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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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5.8 Expérience 10

Jusqu'à présent, les résultats obtenus sur les différentes tâches de poursuite continue réalisées dans le Chapitre 4, ne parviennent pas à mettre en évidence un apprentissage implicite du segment répété. A contrario, toutes les expériences réalisées dans le présent chapitre, et utilisant une tâche de TRS plus ou moins modifiée, révèlent clairement l'existence d'un tel apprentissage. En effet, l'introduction de diverses modifications dans une tâche de TRS standard (introduction de séquences aléatoires, changement de périphérique, ajout d'une contrainte de précision, déplacement « autonome » de la cible) n'empêchent pas l'apparition d'un apprentissage implicite de la séquence répétée.

L'objectif de cette expérience est de comprendre si l'échec à obtenir un apprentissage moteur implicite dans les tâches de poursuite continue relève d'un problème d'apprentissage

en tant que tel, ou plutôt d'un problème de performance.

En supposant qu'il s'agisse d'un problème d'apprentissage, il est possible de penser que

la réalisation d'une tâche de poursuite continue implique un volume d'informations à traiter

qui est bien plus élevé que celui impliqué dans une tâche discrète de TRS. Par conséquent, cela rendrait la détection et l'extraction de l'information pertinente bien plus difficiles à effectuer dans ce type de situations continues. Pour pallier cette difficulté, la solution envisagée dans cette dernière expérience est de changer les conditions expérimentales de la tâche de poursuite continue afin de faciliter la détection de la séquence répétée. Pour cela, les sujets réalisant la tâche de poursuite vont uniquement pratiquer sur une seule et même séquence qui se répète tout au long de l'expérience (comme c'est le cas dans une tâche de TRS classique). En plus, ils vont être explicitement informés, dès le début de la tâche, de la présence de la séquence répétée, afin de focaliser encore plus leur attention sur cette régularité. Parallèlement, la même démarche est appliquée à la tâche de TRS : les sujets sont informés de la présence d'une régularité concernant l'apparition de la cible sur l'écran.

Une autre possibilité est de supposer que cet échec à obtenir un apprentissage implicite dans les tâches de poursuite continue relève plus d'un problème de performance. Dans ce cas,

si nous obtenons un apprentissage de la séquence répétée dans la tâche de TRS mais pas dans

la tâche de poursuite, ceci indique que le fait d'informer explicitement les sujets de l'existence

d'une répétition n'est pas bénéfique dans le cas d'une tâche continue. Il est donc possible de

penser que l'échec à obtenir un apprentissage implicite dans les tâches continues reflète plus

un problème de performance ou de mesure de cette performance qu'un problème d'apprentissage. Autrement dit, il est tout à fait possible que les sujets perçoivent les régularités mais qu'elles ne leur servent à rien dans la performance. Au contraire, si nous obtenons un apprentissage de la séquence répétée aussi bien en discret qu'en continu lorsque

les sujets sont au courant de la présence d'une répétition, cela signifie que l'information donnée aux sujets leur a permis de détecter et d'apprendre les régularités. Ainsi, l'absence d'apprentissage dans les tâches continues réalisées antérieurement indique que, sans information explicite, les sujets ne semblent pas capables d'extraire l'information pertinente leur permettant de repérer la régularité.

Nous allons donc de comparer l'évolution des performances obtenues par les sujets dans

ces deux conditions expérimentales. De plus, par souci méthodologique, deux groupes contrôle supplémentaires sont créés. Les sujets du premier groupe de contrôle réalisent une tâche de poursuite continue sur des segments totalement aléatoires, alors que ceux du second groupe effectuent une tâche de TRS sur des séquences aléatoires.

Au final, cette expérience va nous permettre de comparer les performances des sujets dans les quatre situations suivantes :

É tâche continue, comprenant un même segment répété, pour laquelle les sujets sont informés de sa présence,

É tâche continue, comprenant uniquement des segments aléatoires différents les uns des autres, pour laquelle aucune information n'est donnée aux sujets,

É tâche discrète, comprenant une même séquence répétée, pour laquelle les sujets sont informés de sa présence,

É tâche discrète, comprenant uniquement des séquences aléatoires différentes les unes des autres, pour laquelle aucune information n'est donnée aux sujets.

5.8.1 Méthode

Sujets

Vingt-huit sujets (22 filles et 6 garçons) inscrits en première année de Psychologie ont participé volontairement à cette expérience. Aucun de ces sujets n'avait participé aux études antérieures. Tous avaient une vision normale ou parfaitement corrigée.

Les participants sont aléatoirement répartis en 2 groupes de 14 sujets, selon la nature des informations qui leur sont données lors de l'exécution des taches de poursuite et de TRS.

Matériel

Pour les deux tâches discrètes et continues proposées aux sujets, la présentation des stimuli, l'enregistrement des données (temps sur cible dans les deux cas) sont implémentés

sur un ordinateur de type PC équipé d'un écran couleur de « 14 pouces » avec une résolution

de 1024 x 768 pixels.

Concernant la tâche de poursuite de cible, le matériel est identique à celui employé lors

de l'expérience 1 (cf. paragraphe 4.1, page 47). Un logiciel est chargé de calculer la position

de la cible, de l'afficher sur l'écran et d'enregistrer les mouvements du pointeur de la souris à une fréquence de 200 Hz.

Concernant la tâche de TRS, le matériel est similaire à celui utilisé lors de l'expérience

8 (cf. paragraphe 5.6, page 93). Quatre carrés sont positionnés horizontalement au milieu de l'écran d'ordinateur et restent affichés tout au long de l'expérience. La cible peut apparaître

au milieu de chaque carré pendant un temps prédéfini de 600ms, avant de disparaître pour réapparaître ensuite à une nouvelle position, et ceci à un rythme indépendant du comportement du sujet. Un programme informatique est chargé d'afficher la cible, de mesurer

le temps sur cible et d'enregistrer les données pour un traitement ultérieur.

Stimuli

Concernant la tâche de TRS, des séquences comprenant 12 essais sont générées automatiquement par le programme en reprenant la plupart des critères utilisés par Shanks (2003). En effet, chaque position de la cible parmi les quatre possibles apparaît trois fois dans

la séquence de 12 essais. De plus, toutes les transitions possibles sont représentées une seule fois (par exemple 1-2, 1-3, etc.). Par contre, les transitions de second ordre diffèrent toutes pour deux séquences distinctes. A titre d'illustration, dans les séquences « 1 - 3 - 4 - 3 - 1 - 2 -

3 - 2 - 4 - 2 - 1 - 4 » et « 4 - 3 - 2 - 1 - 2 - 4 - 1 - 3 - 1 - 4 - 2 - 3 », nous constatons que dans la première séquence, « 1 - 3 » est suivi par « 4 » tandis que dans l'autre séquence « 1 - 3 » est suivi par « 1 ».

Les stimuli utilisés pour la tâche de poursuite continue sont générés à partir de la série sinus cosinus employée dans les expériences décrites dans le Chapitre 4. Cependant, au lieu d'employer des essais composés de 3 segments (c'est-à-dire un segment répété entouré par deux segments aléatoires), nous utilisons uniquement un seul segment (soit aléatoire, soit répété) par essai. Afin de faciliter l'enchaînement des essais et de ne pas faire apparaître de discontinuités, chaque essai débute et se termine toujours au centre de l'écran (en se servant

ici de la période entière de la fonction sinus cosinus).

Procédure

L'expérience débute par une tâche de poursuite continue comprenant 14 blocs de 4

segments, d'une durée de 9 secondes par segment. Les participants doivent poursuivre la cible

qui se déplace horizontalement sur l'écran au moyen de la souris. Lorsqu'ils positionnent correctement le pointeur de souris à l'intérieur de la cible, celle-ci change de couleur et devient rouge. Au sein d'un bloc, les quatre segments s'enchaînent sans interruption. Une pause, autogérée par les sujets, sépare l'ensemble des blocs. A la fin de cette première tâche,

les sujets sont soumis à un test de reconnaissance comprenant 6 segments (3 déjà vus et 3 complètement nouveaux). Ils doivent indiquer, sur une échelle de 0 à 9, leur degré de reconnaissance.

Par la suite, ces mêmes sujets réalisent une tâche de TRS comprenant 14 blocs de 4

séquences de 12 essais. Durant un essai, la cible reste affichée à l'écran pendant une durée prédéfinie de 600 ms, puis disparaît, avant de réapparaître 200 ms plus tard dans une autre position. Il s'agit, pour les sujets, de réagir aussi rapidement que possible à l'apparition de la cible sur l'écran en positionnant le pointeur de souris à l'intérieur de celle-ci. Là aussi, la cible change de couleur dès que le pointeur de souris est correctement positionné. Les blocs de 48 essais sont séparés les uns des autres par une pause gérée par les sujets. Après avoir réalisé cette tâche de TRS, un test de reconnaissance composé de 6 séquences de 12 essais (3 séquences vues et 3 séquences non vues) est proposé aux participants.

Afin de tester l'impact de l'information donnée aux sujets, deux groupes distincts sont constitués :

É Dans le premier groupe, les sujets réalisent une tâche de poursuite continue comprenant uniquement des segments aléatoires pendant les 14 blocs de pratique. Ensuite, ils effectuent une tâche de TRS composée de la répétition d'une même séquence, dont ils sont explicitement informés. Cette séquence est présentée du bloc

1 au bloc 12. Au bloc 13 (bloc de transfert), une nouvelle séquence est présentée. Finalement, la séquence répétée est réintroduite lors du dernier bloc (bloc 14).

É Inversement, les sujets du second groupe effectuent tout d'abord la tâche de poursuite continue composée, cette fois, d'un segment répété dont ils connaissent l'existence dès le début. Ce segment répété est présenté aux sujets pendant les 12 premiers blocs. Il est remplacé au bloc 13 par un segment aléatoire avant d'être réutilisé au bloc 14. Dans un second temps, les participants réalisent la tâche de TRS

ne comprenant ici que des séquences aléatoires différentes, présentées pendant les

14 blocs de l'expérience.

Dans la suite de ce travail, nous parlerons de « condition aléatoire » pour se référer à toute tâche (poursuite continue ou TRS) s'effectuant sur des segments ou séquences aléatoires pour lesquels les sujets ne reçoivent aucune information. A l'opposé, nous emploierons le terme « condition répétée » lorsqu'il s'agit d'une tâche s'exécutant sur un même segment ou

sur une même séquence répétée pour lesquels les sujets ont été informés de la présence de cette répétition.

Le tableau ci-dessous résume la procédure employée dans cette expérience.

Condition continue

Groupe 1

Groupe 2

Non informé

Bloc 1 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 2 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 3 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 4 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 5 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 6 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 7 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 8 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 9 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 10 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 11 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 12 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 13 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 14 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Test de Reconnaissance

3 segments vus et 3 segments non vus

Informé

Bloc 1 Répété Répété Répété Répété

Bloc 2 Répété Répété Répété Répété

Bloc 3 Répété Répété Répété Répété

Bloc 4 Répété Répété Répété Répété

Bloc 5 Répété Répété Répété Répété

Bloc 6 Répété Répété Répété Répété

Bloc 7 Répété Répété Répété Répété

Bloc 8 Répété Répété Répété Répété

Bloc 9 Répété Répété Répété Répété

Bloc 10 Répété Répété Répété Répété

Bloc 11 Répété Répété Répété Répété

Bloc 12 Répété Répété Répété Répété

Bloc 13 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 14 Répété Répété Répété Répété

Test de Reconnaissance

3 séquences vues et 3 séquences non vues

Informé

Bloc 1 Répété Répété Répété Répété

Bloc 2 Répété Répété Répété Répété

Bloc 3 Répété Répété Répété Répété

Bloc 4 Répété Répété Répété Répété

Bloc 5 Répété Répété Répété Répété

Bloc 6 Répété Répété Répété Répété

Bloc 7 Répété Répété Répété Répété

Bloc 8 Répété Répété Répété Répété

Bloc 9 Répété Répété Répété Répété

Bloc 10 Répété Répété Répété Répété

Bloc 11 Répété Répété Répété Répété

Bloc 12 Répété Répété Répété Répété

Bloc 13 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 14 Répété Répété Répété Répété

Test de Reconnaissance

3 segments vus et 3 segments non vus

Non informé

Bloc 1 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 2 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 3 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 4 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 5 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 6 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 7 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 8 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 9 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 10 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 11 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 12 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 13 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Bloc 14 Aléatoire Aléatoire Aléatoire Aléatoire

Test de Reconnaissance

3 séquences vues et 3 séquences non vues

Condition discrète

5.8.2 Résultats

Jusqu'à présent, dans les tâches continues réalisées antérieurement, l'apprentissage du segment répété était mesuré au moyen d'analyses statistiques portant sur une comparaison de performances entre segments répétés et aléatoires au fil de la pratique. Dans ce cas, l'apprentissage doit se traduire par une évolution différente des performances sur les deux

types de segments. A l'opposé, dans les tâches de TRS présentées précédemment, cet

apprentissage était mesuré en introduisant un bloc de transfert aléatoire après une longue phase de pratique de la séquence répétée. Ici, l'apprentissage se manifeste par une diminution drastique des performances sur le bloc de transfert comparativement aux blocs adjacents.

L'expérience réalisée ci-dessus nous permet de comparer ces deux mesures de l'apprentissage au sein de chaque tâche. Premièrement, ceci nous conduit à évaluer l'apprentissage dans une tâche de TRS en comparant l'évolution des performances sur les deux types de séquences présentés tout au long de la phase de pratique. Deuxièmement, cela nous offre également la possibilité de mesurer l'apprentissage dans la tâche de poursuite en introduisant une séquence aléatoire de transfert.

Quelle que soit la tâche réalisée par les sujets, la variable dépendante mesurée est le temps sur cible. Dans le cas de la tâche de poursuite continue, le temps sur cible est mesuré

sur toute la durée d'un segment (c'est-à-dire 9 secondes). Concernant la tâche de TRS, la durée d'apparition d'une cible à l'écran est de 600 ms. Le temps sur cible correspond ici à la durée pendant laquelle le pointeur de souris se trouve sur cette cible. De part la nature même des tâches, on s'attend à ce que le temps sur cible soit plus long pour la poursuite continue comparativement à la tâche de TRS. Cependant, nous nous intéressons ici aux variations du temps sur cible en fonction de la pratique et du transfert et de fait, la mesure absolue du temps

sur cible n'est donc pas informative en tant que telle.

Phase de pratique pour la tâche de poursuite

Une première analyse de variance (ANOVA) est réalisée sur le temps sur cible, avec la variable Blocs (14) comme facteur intra sujets, sur les données issues du groupe de participants effectuant la tâche de poursuite dans la condition « aléatoire ».

En observant la courbe de performance sur la Figure 5.6, nous constatons qu'il n'existe aucune évolution majeure du temps sur cible au fil des 14 blocs de pratique. Cette observation

est confirmée par une absence d'effet significatif des blocs (F(13,169)=.91; p=.544). Ce résultat s'explique naturellement par le fait que, dans cette condition expérimentale, les sujets sont en permanence soumis à des stimuli aléatoires et ne peuvent en aucun cas apprendre quoi

que ce soit. Dès lors, il est inutile de comparer les résultats obtenus sur le bloc 13 de transfert

avec ceux obtenus sur les deux blocs 12 et 14 qui l'entourent.

6000

5500

Temps sur cible (ms)

5000

4500

4000

3500

3000

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12 b13 b14

Blocs

Figure 5.6 : Evolution du temps sur cible (TC) au fil des blocs de pratique et du bloc de transfert

dans la tâche de poursuite continue, selon la condition aléatoire, dans l'expérience 10.

A l'opposé, nous pouvons nous attendre à ce que les sujets du second groupe, effectuant

la tâche de poursuite dans la condition « répétée », obtiennent d'une part, des performances croissantes tout au long de la phase de pratique, et d'autre part, soient perturbés par l'introduction d'une séquence aléatoire au bloc de transfert. Nous observons une telle tendance sur la Figure 5.7 qui laisse apparaître une légère amélioration des performances sur

les douze premiers blocs de pratique suivie d'une faible diminution du temps sur cible sur le bloc de transfert. Les performances augmentent à nouveau sur le dernier bloc, atteignant le niveau qu'elles avaient sur le bloc 12.

Une ANOVA identique à la précédente (S14 * B14) est réalisée sur le temps sur cible pour ce groupe. L'amélioration observée au fil de la pratique se confirme par la présence d'un effet significatif des Blocs (F(13,169)=3.59; p<.001). Ce résultat laisse penser qu'il existe un apprentissage de la séquence répétée. Afin de s'en assurer, nous avons réalisé une deuxième ANOVA avec la variable Blocs (Bloc 13 de transfert vs Blocs 12-14 moyennés) comme

facteur intra sujets. Toutefois, malgré la tendance observée, cette ANOVA échoue à atteindre

le seuil de significativité (F(1,13)=3.19; p=.097).

6000

5500

Temps sur cible (ms)

5000

4500

4000

3500

3000

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12 b13 b14

Blocs

Figure 5.7 : Evolution du temps sur cible (TC) au fil des blocs de pratique et du bloc de transfert

dans la tâche de poursuite continue, selon la condition répétée, dans l'expérience 10.

Ces résultats ne laissent pas apparaître un apprentissage du segment répété dans la tâche

de poursuite continue en condition aléatoire, alors qu'une tendance tend à se manifester en condition répétée. Ainsi, la première méthode d'évaluation de l'apprentissage ne donne pas de résultats concluants. La deuxième méthode consistant à comparer les performances des deux groupes de sujets tout au long des 12 blocs de pratique nous conduit-elle à la même conclusion ?

La Figure 5.8 illustre l'évolution du temps sur cible au fil des blocs, permettant ainsi de comparer les performances obtenues dans les deux conditions expérimentales (répétée / aléatoire). Premièrement, nous constatons, dans la condition répétée, une faible amélioration des performances au fil des 12 blocs de pratique, alors que les performances restent stables dans la condition aléatoire. Deuxièmement, les temps sur cible sont légèrement plus élevés lorsque les sujets se trouvent dans la condition « répétée » comparativement à la condition

« aléatoire ».

6000

5500

Aléatoire

Répété

Temps sur cible (ms)

5000

4500

4000

3500

3000

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12

Blocs

Figure 5.8 : Evolution du temps sur cible au fil des blocs de pratique dans la tâche de poursuite

continue selon les conditions (répétée / aléatoire) dans l'expérience 10.

Une ANOVA est réalisée avec les variables Groupe (répété vs aléatoire) comme variable inter sujets et sur les Blocs (12) comme variable intra sujets. L'existence d'un effet significatif des blocs (F(11,286)=2.85, p<.001) confirme l'amélioration des performances au

fil de la pratique. Cependant, l'analyse échoue à atteindre le seuil de significativité aussi bien pour le facteur Groupe (F(1,26)=1.42 ; p=.243) que pour l'interaction Groupe x Blocs (F(11,286)=1.20; p=.283). Contrairement à nos attentes initiales, nous ne pouvons donc pas conclure à l'existence d'un apprentissage du segment répété, bien qu'il existe une tendance à une évolution différente des performances selon la condition.

Test de reconnaissance pour la tâche de poursuite

L'objectif de ce test est de comparer le degré de reconnaissance des sujets sur différents segments qui leur sont présentés. Dans chacune des deux conditions expérimentales

(« aléatoire » et « répétée »), trois segments déjà pratiqués (vus) et trois nouveaux segments aléatoires (non vus) sont présentés aux participants. Dans la condition « répétée », les segments déjà vus correspondent à l'unique segment qui a été répété durant la phase de pratique. Dans l'autre condition, les segments déjà vus sont en fait trois segments aléatoires

différents tirés au hasard parmi l'ensemble des segments aléatoires utilisés tout au long de la

phase de pratique (i.e. chacun de ces segments a donc été vu une seule fois par les sujets).

Pour comparer le degré de reconnaissance attribué aux différents segments, nous avons moyenné les notes données aux trois segments vus et aux trois segments aléatoires, ce qui nous permet de réaliser l'ANOVA suivante : S14 * T2 avec S représentant le nombre de sujets

et T le type de segments avec deux modalités (vus vs non vus). Cette analyse est effectuée sur

les deux groupes de sujets ayant participé à l'expérience. Dans la condition « aléatoire », les deux types de segments obtiennent des notes voisines de 5 (respectivement 5.11 pour les segments vus et 5.09 pour les non vus) alors que, dans la condition « répétée », les notes attribuées aux segments déjà vus sont largement supérieures (8.02) à celles données aux segments non vus (2.19). Ceci est illustré sur la Figure 5.9 ci-dessous.

Segments Vus

9 Segments Non vus

Degré de reconnaissance

8

7

6

5

4

3

2

1

0

Aléatoire Répétée

Condition

Figure 5.9 : Degré de reconnaissance des différents types de segments, dans les deux conditions (répétée /

aléatoire) dans la tâche de poursuite continue. Les barres d'erreurs représentent l'écart type de la moyenne.

Ces observations sont confortées par l'analyse statistique qui ne révèle aucune différence significative entre les deux types de segments dans la condition « aléatoire » (F(1,13)=.001; p=.973). A contrario, il existe un effet significatif du type de segment pour les sujets dans la condition « répétée » (F(1,13)=136.78; p<.001).

Ces résultats prouvent que les sujets sont parfaitement capables de reconnaître le

segment répété présenté parmi d'autres segments puisqu'ils y attribuent des notes très élevées. Cependant, nous nous trouvons face à un paradoxe, puisque les résultats obtenus lors de la phase de pratique ne révèlent aucun apprentissage du segment répété, alors que ceux issus du test de reconnaissance indiquent la présence de cet apprentissage. Ceci nous amène donc à supposer que les régularités sont bien perçues par les sujets (puisqu'elles sont reconnues) mais qu'elles ne leur sont pas utiles pour améliorer significativement leurs performances.

Phase de pratique pour la tâche de TRS

De manière identique aux analyses réalisées précédemment pour la tâche de poursuite continue, nous effectuons une première ANOVA avec le facteur Blocs (14) comme variable intra sujets sur les données recueillies pour les sujets effectuant la tâche de TRS dans la condition « aléatoire ».

300

250

Temps sur cible (ms)

200

150

100

50

0

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12 b13 b14

Blocs

Figure 5.10 : Evolution du temps sur cible (TC) au fil des blocs de pratique et du bloc de transfert

dans la tâche de TRS, selon la condition aléatoire, dans l'expérience 10.

La Figure 5.10 illustre l'évolution du temps sur cible tout au long des 14 blocs constituant la phase de pratique, dans la condition « aléatoire ». Nous n'observons aucun

changement important des performances. Ce constat se confirme avec une absence d'effet

significatif du facteur Blocs (F(13,169)=.75; p=.716) pour les mêmes raisons que celles expliquées dans la tâche précédente. Les sujets effectuant la tâche de TRS, dans la condition

« aléatoire », sont incapables d'accroître leurs performances tout au long de la phase de pratique (le temps sur cible moyen est de 103.45 ms pour une cible affichée pendant 600 ms à l'écran).

Un pattern de résultats opposés s'observe pour la condition « répétée ». En effet, nous constatons sur la Figure 5.11 une augmentation régulière du temps sur cible du bloc 1 au bloc

12. L'introduction du bloc de transfert entraîne une dégradation très importante des performances. Finalement, le temps sur cible revient à un niveau plus important sur le dernier

bloc, lorsque la séquence répétée est à nouveau présentée aux sujets.

300

250

Temps sur cible (ms)

200

150

100

50

0

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12 b13 b14

Blocs

Figure 5.11 : Evolution du temps sur cible (TC) au fil des blocs de pratique et du bloc de transfert

dans la tâche de TRS, selon la condition répétée, dans l'expérience 10.

Une ANOVA identique à la précédente (S14 * B14) vient confirmer ces observations par

la présence d'un effet significatif des blocs (F(13,169)=11.31; p<.001). Partant d'un niveau initial de performances quasi identique à celui observé dans la condition « aléatoire » (temps

sur cible de 108.6 ms), le temps sur cible atteint son maximum (271.7 ms) à la fin de la phase

de pratique, puis chute de manière drastique (119.7 ms) sur le bloc de transfert pour retrouver

un niveau intermédiaire (177.2 ms) sur le dernier bloc.

Dans cette condition, l'apprentissage de la séquence répétée par les sujets ne fait aucun doute, et il se trouve confirmé par les résultats d'une seconde ANOVA S14*B2 avec S représentant le nombre de sujets (14) et B représentant les blocs (Bloc de transfert 13 vs moyenne des deux blocs 12 et 14 adjacents). Un effet significatif du facteur Bloc est présent (F(1,13)=25.80; p<.001), confirmant une différence de performances sur le bloc de transfert (119.7 ms) comparativement aux blocs adjacents (224.4 ms en moyenne).

Cette première méthode consistant à introduire un bloc de transfert après une longue phase de pratique laisse clairement apparaître l'existence d'un apprentissage de la séquence répétée. Nous allons maintenant vérifier si nous aboutissons aux mêmes conclusions en comparant les performances des sujets tout au long des 12 blocs de pratique dans les deux conditions « répétée » et « aléatoire ».

300

Aléatoire

Répété

250

Temps sur cible (ms)

200

150

100

50

0

b1 b2 b3 b4 b5 b6 b7 b8 b9 b10 b11 b12

Blocs

Figure 5.12 : Evolution du temps sur cible au fil des blocs de pratique dans la tâche de TRS selon

les conditions (répétée / aléatoire) dans l'expérience 10.

D'un point de vue descriptif, nous pouvons observer sur la Figure 5.12 que les sujets partent d'un niveau initial de performances quasi identique dans les deux conditions

expérimentales. Par la suite, les performances des sujets dans la condition « répétée »

évoluent de manière ascendante tout au long de la pratique alors que celles des participants dans l'autre condition tendent à stagner. On peut noter la présence d'un écart de performances important dès le deuxième bloc de pratique.

Une ANOVA est effectuée avec les variables Groupe (« répété » vs « aléatoire ») comme facteur inter sujets et sur les Blocs (14) comme facteur intra sujets. Cette analyse statistique révèle à la fois un effet simple du facteur Groupe (F(1,26)=34.37; p<.001) et du facteur Bloc (F(11,286)=7.14; p<.001) ainsi qu'une interaction significative Groupe x Bloc (F(11,286)=7.02; p<.001). Ces trois résultats combinés confirment ceux obtenus précédemment, à savoir qu'il existe un apprentissage de la séquence répétée puisque les performances sur les 2 types de séquences évoluent de manière radicalement différente selon

la condition. De plus, des comparaisons planifiées ont permis de mettre en évidence une différence significative entre les conditions « répétée » et « aléatoire » sur le bloc 2 (F(1,26)=10.06; p<.004) alors que sur le bloc 1, il n'existe pas de différence entre les deux (F(1,26)=0.48; p=.492). Une fois encore, ces résultats confirment le fait que l'apprentissage se manifeste après une faible quantité de pratique dans les tâches de TRS.

Test de reconnaissance pour la tâche de TRS

Lors de ce test de reconnaissance, trois séquences vues et trois séquences non vues sont présentées aux participants dans chacune des deux conditions expérimentales. Le traitement des données collectées est identique à celui effectué précédemment dans la tâche de poursuite continue. La comparaison du degré de reconnaissance attribué aux différentes séquences est évaluée au moyen d'une ANOVA avec le Type de séquences (Vues vs Non Vues) comme facteur intra sujets. La Figure 5.13 illustre les principaux résultats obtenus pour les deux types

de séquences à la fois dans la condition « aléatoire » et dans la condition « répétée ».

Les participants dans la condition « aléatoire » attribuent des notes moyennes proches

de la valeur 5, à savoir 5.71 pour les séquences vues et 4.83 pour celles totalement aléatoires. Par contre, nous constatons un écart important entre les notes attribuées aux deux types de séquences pour les sujets placés dans la condition « répétée ». En effet, les séquences déjà

vues lors de la phase de pratique obtiennent un score moyen relativement élevé de 6.83 alors

les séquences aléatoires se voient attribuer un score moyen très faible de 1.6.

9 Séquences vues

Degré de reconnaissance

8 Séquences non vues

7

6

5

4

3

2

1

0

Aléatoire Répétée

Condition

Figure 5.13 : Degré de reconnaissance des différents types de séquences, dans les deux conditions

(répétée / aléatoire) dans la tâche de TRS. Les barres d'erreurs représentent l'écart type de la moyenne.

Les résultats de l'analyse statistique viennent renforcer ces observations : aucun effet significatif du type de séquences n'apparaît dans la condition « aléatoire » (F(1,13)=1.46; p=.248) alors que cet effet est fortement significatif dans la condition répétée (F(1,13)=44.93; p<.001).

Au final, ces résultats prouvent une fois de plus l'existence d'un apprentissage dans le

cas d'une tâche de TRS. Tout d'abord, cet apprentissage a été mis en évidence dès le début de

la phase de pratique puis, lors de l'introduction du bloc de transfert. Les résultats obtenus lors

du test de reconnaissance viennent renforcer la preuve de cet apprentissage, puisque les sujets sont capables de reconnaître parfaitement la séquence répétée parmi d'autres séquences aléatoires.

Comparaison de la reconnaissance entre la tâche de TRS et la tâche de poursuite

continue

Les résultats issus des tests de reconnaissance effectués précédemment ont montré que

les sujets sont capables de reconnaître les séquences et les segments déjà vus lors de la phase

de pratique, dans la condition répétée. Toutefois, les analyses réalisées jusque là ne permettent pas de savoir si la reconnaissance est meilleure dans une tâche ou dans une autre. Afin de répondre à cette interrogation, nous avons réalisé une comparaison de la reconnaissance entre

la tâche de TRS et la tâche de poursuite continue, dans la condition répétée. Cette comparaison est illustrée sur la Figure 5.14 qui montre qu'il existe une légère différence entre

la tâche continue et la tâche discrète, aussi bien pour les segments vus que pour ceux non vus. Quel que soit le type de segment, les scores obtenus en reconnaissance sont supérieurs dans le

cas de la tâche continue.

10

Degré de reconnaissance

9 Tâche continue

8 Tâche discrète

7

6

5

4

3

2

1

0

Vu Non Vu

Type de séquence / segment

Figure 5.14 : Degré de reconnaissance dans les tâches discrètes et continues selon la nature de la

séquence / segment utilisé. Les barres d'erreurs représentent l'écart type de la moyenne.

Une ANOVA de la forme S14 <T2> * N2 avec T représentant le type de tâche (continue / discrète) et N représentant la nature de la séquence ou segment utilisé (vue / non vue) est effectuée. Un effet quasi significatif du type de tâche (F(1,26)=4.1125 ; p=0.052) est obtenu,

indiquant qu'il y a une tendance à obtenir une meilleure reconnaissance dans la tâche continue

comparativement à la tâche discrète. Nous retrouvons un effet significatif de la condition (F(1,26) = 142.92 ; p<.001) prouvant, une fois de plus, que les sujets reconnaissent mieux les séquences / segments déjà vus. Par contre, nous n'obtenons pas d'interaction significative type de tâche x nature de la séquence (F(1,26) = 0.4488 ; p = 0.508). Ce résultat nous amène à conclure que les sujets reconnaissent de la même manière, les séquences / segments déjà vus dans la tâche discrète et dans la tâche continue.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault