilité est le plus souvent attribuée à la guerre civile.

Toutes difficultés confrontées par les parents, qu'il s'agisse des difficultés intervenant dans les rapports entre parents (épouse et mari) ou des critiques formulées à leur égard. Le prénom que porte un enfant, peut déterminer le rôle, le statut, la personnalité des parents pendant la guerre civile.

Les autres prénoms déterminent les réponses des parents suite à des multiples interrogations, ces réponses peuvent être plus ou moins clairement perçues comme des contraintes qui s'exercent sur lui et des motivations personnelles. Ces interrogations peuvent expliquer avec insatisfaction, avec réticence ou même contestation selon les circonstances, les situations des parents.

Un nombre non négligeables des prénoms expliquent la situation qu'affrontent les parents lors de la naissance de l'enfant. Cette situation étant souvent liée aux conditions dans les quelles naît l'enfant le jour de sa venue au monde : accouchement difficile ou facile, accouchement sans assistance médicale, etc. Il est bien clair, par exemple que le fait de rester sans argent pendant beaucoup des jours peut être un fait qui influence explicitement le prénom que les parents donnent à l'enfant.

La situation des parents est définie par le prénom de leurs enfants puisqu'il détermine le mode de vie des parents, voire leur statut social. Il reste le principal facteur capable de détailler la vie des parents pendant la naissance. MBALA OWONO pense que : « Le nouveau-né était un ancêtre véritablement réincarné venu parer à un danger qui menace la famille, voire ce qui se passe parmi les descendants ou encore renaître parent tout simplement »23(*).

L'image que les parents se font du prénom peut ou ne pas être contraire de l'image que les hommes se font de ces prénoms, la façon dont sont établis et vécus ses rapports avec d'autres individus. Certains parents en donnant les prénoms à leurs enfants expliquent une genèse des images vécues, ses rapports avec d'autres individus dans la société, d'où l'influence de la crise socio politique sur les prénoms que nous allons aborder dans notre travail.

* 21 A. R. LAURENTIN : Le nom de naissance, indicateurs de la situation familiale et sociale en Afrique noire, Sclaf, Paris 1972, P. 17.

* 22 Clémentine FAIK - NZUZI - MADIYA : La Revue des sciences sociales n°7 du juillet - septembre 1986. (Persistance des noms d'origine étrangère dans l'anthroponymie luba), Consolât Catholique de Lovain, P. 109

* 23 MBALA OWONO : « L'éducation des Betti » in renaud Santerre et Cecile Mercier la quête du savoir, essai pour une anthropologie de l'éducation camerounaise, tremblay, Presses de l'université Montréal, 1982.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius