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La maà®trise de la qualité en restauration

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par Diene FAYE
Ecole nationale de formation hôtelière et touristique Cheikh Amaly Sy de Dakar - Brevet de technicien supérieur 2006
  

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4 COMPOSANTES PSYCHOSOCIALES

« ...La théorie scientifique ne trouve un écho que si elle vient appuyer les

désirs naturels de l'homme et ses croyances internes.... » TRÉMOLLIÈRE

L'aliment est une denrée «coutumière» (coutumier : « que l'on fait d'ordinaire »), qui doit être en harmonie avec les habitudes de vie et s'intégrer dans l'idéologie de celui à qui elle est destinée. Ainsi, les jugements portés sur la qualité de l'alimentation sont presque toujours chargés d'un sens moral qui intègre souvent des règles héritées d'une morale religieuse sécularisée, progressivement laïcisée et médicalisée au cours des siècles. Selon FISCHLER et TAÏEB, pour respecter la morale contemporaine, dans sa recherche de l'alimentation idéale (bonne, saine et sainte) l'individu se doit de respecter cinq commandements, sorte de « consensus de base » :

? Un devoir d'équilibre et de variété (pas de gaspillage),

? Un devoir d'attention et d'effort (ne pas succomber à la facilité),

? Un devoir de maîtrise et de restriction (contrôle des sens et éviter les extrêmes),

?Un devoir de rationalité (choix éclairés et solution personnalisée),

? Un devoir de gratification (intégration du plaisir).

Le repas est aujourd'hui tradition, coutume, habitude, éducation et n'est plus la préoccupation majeure du consommateur. Mais au fil du temps, habitudes et traditions deviennent des besoins, la nécessité de se nourrir se concrétisant par des usages appelés à se modifier au gré des individus, en laissant une large part à l'irrationnel des comportements. Les paramètres du besoin gastronomique évoluent. Le comportement alimentaire obéit à des motivations extrêmement variées dont la complexité interdit toute tentative d'énumération exhaustive.

Quelques repères peuvent cependant aider à en mieux cerner les grandes lignes :

- autrefois, « l'alimentation organisait la vie » et occupait une place centrale parmi les préoccupations. Certaines tendances évolutives permettent d'affirmer qu'aujourd'hui, en revanche, « la vie organise l'alimentation » : la modification du statut de l'alimentation, la déritualisation des pratiques alimentaires (horaires, produits, convives avec qui l'on mange, etc.), le développement de l'éclectisme et de l'occasionnalité, le cosmopolitisme, le raffinement, la recherche de la simplicité, la convivialité...

- l'alimentation reflétait naguère le statut social et parfois l'effort pour y accéder. Cette place centrale dans la vie des individus s'est trouvée remplacée peu à peu par de nouveaux besoins, à la faveur de critères tels que la santé, les loisirs ou l'accumulation des biens de consommation. Les repères sociaux se sont déplacés et les couches sociales ont modifié leurs structures de consommation. Au sein des dépenses des ménages, la part alimentaire baisse régulièrement de ½ point chaque année. Pour autant, l'alimentation reste encore dans de nombreux cas le moyen privilégié de s'approcher artificiellement d'un niveau social, plus que son expression véritable : le succès relativement récent du whisky en France, ou celui du saumon fumé, en sont de bons exemples. Que ces produits soient ou non de « bonne qualité » importe moins en l'espèce que leur appartenance à la catégorie des aliments de luxe à caractère festif. C'est l'auto affirmation de l'appartenance à une classe sociale.

-les éléments psychosociaux de la qualité sont souvent difficiles à appréhender car irrationnels et éminemment variables d'un individu à un autre. Cette absence de références souffre cependant quelques exceptions : notamment en ce qui concerne les motivations religieuses dont l'origine, de justification sanitaire selon certains historiens, se perpétue aujourd'hui dans le respect des écritures, contribuant à la cohésion des communautés, alors même que leurs fondements ne sont plus d'actualité. L'interdit sanitaire devient un vecteur culturel d'identification dont les implications sociales sont certaines. Dans la religion catholique il n'existe pas d'interdits alimentaires, la nourriture étant la première sollicitude divine ; le pain et le vin sont deux éléments d'un symbolisme qui a profondément marqué la culture alimentaire au cours des générations et qui reste encore très présent. De même la consommation de poisson le vendredi, prescription religieuse traditionnelle, est encore souvent respectée à l'heure actuelle bien qu'elle ne soit plus imposée par l'Eglise ; à la différence près que, dans ce cas et à l'exception du vendredi Saint, c'est la justification médicale qui a rationalisé cette règle établie selon les préceptes de l'Évangile. Ainsi, de nos jours, l'alimentation conserve une forte teneur morale ; mais celle-ci s'est progressivement déplacée du religieux vers le médical, notamment à travers le discours diététique

- certaines traditions historiques, habitudes ou coutumes locales peuvent également s'avérer primordiales dans la perception de la qualité d'une prestation et par là même, de puissants freins à l'innovation alimentaire. La restauration sociale doit ainsi tenir compte des spécificités régionales.

- dans un autre ordre d'idée, la référence au système écologique et aux courants environnementalistes devient un aspect à l'importance fondamentale, en réaction au développement de l'industrialisation et de la technicité liée aux produits alimentaires : certains consommateurs ne jugent plus la prestation par rapport à leur seule satisfaction, mais intègrent les effets de la consommation sur les divers éléments de l'environnement, en amont à travers les modes de cultures ou d'élevage, et en aval en se préoccupant du devenir des déchets générés. Un aspect connexe concerne les craintes irrationnelles et l'hostilité de principe développé face à l'apparition de nouvelles techniques dont les principes sont souvent ignorés ou mal compris des consommateurs. Par méconnaissance plus que par conviction, ceux-ci sont bien souvent prêts à jeter l'anathème et à vouer les propagateurs d'idées nouvelles aux gémonies : l'ionisation des aliments en fut un bon exemple, aujourd'hui mieux accepté car mieux compris. L'information devient alors primordiale, tant il est vrai que la qualité ressentie d'un produit est largement influencée par sa qualité supposée ou attendue. A produits intrinsèquement équivalents, le facteur discriminant de la qualité devient la communication qui fait alors la différence.

- la référence sécurisante au passé, la nostalgie des pratiques ancestrales, trouve sa concrétisation dans les pays industrialisés à travers la recherche de produits dits « naturels », ou « traditionnels ». Aux qualités propres du produit, vient également s'ajouter la « qualité d'origine ». On peut alors parler de qualité « historique », associée étroitement à la « qualité d'identification symbolique ». La confiance placée en son boucher par le consommateur repose en partie sur le fait que le professionnel est censé connaître la race, l'âge à l'abattage, le sexe, la région et éventuellement le mode d'élevage des animaux dont il commercialise la viande. Cette notion de traçabilité a pris toute sa dimension à travers la crise de la vache folle depuis 1996.

- Dans les pays en voie de développement, le refus de certaines aides alimentaires qui heurtent la sensibilité, la culture ou les traditions locales, résulte d'un déterminisme comparable.

- les habitudes alimentaires et les conceptions qui en découlent sont rarement transposables entre les individus. La restauration scolaire en fournit un bon exemple : dans un passé relativement proche, beaucoup de personnels des cantines avaient connu, enfants, les restrictions alimentaires de la

période de l'occupation ou les difficultés de l'après guerre. A la vue de la non consommation actuelle et du véritable « gâchis » qui parfois en résulte, la réactivation de souvenirs conscients ou inconscients conduisaient certains à juger cet état de fait comme totalement intolérable et à réagir par une grande sévérité à l'égard des enfants qui se traduisait par des mesures autoritaires d'obligation de consommer, peu en rapport avec les véritables besoins contemporains. Cette atteinte profonde à leur conception de la nourriture et à la place qu'elle avait pu occuper dans leur vie était parfaitement compréhensible, mais génératrice de nombreux conflits tant avec les convives qu'avec les parents, plus jeunes, au vécu sensiblement différent et peu enclins à voir leurs enfants forcés à consommer les repas scolaires.

Ces quelques exemples rappellent qu'en l'absence de référentiel précis, les jugements portés sur l'alimentation sont dans une très large mesure d'ordre émotionnel et la plupart du temps empreints d'irrationnel. Les « techniciens » de l'alimentation doivent en tenir compte et ne pas négliger la charge socioculturelle et émotionnelle dont les aliments sont porteurs. Malgré l'âge des convives, cette remarque s'applique également au domaine de la restauration scolaire où les composantes psychosociales de la qualité sont particulièrement importantes à considérer : c'est au cours des vingt premières années de la vie que s'acquièrent les automatismes et se fixent les habitudes alimentaires, tant dans leur forme matérielle que sous leurs aspects psychologique et social.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery