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La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes

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par Kisito Marie OWONA ALIMA
Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007
  

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III. Les conflits armés internes comme facteurs de prolifération des armes

Au début des indépendances ou des années qui les ont suivies et après la fin de la guerre froide, nombre de pays de l'Afrique Centrale ont connu des guerres civiles sanglantes ou se sont impliqués dans ces guerres. A titre d'illustration, la guerre incessante au Tchad dans les années 1970-1980, le conflit armé de longue date en Angola, le conflit sanglant ethnique au Rwanda en 1994, la guerre civile intermittente en République Démocratique du Congo à laquelle se sont impliqués neuf Etats de la sous-région. Beaucoup de ces armes, qui ont servi à faire ces guerres, circulent encore librement aujourd'hui dans la sous-région et alimentent indubitablement l'insécurité.

Deux types de conflits armés ont entraîné la prolifération des ALPC : les conflits de succession politique (ou de gouvernement) et les conflits de territoire. Pour Anatole Ayissi15(*), l'Afrique, comparativement aux autres continents, a connu relativement peu de conflits territoriaux. En revanche, l'Afrique bat le record en matière de conflits de succession politique. Ces conflits opposent plusieurs groupes sociaux dont l'un a le contrôle de l'appareil militaire. Le groupe contestataire du pouvoir en place va s'armer dans la mesure de ses moyens et se tourner inévitablement vers des armements bon marché et faciles à obtenir, par exemple les armes de fabrication locale. Le groupe politique au pouvoir réagira en mettant en place un réseau de défense civile lui permettant de faire face à la rébellion armée. D'où la création de groupes paramilitaires et de milices proches du pouvoir comme au Rwanda ou au Burundi, et l'achat d'importantes quantités d'armes légères par le gouvernement. Selon Bernard ADAM, directeur du GRIP, « cet enchaînement conduit inexorablement à une militarisation du pays et à l'installation d'une anarchie armée »16(*). Il y a finalement des distributions systématiques d'armes au sein de la population civile comme au Rwanda en 1993 et 1994, au Burundi en 1994 et 1995, etc. Cette dissémination anarchique des armements provoque inévitablement la multiplication de groupes armés échappant parfois au contrôle de ceux qui les ont armés17(*); elle accroît surtout l'insécurité.

En revanche, Michel KOUNOU voit une autre typologie des conflits en Afrique susceptibles d'entraîner l'accumulation des armes. Il affirme que « l'Afrique a connu au moins cinq [...] types principaux de conflits majeurs depuis les indépendances, à savoir, les mutineries ou les coups d'Etat ; les révoltes populaires ; les conflits frontaliers ou les guerres d'invasion ; les raids et interventions étrangers et les guerres civiles »18(*). Tous ces conflits, activés très souvent à l'extérieur, « permettent, sur le plan international, à quelques puissances, d'écouler une quincaillerie militaire obsolète »19(*), mais très nuisible, qui vient aggraver l'insécurité et les souffrances des populations.

Par ailleurs, il faut remarquer que la fin d'un conflit armé n'entraîne pas forcément la destruction des armes ayant servi pendant la guerre. Très souvent, les gouvernements éprouvent la difficulté à contrôler ou à récupérer ces armes qui peuvent malheureusement se retrouver très facilement entre les mains des populations civiles ou de quelques trafiquants très peu responsables. C'est ce que souligne Laurent Léger20(*) dans une interview accordée au magazine " Diplomatie " : « lorsque la situation se calme dans un pays en guerre, surgit une difficulté à gérer les armes utilisées pendant le conflit si elles ne sont pas détruites. C'est à ce moment qu'elles peuvent être revendues, comme c'est le cas souvent d'armes légères et de stocks importants, surtout en Afrique. Celles-ci peuvent ainsi passer de pays en pays... Voilà l'un des dangers en Afrique »21(*).

* 15 Anatole Ayissi, « Le défi de la sécurité régionale en Afrique après la guerre froide : vers la diplomatie préventive et la sécurité collective », travaux de recherche, UNIDIR, 1994.

* 16Bernard ADAM, « Les transferts d'armes vers les pays africains- Quels contrôles ? », in Document du GRIP, G1610, 20/10/97.

* 17 Bernard ADAM, idem.

* 18 Michel KOUNOU, « Les conflits armés post guerre froide en Afrique au Sud du Sahara : un essai de caractérisation », in Revue Africaine d'Etudes Politiques et Stratégiques, N° 1, Université de Yaoundé II, FSJP, Yaoundé, 2001, P. 232.

* 19 Michel KOUNOU, idem.

* 20 Auteur de Trafics d'armes : enquête sur les marchands de mort, Paris, Flammarion, 2006.

* 21 Diplomatie N°26, Mai-Juin 2007, P.76.

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