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Lutte contre les discriminations et intégration des immigrés d'Afrique Subsaharienne : Approche d'analyse à  Evry

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par Brice Arsène Mankou
Université d'Evry Val d'Essonne - Master Interdisciplinaire de citoyenneté droits de l'homme et action humanitaire 2004
  

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DISCRIMINATION À L'EMPLOI A EVRY

Elle se présente comme l'une des formes les plus répandues de la violation du principe d'égalité pour tous. Tout le monde en parle, tout le monde s'en plaint.

A Evry malgré le récent colloque sur l'accès à l'emploi des jeunes diplômés issus de l'immigration, nous avons recueillis plusieurs témoignages des victimes de cette discrimination.

Un jeune Centrafricain présente une candidature pour un poste de comptable dans une société d'Evry. La Société l'invite à passer son test qu'il réussit et lors de l'entretien, le fait qu'il se soit présenté comme centrafricain a suffi pour que le responsable, qui passait l'entretien lui dise que pour ce poste « nous avons besoins des français et non des étrangers. Nous devons d'abord résorber le chômage qui touche notre pays, vous serez utile à votre pays, la Centrafrique, je ne connais d'ailleurs pas ce pays... »

Un journaliste inscrit à l'ANPE a répondu à une annonce publiée par cette agence sur un poste de journaliste dans une radio locale. Le journaliste ayant postulé, a été reçu pour un test. A son arrivée, la femme chargée de le recevoir le fait attendre en lui faisant croire que le Rédacteur en Chef était absent. Pendant qu'il attendait d'être introduit dans le bureau du Rédacteur en Chef, il entendit dans le bureau d'à côté : « C'est un Black ».suivi de quelques éclats de rire.

Quelques minutes plus tard, la femme lui fit savoir que l'entretien était reporté sine die, deux jours après, il reçu une réponse négative.

Face à de telles pratiques discriminatoires, récemment, les députés français qui ont renoncé au CV anonyme, doivent réfléchir au moment où la France doit faire face à un taux de chômage le plus spectaculaire de son histoire, 10% de jeunes diplômés sans emploi n'est tout de même pas anodin. Le CV anonyme, comme son nom l'indique ne devait pas comporter de nom, de photo, d'adresse, d'âge, ni de nationalité du postulant. Cette expérience devait amener les recruteurs à n'analyser que les motivations du candidat, son savoir faire, son expérience et son apport dans l'entreprise qui l'accueille. Le nom patronymique, l'âge, l'adresse, les origines sont des handicaps pour accéder à un emploi.

Lorsqu'on est noir, diplômé et que l'on habite les « Pyramides », c'est un lourd handicap pour accéder à un emploi. D'ailleurs, un jeune des Pyramides qui n'en pouvait plus de recevoir des réponses négatives se résolut à s'appeler « Daniel Durand », il envoya son CV en changeant simplement de nom. Deux jours après, il fut convoqué à un entretien d'embauche.

La discrimination à l'emploi souligne Manuel Valls, « constitue une des formes les plus courantes de la violation de notre principe égalitaire. On a, à diplôme égal, le contraste entre étrangers ou français dits issus de l'immigration et français, qualification encore plus difficile à analyser, reste équivalent... »

Nous savons que beaucoup de jeunes immigrés de l'Afrique Subsaharienne sont victimes de mesures discriminatoires à l'emploi. C'est le cas d'un jeune originaire de RDC (République Démocratique du Congo), qui s'est vu refuser un emploi de chargé de clientèle dans une agence d'intérim à Evry. La personne qui l'avait reçu le jour de l'entretien lui a fait savoir qu'il vaudrait mieux pour lui, qui venait d'être reconnu réfugié, de postuler comme vigile dans un supermarché, comme le font certains, que de postuler comme chargé de clientèle. Ce jeune est titulaire d'une Maîtrise en Sciences économiques (BAC + 4).

Deux autres jeunes filles du quartier des Aunettes, malgré leur DESS en droits des Affaires n'ont pu obtenir de stages dans les Cabinets d'avocats d'Evry.

L'une d'entre elle, pour joindre les deux bouts a été containte d'accepter un poste de conditionneuse dans une entreprise de Corbeil-Essonnes tandis que l'autre est auxiliaire de vie.

Parlant de difficultés pour obtenir un stage, personnellement j'ai envoyé environ une centaine lettres de candidature pour obtenir un stage. De ces cent lettres, une seule réponse a été positive. C'est celle du service Intégration et Lutte contre les discriminations de la Mairie d'Evry. A travers ces cas précis de discriminations directes à Evry, ce sont des souffrances, des injustices de ces jeunes diplômés que la société rejette en raison de leur origine. La République devrait assurer l'Egalité des chances à tous les citoyens même aux minorités silencieuses, mais visibles qui n'attendent qu'à être reconnues à leur juste valeur.

D'une manière générale en France, les discriminations à l'emploi se poursuivent. Cerise sur le gâteau, certains jeunes français d'origine étrangère, pourtant diplômés des Universités françaises ne sont pas embauchés, en tenant compte de leurs diplômes. De ce fait, ils subissent une autre forme de discriminations dans la rétribution qu'ils perçoivent lorsqu'ils travaillent. C'est le cas de Oumar Sylla, jeune franco-sénégalais diplômé de Sciences Po Rennes et engagé comme chargé de mission auprès de Mme Jeanne Larue Vice Présidente du Conseil régional de Bretagne.

Dans un article paru dans le Canard Enchaîné du 25 mai 2005, et intitulé « Dumping Social de Gauche à la mode de Bretagne » un témoignage qui se passe de commentaire de ce jeune franco-sénégalais nous est rapporté :.

Pas besoin d'expédier les salariés en Roumanie ou en Arménie pour les sous-payer ! Depuis son embauche au conseil régional de Bretagne en juin 2004, Oumar Sylla, jeune chargé de mission franco-sénégalais, est royalement payé 523 euros net par mois. Et ce au titre de collaborateur politique direct de la vice-présidente à l'administration générale, radicale de gauche Jeanne Larue. Après Josselin de Rohan, battu aux régionales en 2004, les nouveaux ducs de Bretagne, pourtant officiellement à gauche, sont grands seigneurs ! Pour un demi smic net, Oumar est en principe chargé de mission à mi-temps. Mais il dépassait largement ses horaires, d'après plusieurs témoignages. Jusqu'en janvier, où sa patronne l'a soudain pris en grippe pour de sombres histoires de transmission de consignes de vote avec l'autre élu radical. Du jour au lendemain, Oumar se voit demander les clés de son bureau, puis sommé d' »exercer son activité à son domicile » par une autre lettre comminatoire du directeur général des services du conseil régional, qui lui signifie avec six mois d'avance le non renouvellement de son contrat en juin.

Comme si cela ne suffisait pas, il se voit accusé au passage d'avoir envoyé un e-mail à son frère au Sénégal afin de « marabouter » sa patronne ! Il dément avec énergie et soupçonne aujourd'hui que l'e-mail a en fait été envoyé à son insu de son propre ordinateur resté allumé lors d'une pause déjeuner.

Le vrai tort d'Oumar Sylla ? Avoir accepté sans broncher son sort de travailleur pauvre, alors qu'il est bardé de diplômes : sortir officier de Saint Cyr, il est titulaire d'une maîtrise de communication et d'un DESS de management de la presse de Sciences-Po Rennes... « Il se trouve que je rédigeais en fait les discours de Mme Larue, notamment sur la précarité, mais, avec mes 523 euros par mois, j'ai moi-même été forcé de recourir à l'aide de la Croix Rouge pour manger... , explique-t-il au « Canard », Histoire que ces discours sonnent plus vrai ?

Interrogée à son tour, Jeanne Larue, vice-présidente de l'administration générale (ironie du sort !), affirme tomber des nues : « M. Sylla a été réaffecté à d'autres fonctions au sein du groupe socialiste, et ce n'est pas ma faute si son contrat a déjà expiré (sic). Il n'a jamais rédigé de discours pour mois et je n'ai absolument rien à lui reprocher. » Pourquoi tant d'acharnement à s'en débarrasser, alors ?

Dans une lettre salée du 22 février au président PS du conseil régional, Jean-Yves Le Drian, le syndicat SUD ne l'entend pas de cette oreille et dénonce le « traitement illégal, injuste et irrespectueux » d'Oumar, s'indignant qu'un collaborateur de groupe puisse être payé au dernier échelon de la catégorie C correspondant au niveau d'un balayeur. « Selon nos informations, les autres collaborateurs de ce groupe qui sont chargés de mission sont, quant à eux, logiquement rémunérés en référence à la catégorie A, ce qui ne peut qu'alimenter une lecture de ce dossier sous l'angle de la discrimination ». La CGT est également intervenue en sa faveur.

Dircab' de Le Drian, Dominique le Tallec reconnaît, un rien gêné aux entournures : « Ce bas salaire n'est pas illégal à proprement parler, mais il n'est pas glorieux, c'est vrai. C'était une solution de dépannage... »

Un « dépannage » d'un an tout de même.

DISCRIMINATIONS DANS L'ACCES AUX LOGEMENTS

Ils sont nombreux à Evry, ces travailleurs immigrés en recherche de logement digne de ce nom. Beaucoup parmi eux ont fait toutes les démarches nécessaires et certains n'y croient même plus.

C'est le cas de ce couple dont M. est agent pénitentiaire et son épouse employée de caisse à Carrefour, qui ne trouvent pas de logement, malgré tout le dossier fourni à l'Office des HLM et auprès des agences privées.

Cette discrimination touche également des étudiants qui viennent d'Afrique Subsaharienne et qui ne peuvent se loger correctement en raison, non pas du manque de logement, mais surtout en raison de leur origine.

A cet effet, trois étudiants, originaires du Burkina Faso, n'ont pu obtenir un logement en cité universitaire et auprès des particuliers qui leur exigeaient des garanties certes, mais une fois les garanties trouvées, ces propriétaires ont argué que leurs studios venaient d'être loués à d'autres étudiants.

Il faut noter que les discriminations prennent également des formes détournées. Elles sont à ce moment là, indirectes.

DOUBLE DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES D'AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Etre femme issue d'Afrique Subsaharienne et accéder à un emploi en France n'est pas facile. Ces femmes souffrent de la double discrimination. Beaucoup d'entre-elles par dépit ont choisi des métiers comme : auxiliaire de vie, technicienne de surface (femme de ménage), conditionneuse, baby-sitter, alors que dans leur pays d'origine, elles ont occupé des postes valorisants après des parcours d'études de haut niveau.

Sur Evry, j'ai eu un contact avec une femme cadre de banque, dans son pays d'origine, qui est technicienne de surface dans un hôtel.

Une ancienne avocate, victime de la discrimination au logement explique son calvaire. « ... je voulais un appartement dans le parc privé. Je me suis adressé aux agences privées. J'ai contacté 3 agences. Et quand j'arrivais, une question récurrente m'était posée : «  Pourquoi n'avez-vous pas constitué un dossier pour avoir un habitat à loyer modéré (HLM) auprès de l'OPAC ? J'avais l'impression en tant qu'(Africaine, je ne devrais habiter qu'en HLM. Or je n'étais pas en difficulté. Quand les visites ont commencé : 1ère commission d'appartement, 2ème commission, on m'explique que les propriétaires ont retiré leurs biens. Curieusement une semaine après, il y avait toujours la pancarte « A louer » affichée sur la maison et à l'agence... »

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery