WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Quelles sont les opportunités en termes de communication territoriale des initiatives locales axées sur le recyclage ?

( Télécharger le fichier original )
par Dimitri SIGOGNE
IAE Savoie Mont Blanc - Master 1 Développement Commerce International  2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 - présentation des concepts

Le cadre de notre recherche étant défini, nous allons nous intéresser aux différents concepts mis en lumière par les textes traitant des thèmes abordés dans cet ouvrage. Nous avons pour cela rassemblé un corpus nous permettant de mieux comprendre les sujets suivants :

- Le marketing durable, et plus particulièrement la communication durable :

25

o En quoi ce type de marketing peut il être utile aux communautés territoriales dans leur stratégie de communication, à la foi au niveau local et au niveau extra-territorial

o Quels sont les outils relatifs au marketing durable à disposition des marketeurs et des communicants territoriaux

- Le marketing territorial, avec un focus sur l'aspect « communication » :

o Qu'est ce que le marketing territorial ?

o Quels sont les objectifs et les cibles des collectivités territoriales ?

o Quelles sont els tendances actuelles en matière de marketing et de communication territoriale ?

o Comment les collectivités territoriales adoptent-elles leurs offres et leur communication vers les citoyens, aux entreprises et aux investisseurs locaux ?

o Comment les collectivités territoriales adoptent-elles leurs offres et leur communication vers les citoyens, aux entreprises et aux investisseurs extra territoriaux ?

- La coordination des acteurs au sein des collectivités territoriales :

o Qui sont les différents acteurs ?

o Quels sont leurs rôles ?

o Comment peuvent-il coordonner leurs actions afin d'optimiser la démarche marketing du territoire ?

1. Le marketing durable

Au premier abord, le marketing durable peut apparaître aux yeux du néophyte comme un oxymore. Le marketing est considéré comme pilier du consumérisme, alors que le développement durable, et plus particulièrement l'écologie, prônent la mesure, la simplicité et l'éthique dans notre consommation. John GRANT, conseiller en publicité socialement responsable au sein de l'agence britannique St Luke's qu'il a cofondée, et auteur du « Manifeste du Marketing Vert »4 en 2007 (pour la version anglophone), casse cet amalgame. Il explique dans cet ouvrage que le marketing vert doit mettre les outils marketing au service du développement durable, et non pas le développement durable au service du marketing. De manière synthétique, le marketing vert est à la croisée des chemins entre les deux vocations de l'écologie qui sont :

« - Supprimer : comme consommer moins, ralentir, vivre dans une élégante simplicité, partager

davantage, ne se fournir (pour l'essentiel) que chez ceux dont on connaît les pratiques vertueuses.

- Substituer : comme renoncer à ce consumérisme, pour acheter des produits astucieux, éthiques, peu générateurs de carbone, et tirer le meilleur de la « durabilité » en la rendant

4 Bien que le titre du manifeste de John GRANT se réfère au marketing vert (voir « Chapitre 1, Section 1 - Définitions), il traite du marketing durable dans sa globalité. Les concepts, les outils et les exemples qui y sont présentés concernent les trois volets indissociables du développement durable : économique, social et écologique. Le terme marketing vert est employé car John Grant utilise cette couleur pour catégoriser la démarche marketing (et donc les outils utilisés), allant du « vert de base » pour les entreprises ayant une démarche durable assez peu soutenue, au « vert foncé » pour celles ayant pleinement intégré le développement durable ; l'étape intermédiaire est appelée « vert soutenu ».

26

chic, branchée, haut de gamme et désirable » (John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249)

Ainsi, la démarche de marketing vert peut être représentée par une matrice à neuf entrées servant de fil rouge au marketeur. Cette matrice est présentée en annexe 2.

Le marketing vert (et par extension le marketing durable) est donc la clé pour promouvoir l'écologie par la consommation, non seulement en responsabilisant le consommateur, mais aussi et surtout en le rendant enthousiaste face à l'écologie et au développement durable. Par conséquent, comme l'explique « Le Manifeste du Marketing Vert », le défi du marketing durable à long terme est de faire changer les mentalités et de rendre banals les comportements durables (John GRANT, 2007). Or, cette transition passe selon l'auteur britannique par la consommation plus que par les obligations légales ou la sensibilisation des citoyens via la communication réalisée par les ONG et les institutions publiques. Bien que ces deux éléments aient une importance dans le changement des comportements et des mentalités des citoyens, elles viennent en complément de la consommation durable. En effet, toujours selon John GRANT le fait de rendre à la fois accessibles et attirants les produits verts permet évidemment à court terme de réduire l'impact de notre consommation, et à long terme, par effet de dominos, d'ancrer ce mode de consommation ainsi que les gestes que nous pourrions qualifier de « hors consommation » (comme trier ses déchets ou aider les associations de lutte pour la préservation de l'environnement) dans le quotidien des citoyens.

Et comme nous le détaillerons ci-après, John GRANT incite les entreprises non pas à suivre les attentes des consommateurs en matière de produits durables, mais d'aller au devant de celles-ci. Cela passe, pour ce que nous pouvons qualifier de partie émergée de l'iceberg, par une offre de biens et services toujours plus responsables. Quant à la partie immergée dudit iceberg (qui reste la plus importante), les entreprises doivent à la foi adopter et développer les principes de la RSE, voire « défier le consumérisme » en proposant et en développant de nouveaux modes de consommations, tels que la copropriété ou la location. Ces deux parties de l'iceberg doivent être prises en compte par le marketing pour que celui-ci soit efficace. Car comme nous le détaillerons plus loin, le marketing durable est avant tout une affaire de conviction, sous peine de tomber dans le greenwashing, qui s'avère contre productif pour les citoyens, l'entreprise et l'environnement.

Pour se faire, les marques, les consommateurs, les ONG et les associations doivent travailler ensemble. Comme l'explique « Le Manifeste du Marketing Vert » en préambule, les consommateurs et les marques n'ont jamais été aussi proches, notamment grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. D'un côté, les marketeurs peuvent être en relation directe avec le marché, via les techniques de marketing direct. Et de leur côté, les consommateurs peuvent tout savoir des produits qu'ils consomment et des entreprises qui les produisent, et ont la possibilité de mieux faire valoir leurs attentes et de véhiculer à grande échelle des messages (péjoratifs ou mélioratifs) à propos des marques et des entreprises. Pour leur part, les associations et les ONG ont une vocation d'information auprès du consommateur, et de conseil, voire de communicant, pour les entreprises. Elles peuvent dénoncer les mauvaises pratiques et ainsi nuire à l'image des entreprises comme se révéler être des partenaires efficaces pour une entreprise qui souhaite améliorer sa démarche environnementale. L'un des meilleurs exemples de ce postulat est celui de McDonald, qui est passé en quelques années de la « bête noire » des associations de préservation de l'environnement à l'un de leurs meilleurs alliés, notamment dans la lutte pour la sauvegarde de l'Amazonie (voire annexe 3). Comme le dit John GRANT, « le meilleur moyen de communiquer sur une démarche durable est, en premier lieu, de la mettre en place, puis de s'assurer d'être irréprochable dans ce que nous vantons, et enfin de laisser les autres communiquer à notre place »

27

(John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249). Pour en revenir à l'aspect collaboratif du marketing durable, l'entreprise doit donc utiliser les outils du marketing direct pour être à l'écoute des attentes des consommateurs, et surtout aller au-delà. L'un des exemples les plus parlants de cette démarche est celle de The Body Shop qui, dès la fin des années 1970, s'est placé à l'avant-garde en proposant des produits cosmétiques éthiques et écologiques. Le résultat est que cette marque est aujourd'hui la référence en matière de cosmétique durables et sains pour l'organisme. Enfin, les associations et les ONG ont leur rôle à jouer dans ce triptyque puisqu'elles ont les pouvoirs de conseillers les entreprises et les citoyens pour faire progresser la préservation de l'environnement et de communiquer sur les entreprises exemplaires ou sur les « mauvais élèves ». Dans cette vision, John GRANT défini le marketing vert comme un cercle vertueux : « en allant au devant des attentes des consommateurs et en communicant, les marques créent un désir de consommer et d'agir durable, et ces dernier s'exprimeront à leur tour, directement ou via les associations, pour réclamer des entreprises qu'elles aillent plus loin dans leur démarche » (John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249).

Comme nous l'avons évoqué dans le paragraphe précédent, le marketing vert et le marketing durable sont avant tout basés sur la conviction du marketeur et la réalité des faits ; si tel n'est pas le cas, nous rentrons automatiquement dans une démarche de greenwashing. Or, à l'heure où les consommateurs ont accès à l'information en un clic et où les associations et les ONG surveillent attentivement les entreprises, le greenwashing est vite décelé. Même si l'entreprise aura pu communiquer sur le court terme en pratiquant le greenwashing, et peut être améliorer ses ventes et son image grâce à cela, les répercutions à long terme de la découverte de la supercherie seront néfastes. En effet, les consommateurs, se sentant bernés, trahis, retrouveront difficilement confiance en la marque. Come il est rappelé dans « Le Manifeste du Marketing Vert », « une image prend des années à construire, quelques jours à détruire, et parfois des décennies à reconstruire » (John GRANT, 2007). En février 2013, l'entreprise Spanghero a fait les frais de cette maxime : suite au scandale alimentaire de la viande de cheval retrouvée dans les lasagnes de la marque Findus, Spanghero a été mise en faillite en quelques semaines.

Interviewé en 2006 sur les engagements écologiques pris au sein de son empire audiovisuel, le PDG du groupe Sky, Rupert Mudoch, déclarait ceci :

- Il est directement concerné par les problèmes environnementaux de son Australie natale et à l'échelle globale ;

- Son fils l'a poussé à s'impliquer en stipulant qu'on ne pouvait ignorer cet enjeu ;

- Le groupe Sky reconsidère l'ensemble de ses processus de production afin de laisser une empreinte carbone minimale, égale à 0 dans l'idéal ;

- Le groupe va renforcer la place des questions liées au développement durable dans ses journaux ;

- Et c'est un choix judicieux car une des tendances fortes du marché pub de demain sera la recherche d'espaces pub verts.

Le corolaire de cette idée est que les actions liées au développement durable mises en place par une entreprise doivent être cohérentes avec sa vocation, son image et son histoire. Lorsque la marque de couches Pampers promet, en association avec l'UNICEF de subventionner un vaccin contre le tétanos pour les mères vivant dans le Tiers Monde et à terme d'éradiquer la maladie, on comprend la démarche. Une marque qui s'adresse aux mamans et à leurs nourrissons à toute la légitimité pour vouloir les protéger d'une maladie qui tue un nouveau-né toutes les trois minutes. En revanche, nous

28

pouvons citer en contre-exemple la marque de jeans : Levi's qui a décidé d'organiser en 2004 une journée du 501 le 1er Mai (05.01 aux USA) pour inciter ses clients à faire du bénévolat. Lesdits clients n'ont pas compris pourquoi Levi's leur demandait de s'engager, pourquoi spécialement ce jour (qui n'a pas de signification particulière dans l'histoire de la marque et qui de plus est férié) et l'opération fut un flop. Car là est la spécificité du marketing durable : il fait intervenir le consommateur, et lui demande donc quelque chose, un sacrifice. Ce sacrifice peut être financier (payer un produit un peu plus cher pour finance à une cause) ou humain (donner de son temps et de son énergie pour agir en faveur d'une cause). Dès lors, John GRANT explique que celui-ci il doit savoir pourquoi il fait ce geste supplémentaire. Ce postulat rejoint le modèle du « golden circle » établit par Simon SINEK en 2009, dans son ouvrage « Start with why : how great leaders inspire everyone to take action ? ». Ce modèle montre que les marques qui communiquent d'abord sur les raisons, les motivations de leurs démarches, et qui ensuite montre comment elles opèrent concrètement, suscitent l'engouement des consommateurs, qui s'y identifient.

En outre, le marketing durable permet aussi de (re)nouer le lien avec le consommateur ou le citoyen (si l'on se place du point de vue des communautés territoriales). Cette idée est présentée par Charles-Edward HOULLIER-GUIBERT dans l'article « Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la communication, 2009, p. 45-61. Se basant sur le rapport de la revue « Urbanisme » publié en 2004 (page 47), il met en avant le fait que le citoyen « privilégie aujourd'hui le cadre de vie et son environnement immédiat » dans les questions de développement urbain. Autrement dit, les citoyens font passer les questions de développement urbain local avant celles liées à la promotion l'image du territoire au niveau extra territorial (animations et évènements de grande envergure, grands projets immobiliers, branding territorial...). Charles-Edward HOULLIER-GUIBERT explique que le rôle du thème « développement durable » dans cette vision de proximité est de réunir les acteurs du territoire que sont les citoyens, les responsables politiques et responsables des services publiques, les entreprises et les associations autour de problématiques qui attraient à leur environnement immédiat et les concernent directement. Même si, comme l'indique le titre de son article, C-E HOULLIER-GUIBERT démontre que l'idéologie de proximité s'avère limitée dans la mesure où elle ne permet pas au territoire de profiter des avantages de l'intérêt extra territorial, l'argument du développement durable permet donc d'impliquer davantage les citoyens dans la vie locale, puisqu'ils sont plus réceptifs à ces messages.

La question qui vient légitimement est donc celle de savoir si le thème du développement durable suscite réellement de l'intérêt chez les citoyens (ou les consommateurs, suivant le point de vue adopté), et par conséquent si le marketing durable est efficace pour les collectivités territoriales. D'une part, John GRANT montre dans « Le Manifeste du Marketing Vert » qu'une « ferveur verte est apparue (au niveau mondial, ndr) depuis 2005, que l'on peut constater sur les modes de consommation, mais aussi sur les comportements des citoyens » (John GRANT, Le Manifeste du Marketing Vert, AFNOR Editions, La Plaine Saint Denis, 2009, pp. 249). En analysant le « Rapport sur la consommation éthique » de la Co-operative Bank paru en 2006 (voir annexe 4), on constate en effet un gain d'intérêt pour les actes de consommation éthiques (l'alimentation, le logement, les transports...) ainsi que pour les comportements durables (recyclage, choix de commerçants locaux...). Cette combinaison de deux variables montre bien qu'il n'y a pas simplement au tournant de 2005 une forme de « mode » des produits durables, mais bel et bien un intérêt réel des consommateurs pour les questions liées à l'éthique (environnementale et sociale). John GRANT explique cette ferveur en grande partie par une prise de conscience générale des enjeux environnementaux liée aux catastrophes naturelles survenues au début du siècle et au documentaire du Prix Nobel de la Paix Al Gore, intitulé « Une Vérité qui Dérange ». D'autre part, John GRANT explique cette « ferveur » par

29

une dynamique de nombreuses entreprises qui ont développé des offres de produits eco-responsables et éthiques.

Par ailleurs, l'article de C-E HOULLIER-GUIBERT confirme cet intérêt pour les questions liées à l'éthique, plus précisément dans les stratégies de développement territorial en France : « après une période d'hésitation voire de réticence, le développement durable s'immisce dans les stratégies de développement des territoires » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 45-61, p.52) Dès 2005, il s'était rendu compte du phénomène en étudiant la politique territoriale rennaise et publiait : « Envie de ville, l'exposition Paroles d'habitants, la campagne contre l'alcoolisme des jeunes... autant d'opérations qui accompagnent les attitudes urbaines, voire modifient les comportements. Cet objectif répond à la nouvelle manière de faire de la communication citoyenne, en utilisant l'argument du développement durable pour changer les manières de faire. » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 4561, p.53).

De plus, les actions liées au développement durable peuvent être pour les collectivités territoriales un élément de marketing dans la mesure où elles permettent d'attirer les entreprises. En effet, selon Christophe BEAURIN, ces mesures « croisent de plus en plus les préoccupations d'entreprise en faveur de l'intégration des contraintes environnementales dans les processus de production » (BEAURAIN Christophe (2008) : « La construction d'un territoire à partir des ressources environnementales : l'exemple de l'agglomération dunkerquoise », Géographie, économie, société, pp. 365-384, p.368).Si l'on considère les différents postulats avancés par John GRANT, nous pouvons en effet comprendre que ces entreprises sont aujourd'hui plus enclines à favoriser des démarches de production plus responsables afin d'utiliser ces démarches à bon escient dans leurs stratégies de communication. Ainsi, les territoires peuvent faire valoir les opportunités qu'ils offrent en termes d'intégration de l'environnement dans le processus de production auprès des entreprises. En extrapolant la thèse de Christophe BEAURIN, nous pouvons donc penser que la mise en place de telles démarches permet à la fois d'attirer les firmes situées hors du territoire et d'impliquer celles présentes sur le territoire et donc les inciter à y rester.

Cependant, nous devons mettre un frein à ces constats...

D'abord, bien qu'une effective ferveur en faveur du développement durable soit apparue aux alentours de 2005, John GRANT expliquait lui-même qu'il était trop tôt au moment de la publication de son ouvrage pour savoir si ce phénomène correspondait à « un pic ou à une amorce » (John GRANT, 2007). Aujourd'hui, les avis sont mitigés à ce sujet. Nous pouvons, de manière presque caricaturale certes, diviser la communauté des chercheurs entre ceux qui estiment que cette ferveur est toujours d'actualité et s'est même amplifiée, et ceux qui pensent que la récession économique mondiale a fait passer les considérations éthiques au second plan. Pour le premier groupe, le fait que de plus en plus de marques proposent des produits éthiques et que les citoyens continuent à adopter des comportements responsables traduit une volonté de perdurer dans cette démarche, non pas malgré la récession, mais justement parce que celle-ci est présente. Les consommateurs favorisent alors selon ce premier groupe des modes de consommation et des comportements visant à rationnaliser leur budget et à privilégier la qualité au détriment de la quantité. Le second groupe de chercheurs avant lui que, même si les comportements responsables perdurent, la consommation éthique stagne, voir recule, en même temps que le pouvoir d'achat. Toujours selon cette communauté, cette baisse de volonté est surtout visible au niveau politique : les questions en

30

rapport avec le développement durable passent au second plan, pour privilégier la croissance et l'emploi.

Ensuite, HOULLIER-GUIBERT fait le constat que, pour ce qui concerne la communication territoriale, il est difficile d'impliquer la population sur le long terme à propos les démarches liées au développement durable. En reprenant l'exemple de Rennes, il montre que lorsqu'on cherche à faire réagir les citoyens, les réponses deviennent vite peu constructives et populistes. C'est pourquoi que les collectivités territoriales doivent prendre les devants : « aujourd'hui, l'apport du développement durable aussi bien pour inciter à la démocratie participative que pour modifier le comportement des citoyens ou encore pour servir de message politique, réconcilie et rapproche le marketing et les habitants » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 45-61, p.57). Ce à quoi il ajoute : « les approches telles que la planification stratégique, le projet urbain, la gestion environnementale urbaine ou les agendas 21 locaux sont érigées en nouveaux paradigmes d'action, motivés par les principes du développement durable, tendant à faire la ville autrement, à travers des démarches participatives » (HOULLIER-GUIBERT C-E (2009), « Evolution de la communication territoriale : les limites de l'idéologie de la proximité », Les Enjeux de l'information et de la communication, pp. 45-61, p.57).

Synthèse :

Le marketing durable a donc pour but ultime de rendre nos modes de vie plus responsables en banalisant les gestes de consommations durables (et par effet de domino ceux hors consommation). Pour ce faire, le marketeurs doivent certes être à l'écoute des demandes des consommateurs qui vont dans ce sens, mais aussi chercher à pousser pas à pas la création du désir des biens et services responsables. Il est également important de rappeler que, de leur côté, les consommateurs ont de plus en plus facilement accès aux informations et peuvent plus facilement se faire entendre des entreprises.

Afin de ne pas tomber dans le greenwashing, néfaste à l'image de marque, il est primordial de s'assurer de ne pas vanter des qualités que l'on ne possède pas, et donc de rester humble dans sa démarche de communication. Celle-ci doit être basée sur la réalité des faits. D'autre part, les actions responsables mises en place par l'entreprise et sa manière de communiquer à leur sujet doivent rester en cohérence avec sa vocation, son image et son histoire. Aussi, il est important que le consommateur sache pourquoi l'entreprise met en oeuvre telle ou telle démarche et pourquoi il doit s'y associer. Cela signifie que le marketing durable peut permettre de renouer le lien avec le consommateur ou le citoyen, et l'impliquer davantage dans la vie locale. Mais se pose la question de savoir si l'implication est possible sur le long terme.

Enfin, les auteurs constatent qu'une ferveur verte est apparue dans les modes de consommation et les modes de vie au sens large, et que le développement durable s'immisce dans les stratégies de développement des territoires. Cependant, nous ignorons encore s'il s'agissait d'un pic ou d'une amorce, d'autant que la situation économique internationale a grandement évolué depuis la rédaction du « Manifeste du Marketing Vert ».

31

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein