WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les relations internationales âpres la guerre froide: analyses et perspectives

( Télécharger le fichier original )
par Merveil Ilonga leka bilimba
Université pédagogique nationale - Licence 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§1. Les principes de politique africaine des USA

Les USA comme d'autres grandes puissances construisent leurs politiques régionales sur base du contexte géopolitique et surtout en observation de l'environnement international. Il en est de même pour les USA. En effet, les principes qui gouvernent la politique africaine des USA sont très fluctuants en raison des éléments que nous venons de souligner.

Pour bien les percevoir, nous pouvons les analyser dans une vision diachronique.

1.1. Pendant la guerre froide

Le premier principe de politique africaine des USA est celui des droits des peuples à disposer d'eux-mêmes. En effet, à partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, les USA comme l'ex URSS a soutenu le processus de décolonisation africaine. Ainsi, cette politique a été fondée sur ce principe. Le deuxième principe est celui du respect des zones d'influence. Ce principe justifie la réticence américaine d'intervenir directement en Afrique. L'objectif principal était de ne pas offusquer les partenaires européens, notamment la Grande Bretagne, le Portugal, la Belgique et la France.101

Le changement de l'environnement international marqué par le risque de contrôle total du continent par l'ex URSS va marquer l'évolution stratégique des principes de politique africaine des USA. Ils abandonnent le principe de respect des zones d'influences pour adopter celui de retrait de petites puissances et de l'opposition à l'URSS. Dans ce cadre, nous pouvons lire : « Mais, face au risque, réel ou supposé, de prise de contrôle du continent par l'URSS, les États-unis se substituent aux petites puissances pour gérer la décolonisation. Ainsi, Washington intervient au Congo en 1960 et finit par soutenir le général Mobutu qui, pourtant, n'était pas son favori au départ. Dans le sud, en Angola, en Namibie et au Mozambique, l'Amérique intervient très indirectement, via l'Afrique du Sud, à partir de 1975 quand le Portugal se désengage. »102

101 DUIGNAN, P. et GANN, L.-H. Les États-unis et l'Afrique, une histoire, Economica, Paris, 1984, p. 87

102 FAFF, W. "L'hégémonie n'a qu'un temps", in Courrier international, n° 540, 8-14 mars. 2001.

43

1.2. Après la guerre froide

La fin de la guerre froide porte un coup fatal à l'intérêt américain sur l'Afrique. La fin de la guerre froide réduit sensiblement les tensions dans le monde. En Afrique, on constate la fin de l'intérêt stratégique et militaire américain. Pour marquer vraiment ce changement, L'administration Bush senior engage une politique d'apaisement et de règlement de certains conflits africains.

Cette phase est marquée par des hésitations américaines à adopter des principes directeurs de sa politique africaine. Cet ainsi que dans la première moitié des années 1990, le gouvernement américain hésite à s'impliquer dans les problèmes du continent, en particulier dans la gestion du génocide rwandais.

Dans la seconde moitié, l'administration américaine adopte le principe de progression des positions économiques américaines en Afrique. « Ainsi, en 1996, B. Clinton réoriente les priorités diplomatiques générales du pays, accordant une primauté de l'économique sur le militaire, au risque de mécontenter le Pentagone, dont le budget diminue »103

L'opinion nationale américaine face aux révélations faites par deux fois par CNN va pousser l'administration à s'impliquer d'avantage en Afrique.

« Cette chaîne retrace sur le petit écran la guerre civile et la famine qui sévissent en Somalie. Le gouvernement lance alors l'opération "Restore Hope" ("Restaurez l'espoir"), en janvier 1993. Le même appareil médiatique provoque la réaction inverse en octobre 1993, lorsque la diffusion des images du corps d'un soldat américain traîné dans les rues de Mogadiscio soulève l'opinion publique et pousse A. Clinton à retirer les troupes. Cependant, l'objectif géopolitique sous-jacent de cette opération est déjà d'endiguer l'influence islamiste. Cette opération s'achève dans la confusion, de manière tragique et humiliante pour les Etats-Unis.

B. Clinton promulgue alors les trois principes qui président son action sur le continent :

trouver des solutions africaines aux problèmes africains, c'est-à-dire limiter les interventions directes et chercher des relais sur place ;

intégrer l'Afrique dans les circuits de l'économie mondiale, comme fondement de la diplomatie commerciale de l'après-guerre froide ;

103 NOUAILHAT, Y.-H. Les États-Unis et le monde au XXe siècle,éd. Armand Colin, Paris, 2000, p. 45

44

S'opposer activement au terrorisme, islamiste, comme au Soudan ou en Libye. »104

Les attentats du 11 septembre 2001 vont amener une nouvelle définition des principes de politique africaine des USA. Ainsi, Bush junior. Sous son Administration, les principes se confondent aux objectifs et aux priorités. L'élément majeur de la politique africaine est la lutte contre le terrorisme islamique, le contrôle des rogues states et des failled states en Afrique.

§2. Les courants philosophiques de la politique africaine des USA Post-guerre froide : l'engagement sélectif et la legacy

De la naissance de la fédération américaine à la Deuxième guerre mondiale, la politique étrangère américaine à l'égard de l'Afrique est caractérisée par une sorte de négligence sinon d'indifférence perceptible avec les années qui passent sans subir de changement majeur.105

Après la guerre, la lutte contre l'expansion du communisme est au centre de la politique africaine des Etats-Unis entre 1947 et 1989.

Au lendemain de la chute du Mur de Berlin, George Bush senior arrive au pouvoir avec aucune vision pour le continent africain. Le nouvel ordre mondial qu'il tente de mettre sur pied exclut totalement l'Afrique qui vient de perdre son importance géopolitique avec l'implosion de l'URSS.

La politique étrangère à l'égard de l'Afrique sous William J. Clinton, basée, pour la plupart, sur des fondements idéalistes beaucoup plus solides, sera en définitive plus paternaliste que productive. Georges W. Bush, au début de son mandat, est tout simplement laconique dans ses propos à l'égard de l'Afrique. Peut-être ne voulait-il pas mettre en exergue ses impérities quant au continent africain. Finalement, force est de constater qu'aucune administration, comme nous le verrons plus loin, n'a véritablement développé de politique, de stratégie à long terme pour guider les activités et les implications américaines en Afrique dans les années 1990 et 2000.

104 LERICHE, F., « La politique africaine des États-Unis : une mise en perspective », in Afrique contemporaine no 207, 3/2003 pp. 7-23.

105 SCHRAEDER, P. - J., United States Foreign Policy Toward Africa : Incrementalism, Crisis, and Change. Cambridge, Cambridge University Press. 1994 , p. 3

45

§3. De l'engagement sélectif et son application dans les relations USA-AFRIQUE

De Ronald Reagan à Georges W. Bush, en passant par Bush senior et Bill Clinton, l'engagement sélectif domine la politique étrangère américaine depuis la fin de la Guerre froide et de l'implosion de l'Union soviétique. Mais, c'est sous la présidence de Georges W. Bush que l'application de cette approche à l'égard de l'Afrique demeure évidente. Pour les observateurs de la politique étrangère, l'engagement sélectif, par définition ou par application, n'est ni du multilatéralisme ni de l'unilatéralisme.106 En 2001 Richard Haas, le chef du Policy Planning Staff au département d'État de l'administration Bush, définit l'engagement sélectif comme du « multilatéralisme à la carte ».107

Le Secrétaire d'État de l'époque, Collin Powell rejette l'étiquette «unilatéraliste» donnée à la politique étrangère après le 11 septembre 2001. Il explique Washington, n'intervient pour défendre ses intérêts que quand lui et lui seul le juge nécessaire. »108, En réalité, l'approche s'apparente fondamentalement à un véritable bilatéralisme beaucoup plus dangereux que l'unilatéralisme pour le reste du monde.

En effet, elle conduit la Maison Blanche à faire des choix stratégiques sur le lieu, le moment et la question sur laquelle les États-Unis doivent intervenir. Le critère fondamental à souligner, quant à l'intervention américaine sur la scène internationale, reste l'intérêt national américain en terme géostratégique, économique ou sécuritaire et ce, peu importe l'impact que celle-ci peut avoir sur le reste de la communauté internationale.

Les caractéristiques de l'engagement sélectif sont :

1. L'engagement sélectif (comme l'unilatéralisme d'ailleurs) amène Washington à ne pas tenir compte de l'opinion de l'ensemble de la communauté internationale et aussi surtout de l'impact de ses interventions sur cette dernière.

2. L'approche de l'engagement sélectif favorise la mise sur pied de politiques basées sur le concept du «Pivotal State» qui amène Washington à concentrer l'essentiel de ses relations vers certains pays considérés comme des États pivots ou centraux. Ce qui définit l'État pivot : « c'est sa capacité à influencer la stabilité régionale, leurs succès ou échecs affectent les pays de la région et surtout les intérêts américains».109 Ainsi, nous pouvons citer l'Afrique du Sud en Afrique

106 STEIN KENNETH W, op.cit. , p. 52

107 Idem

108 Ibidem, p.53

109 CHASE, ROBERT, S, HILL, E.-B. et KENNEDY P., « Pivotal States and U.S. Strategy », in Foreign Affairs, vol. 75, no.1, 1996, p. 37

46

australe, le Nigeria en Afrique occidentale. Ces derniers reçoivent des traitements privilégiés de la part de Washington qui, à travers ces puissances hégémoniques régionales africaines, protège ses intérêts régionaux.

3. Mais, la conséquence la plus sérieuse est que cette approche contraint les Américains à se départir de leur responsabilité de seule superpuissance à l'égard du reste du monde. En effet, Washington rejette les principes et les processus multilatéraux quand vient le temps de faire face à certaines catastrophes et urgences globales. Nous pouvons, à cet effet, rappeler le refus de Bill Clinton d'intervenir lors du génocide au Rwanda en 1994 car Washington n'y avait aucun intérêt aussi bien dans le domaine de la sécurité nationale que dans celui de l'économie. Autrement dit, l'engagement sélectif réduit à néant la notion de «responsabilité positive », liée au rôle de seule superpuissance du monde qui devrait conduire Washington à développer des politiques et des initiatives désintéressées pour aider les pays du Tiers monde à lutter contre la pauvreté, le sida et à favoriser la naissance d'une culture démocratique.

Quant à l'Afrique, depuis la fin de la Guerre froide, l'intérêt national américain serait principalement lié aux questions de sécurité nationale. Et à un degré moindre, les questions économiques deviennent de plus en plus importantes depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000. Avec la flambée du prix du pétrole sur le marché international, Washington porte une attention encore plus grande à des pays tels que le Nigeria et le Gabon.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme devient la pierre angulaire des relations américano-africaines, et ce, en remplacement de l'endiguement. Il s'agit en fait d'un retour vers la politique dangereuse et malsaine de la Guerre froide qui amenait Washington à soutenir les dictatures africaines qui, à des degrés différents, participaient à la lutte contre l'expansion du communisme et ce, malgré les exactions et violations perpétrées par ces dernières à l'égard de leurs populations respectives.

De nos jours, la Maison Blanche applique cette même politique au nom de la lutte contre le terrorisme. L'approche de l'engagement sélectif conduit donc les Etats-Unis à sélectionner un certain nombre de pays africains avec lesquels Washington développe des relations privilégiées pour la défense de ses intérêts économiques (Nigeria, Afrique du Sud et Gabon, etc.) et sécuritaires (Djibouti, Kenya, et Somalie etc.)

47

3.1. De la politique du legacy et son application dans les relations USA-AFRIQUE

La deuxième approche est celle de la « politique de legacy » qui est construite à partir du concept de legacy lui-même ou d'héritage. La question fondamentale serait de savoir comment se souviendra-t-on du président? Concrètement, cette politique consiste à associer à jamais une politique ou des initiatives au nom de la famille du président.

Celles-ci peuvent véhiculer des idéologies ou des messages électoraux favorables au président du moment. Ainsi, cette politique de `legacy' permet non seulement, à l'administration Bush de mettre en exergue son soi-disant intérêt pour l'Afrique, mais aussi de redorer son blason auprès de l'électorat noir américain qui dans une certaine mesure s'est toujours soucié du sort du continent africain. Malheureusement, cette approche ne tient compte ni des résultats ni de l'impact des politiques sur les pays africains.110

En définitive, nous pouvons résumer les principes de politique africaine des USA en plusieurs séquences ou phases. Chacune de ces phases obéit au changement d'environnement international. Le début de la période post guerre froide est marqué par des hésitations quant à l'élaboration des principes clairs de politique africaine. Bill Clinton a posé le principe de la diplomatie commerciale : « l'accent est mis sur le potentiel économique de l'Afrique. Washington, dont l'objectif est de réduire la dépendance énergétique nationale à l'égard du golfe Persique, souhaite accroître ses importations pétrolières en provenance de l'Afrique occidentale, de 15 % en 2001 à 25 % en 2020 ».111 Sous Bush junior la politique africaine des USA était guidée par le principe de sécurisation préventive, lequel principe passe par une politique tournée vers le développement économique, le renforcement du processus de démocratisation du continent et la prévention du sida. Après le 11 septembre, le principe de sous traitance militaire s'est ajouté à ceux existant déjà.112

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry