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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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1.3 Vers un consensus relatif concernant les situations traditionnelles d'apprentissage implicite

Malgré la diversité des approches expérimentales utilisées pour étudier ce phénomène et malgré les différents points de vue émis par les auteurs au fil des années, la littérature sur l'apprentissage implicite tend quand même à laisser entrevoir un consensus relatif concernant

les résultats obtenus. En effet, comme le souligne Perruchet & Nicolas (1998), quel que soit le paradigme utilisé (tâche de TRS, tâche de contrôle ou tâche de grammaire artificielle), les résultats obtenus laissent apparaître la formation de chunks et l'existence d'une forte corrélation entre performance et connaissance explicite de la situation. Evidemment, il est toujours possible de trouver des arguments contradictoires mais comme nous allons le voir,

les données de la littérature semblent compatibles avec un tel point de vue.

Vers un consensus relatif concernant les situations traditionnelles d'apprentissage implicite 15

En considérant tout d'abord les situations d'apprentissage séquentiel, les résultats

indiquent que les temps de réaction des sujets dans une tâche de TRS s'améliorent au fil des essais, ce qui reflète à la fois l'effet d'un entraînement à ce type de tâche mais aussi les ajustements sensori-moteurs consécutifs à la pratique de la tâche. Mais le constat important

est que les temps de réaction des sujets confrontés à la séquence répétée diminuent davantage

et plus rapidement que ceux des sujets contrôles. Ces résultats ne semblent pas liés à la prise

de conscience de la répétition d'une même série. En effet, les sujets normaux prennent conscience de la répétition si une pratique suffisante leur est autorisée, mais l'amélioration des performances semble précéder cette prise de conscience. De plus, chez des sujets amnésiques, une amélioration comparable des performances peut être observée alors que ces sujets demeurent incapables d'évoquer la structure de la tâche. Toutefois, Shanks, Green & Kolodny (1994) ont remarqué que les différentes positions possibles de la cible ne sont pas également représentées dans les séquences répétées utilisées par Nissen & Bullemer (1987) et dans d'autres études antérieures. Cette caractéristique est suffisante pour rendre compte d'une différence de temps de réaction moyen, par rapport à une séquence aléatoire dans laquelle tous les essais sont également représentés. De plus, Perruchet et Nicolas s'opposent à l'interprétation conventionnelle selon laquelle « le fait que les sujets ne puissent pas verbaliser qu'une même séquence est continuellement répétée indique le caractère inconscient

de cette connaissance». Pour ces auteurs, une telle interprétation devient absurde car si l'amélioration des performances est due à l'apprentissage de la fréquence des événements isolés alors, rien ne permet d'inférer que la connaissance d'une répétition existe réellement. Selon eux, la question pertinente est plutôt de savoir si cette non équiprobabilité des cibles (responsable du changement comportemental) est perçue consciemment ou non par les sujets.

De nombreuses indications permettent de penser que l'amélioration des temps de réaction est due à la connaissance de quelques fragments de la séquence qui fournissent une connaissance approchée mais suffisante des règles séquentielles qui déterminent la séquence. Perruchet & Amorim (1992) ont montré que les sujets devenaient très rapidement capables de reconnaître

un certain nombre de fragments de la séquence utilisée et que ces fragments reconnus correspondaient exactement aux fragments de la séquence sur lesquels une amélioration des temps de réaction pouvait être observée. Finalement, Perruchet et Nicolas concluent que la connaissance de la règle qui structure la séquence n'est pas utile et que l'amélioration comportementale est due à des connaissances fragmentaires et spécifiques. De plus, ils

16 Chapitre 1 : L'apprentissage implicite

démontrent que ces connaissances ont des répercussions au niveau de la conscience que le

sujet a de la tâche.

Les tâches de contrôle, comme par exemple la tâche proposée par Berry & Broadbent

(1984) dans laquelle les sujets doivent contrôler la production d'une usine de sucre en variant

le nombre d'ouvriers, peuvent également aboutir à une interprétation similaire à celle fournie pour les tâches de TRS. A partir de leur étude, Berry et Broadbent ont montré que les relations entre la performance effective et la connaissance verbalisable étaient nulles, voire négatives. En effet, ils ont observé que les sujets qui assuraient le meilleur contrôle du système étaient ceux qui obtenaient les moins bons scores lors d'un questionnaire post expérimental portant sur les propriétés du système. Dès lors, les premières conclusions issues

de ces tâches de contrôle soutiennent l'idée selon laquelle le système cognitif serait capable d'abstraire inconsciemment les propriétés structurales de l'environnement. Seulement, des interprétations alternatives ont été proposées au fil des années concernant le statut de la connaissance. Marescaux (1997) a montré que les connaissances impliquées dans les performances sont explicites et non pas abstraites.

Concernant les situations standards de grammaire artificielle, l'interprétation initialement proposée par Reber (1967) reposait sur le fait que les sujets étaient capables d'abstraire inconsciemment la grammaire, c'est-à-dire que le sujet pouvait acquérir, lors de la phase d'étude, une connaissance dont la forme était isomorphe à celle de la grammaire à états finis. Seulement, cette conception abstractionniste va connaître un certain nombre de détracteurs. Brooks (1978) a été le premier auteur à proposer une conception différente. Selon

lui, les items présentés lors de la phase d'étude seraient simplement mémorisés, et lors du test,

la grammaticalité des items serait évaluée en fonction de la similarité entre l'item cible et un

ou plusieurs items mémorisés. Dès lors, nous passons d'une conception abstractionniste à une conception exemplariste. Cette évolution de point de vue va se poursuivre et conduire à une troisième catégorie d'interprétation, celle de Perruchet (1994) qui défend une position fragmentariste (cf.p.11). Cette dernière conception est en accord avec l'interprétation de Brooks selon laquelle les sujets ne feraient pas d'abstraction. Par contre, la différence entre

ces deux points de vue repose sur la nature des unités de traitement initiales et en particulier

sur leur taille. Dans l'interprétation de Brooks, les chaînes de lettres sont supposées être encodées de façon holistique tandis que pour Perruchet, les unités de traitement formées par

Vers un consensus relatif concernant les situations traditionnelles d'apprentissage implicite 17

les sujets correspondraient à des parties de chaîne, typiquement à des bigrammes ou des

trigrammes. Ce changement de conception nous conduit à nouveau à considérer les résultats

en termes de chunks (comme cela a été fait avec les tâches de TRS) et permet également de faire un rapprochement entre les performances et la connaissance verbalisable de la situation.

En effet, il est possible de montrer que la connaissance de petites unités de traitement

(bigrammes ou trigrammes) est consciente. Perruchet & Pacteau (1990) montrent que le taux

de reconnaissance explicite de ces petites unités apparaît suffisant pour rendre compte des jugements de grammaticalité.

Finalement, un consensus relatif semble émerger de l'ensemble des résultats obtenus dans les situations conventionnelles d'apprentissage implicite. En effet, qu'il s'agisse des études relatives aux tâches de grammaires artificielles, aux apprentissages séquentiels ou bien encore aux tâches de contrôle de système, on s'aperçoit que (1) l'information réellement utilisée par le sujet est accessible à la conscience et que (2) le sujet à tendance à traiter cette information de manière fragmentaire (formation de « chunks ») plutôt que dans sa totalité.

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