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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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1.2 Des définitions et des points de vue divergents

La description des paradigmes d'étude esquissée ci-dessus met en évidence la diversité des tâches utilisées pour étudier ce phénomène. Etant donné les différentes approches expérimentales utilisées, il est bien difficile de donner une définition générale de

« l'apprentissage implicite ». En effet, cette notion demeure fort imprécise et la définition du phénomène ne fait pas l'objet d'un consensus, ce qui se traduit par la coexistence de multiples significations pour le même concept. Frensch (1997) a listé pas moins de onze définitions de l'apprentissage implicite. Voici quelques unes d'entre elles : pour Berry & Broadbent (1988),

« learning may be implicit, when people are merely told to memorize the specific material presented, but nevertheless learn about the underlying rules », pour Cleeremans & Jiménez (1996), « implicit learning should designate cases where some knowledge is (1) acquired without intention to learn ..., and (2) capable of influencing behavior unconsciously ». Pour Perruchet (1988), l'apprentissage implicite peut être défini comme «un mode d'adaptation dans lequel le comportement d'un sujet apparaît sensible à la structure d'une situation, sans que cette adaptation ne soit imputable à l'exploitation intentionnelle de

la connaissance explicite de cette structure ».

En fait, ce qui est important de noter dans les différentes définitions proposées pour

qualifier l'apprentissage implicite, c'est que l'accent est mis sur l'aspect incident ou inconscient de la phase d'apprentissage. Autrement dit, l'apprentissage se fait à l'insu du sujet

et la connaissance acquise est difficilement accessible à la conscience, et/ou difficilement exprimable verbalement. L'intérêt se porte sur l'acquisition de connaissances « complexes », comme par exemple l'apprentissage de structures complexes de règles.

De plus, au-delà des divergences concernant la définition même du concept d'apprentissage implicite, nous allons voir que les auteurs ont également des points de vue différents concernant l'interprétation du phénomène. Le point de vue « abstractionniste » défendu par Reber (1967) suppose que l'apprentissage implicite est sous tendu par des mécanismes inconscients d'abstraction de règles, déclenchés lorsque le sujet est confronté à

un matériel complexe qui décourage la découverte et l'utilisation de règles simples, rendant alors inopérants les mécanismes conscients d'apprentissage. Autrement dit, l'idée initiale défendue par Reber est que, lors d'une tâche de grammaire artificielle, l'apprentissage correspond à l'acquisition incidente (non intentionnelle) de connaissances inconscientes sur la structure abstraite du matériel. Seulement, cette position « abstractionniste » va être contredite

par Brooks (1978) puis par Brooks & Vokey (1991). En effet, selon ces auteurs, les sujets ne feraient pas d'induction mais au contraire « mémoriseraient » des exemplaires d'items entiers

en mémoire épisodique. Ces auteurs défendent donc une position « exemplariste » selon laquelle, c'est cette connaissance stockée en mémoire qui permettrait au sujet de décider qu'un item présenté en phase de test est grammatical ou non, ceci en le comparant avec l'exemplaire mémorisé lors de la phase d'étude. Proche à certains égards de ce point de vue exemplariste (apprentissage d'items et non des règles), le point de vue « fragmentariste » proposé par Perruchet (1994) s'en distingue principalement par le fait que, cette fois, l'accent n'est plus mis sur la mémorisation d'exemplaires entiers appris lors de la phase d'étude mais plutôt sur l'apprentissage de fragments d'items (généralement des bigrammes ou des trigrammes, souvent appelés « chunks ») présentés au moment de la phase d'étude. Par la suite, Perruchet & Pacteau (1990) vont faire évoluer cette position fragmentariste en précisant que la fréquence d'apparition des bigrammes ou des trigrammes (les rendant ainsi plus ou moins saillants) constitue l'élément le plus important lorsque les sujets doivent classer des chaînes de lettres en fonction de leur grammaticalité.

Au-delà des nombreuses définitions et des différents points de vue proposés pour définir

le phénomène d'apprentissage implicite, il existe un autre débat concernant la nature des connaissances (explicites/ implicites) acquises par les sujets. Une explication possible à cette divergence est à chercher du côté du paradigme employé puisqu'il semble que la nature des processus d'apprentissage et des connaissances acquises dépende fortement de la tâche utilisée. Dans cette perspective, plusieurs auteurs ont défendu l'idée selon laquelle le paradigme d'apprentissage de séquences (tâche de TRS) serait particulièrement bien adapté à l'étude de l'apprentissage implicite (Cleeremans & Jiménez, 1998). D'après Cleeremans (1993b), ce paradigme présente l'avantage d'offrir des conditions d'apprentissage réellement incidentes. En effet, dans une situation de temps de réaction, des connaissances relatives à la structure de la séquence ne sont pas nécessaires pour effectuer la tâche. Par conséquent, rien n'incite les sujets à tenter de découvrir des régularités dans le matériel. Outre cet aspect, le choix du test post expérimental utilisé pour mesurer les connaissances va aussi conduire à des considérations divergentes selon les auteurs. Dienes & Berry (1997) proposent d'évaluer si les sujets disposent de métaconnaissances sur les connaissances acquises au cours de l'apprentissage. En d'autres termes, ils veulent évaluer si les sujets ont appris quelque chose à propos de la structure complexe du matériel. Jacoby (1991) propose quant à lui d'évaluer la capacité des sujets à contrôler leurs connaissances afin de déterminer s'ils peuvent y accéder consciemment. Cependant, Shanks & St. John (1994) viennent remettre en question l'utilisation des rapports verbaux comme indicateur de connaissances explicites. En effet, selon eux, l'utilisation des rapports verbaux ne remplit pas les critères d'information et de sensibilité. Le critère d'information porte essentiellement sur la nature des connaissances acquises par les sujets au cours de la tâche. Ce critère est atteint lorsque les connaissances à la base de l'amélioration de la performance correspondent à celles que l'expérimentateur cherche

à mesurer dans la phase de test des connaissances explicites. Le critère de sensibilité concerne, quant à lui, le niveau d'accès à la conscience des connaissances acquises. Il implique que la phase de description explicite de la tâche permette de détecter l'ensemble des connaissances conscientes qui ont pu influencer la performance des sujets. Faute de quoi, l'amélioration de celle-ci pourra être attribuée à l'acquisition de connaissances implicites simplement parce que la phase de description explicite de la tâche est moins sensible que la tâche elle-même à l'expression de l'information consciente. Finalement, Shanks & St. John (1994) remettent en question l'existence même du phénomène d'apprentissage implicite, ou

contestent l'idée selon laquelle la distinction implicite/explicite permet de rendre compte des

données expérimentales (Neal & Hesketh, 1997; Whittlesea & Dorken, 1993). Dans le même sens, Perruchet, Vinter & Gallego (1997b) affirment que si les processus d'apprentissage influencent le traitement de manière implicite, les connaissances acquises sont quant à elles systématiquement accessibles à la conscience.

En analysant l'ensemble des arguments formulés dans ce paragraphe, il est possible de résumer les divergences concernant la nature des informations apprises dans les différentes tâches d'apprentissage implicite en considérant qu'elles s'organisent principalement autour de deux axes : (1) un premier axe qui oppose un point de vue « abstractionniste » à un point de vue « fragmentariste », et (2) un second axe sur lequel on peut mettre en opposition des auteurs qui croient à la nature implicite de l'apprentissage et ceux qui estiment, au contraire, qu'il est inutile de faire appel à une quelconque connaissance implicite pour rendre compte de

la performance des sujets dans les tâches d'apprentissage implicite.

Finalement, ces différentes prises de position reflètent bien l'idée selon laquelle il est difficile de définir ce qu'est l'apprentissage implicite, du fait de la diversité des approches utilisées et des hypothèses proposées pour en rendre compte. Est il possible d'arriver à dégager un accord général de cette littérature ?

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius