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Apprentissage implicite de régularités: Mise en évidence d'une différence d'apprentissage entre tâches motrices continues et discrètes

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par Stéphanie Chambaron Ginhac
Université de Bourgogne - Doctorat 2005
  

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2.3 Des résultats difficilement compatibles avec ceux obtenus en

apprentissage implicite

Nous voulons, dans un premier temps, savoir si dans les situations d'apprentissage moteur implicite, les participants apprennent des fragments de la séquence répétée ou bien s'ils apprennent celle-ci dans sa globalité. Wulf et ses collègues (Wulf & Schmidt, 1997; Shea

et al., 2001) suggèrent que les sujets apprennent le segment répété dans sa totalité. Or si l'on revient aux situations d'apprentissage implicite utilisant par exemple des tâches de grammaire artificielle, Perruchet (1994) et Reber & Lewis (1977) s'accordent à dire que les sujets n'apprennent pas des chaînes de lettres entières (souvent longues de 6 à 9 lettres) mais qu'ils apprennent plutôt de bigrammes ou des trigrammes de ces chaînes de lettres. La question de savoir si les sujets apprennent une séquence dans sa globalité ou bien des fragments de celle-

ci a été également intensivement étudiée dans les tâches de TRS conçues sur la base du paradigme de Nissen & Bullemer (1987). En effet, parmi toutes les situations d'apprentissage implicite, les études sur les TRS sont certainement les plus proches de la situation réalisée par Wulf et ses collaborateurs. Dans les situations de TRS, une cible apparaît dans des essais successifs à une position possible parmi quatre. Les participants sont invités à réagir à l'apparition de cette cible en appuyant sur une touche du clavier qui correspond spatialement à

la position de la cible sur l'écran. Sans que les sujets ne le sachent, la même séquence d'essais

(en général 10) est répétée dans toutes les sessions. Dans ces conditions, les participants montrent une amélioration fiable de leurs performances en comparaison avec les participants

à qui on a présenté une série produite aléatoirement. Comme le précise Rosenbaum, Carlson

& Gilmore (2001), ce résultat correspond étroitement aux résultats obtenus dans les tâches de poursuite continue. Cependant, en faisant cette comparaison entre tâche de TRS et tâche de poursuite, il ne s'agit pas de considérer que les tâches discrètes et les tâches de poursuite continue sont équivalentes d'un point de vue du contrôle moteur. Il est probable que les deux activités diffèrent (Adams, 1987) et, d'ailleurs, il est même possible que les tâches continues impliquant des mouvements du corps entier diffèrent de tâches continues utilisant des tâches simples (Wulf & Shea, 2004; Williams & Grbin, 1976). Le point clé n'est pas la composante perceptivo motrice impliquée dans la tâche, mais ce sont au contraire, les règles sous tendant

la situation. Dans les deux cas, les régularités sont appliquées comme une seule longue

répétition de séquence ou de segment (plus de quelques secondes). Cependant, il existe une

différence mineure, à savoir que le pattern de cible est cycliquement répété dans des études de TRS, alors qu'il est entremêlé de séquences aléatoires dans les études de Wulf et de ses collègues. Quelques études de TRS mixent séquences répétées et séquences aléatoires, et font état de résultats similaires à ceux obtenus en utilisant des répétitions continues (Meulemans, Van Der Linden & Perruchet, 1998; Stadler, 1993). Finalement, les conclusions issues des expériences utilisant des tâches de TRS indiquent que l'amélioration des performances des participants n'est pas due au fait qu'ils sachent qu'une longue séquence se répète de manière cyclique. Au contraire, dans ces situations, les participants deviennent sensibles à la fréquence des différentes cibles (comme l'indiquent les résultats obtenus par Shanks, Green & Kolodny,

1994) ainsi qu'à la fréquence de certains chunks (typiquement des petits fragments de deux ou trois essais). Bien qu'il y ait un débat considérable entourant la question de savoir si ces chunks sont disponibles dans les tests de rappel et de reconnaissance, l'idée selon laquelle les participants apprennent des petits chunks plutôt que la séquence entière reste pratiquement incontestée (Buchner, Steffens & Rothkegel, 1998; Perruchet & Amorim, 1992). Au contraire,

les résultats issus des situations d'apprentissage moteur implicite indiquent que les sujets apprennent la séquence répétée dans sa totalité.

Le second aspect qui nous intéresse à présent est de savoir si, dans les tâches de poursuite continue présentées précédemment, les sujets sont conscients ou non de l'existence d'un segment répété. Les conclusions fournies par Shea et al. (2001) indiquent qu'il existe un apprentissage sans connaissance explicite des régularités présentes dans une tâche motrice complexe. D'emblée de tels résultats viennent contraster avec ceux obtenus dans des tâches

de TRS. En effet dans les situations utilisant des tâches de TRS, la plupart des études rapporte une certaine quantité de connaissance explicite concernant les régularités présentes dans le matériel (Perruchet, Bigand & Benoit-Gonnin, 1997a; Shanks & Perruchet, 2002). Au contraire, les résultats issus des études portant sur la poursuite continue suggèrent que les participants ne sont pas conscients de l'existence de segments répétés. Pour preuve, les résultats de Shea et al. (2001), répliquant essentiellement ceux obtenus par Pew (1974) et par Wulf & Schmidt (1997), indiquent que les sujets améliorent sélectivement leur poursuite sur

le segment répété comparativement aux segments aléatoires, bien qu'ils ne soient pas conscients de l'existence de ce segment répété (ni de sa position à l'intérieur d'un essai) dans

les tests de rappel et de reconnaissance proposés suite à la phase de pratique. Seulement,

comme le disent Shanks & St. John (1994) : « Avant de conclure que les sujets ne sont pas

« conscients » de l'information qu'ils ont apprise et que cela influence leur comportement, l'expérimentateur doit pouvoir établir que l'information qu'il ou elle recherche dans les test de conscience est en effet l'information responsable des changements d'exécution1». Il est donc tout à fait possible de se demander si les tests post-expérimentaux de connaissance explicite utilisés par Wulf et ses collègues mesurent bien ce qu'ils prétendent mesurer. En effet, ces auteurs se basent sur une littérature relativement ancienne pour construire leurs tests (Reber,

1976; Lewicki, Czyzewska & Hoffman, 1987), littérature critiquée et améliorée depuis.

Au final, dans les situations dites d'« apprentissage moteur implicite », Wulf et collaborateurs suggèrent que les sujets apprennent (1) le segment répété dans sa totalité et (2) qu'ils ne sont pas conscients de la répétition de celui-ci au fil des essais. De tels résultats sont

en opposition avec les résultats robustes issus des situations prototypiques d'apprentissage implicite. En effet, nous avons vu précédemment (Cf. 1.3) que ces situations d'apprentissage implicite aboutissent à un consensus relatif selon lequel les participants apprennent l'information de manière parcellaire en formant des « chunks » et que les connaissances acquises sont accessibles à la conscience. L'intérêt, à présent, va donc être de comprendre et d'expliquer pourquoi il existe une telle contradiction entre les résultats obtenus dans ces deux domaines. En d'autres termes, nous voulons savoir pourquoi il y a un apprentissage implicite sans connaissances explicites concomitantes dans les situations d'apprentissage moteur implicite. Cela nous amène à nous poser les questions suivantes : est ce que les situations d'apprentissage d'habiletés continues constituent une classe à part d'apprentissage, ou bien, y

a-t-il dans ces situations un problème méthodologique aboutissant aux résultats que nous

connaissons?

1 « Before concluding that subjects are unaware of the information that they have learned and that is influencing

their behaviour, it must be possible to establish that the information the experimenter is looking for in the awareness test is indeed the information responsible for performance changes »

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