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Analyse des instruments internationaux de lutte contre le trafic et le braconnage des especes menacees en Afrique centrale: le cas de l'éléphant et du gorille

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par Angèle Séraphine NANFAH DONFACK
Université de Limoges - Master 2 Droit international et comparé de l'environnement 2013
  

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PARTIE II: L'IMPACT DES

INSTRUMENTS INTERNATIONAUX DE

LUTTE CONTRE LE TRAFFIC ET LE

BRACONNAGE DE L'ELEPHANT ET DU

GORILLE EN AFRIQUE CENTRALE

Les instruments internationaux adoptés par les Etats d'Afrique centrale constituent un moyen de résistance face aux massacres des espèces menacées d'extinction. Dans cette étude, nous avons démontré qu'il en existe plusieurs, ayant tous en commun la conservation efficace de la biodiversité. Cela étant, ces instruments recommandent aux Etats Parties d'instaurer au plan national et sous-régional des stratégies de lutte contre les actes criminels dans la faune susceptible d'affecter l'environnement, la sécurité des peuples et le développement durable. Cela soulève la question de l'effectivité des instruments internationaux dans la mise en oeuvre des actions pour stopper le trafic illégal et le braconnage des espèces menacées d'extinction (Chapitre I). En tout état de cause, il est constant qu'en Afrique centrale, l'application des recommandations des instruments internationaux se heurte bien souvent aux difficultés d'ordre politique, juridique, économique et social. Ce qui par voie de conséquence entrave l'exécution des plans d'actions établies (Chapitre II).

CHAPITRE I. EFFECTIVITE DE LA MISE

EN OEUVRE DES INSTRUMENTS

INTERNATIONAUX DANS LA

CONSERVATION DES ELEPHANTS ET

DES GORILLES

A la lecture des instruments internationaux sur la lutte contre le trafic et le braconnage des éléphants et des gorilles, l'on peut déceler cinq objectifs communs à savoir : L'élaboration des stratégies et plans d'actions visant à éradiquer les actes criminels dans la faune d'Afrique centrale, la nécessité d'une coopération entre les Etats Parties ; l'adoption des législations pour protéger la faune, l'aide aux pays en développement et la réduction de la demande d'ivoire. Ces objectifs seront pris en compte dans la suite de notre analyse qui consistera dans une première démarche à examiner les plans d'actions et des stratégies de lutte contre les actes criminels dans la faune instaurés en Afrique Centrale (Section I). En seconde analyse, il sera question de présenter les mesures prises par les Etats d'Afrique centrale au plan national et bien évidemment la participation des organisations transnationales dans cette lutte (Section II). C'est après cela que nous évoquerons les résultats de l'application de ces instruments internationaux en ce qui concerne les actes criminels dans la faune sous-régionale.

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SECTION 1 : L'INSTAURATION DES PLANS D'ACTIONS ET DES STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES ACTES CRIMINELS DANS LA FAUNE EN AFRIQUE CENTRALE

Des méthodes diverses et des techniques de conservation des ressources naturelles se sont accrues ces dernières années, prenant une dimension globale et planétaire129. L'Afrique centrale n'est pas en reste car plusieurs plans d'actions et stratégies ont été mis en place par plusieurs acteurs de la sous-région. Parmi ces acteurs, on peut citer la COMIFAC (paragraphe 1), la CEEAC (Paragraphe 2), l'OCFSA (Paragraphe 3) et le RAPPAC (Paragraphe 4).

Paragraphe 1- La COMIFAC: Matérialisation de la coopération et de la mise en oeuvre des plans d'actions de lutte contre le trafic et le braconnage dans la sous-région

La Commission des forêts d'Afrique centrale est un acteur influent dans la mise en oeuvre des plans d'actions et stratégies élaborés par les Etats membres de la sous-région. C'est la raison pour laquelle présenter (A) cette organisation semble nécessaire pour la compréhension des plans d'actions instaurés et appliqués par celle-ci (B).

A-Présentation de la COMIFAC : expression d'une coopération entre les Etats d'Afrique centrale

Il conviendra de relever dans cette présentation deux points forts à savoir : la création (1) et les objectifs (2) de la COMIFAC.

1-Création de la COMIFAC

Créée en décembre 2000 lors de la Conférence des Ministres en charge des Forêts d'Afrique Centrale, la Commission des Forêts d'Afrique centrale (COMIFAC) est le produit de la Déclaration de Yaoundé du 17 mars 1999. Elle a été officiellement opérationnelle en 2002 par la signature de ses statuts. Le siège de la COMIFAC est à Yaoundé mais peut être transféré dans un autre pays membre sur décision du Sommet des Chefs d'Etats et de Gouvernement130. La première des résolutions contenues dans la Déclaration de Yaoundé étant la création des aires protégées transfrontalières, celle-ci fut mise en application immédiatement après la création de la COMIFAC, avec l'adoption le 07 décembre 2000 de l'Accord relatif à la mise en place du TNS signé entre la République du Cameroun, la République du Congo et la République Centrafricaine. La durée de la COMIFAC est illimitée. Les organes de la COMIFAC sont notamment le Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement ; le Conseil des Ministres et le Secrétariat Exécutif131. Le Burundi, le Cameroun la RCA, le Congo, la RDC, le Gabon, la Guinée

129 Clément Jean, La forêt : un sujet médiatisé à dimension mondiale, in Le Flamoyant, n°32, novembre 1994, p. 4.

130Traité relatif à la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale, article 6. 131 Ibid.

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Equatoriale, le Rwanda, Sao Tomé et Principe et le Tchad132 sont tous membres de cette commission.

Il ressort de ce qui précède que la COMIFAC est un excellent instrument de coopération entre les Pays de l'Afrique Centrale qui à cet égard, partagent des objectifs communs.

2- Objectifs de la COMIFAC

La COMIFAC est chargée de l'orientation, de l'harmonisation, du suivi et de la mise en oeuvre des politiques forestières et environnementales en Afrique Centrale133. Elle assure le suivi de la Déclaration de Yaoundé de 1999. La COMIFAC a constitué des réunions tripartites des ministres des trois pays partenaires du TNS134. Cette organisation sous-régionale a élaboré des plans d'actions et des stratégies en partenariat avec les ONG locaux et internationaux pour lutter contre l'abattage illégal des éléphants et des gorilles. C'est une organisation de référence en ce qui concerne la mise en oeuvre des politiques nationales et en matière de gestion des ressources fauniques en Afrique centrale.

Différentes initiatives, et actions permettent la construction du développement durable des peuples135. Parmi celles-ci l'élimination des actes criminels dans la faune occupe une place de choix. Il sied dès à présent d'examiner les plans d'actions élaborés et mis en oeuvre par la COMIFAC.

B-Elaboration et mise en oeuvre des plans d'actions par la COMIFAC

La COMIFAC a élaboré et mis en oeuvre plusieurs plans d'actions parmi lesquels le PAPECALF (1) et le programme ECOFAC auquel cette organisation a participé (2).

1-Le PAPECALF

Les Etats d'Afrique centrale ont adopté à N'Djamena (TCHAD), le Plan d'Action Sous-Régional des Pays de l'espace COMIFAC pour le renforcement de l'application des législations nationales sur la faune sauvage (PAPECALF) valable pour la période 2012-2017. Ce plan d'action a pour objectif de soutenir l'application des législations nationales et les réglementations sur la faune sauvage dans les pays de l'espace COMIFAC. Le PAPECALF a permis de mener des actions pour renforcer la coopération et la collaboration entre les autorités de contrôle et les autorités judiciaires concernées par l'application des lois sur la faune sauvage au niveau national, ainsi qu'entre les pays de l'espace COMIFAC, ceci en mettant en place un sous- groupe de travail sur la faune sauvage et les aires protégées (SGTFAP). Ce SGTFAP est entré en exercice depuis juillet 2012 et par la suite, un Groupe de Travail Biodiversité d'Afrique Centrale (GTBAC) a été

132 COMIFAC, Rapport annuel, 2012.

133 Ibid, article 5.

134ONOTIANG MAPEINE Florantine, mémoire sur La gestion transfrontalière des ressources naturelles: l'accord relatif a la mise en place du tri-national de la Sangha (TNS) et son protocole d'accord sur la lutte contre le braconnage, 2006.

135S. BOUTILLIER, Risques écologiques. Dommages et intérêts, Innovations Cahiers d'économie de l'innovation N°18, l'Harmattan, 2003, p. 123.

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créé dont l'une de ses missions consiste en la mise en oeuvre du PAPECALF au niveau sous-régional.

Le GTBAC harmonise les procédures de contrôle au niveau national et sous-régional, élabore des directives sous-régionales pour l'harmonisation des stratégies nationales ainsi que des procédures de contrôle sur le terrain, et les faire adopter par les pays membres ; évalue les besoins en formation intensive dans les pays membres de la COMIFAC pour tous les acteurs136 ; adopte un plan de formation continue au niveau national et sous régional 137. Le PAPECALF consiste également à mettre en place des moyens de dissuasion efficaces pour lutter contre le braconnage et le commerce illégal de la faune, s'assurer que les poursuites sont conduites de manière régulière et en respect des lois nationales.

Par ailleurs, un plan d'action appelé communément plan de convergence a été adopté par les chefs d'Etats en février 2005 à Brazzaville. En outre, une stratégie régionale pour la conservation de l'éléphant visant à réduire l'abattage illégal d'éléphants a été élaboré par l'UICN et le GTBAC dont le but est d'empêcher la fragmentation des populations d'éléphants, améliorer les connaissances sur l'état des populations et de leurs habitats, et changer les perceptions négatives des habitants de la région concernant le conflit hommes/éléphants138. Aux vues de ce qui précède, quelle a été la contribution de la COMIFAC au programme ECOFAC ?

2- Contribution de la COMIFAC au programme ECOFAC

Le Programme de conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers d'Afrique centrale (ECOFAC) a été initié par la Commission européenne en 1992 et financé par l'UE dans le but d'assurer la conservation des forêts tropicales, en s'appuyant sur l'aménagement des aires protégées. Le programme ECOFAC, a été actif en Guinée Equatoriale depuis 1992 et est suivi par la COMIFAC. ECOFAC a également été appliqué au Gabon depuis 1992 et a financé en particulier la gestion et le développement du Parc National de la Lopé139. L'Imperial Collège de Londres a lancé en 2002 un projet sur la durabilité de la chasse de viande de brousse au Rio Muni, en conjonction avec ECOFAC, INDEFOR, et l'unité de recherche sur la faune sauvage de l'Université d'Oxford. En dehors de la COMIFAC, la CEEAC est également un acteur clé dans la lutte contre les actes criminels des espèces menacées.

Paragraphe 2-Institution du Plan d'Action d'Urgence de
Lutte Anti braconnage (PAULAB) : Initiative de la CEEAC

La CEEAC a une évolution historique et des missions particulières (A) et a mené des multiples actions dans la sous-région dont le Plan d'Action d'Urgence de Lutte Anti Braconnage

(B).

136 Les douanes, la police, les inspecteurs vétérinaires et de quarantaine, les départements de la faune sauvage, les agents de contrôle, les autorités portuaires et aéroportuaires, le secteur privé, les autorités CITES, les magistrats, les procureurs, les communautés locales, etc.

137 Par exemple sur la législation sur la faune sauvage, l'identification des espèces, le partage et le traitement d'informations et de renseignements, le développement et le partage des outils d'investigations, les systèmes de marquage et d'identification.

138 Réunion sur l'éléphant d'Afrique Mombasa, Kenya 23-25 juin 2008, préparé par Groupe UICN/CSE de spécialistes de l'éléphant d'Afrique à la demande du Secrétariat de la CITES.

139 Le plan d'actions de Gorilla gorilla gorilla.

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A-Naissance et missions de la CEEAC

La Communauté économique des états d'Afrique Centrale a été créée en 1983 par dix pays de la sous-région à savoir : l'Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RCA, la RDC, Sao Tomé et Principe et le Tchad. Cette communauté a pour objectif de : « promouvoir et renforcer une coopération harmonieuse et un développement équilibré et auto-entretenu dans tous les domaines de l'activité économique et sociale, en particulier dans les domaines de l'industrie, des transports et communications, de l'énergie, de l'agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des douanes, etc. (...), Accroître et maintenir la stabilité économique, renforcer les étroites relations pacifiques entre ses membres, contribuer au progrès et au développement du continent»140. La CEEAC a contribué aux actions environnementales et à la gestion des ressources naturelles. Elle est un véritable point focal institutionnel en matière de collaboration entre les Etats d'Afrique centrale141. La CEEAC participe à l'harmonisation des politiques et stratégies de gestion durable de l'environnement dans la sous-région142.

En termes d'actions environnementales, la CEEAC a mis en place un certain nombre de stratégies à savoir : la stratégie de valorisation de la biodiversité, de l'économie forestière et stratégie des écosystèmes marins. En outre, elle a initié des programmes comme le PACEBCo.

Tout récemment en 2012, la CEEAC a instauré le PAULAB au regard des massacres causés dans la faune de la sous-région.

B-La mise en place du Plan d'Action d'Urgence de Lutte Anti Braconnage par la CEEAC

Le Secrétariat général de la CEEAC en accord avec le RAPAC et l'Union Européenne ont décidé d'élaborer des plans d'actions dans la zone nord du Tchad sur la problématique de la lutte contre le braconnage. Cette décision était motivée par la réunion du Conseil des Ministres de la COMIFAC tenue le 6 juin 2012 à N'djamena (Tchad) qui a mis en évidence, la nécessité de la lutte anti-braconnage pour le développement durable de la biodiversité dans la zone septentrionale de la sous-région. Pour donner satisfaction aux attentes des Etats, le Secrétariat général de la CEEAC et la Délégation de l'Union Européenne ont proposé trois activités suivantes : La mise en place d'un Plan d'Urgence de Lutte Anti Braconnage dans les zones septentrionales et l'élaboration des éléments de la stratégie de lutte anti braconnage en Afrique centrale. Dans le cadre de ce plan d'action, une stratégie de lutte anti braconnage a été élaboré afin de concrétiser les objectifs fixés par les Etats d'Afrique centrale. Tel est donc le but du PAULAB. Par ailleurs, ce plan s'assure que la coopération entre les états de la sous- région est effective et apporte les résultats escomptés. L'OCFSA partage cette même ambition.

140TABUNA Honoré, la CEEAC et son rôle dans les activités sous régionales en matière d'environnement et de gestion des ressources naturelles, p. 5.

141 Ibid., p. 7.

142 Ibid., p. 9.

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Paragraphe 3- L'OCFSA comme outil de coopération et
d'unité des états d'Afrique centrale

L'Organisation pour la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique Centrale a été créé en 1983 par les chefs d'Etats de l'Afrique centrale qui ont décidé de mettre en commun leurs efforts pour lutter contre le braconnage au regard de la recrudescence des populations des espèces menacées dans la sous-région. Cette organisation est partie prenante dans l'instance suprême de décision143 du TNS lors de la mise en oeuvre de la 12ème résolution de la Déclaration de Yaoundé. L'OCFSA collabore étroitement avec la COMIFAC dans l'application des législations nationales en matière de gestion des ressources naturelles. Son champ de compétence renferme les forêts de l'espace sous-régional.

L'OCFSA s'est donnée pour mission de s'assurer que le patrimoine de la sous-région soit utilisé de façon rationnelle et équitable conformément aux recommandations de la Convention sur la Diversité biologique de 1992. Qu'en est-il du Réseau des Aires Protégées d'Afrique Centrale (RAPAC) ?

Paragraphe 4- Contribution du RAPAC dans la gestion des
aires protégées d'Afrique centrale

Avant d'examiner l'apport du Réseau des Aires Protégées d'Afrique Centrale (B) dans la lutte contre le trafic et le braconnage des espèces menacées, il sied de présenter en premier lieu la naissance et les finalités de cette institution (A).

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo