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Analyse des instruments internationaux de lutte contre le trafic et le braconnage des especes menacees en Afrique centrale: le cas de l'éléphant et du gorille

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par Angèle Séraphine NANFAH DONFACK
Université de Limoges - Master 2 Droit international et comparé de l'environnement 2013
  

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CHAPITRE II : LES ENTRAVES A

L'APPLICATION EFFICACE DES

INSTRUMENTS INTERNATIONAUX DE

LUTTE CONTRE LE TRAFIC ET LE

BRACONNAGE DES ELEPHANTS ET DES

GORILLES EN AFRIQUE CENTRALE

Depuis des décennies, plusieurs espèces s'éteignent inexorablement au point où plus de 95% qui ont vécu à un moment ou un autre de l'histoire de la vie n'existent plus193. La Déclaration sur la Lutte Anti-Braconnage en Afrique centrale reconnait que les : « initiatives nationales de lutte contre le braconnage et le trafic illicite de la faune sauvage, en dépit d'importants moyens déployés, n'ont pas abouti aux résultats escomptés »194. Cette affirmation n'est pas gratuite, car en effet plusieurs interventions juridiques, techniques, matérielles et humaines ont été mises en oeuvre pour bloquer la voie aux prédateurs des espèces menacées d'extinction. Il convient de déceler les raisons de l'échec de ces interventions dans le contexte sous-régional (Section I) avant d'apporter quelques suggestions modestes à titre de solutions transitoires (Section II).

SECTION 1 : PARTICULARITES DES PROBLEMES DU TRAFIC ET DU
BRACONNAGE DES ELEPHANTS ET DES GORILLES DANS LA SOUS

REGION

Aujourd'hui, toutes les initiatives pour combattre le braconnage et le commerce illégal des espèces sont insuffisantes. C'est sans doute la raison pour laquelle, le Professeur Alexandre KISS considère que : « les efforts faits au niveau mondial dans la protection des ressources forestiers n'ont abouti qu'aux résultats modestes »195. En fait, les pays de la sous-région se heurtent à des bandes organisées armées au-delà des frontières des Etats, ces groupes ayant des ramifications dans plusieurs continents livrent ainsi le commerce des produits issus du braconnage à la loi de l'offre et de la demande196.

Beaucoup de pays souffrent du manque d'organisation et d'une extrême lenteur dans l'application de la CDB. Les politiques nationales de coordination n'ont pas des techniques

193 VALLAURI Daniel, Jean André, GENOT Jean-Claude, DE PALMA Jean-Pierre, EYNARD-MACHET Richard, Biodiversité, naturalité, humanité. Pour inspirer la gestion des forêts, p. 22.

194 Réunion d'Urgence des Ministres de la CEEAC en charge des Relations Extérieures, des questions de Défense et de Sécurité, de l'Intégration Régionale et de la Protection de la Faune sur la mise en oeuvre d'un Plan d'Extrême Urgence sur la Lutte Anti Braconnage dans zone septentrionale de l'Afrique centrale, Yaoundé (Cameroun), palais des congrès, 21-23 mars 2013, p. 2.

195 CORNU Marie et FROMAGEAU Jérôme, Le droit de la forêt au XXIe siècle. Aspects internationaux, collection Droit du patrimoine culturel et naturel, l'Harmattan, novembre 2007, p. 272.

196 Article Wikipédia, braconnage en Afrique centrale.

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adéquates pour développer des stratégies efficaces, sensibiliser l'opinion et faciliter le processus de consultation197.

Au vu de ce qui précède, il convient de soulever dans cette étude quelques raisons qui pourraient justifier la montée grandissante du trafic et du braconnage dans la sous-région. Pour ce faire, une première démarche consistera à présenter l'absence lacunaire des moyens financiers (Paragraphe 1). Par la suite, nous verrons que l'ignorance généralisée des populations sur les effets du trafic et du braconnage (Paragraphe 2) et la répression très réduite de ces actes (paragraphe 3) ont limité les stratégies et plans d'actions mis en oeuvre.

Paragraphe 1-Absence lacunaire des moyens financiers pour lutter efficacement contre le trafic et le braconnage des espèces sauvages

Pour lutter efficacement contre le commerce illégal et le braconnage des espèces menacés d'extinction, le PAPECALF prévoit que : « Les pays sont chargés de mettre en oeuvre le (...) plan d'Action. Dans cette optique, chaque pays est tenu de mobiliser les ressources financières et humaines adéquates. Ainsi, chaque pays devra prévoir un budget national pour la mise en oeuvre de ce Plan d'Action. Les Ministères en charge de la Faune sont chargés de vulgariser le Plan d'action à travers un large processus de concertation qui doit aboutir à la planification de la mise en oeuvre à l'échelle nationale »198. Cette exigence est toutefois enclavée par l'extrême pauvreté des pays de l'Afrique subsaharienne. C'est sans aucun doute l'une des raisons de l'intensification du braconnage des espèces menacées. Les pays de la sous-région bien qu'ayant instaurés des plans d'actions pour la conservation de la faune, sont pour la plupart dépourvus d'un budget pouvant permettre de mettre en place un système de contrôle continue des aires protégées. Sans compter le fait que ces pays sont profondément endettés199. La création des aires protégées transfrontaliers par les Etats n'est pas accompagnée du même engagement au plan financier, matériel et humain pour garantir la réalisation des objectifs. Le fonctionnement des organes s'en trouve handicapé. D'où, « la précaution à prendre pour ne pas multiplier inutilement les organes et structures de gestion »200.

Les allocations provenant des Etats développés et des organisations internationales et non gouvernementales, ne suffisent pas à encadrer la lutte contre le braconnage. Il convient par ailleurs de soulever l'épineux problème de l'ignorance des populations locales face aux conséquences des actes anti fauniques.

197 WWF, Des mesures pour maitriser l'accès aux ressources, et assurer le partage des bénéfices qui en découlent». La situation dans dix pays, la biodiversité au service de tous. Un document de réflexion du WWF International.

198 Secrétariat exécutif COMIFAC, Plan d'action sous-régional des pays de l'espace COMIFAC pour le renforcement de l'application des législations nationales sur la faune sauvage (PAPECALF) 2012-2017.

199 CROUIGNEAU Françoise, L'endettement malsain du tiers monde, Le Monde du 20 janvier 1988.

200 NGOUFO Roger, Etude sur la capitalisation des expériences d'Aires Protégées transfrontalières en Afrique centrale, mars 2003, p. 34.

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Paragraphe 2- L'ignorance généralisée des populations
sur les effets du trafic et du braconnage des espèces

L'une des raisons de l'intensification du braconnage dans la sous région est certainement liée au problème d'ignorance des populations face aux effets parfois irréversibles de ces actes bien que de nombreuses campagnes de sensibilisations ont été faites. Cela expliquerait alors comme précise l'ancien Chef d'Etat ivoirien, le peu de considération des populations pour les mesures visant à rationaliser l'activité de la chasse. Selon lui : « l'attitude de la grande masse de la population nationale face à la faune tient au fait qu'elle n'a pas encore une conscience exacte de la nécessité de conserver ce patrimoine qu'est la faune que la providence nous a offert, et que nous devons conserver pour les générations futures »201. Certes, en cherchant bien on peut trouver dans les revues ou dans les publications spécialisées quelques recommandations, au demeurant trop techniques, qui visent à informer le public sur la nécessité d'un usage rationnel des biens et des services environnementaux.

Néanmoins, force est de constater que si ces revues et publications tentent de combler les lacunes des stratégies globales en matière d'information, leur incidence reste toute minime202. Et ceci pour plusieurs raisons : Le caractère trop technique de ces revues et publications réduisant leur accessibilité aux seuls professionnels ou aux spécialistes. Or, une information qui vise un grand public doit être claire et simple. Un autre bémol à la communication des populations est le choix de la langue de publication qui est soit l'Anglais, le Français, ou l'espagnol, représentant les langues étrangères héritées de la période coloniale. Ce choix de langue restreint le nombre de citoyens alors même que la plupart des populations riveraines des zones fauniques et forestières ne savent ni lire, ni écrire ces langues. Ces derniers étant des autochtones, ne parlent que les langues vernaculaires.

Eu égard ces arguments, la communication des populations a été mené sous la roulette de plusieurs acteurs parmi lesquels, l'Etat à travers ses collectivités locales, les ONG, les défenseurs de la nature, et les organisations internationales. Cette sensibilisation est explicitement recommandée dans la plupart des conventions internationales, notamment la Convention sur la Diversité Biologique de Rio 1992 en son article 13 : « Les Parties contractantes : a) Favorisent et encouragent une prise de conscience de l'importance de la conservation de la diversité biologique et des mesures nécessaires à cet effet et en assurent la promotion par les médias, ainsi que la prise en compte de ces questions dans les programmes d'enseignement; b) Coopèrent, selon qu'il conviendra, avec d'autres Etats et des organisations internationales, pour mettre au point des programmes d'éducation et de sensibilisation du public concernant la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique ». Cependant, ces mesures entreprises n'ont pas apporté les résultats escomptés. Tout au long de nos recherches, nous sommes allées auprès des villageois de la tranche d'âge allant de 20 à 57 ans vivant à proximité du parc de la Mefou-Akamba (Sud du Cameroun) pour les interroger sur le trafic et le braconnage des espèces menacées. Sur vingt cinq personnes interrogées203, seulement quatre d'entre elles connaissaient que la capture illégale des espèces protégées pouvaient donner lieu à une peine d'amende et/ou

201 KOUBO Douzo, La stratégie environnementale en question, Côte d'ivoire, l' Harmattan, juin 2003, p. 18.

202 Ibid., pp. 19-20.

203 La collecte de données au Parc National de la Mefou-Akamba (Cameroun), s'est faite pendant une durée de trois jours, pendant laquelle nous avons interrogé le conservateur, le chef du quartier où se trouve ce parc ainsi que les populations autochtones de la localité. A ce sujet l'un des éco gardes rencontré sur place nous informe que les principaux braconniers arrêtés dans le Parc justifiaient leurs actes par la pauvreté dont ils sont victimes, et qui affectent leur famille.

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privative de liberté204. La difficulté de la communication réside dans le fait que les populations locales considèrent que les aires protégées font partie de leur patrimoine personnel et comptent vivre de l'exploitation des produits issus de ces zones forestières205.

L'échantillon des personnes interrogées considère également que la lutte contre le braconnage est un luxe pour les pays riches. Car en réalité, les pays en développement des zones arides et tropicales humides sont en permanence confrontés aux problèmes écologiques et financiers206. De plus, les pachydermes causent de gros dégâts sur les cultures des populations riveraines, qui par conséquent sont plus motivées à les abattre. Cela remet à nouveau en cause le problème du conflit homme-éléphant dont les conséquences ont été désastreuses depuis plusieurs décennies.

Si de manière globale on assiste à une évolution dans le processus de partage de revenus de la rente forestière, notamment avec le début de l'application des dispositions législatives et règlementaires, l'impact de ces mesures sur les conditions de vie des populations est limité207. Tout de même, les ressources forestières représentent un enjeu économique, à la fois pour les populations, l'Etat et les opérateurs économiques. Tout le monde y gagne, à des degrés divers et de diverses manières208. Il est donc important d'informer les populations de leurs droits sur ces ressources fauniques. Cette information selon Greenpeace, passe par les médias si possible en direct et par les journaux écrits ou parlés209. De sorte qu'elle sera transmise à une grande échelle et les citoyens pourront apporter leur soutien aux gouvernements. Quid de la répression très réduite des actes de trafic et de braconnage ?

Paragraphe 3- Le quasi inexistence de la répression des
trafiquants illégaux et des braconniers

Selon Bas HUIJBREGTS au vue de l'état du trafic illégal et du braconnage des espèces faunique : « Dans toute l'Afrique centrale, nos efforts sont anéantis parce que la loi n'est pas appliquée. Les braconniers ne sont jamais condamnés, alors ils reviennent. Au Cameroun, le problème est pourtant devenu un enjeu de sécurité nationale »210. Le braconnage tout comme le trafic a été très encadré d'un point de vue international et national. Au regard de la panoplie des instruments internationaux sur la problématique de la lutte contre le trafic et le braconnage des éléphants et des gorilles, il est tout à fait aberrant que la répression de ces actes soit quasi inexistantes211 en Afrique centrale. Cela alors même que le trafic mondial et illégal de la faune sauvage est au 4ième rang mondial des trafics illicites avec une valeur annuelle mondiale estimée entre 8 et 10 milliards de dollars américains. Malheureusement, le trafic illégal des espèces

204 Voir la Loi Camerounaise N°94 / 01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche.

205 BIGOMBE LOGO Patrice, Le retournement de l'Etat Forestier. L'endroit et l'envers des processus de gestion

forestière au Cameroun, préface du Professeur Maurice KAMTO, presse de l'UCAC, 2004, p. 17.

206 PRIEUR Michel, Droit de l'Environnement, Dalloz, p. 42.

207 MILOL Adonis et Pierre Jean-Michel, Impact de la fiscalité forestière décentralisée sur le développement local et les pratiques d'utilisation des ressources forestières au Cameroun, Rapport de Consultation pour la Banque Mondiale, janvier 2000, 48 p.

208 Ibid.

209 LEQUENNE Philippe, Dans les coulisses de Greenpeace, l'Harmattan, janvier 2005, p.111.

210 Déclaration de Bas HUIJBREGTS, chargé de la gestion des projets régionaux de conservation au WWF, interviewé au Journal français Le monde.

211 Cela est prouvé à cause du nombre limité de peines attribuées ou alors de la mise en condamnation effective des trafiquants et des braconniers.

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sauvages est encore considéré dans la plupart des législations fauniques de la sous-région comme un délit, au lieu d'être reconnu comme un crime, au même titre que les trafics d'hommes, le trafic des drogues et des armes.

Le braconnage tout comme le trafic des espèces sauvages a des effets pervers sur les revenus d'une communauté. Ces actes fragilisent la paix et la sécurité sociale. Les braconniers sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins, même si pour cela ils sont obligés de sacrifier des vies humaines qui tenteraient de leur dissuader. Face à la gravité du problème que soulève la répression des actes délictuels dans la faune sauvage, on est en clin de s'interroger sur l'espérance de vie des éléphants et des gorilles. Il se pourrait que si les trafiquants et les braconniers continuent de perpétrer leurs actes, les générations futures n'auront connaissance de ces espèces emblématiques, qu'à travers les livres et musées historiques. L'environnement doit être protégé dans toutes ses composantes, tel est le souhait des instruments internationaux. Reste qu'une telle ambition est enclavée par des individus inconscients de ce que le patrimoine commun de l'humanité doit être conservé au même titre que la dignité humaine.

Si l'on veut se prémunir contre le risque d'une altération irréversible des effectifs des éléphants et des gorilles dont les conséquences environnementales et économiques pourraient être inestimables, il est nécessaire de repenser l'ensemble des stratégies élaborées212. Fort de ce constat, il convient de présenter dans les développements qui vont suivre quelques esquisses de propositions de solution.

SECTION 2 : ESQUISSES DE SOLUTIONS COMPENSATOIRES DES
CONTRAINTES EXISTANTES

Le braconnage et le trafic des espèces prennent de plus en plus de l'ampleur. C'est pourquoi SADIGH Elie établit que, « les ressources naturelles doivent être préservées afin, d'une part, de pouvoir les transmettre de la meilleure façon et dans le meilleur état aux générations à venir, d'autre part, de réaliser le développement durable, enfin de préserver l'avenir du vivant. L'épuisement et la dégradation des ressources naturelles sont essentiellement les conséquences de l'action de l'homme, il faut donc agir sur cette action »213. En d'autres termes, les actes criminels dans la faune n'est pas sans conséquence sur l'économie et le développement durable de la sous-région. L'efficacité de l'action contre ces actes suppose « l'inscription de l'environnement à l'agenda politique, ce qui ne passe pas uniquement par la sensibilisation, mais une refonte des institutions économiques, politiques, judiciaires, financières dans le sens des intérêts protégés de l'environnement »214. Dans le cadre de cette étude on peut tout de même relever que l'augmentation des budgets nationaux (Paragraphe 1), la sensibilisation du public (Paragraphe 2), la révision des pénalités en matière d'infraction faunique (Paragraphe 3) et un dialogue entre les états d'Afrique centrale et les pays consommateurs (Paragraphe 4) sont des mesures compensatoires pouvant dissuader les gangsters fauniques en Afrique centrale.

Paragraphe 1- Augmentation des budgets nationaux dans la lutte contre les actes criminels dans la faune

Pour lutter au mieux contre le trafic et le braconnage des espèces menacées, il faudrait

212 Douzo KOUBO, La stratégie environnementale en question, Côte d'ivoire, l' Harmattan, juin 2003, p.13.

213 SADIGH Elie, Le Développement durable et équitable, décembre 2008, l'Harmattan.

214 Bernard KALAORA, Au-delà de la nature l'environnement. L'observation sociale de l'environnement, collection « environnement », l'Harmattan, mars 1998, p. 81.

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que le budget annuel alloué aux ministères chargés de la faune dans la sous-région soit revue à la hausse. L'insuffisance des ressources financières est décriée comme une contrainte majeure de gestion des aires protégées transfrontalières. Paradoxalement, c'est l'un des aspects pour lesquels les acteurs et personnes ressources ont du mal à fournir des chiffres. Ceci révèle déjà une grande faiblesse du système de gouvernance. Un accent particulier doit être mis au niveau des Comités de Suivi sur la compilation des tableaux de synthèse des financements215. Les Etats de l'Afrique centrale devraient comme recommande la Déclaration de Yaoundé « (...) inscrire (...) le programme de lutte anti braconnage en Afrique centrale, dans leurs budgets respectifs, et invitent leur Ministre en charge des finances à prendre les mesures nécessaires à cet effet »216.

Pour parvenir aux objectifs fixés, ils devraient considérer comme priorité majeure la lutte contre le trafic et le braconnage des espèces sauvages menacés d'extinction conformément aux annexes de la CITES. Il s'agit ici de faire face à trois problèmes majeurs : Décourager les braconniers et les trafiquants illégaux, assurer la survie des mammifères en voie d'extinction et garantir la paix et la sécurité sociale. Or, cela nécessite une grande mobilisation financière que les Etats de la sous-région ne disposent pas aisément.

Les politiques intérieures des Etats d'Afrique centrale devraient être redynamisées et recentrées sur ce qui aujourd'hui constitue incontestablement une nouvelle forme d'économie car un pays qui dispose des espèces sauvages en abondance est largement convoité par les touristes de tous les horizons. En réalité, le tourisme contribue à l'économie nationale et même sous-régionale. Il est un enjeu considérable de développement217. A titre illustratif, au Zimbabwe beaucoup de touristes parcourent les aires protégées de cette nation, captivés par la variété des espèces qui sont conservés in situ et ex situ. Le Zimbabwe possède une des plus grandes densités d'éléphants du continent estimés à 0,46% par Km2 derrière le Botswana218. L'industrie de l'éléphant « génère un revenu annuel moyen d'environ 11,75 millions de $ Z. Car au Zimbabwe, l'éléphant est un animal qui motive de nombreux chasseurs non résidents qui sont prêts à payer pour les 21 jours de safari réglementaire requis pour la chasse à l'éléphant »219. Ce qui par ricochet contribue à l'économie de cet état, dépassant ainsi le seuil de la pauvreté ambiante de l'Afrique subsaharienne.

Il est donc constant que les stratégies et les plans d'actions de conservation des éléphants en Afrique centrale ont été entravés par le flou financier qui subsiste. A titre d'exemple, du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2012, seul le Cameroun a cotisé pour la mobilisation des ressources financières annuelles de la COMIFAC. Et le recouvrement des arriérés du Congo était de100 000 000 FCFA tandis qu'au Gabon il était de 30 700 000 FCFA220, ce qui est très limité compte tenu de dépenses annuelles de cette organisation. Au regard de ce qui précède, conserver la faune en Afrique centrale est bénéfique non seulement pour les populations des éléphants et gorilles, mais aussi pour l'économie nationale. C'est donc un investissement viable et promoteur de développement durable des peuples. La lutte contre les actes de trafic et de braconnage des éléphants et des gorilles nécessite également la sensibilisation du public.

215 NGOUFO Roger, Etude sur la capitalisation des expériences d'Aires Protégées transfrontalières en Afrique centrale, mars 2003, p. 34.

216 Réunion d'Urgence des Ministres de la CEEAC en charge des Relations Extérieures, des questions de Défense et de Sécurité, de l'Intégration Régionale et de la Protection de la Faune sur la mise en oeuvre d'un Plan d'Extrême Urgence sur la Lutte Anti Braconnage dans zone septentrionale de l'Afrique centrale, Yaoundé (Cameroun), Palais des congrès, 21-23 mars 2013, p.4.

217CHERUBINI Bernard, décembre 2004, Le territoire Littoral ? Tourisme, pêche et environnement dans l'océan Indien, l'Harmattan, p. 138.

218 COMMISSION EUROPEENNE, Faune sauvage africaine. La ressource oubliée (Tome II), p. 251.

219 Ibid.

220 COMIFAC, Rapport annuel 2012, p. 28.

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Paragraphe 2- La sensibilisation du public passe par les

médias

Il est primordial de mettre en place une information stratégique pour aviser « l'opinion publique nationale et internationale » 221 sur les effets du braconnage à long terme. Les populations sont « préoccupées par l'état et le devenir des ressources forestières »222 dans leur pays. C'est pourquoi la gestion faunique doit être participative et fait appel à l'aide des communes et des populations étant donné que chasser légalement profite à tout le monde.

En effet, les chasseurs ayant les permis de chasse payent les taxes qui sont versées en partie au ministère chargé de la faune, une autre partie est versée aux populations du lieu de chasse. L'année dernière la redevance faunique a apporté près de 400 000 millions de FCFA à l'Etat du Cameroun. Les populations doivent être informées des bénéfices des redevances forestières car elles ont tout à gagner.

En réalité, plusieurs campagnes de sensibilisations ont été menées dans le cadre de la lutte contre le trafic et le braconnage des éléphants et des gorilles en Afrique centrale. Même si ces campagnes ont permis de faire évoluer la lutte contre ces actes criminels, il reste que nombreux sont les citoyens de la sous-région qui n'ont pas encore eu connaissance des effets du braconnage notamment sur la biodiversité. Il convient donc que l'information soit faite par l'intermédiaire des médias nationaux et internationaux notamment la télévision, l'internet, la radio, la presse etc. Et cela avec la même intensité que sont menées les campagnes sur les sensibilisations des maladies, des produits technologiques ou cosmétiques. La sensibilisation du public consiste donc à informer le grand public sur les dangers qui guettent les animaux sauvages. Elle consiste aussi à informer le public sur les missions des éco gardes et leur statut en Afrique Centrale. En outre elle doit être informée des actions que mène le PAPECALF dans la gestion de la faune sauvage. Que penser de la révision des pénalités en matière d'infraction faunique ?

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci