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L?impact de la coopération sino-russe sur la crise syrienne

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par Nixon Mbale
Université de Lubumbashi - Licence 2013
  

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§.3. Un jeu multipolaire émergent

L'apparente rupture qui caractérise le système international au tournant des années 1990 cache en réalité une continuité entre le monde de la guerre froide et celui de l'après guerre froide. Condamnée par la disparition de l'un des deux grands, la bipolarité cède logiquement la place à l'unipolarité en l'absence d'autres acteurs susceptibles d'orienter le système vers un ordre multipolaire. Cet uni polarité par défaut ne représente cependant pas une configuration durable. Elle se voit remise en cause au fil des ans. Par ailleurs, le système international, bien qu'incontestablement marqué par le poids prépondérant des Etats-Unis devient plus hétérogène, laissant devenir une multipolarité émergente.

Au total, le système international de 1990 à nos jours apparait particulièrement difficile à qualifier. En transition il évolue avec les transformations de la puissance. Cette réalité métisse à conduit Samuel Huntington à proposer la formule d'uni-multipolarité qui met en scène à côté de la superpuissance américaine, diverses puissances régionales de plus ou moins grande importance102(*). Ceci étant, dans les lignes qui suivent nous adopterons une démarche plus séquentielle en envisageant le pansage de la suprématie américaine des années 1990 à sa contestation au tournant du siècle, laissant entrevoir l'émergence d'élément de multipolarité.

Alors que les Etats Unis partageaient le qualificatif de superpuissance avec l'adversaire partenaire soviétique, la disparition de ce dernier les faits passer au statut « d'hyperpuissante ». A l'issue de la guerre froide, aucun rival ne peut se mesurer à eux. Leur domination est multidimensionnelle sur le plan militaire, leur avance considérable en termes de stocks, d'avantage technologique, de ventes d'armes et de capacité de projection. En matière économique, ils demeurent la première puissance grâce à des richesses naturelles considérables, une gamme industrielle complète, un important complexe agro-industriel et des services de plus en plus internationalisés103(*). Leur domination se vérifie également en matière technologique dans la mesure où ils déposent de nombreux brevets, notamment dans le domaine des hautes technologies. Enfin, leur puissance culturelle est sans égale eu égard à leur capacité à servir de modèle, à attirer les élites étrangères et à façonner les modes de vie. Certes, un constat à mer et fait, selon le quel à peine apparu, le moment unipolaire voit déjà ses jours comptés. Des 1993 à 2012, divers éléments contribuent à faire voler en éclats le mythe de l'unipolarité américain, parmi lesquels on peut citer ; son échec en Somalie (1993), son abstention lors d'une bonne part de la crise Yougoslave et au moment de celle de Rwanda (1994) ; le retour de relations tendues avec la Russie, proche de la Serbie slave et orthodoxe, et avec la Chine, notamment dans le détroit de Formose, l'incapacité à mettre un terme au conflit israélo-palestinien, le choc du 11 septembre 2001 qui révèle l'irruption d'un nouvel ennemi particulièrement difficile à combattre, enfin on peut citer également la crise syrienne qui établie un véritable rapport de force entre les Etats Unis et les pays occidentaux d'un côté, à la Russie et son éternel allié la Chine d'un autre côté. Cette décomposition de la puissance unipolaire mérite quelques explications et nécessite d'évoquer la notion de jeu dualiste qui permet la répartition de la puissance entre deux pôles et le regroupement des clients auprès du leader de chaque camp104(*). Les deux gladiateurs sont des prestataires de sécurité à qui l'on doit allégeance.

Eu égard à ce qui précède, la tendance actuelle du système international correspond mieux à cette réalité. Nous assistons actuellement à un jeu dualiste mettant en scène deux pôles de puissance à savoir; le premier pôle comprend les Etats Unis et ses alliés (les pays occidentaux) et le deuxième pôle qui est composé de la Chine et la Russie associés aussi à leurs alliés.

Au coeur de l'organisation de coopération de Shanghai, le duopole Moscou-Pékin joue le rôle de poutre maitresse. L'hostilité russe et chinoise à l'encontre des Etats-Unis lors de la crise irakienne a été l'occasion de renforcer les liens entre les deux puissances. Le 3 décembre 2002 est signé une déclaration conjointe qui s'ouvre sur un appel au respect d'un « monde multipolaire105(*) ». Depuis, la consolidation de ce duopole s'est imposée aux observateurs à travers la multiplication des faits et gestes : commune exigence d'un monde multipolaire et initiation d'un triangle diplomatique Moscou-Pékin-New Delhi à Vladivostok, en Juin 2005, pour donner corps à cette vision de l'ordre internationale; exercices militaires conjoints et signature de nouveaux contrats d'armement ; renforcement de la coopération énergétique avec l'engagement de Moscou à construire deux gazoducs à l'horizon 2015 ; en l'Etat actuel des choses, il ne semble pourtant pas que les membres de l'organisation de coopération de Shanghai, chine et Russie en tout premier lieu-aient la volonté et les moyens de fonder une alliance politico-militaire, destinée à contrebalancer l'OTAN.

De ce qui précède, il convient de souligner que, comme d'autres hégémonies au cours de l'histoire, française au XVIIe siècle ou britannique au XIX siècle, la domination des Etats-Unis est inscrite dans le temps, un temps particulièrement court dans la mesure où l'unipolarité américaine est rapidement contestée.

* 102 Samuel Huntington P., «The Lonely superpower», Foreign Affairs, March-April, 1999, P. 35. In www.altaviste.com/SamuelHuntington. consulté le 22/05/2013

* 103 Philippe Marchesin, Introduction aux relations internationales, Paris, Editions Laballery, 2008, p. 146.

* 104 Bertrand Badie. L'impuissance de la puissance. Essaie sur les nouvelles relations internationales, Paris, Fayard, 2004, p. 113.

* 105 Michel Guenec et Jean Sylvestre Mongrenier, « l'organisation de coopération de Shanghai, une OTAN eurasiatique ? », in le monde.fr

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