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Presse congolaise et son financement

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par PASSI BIBENE
Senghor dà¢â‚¬â„¢Alexandrie - Master 2013
  

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De la cooptation à la corruption

Elle concerne les journalistes jugés intègres ou à la plume critique sur lesquels les pouvoirs politiques n'ont pas d'emprise. Ce stratagème aboutit à terme à la domestication des journalistes voire à un bâillonnement des médias. En 2013, la nomination du directeur/propriétaire du mensuel Maintenant en qualité de conseiller à l'ambassade du Congo au Gabon est un exemple de "mise hors d'état de nuire" mais aussi la fin d'un journal jugé dérangeant. Réputé pour ses articles critiques à l'égard du régime en place, John Ndinga Ngoma, journaliste à Talassa, nous a révélé qu'il lui avait été demandé de quitter cet organe de presse pour servir aux Dépêches de Brazzaville avec à la clé une meilleure rémunération.

Selon les circonstances, ce stratagème peut varier d'une rédaction à une autre au point de se manifester sous le couvert du communautarisme. Quelquefois, les journalistes jugés ou soupçonnés peu favorables à un régime au pouvoir sont de moins en moins utilisés, responsabilisés et promus à des postes de responsabilité. Outre ces pratiques, le jeu de la corruption peut aussi être aussi discret qu'insoupçonnable. D'ailleurs, cette forme de subordination des journalistes se confond avec la cooptation. L'établissement des preuves confirmant cette pratique dans les milieux de la presse est difficile, voire impossible par rapport à l'indisponibilité des éléments probants susceptibles d'étayer une telle hypothèse. Mais dans la précarité, comment garder son intégrité morale sans se plier à la corruption comme moyen de survie financière ? La précarité des journalistes porte à croire que de la cooptation à la corruption, il n'y a qu'un pas à franchir. Et la situation alarmante115(*) dans laquelle patauge la presse renforce le risque pour les acteurs des médias de succomber à la corruption (passive ou active) dans laquelle patauge les médias renforce le risque pour les acteurs des médias de succomber à la corruption (passive ou active).

Les conflits d'intérêt dans l'exercice du journalisme

Faute de dispositions réglementaires, beaucoup de cas de conflit d'intérêt sont observables dans la pratique du journalisme au Congo. Le cas des journalistes mariés aux dirigeants politiques, s'il peut faire objet de polémique surtout en période électorale en France, ne saurait être le plus grave dans la presse congolaise.

En effet, la corporation des journalistes se trouve investie par des professionnels qui, tout en servant dans des rédactions, sont attachés de presse ou conseillers en communication dans des cabinets ministériels ou dans les directions des entreprises privées et/ou para-étatiques qui ne s'empêchent pas souvent de présenter l'actualité des structures considérées même quand cela est moins évident que sous des meilleurs jours sur les médias publics. Est-il compatible de travailler comme conseiller/chargé de communication ou attaché de presse dans un cabinet tout en continuant à pratiquer le journalisme dans une entreprise médiatique ? Si l'on considère la définition que Le Figaro.fr propose : un conflit d'intérêts est toute situation qui peut susciter un doute sur l'impartialité et l'indépendance d'un journaliste professionnel, il est évident que toute connivence avec des institutions ou les politiques expose le journaliste à des soupçons de complaisance, ce qui entame la crédibilité de l'information, du journaliste et du média qu'il représente puis engendre une "confusion déontologique".

En mi-février 2013, une journaliste de Télé Pointe-Noire (média public) a présenté le journal de 19 heures 30, habillé en camisole estampillée de l'image de Sassou116(*) tandis que sur Télé Congo, Niama-Ibouili animait Le Foncier dans l'uniforme des agents du ministère des affaires foncières. L'article 97 portant sur les droits et devoirs du journaliste reconnaît que le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait de nature contraire à la ligne générale de son entreprise [...]. Lorsqu'il est lié par le statut général de la fonction publique, il est tenu au respect scrupuleux de la neutralité politique, de l'obligation de réserve et de l'impartialité dans l'exercice de sa profession. Pour le cas de la journaliste présentatrice de Télé Pointe-Noire, son engagement affiché et assumé suscite des interrogations sur la compatibilité entre militantisme politique et l'exercice d'un métier qui repose sur les notions d'indépendance et d'impartialité de la part des journalistes. Certes, les textes déontologiques congolais semblent souffrir d'un vide en matière de conflits d'intérêts, mais il n'en demeure pas moins vrai que les comportements de nature à décrédibiliser aussi bien un média qu'un journaliste sont prohibés en journalisme.

Ainsi, les nominations aux postes de responsabilité dans les médias (d'État) devraient cesser de faire l'objet de pacte politique tacite. Une telle disposition épargnerait journalistes et médias du piège des relations publiques qui renforcent la confusion entre la communication et l'information (au sens journalistique du terme). Sur les antennes de la télévision nationale par exemple, la reprise du nom du programme de société du président de la République, « Le Chemin d'avenir », comme titre d'une émission télévisée ayant servi de tribune de visibilité aux membres du gouvernement ne saurait être anodine. Traitant des cas de conflits d'intérêts en Italie, Reporters Sans Frontières (RSF) souligne qu'ils constituent « une menace potentielle pour la liberté d'expression » (Enquête : conflit d'intérêts dans les médias : l'anomalie italienne, avril 2003). Il est évident que « le droit du public à une information de qualité, complète, honnête, libre, indépendante et pluraliste contenu dans la Déclaration des droits de l'homme, guide le journaliste dans l'exercice de sa mission ». Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen passe avant toutes autres pour éviter des pertes de crédibilité et d'audience.

La sédentarisation du journaliste

Un autre cas de figure qui menace l'indépendance des journalistes est ce qu'on peut aussi désigner comme des chasses gardées. Il s'agit en fait de la couverture médiatique de certaines activités organisées par différentes institutions (publiques et privées) assurée essentiellement ou généralement par un seul journaliste sur la base de ses affinités avec les organisateurs ou d'un contrat tacite. À titre d'exemple, figure en bonne place la couverture des activités organisées au ou par le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza par un seul et unique journaliste de la télévision nationale et celle des voyages du Président Denis Sassou Ngesso par « La presse présidentielle ».

* 115 Selon les résultats du contrôle administratif et technique des entreprises de presse, d'imprimerie et du recensement des médias lancés par le conseil supérieur de liberté de la communication (CSLC), la situation administrative des médias est alarmante au Congo. Il ressort de ce contrôle que cinq (5) chaînes de radio seulement sont en situations régulières (Radio-Congo, Radio-Brazza, Radio Rurale, Radio Magnificat et Radio Mucodec) contre 56 en situation irrégulière, pour absence d'autorisation d'exploitation, manque de convention conclue avec le Cslc et inexistence de cahier des charges. Dans le cas de la télédiffusion, sur 29 chaînes de télévision existantes, à peine deux (Télé Congo et Télé Pointe-Noire, toutes des médias de service public) sont en situation régulière. Les 27 autres chaînes sont classées en situation d'irrégularité pour non-autorisation d'exploitation, manque de conventions conclues avec le CSLC et inexistence de cahiers des charges.

* 116 Article paru dans Econews 777 n°60 2013 à la page 3

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway