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Lutte contre les discriminations et intégration des immigrés d'Afrique Subsaharienne : Approche d'analyse à  Evry

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par Brice Arsène Mankou
Université d'Evry Val d'Essonne - Master Interdisciplinaire de citoyenneté droits de l'homme et action humanitaire 2004
  

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LES CAUSES

Quel est notre regard sur l'autre ?

Les discriminations proviennent du regard que nous avons de l'autre. Comment regardons-nous Autrui ? Comment le traitons-nous, cet autre sujet de droit comme nous ?

L'universalité des droits de l'homme confère à Autrui en tant qu'être humain et citoyen, tous les droits fondamentaux (droits civils et politiques, droits sociaux et économiques). Cela peut théoriquement se comprendre, dans la mesure où cet ensemble de normes formant les droits de l'homme a pour but de préserver la dignité de tout être humain sociable. Les droits de l'homme n'excluent donc pas « l'étranger », « l'immigré », et « l'autre », qu'ils soient individuels (liberté d'aller et venir) ou collectifs (liberté syndicale).

A cet effet, point n'est besoin de rappeler que l'ensemble des droits contenus dans les chartes et les conventions internationales appartiennent sans discrimination à toutes personnes, sans distinction de race ou de religion et vivant dans ces pays membres. Comment considérons-nous l'étranger en France ?

Les discriminations ont pour facteur essentiel, la représentation négative d'Autrui. « L'étranger », l'immigré est souvent regardé avec des prismes négatifs, dévalorisants. Comme le souligne Merleau-Ponty, dans son livre Phénomènologie de la Perception, à la page 402 : « Or autrui serait devant moi un en-soi et cependant il existerait pour soi, il exigerait de moi pour être perçu comme une opération contradictoire, puisque je devrais à la fois le distinguer de moi-même, donc le situer dans le monde des objets : et le penser comme conscience, c'est-à-dire comme cette sorte d'être sans dehors et sans parties auquel je n'ai accès que parce qu'il est moi et participe. Celui qui pense et celui qui est pensé se confondent en lui. Il n'y a donc pas de place pour autrui et pour une pluralité des consciences dans la pensée objective ».13(*)

De cette perception que nous avons de « l'étranger », de l'immigré, les discriminations de toutes sortes naissent. Alors que nous savons bien comme André Gide, que : « Le meilleur moyen pour apprendre à se connaître, c'est de chercher à comprendre Autrui ».

Comprendre Autrui, c'est dépasser les barrières liées à l'origine, à la langue, à la race pour l'intégrer. Car selon Jean-Paul Sartre dans son livre L'Existentialisme est un humanisme  : « Pour obtenir une vérité quelconque sur le moi, il faut que je passe par l'autre ». 14(*) Par conséquent, « L'Autre », « l'étranger », « l'immigré » n'est pas un non Etre, mais un Etre à part entière que je dois faire exister.

C'est ce qu'Aristote affirmait lorsqu'il écrivait : « Par conséquent à la façon dont nous regardons dans un miroir, quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même ».

L'étranger n'est donc plus que cet Autre que l'on ne veut pas connaître, avec qui on ne veut pas communiquer, mais un être à part entière et donc un sujet de droit.

Dans Etre et Temps, Martin Heiddeger, attire notre attention sur Autrui en ces termes : « celui qui ne soucie aucunement d'Autrui, qui pense n'en avoir nul besoin ou en est effectivement privé... demeure dans son être sur le mode de l'être-avec-autrui ».15(*)

Comment jugeons-nous l'Autre, l'Etranger, l'Immigré ?

« L'étranger », « L'immigré », « Autrui » étant différent de moi est donc inférieur à moi. Dès lors, il n'a pas droit comme moi à ceci ou à cela. Sa culture est inférieure à la mienne. Plutôt que d'apprendre à le connaître pour mieux le comprendre et l'intégrer, je me ferme. Je n'ose pas le regarder ou je le regarde mais comme différent de moi.

Si je le regarde comme différent de moi, je le traite non pas comme égal à moi, mais comme inférieur à moi. D'où les injustices, les discriminations et même le racisme. L'Autre, parce qu'il est différent, est mon semblable. Comme le disait Socrate : « Ignorant ! toi qui crois que je ne suis pas toi ». D'où cette conclusion de Marc. Blondel, dans son livre Action - qui parle, à la page 163, des jugements que nous portons sur Autrui : « la sévérité de nos jugements sur les autres tient d'ordinaire à ce que nous prenons notre idéal pour notre pratique et leur pratique pour leur idéal ». Plutôt que de vite juger les autres à travers les clichés, les stéréotypes, allons vers l'Autre, « l'étranger », « l'immigré » afin de mieux le connaître.

Dans ce même ordre d'idée Emmanuel Mounier, dans son livre Le personnalisme, nous invite à aller vers les Autres plutôt que de s'enfermer sur soi même : « De même que le philosophe qui s'enferme d'abord dans sa pensée ne trouvera jamais une porte vers l'être, de même celui qui s'enferme d'abord dans le moi ne trouvera jamais le chemin vers Autrui ».

C'est ce que J. La Croix a appelé « le dialogue de l'âme avec elle-même et avec Autrui ». En effet, dans son livre Le Sens du Dialogue, il écrit : « l'âme ne peut dialoguer avec elle-même que si elle a pu accueillir l'Autre, que si l'Autre est déjà en elle ».16(*) Mais tout ceci passe par le langage, la communication.

Comment traitons-nous « Autrui », « L'Immigré », « L'Etranger » ?

Nous savons que la France accueille chaque année environ 100 000 étrangers. Comment les traitons-nous ?

En Préfecture, en Mairie, dans les différents services publics, comment recevons-nous ces étrangers qui viennent pour des renseignements et divers services ?

Ahmed Boubeker dans son livre Familles de l'intégration aux éditions Stock, fait un constat sur l'obtention des titres de séjour des étrangers en préfecture. « La question des papiers écrit-il devient une obsession pour l'étranger. Soumis à l'arbitraire de la bureaucratie, il doit sans cesse exhiber des preuves. Tout prouver, se justifier ».17(*)

« L'Autre », « L'Etranger », « L'Immigré » est traité comme un sans droit mais aux devoirs multiples. Devoir de tout prouver, tout justifier. On peut donc se poser la question de savoir quelle image l'Autre, l'Etranger, l'Immigré nous renvoie. Dans le subconscient de beaucoup de Français, « `L'immigré », « L'étranger » est un sans papier, et même un sans papier souligne le GISTI : « n'est pas un sans droit ». Par conséquent, la peur de l'étranger, de l'immigré aggravée par le discours du Front National en France, entraîne des idées reçues telles : « Acueillir l'immigration en France, c'est accueillir toute la misère du monde ».

Dans le livre Nouvelles citoyennetés : réfugiés et sans papiers dans l'espace Européen, François Héran tente de prendre le contre-pied de cette idée en indiquant : « A l'échelle de la planète, une personne sur quarante seulement est installée à l'étranger, 2,5% souvent du fait d'un conflit local et de préférence dans un pays limitrophe ». L'étranger, même sans papiers, mérite respect et protection du fait de la dignité inhérente à toute personne humaine.

Comme l'écrivait le professeur Alain Le Guyader, dans son article : « Une problématique philosophique des Droits de l'Homme : pour introduire à la question de l'Autre » « ... L'origine des Droits de l'Homme fonde donc le sujet de droit et les droits auxquels il a droit en tant qu'être humain ».

Quand on évoque « la misère du monde », on songe à l'immigration en provenance des pays du Sud, les plus pauvres de la planète. Mais les migrants se situent rarement au plus bas de l'échelle sociale de leur société d'origine, au contraire ils s'inscrivent au dessus de la moyenne comme l'indiquent quelques rares études, notamment sur l'immigration portugaise et espagnole.

En somme les causes de la discrimination se résument en :

- La méconnaissance de « L'Autre », « L'Etranger », « L'Immigré » et de sa culture

- Les préjugés dévalorisants, les stéréotypes, les clichés sur Autrui aggravés quelque fois par certains médias

- La peur de l'étranger qui a réussi, la peur de l'inconnu qui caractérise souvent la négation de la dignité inhérente à toute personne humaine.

* 13 Merleau-Ponty - Phénoménologie de la Perception - Ed Gallimard - 1945

* 14 Jean-Paul Sartre - L'Existentialisme est un humanisme - Ed Nagel - 1946

* 15 Martin Heiddeger - L'Etre et le Temps - Ed. Gallimard 1986 - 590 pages

* 16 J. La Croix - Sens du Dialogue - Ed Gallimard

* 17 Ahmed Boubeker - Familles de l'intégration - Ed Stock 2001

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway